Test : Olympic Games Tokyo 2020 (PC, Xbox One, PS4, Switch, Stadia)

Test réalisé sur la version PC.

Il aura fallu attendre presque deux ans après sa sortie au Japon pour que Tokyo 2020 arrive en occident. Ce n’est pas tout à fait de sa faute : après tout, une pandémie mondiale est passée par là, repoussant l’évènement, et manquant presque de le faire annuler. Et pourtant, les Jeux Olympiques de Tokyo auront bien lieu, mais sans embrassades, sans contact, sans éclats de voix, bref, sans enthousiasme. Bref, si elle n’est pas présente dans les tribunes, c’est logiquement au jeu officiel de la compétition d’apporter un peu de ferveur aux amoureux de l’olympisme.

Our dream is one... year late
 

Ou plutôt, au deuxième jeu officiel, devrais-je dire, car Mario & Sonic, lui, a pointé le bout de son nez depuis longtemps. Mais en théorie, la proposition n’est pas la même, et on s’en rend compte dès la toute première image de l’introduction : le “TOKYO” écrit en lettres capitales en surimpression d’une vue aérienne de la mégalopole, associé à la chanson du jeu et ses percussions, met les poils, l’intro est franchement réussie, et tout l’habillage du jeu suinte l’officiel et le serious business, voire l’austérité, comme le menu principal qui rappelle celui d’un FIFA. Détail rigolo : cette version occidentale a abandonné le compte à rebours avant le début des jeux, peut-être à cause de leur proximité, peut-être par dépit.

Image


Mais avant tout, il faut créer son avatar. Après avoir choisi son nom et sa nationalité, direction l’éditeur de personnage, et soyons clair : il est formidable. Pour avoir récemment abandonné l’idée de me façonner un avatar Xbox qui ait forme humaine, j’étais un peu échaudée, et pourtant les options de personnalisation sont nombreuses, le style graphique est très sympa, et on peut tout aussi bien sa façonner un athlète qui nous ressemble que la pire des abominations. Avec trois niveaux de détail (rapide, détaillé, et 100% personnalisé), aucune restriction des attributs en fonction du type de corps (vous voulez un corps de femme et porter une moustache ? pas de problème !), et un système de code pour partager notre création, l’éditeur de Tokyo 2020 fait partie des plus réjouissants qu’il m’ait été donné d’essayer.

Mais... un détail chiffonne. On peut choisir son profil de capacité, parmi trois : Puissance, Vitesse, et Technique. Et c’est payant. Oh, pas de microtransaction dans le jeu, mais il faut dépenser des points ingame pour changer de spécialisation. On y reviendra.

Image


Donc, une fois notre avatar créé, direction les autres modes de jeu. Ils sont au nombre de trois : Jeux Olympiques, Parties classées, et Entraînement.

Les Jeux permettent de participer, seul ou à plusieurs (deux en offline, quatre online), à 18 épreuves, en passant à chaque fois par des qualifications et une demie-finale avant de viser une médaille. Le niveau de l’IA est prédéfini à chaque étape, et ne peut pas être modifié. Si vous échouez lors d’une phase de qualifications, vous devez tout recommencer, et c’est assez pénible, car si la difficulté est faible durant les deux premières phases, elle peut être velue en finale, et un échec vous oblige à vous retaper des épreuves trop faciles.

En participant plusieurs fois à une même épreuve, vous débloquez des “tips”, qui sont en fait des commandes avancées, propres à chaque épreuve. Départ canon, coup spécial, ou conseil tout bête, il ne peuvent malheureusement pas être consultés dans le mode JO (ni même pendant l’entraînement), mais seulement en allant dans un menu dédié dans la partie “Données”, qui recense également toutes vos stats de jeu. C’est complètement con, puisque remporter une finale exige de connaître toutes ces astuces, et donc on doit quitter régulièrement le mode JO (heureusement notre progression est sauvegardée) pour aller les chercher.

Le mode JO permet également de participer à une série d’épreuves thématiques, ou bien de composer votre propre menu, cette fois-ci en choisissant le niveau de l’IA.

