Reportage : le Sega Joypolis d'Odaiba
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Lorsqu'un Segafan, ou même un amateur de jeux vidéo en général, va au Japon, son parcours est jalonnée de passages obligés : visite des Gamecenters, razzia dans les boutiques d'oldies (en faisant quand même attention de ne pas se faire trop avoir : n'hésitez pas à comparer !), pèlerinage à Yokusuka pour les plus accrocs... Mais il y a aussi une escale que certains zappent parfois, alors qu'elle est bien sympathique : les Joypolis.
Le premier Sega Joypolis a ouvert en 2004 à Yokohama. D'autres ont ouvert depuis, mais les seuls restant aujourd'hui en activité sont ceux de Osaka, de Okayama et, donc, de Tokyo. Le parc est situé sur l'île artificielle d'Odaiba. Celle-ci, construite en 1850 à des fins militaires, est devenue dans les années 90 une zone commerciale, résidentielle et de loisirs. On y trouve par exemple le centre d'exposition Toyota Megaweb, le siège de Fuji Television et sa grosse boule, ou encore un Gundam à l'échelle 1:1 qui bouge la tête à heures fixes.

J'aurais préféré un Temjin, mais c'est tout de même classe.
Néanmoins, il existe un autre Joypolis qui n'est pas situé sur l'archipel japonais. En effet, SEGA Japon a ouvert en 2008, SEGA Republic dans les terres chaudes des Émirats arabes unis. Bizarrement, c'est SEGA Amusements Europe qui fournit les machines arcade, alors que le reste vient du Japon. Si un jour vous avez la possibilité de visiter le Dubai Mall, n'hésitez pas à y faire un petit passage.
Le conseil de Sega-Mag : il y a plusieurs moyens d'accéder à l'île : on peut par exemple traverser le Rainbow Bridge à pied (mais seulement de jour), y aller en bateau depuis Asakusa, ou encore en train, mais je vous conseille d'emprunter la ligne automatique Yurikamome, un monorail dont le tracé fait volontairement des détours pour permettre d'admirer la vue sur la baie de Tokyo.
Tout d'abord où que vous soyez à Tokyo, il faudra prendre le JR Yamanote Line et sortir à la station Shimbashi. Une fois à Shimbashi, il faut prendre le New Transit Yurikamome et sortir à la sixième station autrement dit, Odaiba-Kaihinkoen. Profitez du paysage du Rainbow Bridge juste avant d'arriver sur l'île artificielle. Personnellement, nous vous conseillons d'aller jusqu'à la station Aomi (dixième donc) et visiter les alentours notamment la Tokyo Wheel, ça vaut carrément le détour d'autant plus qu'il y a un long passage piéton qui relie Aomi à Odaiba-Kaihinkoen.

Le Sega Joypolis est situé au cœur du centre commercial "Decks Tokyo Beach", qui compte plusieurs dizaines de commerces (dont un sacré paquet de boutiques de gadgets en tous genres, des petites salles d'arcade et un magasin de préservatifs) et de restaurants, et qui abrite également un parc d'attractions Legoland. Il faut un peu s'y enfoncer pour accéder au Joypolis.
Une fois devant les distributeurs de ticket (qu'on peut tout à fait utiliser sans parler japonais, rassurez-vous), deux options sont disponibles : soit acheter uniquement un ticket d'entrée, et payer ensuite pour chaque attraction, comme dans une fête foraine, ou opter pour le ticket "all inclusive" qui comprend l'accès au parc et aux attractions (à l'exception des quelques bornes d'arcade présentes). En Septembre 2012, l'entrée coûtait 800 yens pour un adulte, et le Passeport 3900 yens. Sachant que chaque attraction coûte entre 300 et 800 yens, il est vite plus rentable d'acheter le Passeport, étant entendu que cela reste malgré tout sacrément cher (cela coûtait 400 yens de moins en 2010).
