Test : Aero the Acro-Bat (Switch, Xbox, Playstation)
Au milieu des années 90, pensant suivre l'exemple de Sega et Nintendo, beaucoup d'éditeurs ont tenté de lancer une mascotte. Oubliant que ni Sonic, ni Mario, ont été conçus dans cet objectif, ils ont sorti une quantité astronomique de bestioles plus ou moins charismatiques, dans des jeux plus ou moins qualitatifs. Iguana Entertainment s'est donc engouffré dans cette brèche, sous l'égide de Sunsoft, surtout connu à l'époque pour des portages de jeux d'arcade, et quelques jeux originaux comme le Batman de la Mega Drive, se sont également prêtés au jeu avec Aero the Acro-Bat. Vingt ans plus tard, Shinyuden et Ratalaika Games ressuscite la série sur les consoles actuelles, en commençant comme il se doit par le premier épisode.
Plus qu'un clown, le cirque tout entier
Le pitch : 20 ans après avoir été banni d'un cirque pour une farce ayant failli coûter la vie à un lion, Edgar Ektor, devenu un puissant industriel, décide de se venger en sabotant les installations et en kidnappant les artistes. Aero, la vedette funambule du cirque, va donc aller à leur rescousse, à travers quatre niveaux, chacun découpé en 5-6 stages : le cirque, le parc d'attractions, la forêt, et enfin un musée. L'objectif de chaque stage est rarement d'arriver simplement à la fin, mais plutôt d'accomplir des objectifs : trouver un certain nombre de plateformes étoile, trouver les clés pour ouvrir des portes, passer à travers des anneaux, etc. S'ils changent en apparence, ils restent cependant très proches, et sauf exception, on ne peut pas dire que le level design brille par son audace.
Pour y arriver, Aero dispose d'une petite palette de mouvements : il peut sauter, exécuter une vrille en diagonale vers le haut ou vers le bas, freiner sa chute pendant un court instant, marcher ou se suspendre à des filins, et envoyer des étoiles aux ennemis. Certains bonus permettent de faire un double vrille, ou de voler pendant quelques secondes - on ne nous explique pas pourquoi une chauve-souris en est incapable sans cela - et on peut en plus utiliser des trampolines ou des canons pour nous envoyer en hauteur. Les niveaux sont peuplés d'ennemis appartenant au monde du cirque, le plus souvent des clowns. Certains sont simples à occire, d'autres sont de véritables plaies. Soit leur hurtbox est ridiculement petite, soit la fenêtre durant laquelle on peut les atteindre est trop courte, soit il faut plusieurs coups pour les tuer mais dans ce cas ce n'est pas clair du tout. Il vaut souvent mieux essayer de les esquiver.
Chauve souris ou chauve qui peut ?
Mais le danger principal, ce ne sont pas les ennemis, ce sont les pics. Ils vous tuent instantanément, et il y en a partout. Entre deux plateformes, sur les plateformes, au plafond, entre deux plateformes mouvantes, dans des montagnes russes, etc. Ils sont souvent placés de façon extrêmement perverse, par exemple juste au-dessus d'un canon, ce qui fait qu'on se les prend obligatoirement la première fois qu'on l'utilise.
Le jeu peut cependant s'enorgueillir de chouettes graphismes, fins et colorés, même si on regrette un manque de variété des décors, une très bonne animation, et des musiques sympa, quoique composée en partie de reprises de morceaux connus, et qui reviennent dans plusieurs niveaux.
Aero the Acro-Bat est donc un jeu de plateforme honnête mais frustrant, et personne ne vous blâmerait de lâcher le jeu devant sa difficulté plus que retorse. C'est ce qui en fait un très bon candidat à un portage sur les supports modernes, avec tous le confort que cela apporte.
Ce portage de Ratailaka Games suit la même voie de ceux de Gynoug et Gley Lancer. Il intègre le manuel du jeu, une galerie avec de nombreux documents de design très intéressants, et différents filtres graphiques : bizarrement, on ne peut pas complètement personnaliser l'affichage comme dans les rééditions précédentes de l'éditeur, mais uniquement choisir le ratio de l'image, le jeu de couleurs (pour les daltoniens, j'imagine), et plusieurs types de shaders. Un seul, le "Sameboy LCD" offre quelques réglages, mais pour ma part j'ai trouvé que le "Vengeful CRT" était très satisfaisant.
Le jeu permet aussi de choisir la version du jeu, non pas entre la Mega Drive et la Super Nintendo (c'est cette dernière qui a été portée), mais entre japonais et anglais, ce qui n'a aucun intérêt. En revanche on a évidemment droit aux save states, au rewind, et à plusieurs cheat codes, pour débloquer les continues ou les vies infinies, pouvoir enchaîner les vrilles sans limite, ou carrément devenir invincible. le jeu n'étant pas avare en check points, les vies infinies sont, je trouve, un bon compromis pour réussir à progresser sans dénaturer l'expérience de jeu. Le fond du jeu est inchangé, et la prise en main est bonne, à une nuance de taille près : le jeu est rigoureusement injouable au stick (en tous cas sur Switch), il est impossible de donner la bonne direction à nos vrilles. Il faut donc jouer au D-Pad, ou à ce qui s'en rapproche le plus sur votre console de prédilection.
Shinyuden et Ratailaka Games ont pris l'habitude de produire de très bons portages de classiques des consoles 16 Bits, et c'est encore le cas avec Aero the Acro-Bat, même si on regrette de ne pas retrouver toute la liberté de configuration d'affichage des jeux précédents. Aero n'appartient pas non plus à l'élite des jeux de plateforme, on se retrouve donc avec une très bonne conversion d'un jeu juste correct, mais qui est certainement la meilleure façon d'en profiter légalement aujourd'hui.
Verdict
Points forts
- Encore un bon travail sur le portage
- Les docs de conception, excellente idée
- Un jeu qui bénéficie vraiment d'options de qualité de vie
- Un jeu de base sympathique...
Points faibles
- ... Mais qui n'est pas non plus un chef d'oeuvre
- Moins d'options graphiques que dans les jeux précédents de l'éditeur
- Très frustrant et répétitif si on joue à l'ancienne