Comme son nom l’indique, le mode Entraînement permet de parfaire votre technique dans l’épreuve de votre choix. Le niveau de l’IA est paramétrable, et en remportant la médaille d’Or dans le mode JO, on débloque un adversaire extrêmement retors qui sert de lièvre. Ce mode entraînement n’est pas très pratique, puisqu’en plus de ne pas permettre de consulter les astuces à volonté, il conserve les introductions de chaque épreuve, ce qui empêche d’enchaîner les parties rapidement.

Image


Le mode classé permet quant à lui d’affronter des adversaires en ligne, dans trois épreuves différentes prédéfinies par plage horaire de 30 minutes. C’est... assez étrange de limiter le choix des joueurs, même si on comprend la logique, qui est d’éviter qu’ils se dispersent, et de faciliter le matchmaking. Hélas, sur la version Steam, il est très difficile de trouver des joueurs, même en soirée. Lorsque j’ai pu malgré tout affronter d’autres joueurs, j’ai pu utiliser un système de chat plutôt sympa, et je n’ai pas constaté de problème de lag particulier.

Et... c’est tout. Pour jouer à plusieurs, il faudra passer par le mode JO, et encore, il est impossible de jouer en ligne en parties non classées, et surtout, surtout, il n’y a pas de jeu à 4, ni en local, ni avec des amis en ligne, et c’est un vrai scandale. Un bon multi local peut sauver un jeu moyen (ce fut d'ailleurs le cas pour London 2012, dans une certaine mesure) : ce ne sera pas le cas ici, alors même que la quasi-totalité des épreuves sont taillées pour.

Triple saut dans les menus
 

Chaque participation à une épreuve rapporte des points, qui peuvent être dépensés dans l’achat de tenues et de chapeaux alternatifs (et pour la plupart rigolos), ou de typologies de capacités (oui, celles dont je parlais au début de mon test). Par défaut, seules trois sont débloquées, et on peut en acheter six autres, qui mettent l’accent sur une capacité phare, au détriment des deux autres. Si vous visez des records de vitesse, vous pouvez par exemple pousser à fond cette stat, puis changer pour pousser votre force physique pour une autre épreuve. 

Problème : c’est payant. Oh, pas grand chose, 500 points, mais pendant plusieurs heures de jeu, il faut choisir entre ça, et débloquer des costumes, et c’est quand même frustrant. Autre gros souci : les notions de puissance, vitesse et technique sont vagues, et on ne peut pas voir à quoi elles s’appliquent réellement pour chaque épreuve. Pour cela, il faut lancer l’épreuve, et attendre de voir les stats de notre perso. Par exemple, pour le 100m, la puissance correspond à l’explosivité au démarrage, et la technique à l’efficacité du bonus d’accélération. Et ce n’est pas tout : il est impossible de modifier notre profil depuis le mode JO (ou entraînement) : il faut retourner dans le menu de personnalisation de l’avatar. 

Image


Et évidemment, puisque chaque changement est “payant”, on ne peut pas sauvegarder un profil par épreuve. Si on veut tester plusieurs profils pour différents sports, on doit donc faire des allers-retours incessants entre les menus, et en plus dépenser des points à chaque fois. C’est d’autant plus idiot qu’il est possible de choisir une tenue personnalisée pour chaque épreuve. Alors pourquoi ne pas le permettre pour le profil de compétences ?

Mais assez parlé technique, et passons aux épreuves. Elles sont au nombre de dix-huit : 100m, 110m haies, saut en longueur, relais 4x100m, lancer du marteau, 100m nage libre, 200m quatre nages, baseball, basket, football, beach volley, boxe, BMX, judo, rugby à 7, escalade, tennis de table (en simple et en double), et tennis (idem).

Oui, c’est presque  moitié moins que dans Mario & Sonic, et même en retirant les épreuves Rêve et Tokyo 1964 de ce dernier, il garde toujours l’avantage. La variété a été plus recherchée que la quantité, et après tout pourquoi pas ? Les meilleurs jeux du genre ne proposaient souvent qu’une dizaine d’épreuves, et tant que le fun et une marge de progression sont bien présents, c’est suffisant. 

