Test : The Hybrid Front (Mega Drive)

Alors que SEGA a sorti deux Daisenryaku sur sa console, qui ont été tous les deux de grands succès commerciaux au Japon, la firme d'Haneda a d'autres projets pour cette série. En effet, inspiré par les Daisenryaku, Nintendo a créé la série des Nintendo Wars puis NEC a fait de même avec Nectaris. SEGA se devait d'avoir sa propre série de Wargame avec unités modernes. C'est ainsi que SEGA décida de rentabiliser une nouvelle fois l'acquisition de la licence Daisenryaku avec un titre qui n'a rien à voir (mais en fait, non) : The Hybrid Front.
 

Pilot Set Up

The Hybrid Front est un Wargame sorti exclusivement au Japon. Le but est toujours le même : contrôler des unités pour supprimer les unités adverses ou capturer la base. Le jeu est clairement inspiré de Daisenryaku puisqu'on retrouve quasiment les mêmes mécaniques qu'on a vues dans Advanced Daisenryaku. La grosse différence est que The Hybrid Front est uniquement pour un seul joueur.

Le jeu se déroule au 26e siècle. Le monde a bien changé en 500 ans puisque le développement du moteur à hydrogène a été effectué, mais surtout une corporation d'entreprises a été créée et prend de plus en plus de place au fil des siècles. Exaspérés par le pouvoir de ces entreprises qui prennent une place immense, les différents gouvernements ont pris des mesures contre elles, mais cela a déclenché une guerre de grande envergure. Malheureusement, la dite guerre a très vite mal tourné contre les gouvernements puisque la corporation (qui s'est renommée entre temps CoCoON (pour Coperation of Comunity of Orbital Negotiation)) a vite imposé une suprématie dans l'espace et déploie même un redoutable satellite capable de raser une ville entière. Finalement, une paix a été signée et les forces de CoCoON stationnent autour du pays. Et histoire d'avoir le monde à ses pieds, une nouvelle organisation a été créée : Pan Earth Treaty Organization ou PETO, qui est un laquais de CoCoON. L'histoire commence alors que la planète se remet de la guerre, par un petit groupe chargé de ravitailler les villes environnantes nommé MULE qui finit par être empêtré dans une histoire avec les forces de CoCoON.

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Le jeu reprend clairement les mécanismes d'Advanced Daisenryaku puisqu'on retrouve la fameuse barre de menu de l'unité avec déplacement, attaque, ravitaillement... Les unités ressemblent étrangement à des Abrams, Apache, F16, ZSU 23-4 ... bref toutes les unités que celui qui a déjà joué à Super Daisenryaku connaît parfaitement. On retrouve aussi le principe des villes ne pouvant être capturées que par l'infanterie et pouvant ravitailler soit les unités terrestres, soit aériennes. Toutefois, il existe une ville qui est en fait une espèce de fort qui ravitaille aussi bien unités terrestres qu'aériennes. Autre chose : contrairement à un Daisenryaku, où vous pouvez produire des unités pour obtenir des renforts, The Hybrid Front ne vous laisse que les unités que vous avez au départ, les renforts étant les unités alliées dont l'apparition est scriptée.

Mais The Hybrid Front emprunte à un autre jeu d'autres mécaniques : Shining Force. En effet, contrairement à un Daisenryaku où les unités sont impersonnelles, The Hybrid Front met en jeu de vrais personnages aux commandes de leur propre unité avec leurs propres dialogues, interactions mais aussi bios, puisque dans le menu principal, vous trouverez deux options permettant de retracer la chronologie des évènements mais aussi de connaître l'histoire de chaque personnage. Toutefois, ces personnages ne sont pas cosmétiques puisqu'ils offrent des bonus contre certains types d'unités ou une expérience plus élevée qui permet d'être plus efficace dès leur obtention.

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Let's Move It !

