Test : Judge Dredd (Mega Drive)

Imaginons un monde après une guerre atomique : des terres maudites, des migrations massives de populations dans des mégapoles de plus de 100 millions d'habitants. Un taux de chômage extrêmement élevé, les habitants entassés dans des blocs à perte de vue, des tensions et une criminalité explosive. Les forces de l'ordre ne pouvant enrayer ou même contenir cette criminalité, créent une nouvelle force de police dont les membres occupent les fonctions de juge, juré et bourreau.

Imaginons que dans cette mégapole, en plus des criminels classiques comme les gangs, on puisse retrouver des mutants, des zombies, des vampires et autres monstruosités face à ce nouveau corps de police : vous pensez que j'ai beaucoup d'imaginations ? Sur ce coup-là, je vous avoue que non, puisque je vous ai décrit l'univers postapocalyptique d'un certain juge : j'ai nommé le Juge Dredd.

Avant de passer au test du jeu, il est nécessaire de revenir sur le personnage de Dredd et de son parcours jusqu'à maintenant.

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LA LOI, C'EST MOI
 

Dredd est un personnage de comics créé en 1977, dans le second numéro d'un hebdomadaire britannique de bande dessinée nommé 2000AD. Ses créateurs sont John Wagner (scénariste), Carlos Ezquerra (dessin) et Pat Mills (éditeur).

C'est un juge de rue qui applique la loi et prononce la sentence lors des crimes constatés dans les rues de la Mégapole géante Méga-Cité 1, située sur la côte Est des États-Unis d’Amérique. Il est facilement reconnaissable par sa tenue et principalement son casque. Il est incorruptible, ne jure que par la loi, ne laisse passer aucun crime, n'a aucune vie privée, ni d'amis : le lecteur suit ses aventures à travers la lutte contre le crime dans la Méga-Cité 1 et ailleurs, ce qui fait de Dredd un des anti-héros les plus impitoyables qui existe dans le monde des comics.

A partir de 1990, une série de magazines lui est entièrement dédiée sous le nom de Judge Dredd Megazine. Son univers postapocalyptique a généré, au fil des années, des crossovers avec d'autres personnages comme le super-héros de chez DC Comics Batman, le Prédator ou le Xénomorphe de la saga Aliens.

La licence a eue droit à deux adaptations cinématographiques : la première en 1995 par Danny Cannon avec Sylvester Stallone (Dredd), Armand Assante (Rico), Diane Lane (Juge Hershey) et Rob Schneider (Hermann Fergusson), élément comique de l'histoire. Le film se permet des différences avec le matériau d'origine comme le retrait du casque et la romance avec Hershey à la toute fin du film : dans les comics, Dredd ne le retire jamais  (il dort même avec, les rares fois où il le retire, la censure cache tout son visage) et sa relation avec Hershey reste uniquement professionnelle. Des fans ont quand même listé les comparaisons entre les comics et le film de 1995 sur d'autres détails.

La seconde adaptation est réalisée en 2012 par Pete Travis avec Karl Urban (Dredd), Olivia Thirlby (PSI Anderson), Lena Headey (Ma-Ma) et Wood Harris (Kay). Dans cette version, nous suivons le juge Dredd sur une journée-type de travail, dans laquelle il forme une novice du nom de Cassandra Anderson (personnage issu des comics) face à un gang de narco-trafiquants dans un bloc.

Des adaptations en jeux vidéo ont vu le jour depuis 1987 sur plusieurs supports, depuis le ZX Spectrum jusqu'aux jeux mobiles, en passant par un prototype sur borne d'arcade. Les adaptations les plus connues sont celles tirées du film de 1995 sur Mega Drive, Game Gear, Super Nintendo et Game Boy en tant que jeu d'action et de plateformes, ainsi que le FPS Dredd Versus Death sorti en 2003 sur PC, PS2, Xbox et Gamecube. Dredd a également été adapté en jeux de rôles, jeux de société, et jeux de cartes.

Sans plus attendre, on va s'occuper de l'épisode sorti sur Mega Drive, pour un joueur, développé par Probe Entertainement et édité par Acclaim.

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J'ETAIS SÛR QUE VOUS DIRIEZ CA.

Lorsqu'on débute la partie, on revoit la séquence d'introduction du film montrant un vaisseau qui rejoint la Méga-Cité. Un texte en anglais se met à défiler nous expliquant le contexte et la présentation des juges, avant d'arriver sur l'écran d'accueil avec le badge et le nom de Judge Dredd. Une fois appuyé sur le bouton start, le jeu nous propose de commencer la partie ou bien de mettre un mot de passe.

Les Options ne sont pas présentes : il faut effectuer un code sur un logo bien particulier pour les voir apparaître à l'écran d'accueil du jeu. Dans le menu, on retrouve la bande-son et les bruitages. Et les commandes du personnage sur la manette, elles sont où ? Nulle part sauf dans le manuel du jeu : si vous ne l'avez pas, vous allez les apprendre sur le terrain.