Des essais pas tous transformés
 

Le souci, c’est que c’est loin d’être le cas ici. Les épreuves d’athlétisme et de natation sont sympa, avec des contrôles de base simples, mais des commandes avancées qui offrent une belle marge de progression. Le saut en longueur est l’exception : quelle idée de conditionner le timing et l’angle du saut à une seule impulsion sur le stick gauche, alors qu’on doit en plus bourrer la manette pour courir ? Comment voulez-vous vous assurer de la reproductibilité du mouvement dans ces conditions ? Pourquoi ne pas avoir placé le saut sur une touche ? Autant de questions sans réponse.

Le BMX est rigolo, mais souffre également d’un problème d’attribution des touches : bourrer A pour pédaler, ok, mais avoir placé le saut (qui est indispensable, et dont le timing doit être précis) sur X ou B, alors que LB/RB ne servent à rien, c’est idiot. 

Image


L’intérêt des sports collectifs est à peu près inexistant. Le baseball est le plus proche de ce qu'on pourrait attendre d'un jeu standalone, avec pas mal de subtilités (choix de l’effet du lancer, vol de bases, mais pas de notion de fatigue), et un gameplay du batteur inspiré de celui des Yakuza, ce qui est un gage d’accessibilité, mais malheureusement il est mou à en crever. Le football est rigolo 5 minutes, mais l’incapacité d'anticiper un coup le rend horripilant : on passe son temps à tourner autour du ballon sans réussir à le dégager. Si vous avez déjà joué à une simulation à la Fifa ou PES, vous allez vous arracher les cheveux.

Le basket et le rugby sont jouables, mais dans les deux cas il est à peu près impossible de défendre correctement, et l’aspect tactique du rugby est passé complètement à la trappe : c’est un festival de plaquages, il est impossible de faire 3 passes consécutives, et tous les essais sont marqués lors de sprints. Le point commun de tous ces sports est que l’IA est bête à manger du foin, incapable de la moindre initiative, ou de se projeter vers le ballon. Et si vous voulez customiser les compétences de vos coéquipiers, comme pour vous, il faut également passer à la caisse, avec les mêmes problèmes d’ergonomie que pour votre avatar. Heureusement, on peut faire en sorte de ne jouer qu’avec nos clones, qui ont de meilleurs stats de base, mais qu’il faudra aussi customiser un par un.

Image


La boxe offre un gameplay assez riche, et le judo, malgré une bonne idée de gameplay (il faut adapter son propre bourrinage de boutons à celui de l’adversaire) n’est pas palpitant. L’escalade est ridiculement complexe pour une épreuve qui dure moins de 10 secondes : en entrainement on passe plus de temps en chargements qu’en jeu, ce qui est décourageant. Le beach volley et le tennis de table sont assez honnêtes, mais le tennis est une honte : comment l’entreprise à qui on doit la série des Virtua Tennis peut accoucher d’une épreuve aussi molle, sans subtilité, et sans fantaisie (on ne peut même pas plonger !!!), je me le demande.

On peut s’attendre à ce que, dans un jeu multi-épreuves, leur intérêt soit assez hétérogène. Mais est-ce bien raisonnable de laisser autant de place à des sports collectifs au gameplay forcément pas très abouti, au détriment de grands classiques qui sont absents ? Le foot le rugby étaient meilleurs dans Mario & Sonic, et je suis peut-être conservatrice, mais j’ai un peu de mal à concevoir des Jeux Olympiques sans saut à la perche, sans épreuve de tir, de saut en hauteur, ou de course de fond.

De plus, chaque slot occupé par un sport "classique", c'est un peu de durée de vie en moins : il n'y a aucun record à aller chercher, ou à améliorer en football ou au judo, et je doute que vous ayez envie d'y revenir une fois la médaille d'or décrochée, au moins en solo. En multi, ça dépend de votre tolérance au haut niveau de nawak dans une partie.