Chaque début de mission se déroule de la même manière : un briefing vous explique la situation, avec dialogue des personnages, puis vous arrivez à l'écran de sélection. Ici, vous pourrez voir les véhicules disponibles et quel personnage manie quel véhicule. Vous pourrez changer le personnage de véhicule si vous souhaitez. Les personnages qui n'ont pas de véhicule combattent à pied. Une fois validé, vous avez les objectifs de mission à accomplir en temps limité. Et enfin, vous avez la carte où vous aurez à placer vos unités dans une zone délimitée. Un écran des unités vous affiche quelle unité vous voulez placer. Une fois que c'est fait, la partie peut enfin commencer.

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Le jeu se compose de carrés plutôt que d'hexagones, comme un TRPG. Mais l'interface est clairement celle d'un Wargame puisqu'on retrouve le panel d'ordres typique dès que vous sélectionnez vos unités. Ils vont du mouvement à l'écran d'information de l'unité en passant par l'attaque, le ravitaillement, la prise de ville, passer son tour, entrer/décharger et voir les statistiques de l'unité. Niveau contrôles, Le bouton C sert à sélectionner puis valider, le B à annuler tandis que le bouton A permet d'afficher la carte lors d'une pression puis le menu lors d'une seconde.

Chaque unité dispose d'un pool d'armes qui lui est propre. Contrairement à Daisenryaku, il n'est pas possible de changer de type d'arme sur une ville car toutes les armes sont disponibles et ont leurs munitions, ce qui simplifie la logistique. Chaque arme a sa portée et sa puissance contre les cibles molles, les véhicules et les aéronefs mais aussi un certain nombre d'attaques par combat et de dégâts infligés. Lorsque vous sélectionnez une cible pour l'attaque, un écran dans le coin apparaît avec surtout une donnée précieuse : les chances de toucher la cible et donc les dégâts potentiels. Une fois que c'est fait, l'écran de combat s'affiche et autant dire qu'il est extrêmement dynamique et bien foutu.

The Hybrid Front n'oublie pas d'être un jeu de stratégie : comme dans tout bon Daisenryaku, chaque unité a un stock de munitions et de carburant qui s'épuise respectivement à chaque combat et déplacement. Heureusement, vous pouvez vous ravitailler dans les villes que vous possédez avec la commande ravitailler. Tout comme dans Advanced Daisenryaku, il est possible de réparer les unités dans les villes en ravitaillant. Après quelques missions, vous aurez à votre disposition un camion de ravitaillement qui permet de ravitailler en carburant et munitions les troupes à proximité. En revanche, le camion ne peut pas réparer. Aussi, on n'échappe pas à l'habituel "terrains qui donnent des boost en défense" et il vous faudra bien placer vos unités pour les rendre indélogeables. Enfin, chacunes de vos unités ont une barre d'expérience qui se remplit en combattant des ennemis. Lorsqu'elle est pleine, ils passent au niveau supérieur, ce qui augmente leurs capacités contre les unités. Si l'unité est détruite, sa barre d'expérience sera réinitialisé donc pas une grosse pénalité.

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Stand By for Action

Le jeu se compose de plus d'une vingtaine de missions. Au début, vous avez peu de matériel et devrez vous battre à pied face à une force supérieure en nombre mais sommairement équipée. Au fil des missions, vous avez de meilleures unités et de nouvelles possibilités, comme des unités aériennes. Mais l'ennemi aussi dispose aussi de meilleures unités, en plus d'avoir une supériorité numérique. Pour accomplir une mission, il faut accomplir un des objectifs affichés au début : atteindre un bout de la carte, détruire tous les ennemis ou détruire un ennemi en particulier. Généralement, perdre votre équipe est la condition de défaite.

Le jeu propose des environnements variés : si, au début, les missions se passeront en extérieur, on disposera vite d'environnements intérieurs comme l'intérieur d'une forteresse où les villes sont remplacés par des points de ravitaillement (attention, certains ne permettent pas de réparer vos unités). Par la suite, vous serez dans l'espace (carrément) puis sur d'autres planètes comme la Lune ou Mars.