La partie débute sur une télécommunication avec le département de la Justice, qui vous envoie un message vous expliquant la mission, reprenant les passages essentiels du film, mais pas seulement puisqu'il y a des missions qui n'ont jamais eu lieu dans le film comme une émeute dans le pénitencier d'Aspen. C'est un détail intéressant à connaître car vous allez comprendre que le jeu ne se contente pas de suivre la trame cinématographique, mais intègre aussi des éléments du comics (d'ailleurs, pour celles et ceux qui possèdent la boite du jeu que ce soit en PAL ou Genesis, il est mentionné « Action explosive fidèle au film et à la bande dessinée »).

La question qui doit se poser est la suivante : Dredd retire-t-il son casque dans le jeu ? Pas du tout. Il garde sa tenue de juge du début jusqu'à la fin, même si dans le film, sur les terres maudites, il est censé être en tenue de prisonnier. Une fois les instructions données, on peut commencer la mission.

La première chose que l'on constate, c'est que le personnage est petit mais on distingue assez bien sa musculature et son uniforme, que ce soit le casque, la ceinture, les épaulières dorées ainsi que les bottes et gants verts. Les personnages dans l'ensemble sont bien réalisés et bénéficient eux aussi de détails visibles comme des lunettes de soleil, la putréfaction sur les clones, les fils visibles dans la structure squelettique des cyborgs ABC, le casque des chasseurs de juges et bien d'autres. Les animations des personnages sont bonnes et fluides. En ce qui concerne les décors, eux aussi ont droit aux détails comme les tags sur les murs, des véhicules, les symboles sur les terres maudites par exemple.

Contrairement aux personnages, les décors sont fixes et mis à part une animation servant d'obstacle pour le joueur, il n'y a aucune autre animation en arrière-plan, comme des vaisseaux qui passent ou bien des portes et fenêtres qui se ferment. En revanche des éléments de décor au premier plan peuvent cacher le personnage de Dredd lorsqu'il passe derrière.

Tout en haut, on voit le faucon doré qui se met à clignoter lorsqu'on termine l'objectif principal mais aussi un objectif secondaire (qui est facultatif mais très souvent, on l'accomplit à peu près en même temps que le principal), les badges du juge indiquant le nombre de vies (impossible de cumuler au-delà de neuf vies), les munitions et leur stock ainsi que le score. La barre de vie se situe en-dessous du score et des munitions.

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ET DE TROIS, LE COMPTE Y EST.

Dredd peut faire les actions suivantes : en plus de marcher, il peut courir (en appuyant deux fois dans une même direction), se baisser, ramper, grimper les échelles, tirer dans les huit directions s'il est statique et tirer en face quand il est accroupi, sauter, donner des coups de poings/pieds/tête, faire le geste d'arrestation de la personne, léviter pendant dix secondes quand il trouve une ceinture de lévitation et utiliser son arme de base avec une dizaine de munitions différentes.
Le lawgiver - son arme principale de juge – possède plusieurs munitions comme les balles (le seul type de munition illimité), divers types de missiles, des grenades, des balles ricochets (nécessaires pour pousser l'ennemi à se rendre) et des bulles vertes (nécessaires pour l'arrestation d'un esprit mort-vivant).

Suivant le type de manette, le confort de jeu est différent : sur la manette Mega Drive à 3 boutons, la touche A sert à utiliser l'arme, la touche B sert à sauter, donner des coups pour un ennemi proche de vous et activer l'action d'arrestation lorsque ce dernier se rend (avec écrit Guilty au-dessus de lui). Pour la touche C, c'est la sélection de types de munitions. Sur la manette à 6 boutons, chaque touche a une action spécifique : A pour le Lawgiver, B pour le saut, X pour les coups de poings/pieds/tête, Y pour arrêter quelqu'un tandis que les boutons C et Z servent pour dérouler les munitions disponibles dans un sens ou dans l'autre.

Il y a même un passage où vous êtes sur votre moto volante qu'est le Lawmaster : vous pouvez vous déplacer dans toutes les directions, tirer des missiles devant et derrière. Malheureusement, son passage est tellement anecdotique par rapport au reste du jeu que vous allez vite l'oublier.

Pourquoi vouloir arrêter un ennemi plutôt que de le condamner (dans le sens tuer) ? Pour le score final à travers des items que l'ennemi lâche avant de se faire embarquer sur une plate-forme. Il arrive que l'ennemi arrêté donne quelques munitions comme des grenades ou des balles ricochets. Connaissez vos adversaires et les tactiques appropriées pour savoir qui peut être arrêté et ceux qui ne peuvent être que condamnés : un cyborg, un pyromane ou un clone ne se rend jamais, alors que d'autres peuvent se rendre en vous voyant, avec une balle ricochet ou une grenade pour enfumer et arrêter un chasseur de juges.

Ne traînez pas pour arrêter quelqu'un sinon il revient à la charge. Il arrive que les esprits taquins des Juges Noirs (issus des comics) possèdent des ennemis avec les petites flammes qui se dégagent de chacun de leur pas : dans cette situation, il faut tuer le possédé et utiliser les bulles vertes pour tenter d'emprisonner l'esprit du juge noir sinon il s'échappe et va posséder quelqu'un d'autre, que ce soit dans le niveau ou dans un autre. Plus vous emprisonnez ces esprits autant que possible, moins ils contrôlent d'adversaires.