Des sensations qui font le Yoyo(gi)
 

Le gameplay, même quand il est bien conçu, est un peu le cul entre deux chaises. Les différents bonus et coups spéciaux empêchent le jeu d’être une simulation, mais on n’atteint pas le degré de fantaisie d’un Mario & Sonic. Et en même temps, certaines épreuves de ce dernier sont plus intéressantes que celles de Tokyo 2020 : le skate de M&S défonce totalement le BMX par exemple, et l’escalade y est également bien plus fun.

Pourtant, cet entre-deux est un choix pertinent d’un point de vue artistique : avec ses athlètes aux proportions légèrement SD, et son rendu un peu cartoon, le jeu évite de titiller l’uncanny valley, et d’être ringardisé quasiment instantanément au niveau purement technique. C’est d’autant plus vrai qu’il est très plaisant visuellement, et qu’un gros travail a été effectué au niveau du sound design - même si on se serait passé du couinement des chaussures sur le cours de tennis. Le jeu est coloré, a un certain caractère grâce à ses athlètes rigolos et très variés, et il est très solide techniquement. La version PC propose d’ailleurs suffisamment d’options graphiques pour permettre aux configs relativement modestes de le faire tourner. Il manque en revanche des options de remappage des touches, ne serait-ce que pour des raisons d’accessibilité.

Image


Au final, l’expérience de jeu est un peu en dents de scie, avec de gros problèmes d’expérience utilisateur, un assez faible nombre d’épreuves, dont l’intérêt est inégal, et de l’autre les réels efforts faits pour proposer des épreuves et des gameplays variés (ce qui n’était pas du tout le cas de London 2012), un habillage vraiment chouette, et l’incontestable capital sympathie que dégage le jeu. 

Olympic Games Tokyo 2020 corrige la plupart des défauts de London 2012, mais son contenu est trop chiche et trop inégal pour totalement rattraper le coup. Ses problèmes d’UX, le manque d’épreuves “historiques”, et l’absence de jeu à 4 sont de vrais handicaps qui entament son capital fun. Il y a trop de déchet dans les épreuves proposées pour motiver un investissement sur du long terme en solo, et on peut légitimement douter du succès du mode classé à moyen terme. Si vous êtes en manque d’Olympisme et que vous avez une Switch, tournez-vous plutôt vers Mario & Sonic. Sinon, et si la présence de nombreux sports collectif au gameplay basique ne vous gêne pas, vous pouvez tenter le coup pour avoir votre dose d'olympisme, sans le décalage horaire.
 

Verdict

6

Points forts

  • Très plaisant visuellement
  • Editeur de perso génial
  • Habillage réussi
  • Epreuves variées
  • Gameplays très différents
  • Quelques épreuves vraiment réussies…

Points faibles

  • … mais trop qui ont peu d'intérêt
  • Peu d’épreuves au total
  • Ergonomie des menus ratée
  • Pas de jeu à 4 en local
  • Pas de multi non classé
  • Faible durée de vie en solo
  • Pas assez de modes de jeu
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Playstation 4 7.0 1
Tags

Commentaires

 

Archives commentaires

Au final, tu m'as donné envie d'acheter Mario&Sonic, sauf que j'ai pas démarré ma switch depuis... C'était quand mon dernier test d'un JEU switch ? 😅
J'ai longtemps hésité avec un 5, je pense que ça se voit dans le texte. Mais malgré tout c'est meilleur que London, et les épreuves les plus réussies sont vraiment bien conçues.
Je serai un poil moins sévère, je le trouve vraiment sympa, alors peut-etre que mon manque d’expérience sur ce type de jeu joue un rôle dans mon avis.
Comme tu dis, il dégage un certain capital sympathie qui du coup, marche bien sur moi^^
Sega est sur une mauvaise série avec des  « 6 » à la suite (jo, wonder boy asha, Alex kidd remake..) vivement judgment 2 pour redresser la barre !

Même si il semble « moyen » , j espère qu’il sera inclus dans le gamepass comme le ps now.