Le conseil de Sega-Mag : après 17h, le Passeport ne coûte plus "que" 2900 yens. Le parc fermant à 23h, cela laisse largement le temps d'en faire le tour, à moins qu'il y ait vraiment foule. Un bon plan est donc de visiter l'île la journée, et de terminer par le Joypolis, ce qui permet de sortir de nuit et de bénéficier de la sublime vue sur le Rainbow Bridge.
Les Joypolis sont des parcs d'attraction en intérieur. Ne vous attendez donc pas à y trouver des attractions dignes d'un parc Disney, ni même d'un parc Asterix. En fait, il mélange manèges, versions Deluxe de bornes d'arcades et autres attractions plus ou moins interactives, pour un résultat qui navigue du "très sympa" au "carrément cheap".
Une fois que l'on s'est remis de la crise d'épilepsie causée par le mélange "code couleur agressif + vacarme à toute épreuve", on peut apprécier la taille du lieu, relativement vaste tout en étant plein comme un œuf. Les travaux de 2012 ont majoritairement conservé la configuration initiale du lieu, et a surtout ajouté des mini-jeux à base de détection de mouvement et de jeux de lumières et des spots violets. On aime ou pas, mais il faut reconnaître que l'atmosphère est festive.
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Le premier étage
Le 1er étage est articulé autour d'une grande scène avec écran géant diffusant principalement des clips de J-Pop, et est consacré aux attractions les plus volumineuses. Veil of Dark, qui a ouvert après les travaux de rénovation en Juillet 2012, et a remplacé le vieillissant Spin Bullet. Il s'agit d'un grand huit dont les rails en colimaçon occupent une bonne partie de l'espace central du parc, en optimisant au maximum son encombrement, à tel point que les rails passent à quelques dizaines de centimètres des escaliers menant aux étages supérieurs, ce qui permet de profiter pleinement des cris stridents des jeunes gens qui y sont embarqués. L'attraction est populaire, et j'avoue que j'ai eu la flemme de faire la queue pendant plus de 30 minutes pour 2 minutes d'un frisson certainement tout relatif, je ne pourrai donc pas vous en dire beaucoup plus.
La deuxième grosse attraction est Half Pipe Tokyo qui, comme son nom l'indique, est constitué d'un half-pipe muni de rails dans lesquels coulissent des heu, structures verticales sur lesquelles est fixée une plateforme rotative pouvant accueillir deux personnes, et, hum... oh et puis regardez les photos, ce sera aussi bien :
Là encore, la file d'attente était décourageante, je ne m'y suis donc pas frotté. Mais j'imagine que ce doit être rigolo pour peu que les deux partenaires soient assez motivés pour faire tourner leur engin suffisamment vite pour avoir envie de vomir sa crêpe achetée auparavant chez Crèpe Ojisan.
Ah oui, petite précision : en France, lorsqu'on mange une crêpe à emporter, en général on la choisit au chocolat ou à la confiture, et si vraiment on est gourmand on y met de la chantilly, mais on passe limite pour un goinfre. Au Japon, le chocolat + la chantilly composent la base de la garniture de votre crêpe, à laquelle vous pouvez ajouter de la glace, des amandes, des fruits divers et variés et différents nappages qui vous font vous demander comment font les autochtones pour rester aussi mince (bordel !). D'ailleurs c'est la même chose pour les glaces, qui peuvent être agrémentées d'une crêpe d'ailleurs.
Je vous mens pas. Et oui, en bas à droite ce sont des crêpes salées. Au thon, je crois.
Ceci dit les japonais sont bien trop polis pour vomir leur crêpe.
On trouve aussi au premier étage le Sky Cruising, qui est un simulateur de deltaplane qui nous place devant un écran, à la façon de ce qui se fait au Futuroscope, mais en plus petit, évidemment. Je ne l'ai pas testé non plus, mais il y a d'autres attractions du même genre très sympathiques à l'étage supérieur, j'imagine donc qu'il en va de même pour celle-ci.