Le personnage peut paraître un peu rigide au premier abord mais il répond très bien. Les sauts sortent rapidement, mais pour se baisser, il faut prendre en compte la durée de l’animation, ce qui peut le pénaliser pour éviter un tir ennemi. Idem pour la situation où Dredd arrive en haut d’une échelle, et qu'un ennemi armé l'attend : son animation le met automatiquement debout quoi qu'il arrive.

Le juge peut-il mourir d'une longue chute ? Pas du tout, quelque soit la hauteur de la chute, tel un chat, il retombe toujours sur ses pieds. Et face à un ennemi, peut-il rester bloqué au point de ne plus pouvoir avancer ? Clairement non, il n'y a aucune collision entre les personnages ce qui permet une totale liberté de déplacement : pas besoin de sauter au-dessus de l'ennemi ou de le battre automatiquement pour continuer à avancer.

Petit détail à savoir : il existe deux ennemis particuliers qui font leur vie tranquille : l'un peut laisser une petite grenade au sol, alors que l'autre se contente de polluer en jetant du papier par terre. Ces deux « citoyens » peuvent vous ignorer et passer à travers vous, tout en continuant ce qu'ils sont censés faire.
Et pour le petit passage avec la moto volante : sa Lawmaster lui permet de se déplacer n'importe où sur l'écran de jeu tout en répondant parfaitement.

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RETROUVER RICO

La bande-son est composée d'une vingtaine de musiques qui ne sont pas forcément mémorables (mis à part la toute première éventuellement). Ce qui ressort le plus de l'expérience sonore, ce sont les bruitages de tirs, d'explosions, de destructions et des bruits des bottes de votre juge. Une à deux voix seront présentes mais ce sera tout.

Judge Dredd est un jeu qui se compose d'une douzaine de niveaux, reprenant les scènes du film mais qui propose aussi des événements en dehors comme l'infiltration d'assassins-mutants dans les égouts de la Méga-Cité ou l'affrontement des Juges Noirs dans leur monde de la Mort : le finir d'une seule traite se fait dans les deux heures en allant vite. Pour avoir réalisé un longplay par le passé, j'en ai eu pour deux heures et quarante minutes en accomplissant tous les objectifs de chaque mission. La structure des niveaux peut être labyrinthique à certains endroits mais on se repère rapidement.

Lorsque vous trouvez des disquettes dans un niveau, un mot de passe est visible à l'écran de fin de mission. Vous voulez reprendre le jeu via les mots de passe ? Pas de problème, vous recommencez à zéro niveau scoring mais aussi inventaire de munitions : il faudra donc se rééquiper de nouveau dans la partie.

Avec tout ça, les défauts sont quand même visibles. Comme dit plus haut, le jeu est très long à terminer, d'autant plus que sa fin n’est pas vraiment gratifiante pour le joueur. Son gameplay est répétitif, en plus de ses objectifs qui ne changent pas réellement : rechercher, détruire, arrêter ou tuer.

Le jeu est loin d'être facile et une lassitude peut s'installer rapidement : que ce soit avec les mots de passe ou la séquence de la moto volante, cela ne change rien.

Judge Dredd est un titre qui ne se contente pas de suivre le film à 100 %, il a sa propre vision du scénario de 1995 qui lui permet de faire un bon mélange entre les éléments du film et des comics. Il faut rappeler que Judge Dredd est une licence qui ne touche pas un large public ; les premiers visés sont d'abord les amateurs du comics et éventuellement les personnes ayant apprécié le film d'origine. C'est le genre de jeu qui, n’ayant pas une grande replay value, ne donne pas envie d'y retourner avant un très long moment.

Attention, cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas l'avoir, au contraire, il est correct et mérite d'être dans la ludothèque SEGA mais voyez-le comme un investissement à moyen et long terme dans une partie et non pas comme un jeu fun et rapide à terminer.

Verdict

6

Points forts

  • Le mélange du film et des comics
  • Les graphismes
  • Arsenal important
  • Possibilité d'arrêter au lieu de tuer

Points faibles

  • Très long à finir
  • Gameplay très répétitif
  • Les bruitages
  • Pas d'options à l'écran
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Mega Drive 7.0 1

Commentaires

Judge Dredd c'était un mandalorien avant l'heure.... :D
Je crois que je n'ai jamais joué au jeu. Il faudrait que je teste à l'occasion. Merci pour l'article hyper complet.
Moi aussi j'y ai joué à l'époque et j'ai adoré l'ambiance mais qu'est-ce qu'il est difficile et ce système de mot de passe qui réinitialise l'armement rend vraiment les robots des derniers niveaux difficiles à tuer.
Un jeu similaire sur Snes mais dont le côté très métallique du rendu sonore sur Megadrive valorise mieux l'ambiance futuriste ! Et comme d'habitude, même si le jeu est un peu moins coloré sur MD, ce n'est pas trop gênant, les graphismes étant aussi plus fins sur cette dernière.