Niveau graphismes, l'écran de jeu est assez similaire à Advanced Daisenryaku, mis à part que les graphismes du terrain se sont grandement améliorés. Mais c'est surtout les écrans de combat qui sont de loin le sujet de l'attention des graphistes : typés anime, il sont extrêmement dynamiques, offrant des écrans palpitants avec moult détails. En outre, SEGA a fait appel à Jun Suemi, un célèbre dessinateur pour jeux de Fantasy ou Science Fiction, et qui a fait la cover mais aussi les images des personnages, qui sont assez bien rendus ingame.

Côté son, c'est un régal. Si les bruitages sont assez standard, SEGA a fait appel à trois musiciens maison ... qui ont tous participé à une bande son Sonic. Mais c'est surtout Naofumi Hataya qui se démarque ... oui, le coauteur de la bande-son japonaise de Sonic CD, qui est certainement le musicien SEGA le plus prolifique. Le jeu contient une bande son très funky, loin des marches militaires et autre musiques grandiloquentes, excellente et qui a été reprise dans de nombreux hacks Sonic.

Let's Go !

Les missions sont assez difficiles en grande partie à cause du timing assez serré de celles-ci. En effet, vous aurez un nombre de tours limité pour accomplir la mission, qui va de 15 à 25 tours. Le petit souci est que le map design et la supériorité numérique font qu'il est assez difficile d'accomplir la mission dans les temps tout en évitant les pertes. De plus, vous ne pouvez pas sauvegarder pendant la mission donc si vous avez mal déployé vos troupes, vous l'avez dans le baba.

Mais surtout, le gros problème du jeu ... c'est qu'il n'a jamais franchi les frontières du Japon. Aucun des Daisenryaku Megadrive n'a été traduit et donc SEGA n'a pas eu l'idée de partager cet épisode avec l'occident. Cette absence de traduction et l'ignorance de l'existence d'un tel jeu chez les joueurs occidentaux a fait que SEGA s'est contenté de mettre le jeu tel quel dans la Console Virtuelle de la Wii ou la Megadrive Mini. Une traduction non officielle a été lancée mais, à l'heure où sont écrites ces lignes, elle est toujours en cours.

The Hybrid Front est un excellent wargame, digne successeur des deux précédents Daisenryaku mais aussi piochant avec succès des éléments de TRPG. Son seul défaut, à part le temps limité des missions qui les rendent délicate à finir, est de ne pas être sorti de l'archipel, un petit gâchis pour un tel jeu qui mériterait d'être connu de tous.

Verdict

9

Points forts

  • De loin, le wargame le plus passionnant sur Megadrive.
  • Les écrans de combat pètent la classe.
  • Une musique de fou signé Hataya.

Points faibles

  • Timing assez serré pour remplir certaines missions.
  • Japan Only.
  • Sérieux, SEGA, pourquoi avoir laissé ce titre coincé au Japon ?!

Commentaires

La super famicom mini avait les armes pour battre la megadrive mini dans le domaine du RPG au sens large.

Nintendo a préféré snober le sous genre des jeux tactiques.
Monumentale erreur... Fire Emblem se fait donc violer par l'alliance Shining, Langrisser, Hybrid Front.
Sega l'emporte sur les genres reputés de la megadrive (nintendo a encore negligé les beat, les schmup) et prend aussi l'ascendant dans les domaines de predilection de la snes.

Victoire par humiliation.
myau, 09 Aoû 2019 - 1:39
Merci pour ton test. Je testerai le jeu sur Mega Drive Mini japonaise et j'espère que j'accrocherai. A l'époque, le jeu était présenté dans les Mega Drive Fan mais malheureusement introuvable en import. C'était avant l'ère d'internet. Du coup, je ne l'ai jamais fait alors qu'il me faisait de l'oeil. La boite japonaise est magnifique. L'illustration est dessinée et peinte par le dessinateur de la série Brandish de Falcom.