Un peu plus intéressant, l'énorme espace dédié à Initial D : Arcade Stage 4 Limited, où on peut jouer au célèbre jeu de course de Sega, dans de véritables voitures tirées du manga et de la série animée du même nom, montées sur vérins qui plus est. Le volant est bien évidemment à droite, et on peut y monter à deux, même si un seul joueur conduit. C'est plutôt impressionnant, d'autant plus que la conduite est des plus agréables. Dans les années '90, c'était le magnifique Sega Touring Car Championship Special qui occupait cette place, avec là aussi de véritables sportives GT, notamment la fameuse Toyota Supra.
Le deuxième étage
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Awwww ! | Aaaawwwww ! |
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Fait amusant : lorsqu'un visiteur remporte un lot, il a droit aux félicitations du staff présent, avec danses de la victoire au son d'un tambourin, comme dans les autres Game Center SEGA, quoi !
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D-Lounge est un espace de détente et de divertissement, qui propose plusieurs jeux tactiles, dont une table de air hockey géante et une espèce de clone de Seaman, Aquarena dans lequel on peut photographier son visage, le coller sur un poisson et interagir avec lui. Plutôt chelou.
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Plus intéressant (et moins anxiogène), le coin des bornes d'arcade. On y trouve les versions SP de House of the Dead 4 et Let's Go Jungle, qui sont en fait les mêmes bornes que les versions Deluxe, mais en plus gros. D'ailleurs dans les années 90 il y avait la version SP de Cyber Troopers Virtual On Special.
Encore plus intéressant car inédit, Hummer permet à deux joueurs de prendre le volant d'un Hummer (eh ouais) pour des courses à 4 véhicules qui s'affrontent en réseau. Et ici les deux joueurs participent, puisque chacun possède un volant et que le contrôle passe régulièrement de l'un à l'autre, à l'instar de OutRun 2 SP SDX, qu'on trouve par exemple à la Tête dans les Nuages à Paris.
Encore un peu plus imposant et plus rigolo parce que, avouons-le, très con, Burnout Running est une transposition Live de Athlete Kings, dans laquelle il faut vraiment courir sur un tapis roulant pour faire un 100m ou sauter en longueur. On peut même emprunter des tennis et tout. Il n'y a que 4 épreuves, et les explications du personnel durent presque aussi longtemps que le temps de jeu effectif, mais c'est à la fois amusant et absurde.
Je reviens sur ce point car il est particulièrement irritant : pour toutes les attractions un tant soit peu interactives, on a droit à un chapelet d'instructions et de recommandations en tout genre qui sont absolument interminables. Dans Hummer on nous explique les fonctions du volant et des pédales, et on nous bassine avec le port de la ceinture. Dans Burnout Running on doit s'échauffer (normal), et en plus on a un speech sur la façon de jouer (alors qu'il y a juste à courir et appuyer sur un bouton), etc. Ce doit déjà être ennuyeux quand on parle la langue, c'est un supplice quand ce n'est pas le cas. Certes, c'est plus ou moins attendu dans un pays où l'extrémité d'un tapis roulant est indiquée par un signal sonore et visuel, mais tout de même.
Mais le gros morceau de cet étage est bien évidemment Storm G, gigantesque installation comprenant 4 bobsleighs futuristes placés côte à côte et reliés en réseau, qui permettent de faire des courses endiablées seul ou en duo.
Chaque borne peut en effet accueillir deux personnes, et il faut se coordonner pour tourner, et surtout pour réaliser des 360°, en appuyant simultanément sur le bouton dédié lorsqu'on entre dans une zone qui le permet. Le bob fait réllement plusieurs tours sur lui-même, et c'est aussi amusant qu'impressionnant. Je vous laisse vous en rendre compte par vous-même :
En pratique, une fois qu'on a déposé ses effets personnels dans le petit casier dédié, et écouté les interminables recommandations du personnel, on choisit son circuit, le plus complexe proposant plus de 360° que l'autre. Il va sans dire que personne ne choisit jamais le circuit le plus simple. Après la course, on se recoiffe et on laisse la place aux suivants. Storm G tient plus de l'attraction que du jeu d'arcade pur jus, mais c'est diablement amusant et à essayer au moins une fois dans sa vie de joueur, un peu comme le R360.
Le deuxième étage permet également de s'adonner à Answer x Answer Live ! Special, une version nippone de Questions pour un Champion, avec de vrais pupitres et tout.
Le troisième étage
Le troisième étage est le plus hétéroclite. On y trouve une petite calle de cinéma 3D, qui diffusait en Septembre 2012 le court métrage Dark Chapel qui est, il faut bien le dire, assez nul, et des activités plus ou moins interactives et entièrement en japonais, que j'ai soigneusement évité :
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- Fortune Forest, où on est censé connaître notre futur,
- Sadako 3D, où à mon avis on voit une fille aux cheveux noirs sortir en 3D de différents endroits, L'aatraction remplace Prison Break, dans laquelle il fallait s'échapper de prison, qui détrôna elle-même en 2008 un espace dédié aux personnages Yatterman de Tatsunoko Production.
- The Room of the Living Doll, qui est certainement censé ficher les jetons et précipiter les jeunes femmes dans les bras de leur petit copain : disposant de casques audios avec un son 3D, c'est une histoire d'épouvante qu'on doit écouter, le tout avec des effets sonores et lumineux censés vous effrayer. Vraiment sympa surtout qu'on on entend les petites japonaises crier de peur ! Apparemment il existe une petite connection avec le titre PS3 Imabi Kisô.
- Another, qui doit aussi faire couiner les jeunes filles en fleur (un peu comme Justin Bieber).
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Le reste
Comment ça le reste ? Y aurait-il un étage caché ? Evidemment que non (franchement !), mais on trouve ici et là des bornes qui ne sont pas forcément rattachées à un étage, et que je vais donc vous décrire ici.
On peut en effet, au prix d'une partie dans un Gamecenter classique et sans se fader les explications interminables du personnel, essayer des jeux qu'on ne trouve pas forcément souvent ailleurs, comme par exemple Sonic & Sega All-Stars Racing Arcade, qui permet de participer à un championnat en trois courses, et qui est très simple, Maimai, ou encore la version classique de The House of the Dead 4. Sa version EX était quant à elle présente en 2010.
Plus atypique, on peut également s'essayer à The Typing of the Dead et Lupin the 3rd : the Typing, mais avec des claviers japonais, ce qui n'est pas facile, facile.
Une autre borne imposante est aussi disponible : il s'agit de Let's Go Island 3D. Tout comme sa préquelle, Let's Go Jungle, il permet à deux joueurs de coopérer dans un shoot déjanté, qui calcule à la fin de la partie votre pourcentage de compatibilité avec votre partenaire. Le jeu est en 3D sans lunettes, ce qui est pour le moins atypique étant donné la taille de l'écran, et il faut reconnaître que ce n'est pas une réussite, l'action paraissant plus floue qu'en relief.
En plus de toutes ces bornes, on trouve ici et là des jeux plus traditionnels, qui permettent de patienter entre deux attractions.
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Le Sega Joypolis d'Odaiba est un lieu particulièrement sympathique, qu'on soit un Segafan ou pas. Il propose assez d'activités pour s'amuser un bon moment, du moment qu'on n'a pas d'attentes démesurées pour ce qui reste un parc indoor. En revanche, ses tarifs élevés et son affluence peuvent légitimement décourager les moins fortunés, et les moins patients d'entre vous. Si vous souhaitez y aller un jour, je ne peux que vous conseiller d'y aller un soir en semaine, (et de préférence à deux), histoire de conclure une visite d'Odaiba. Et même si vous n'y entrez pas, la vue sur Tokyo en sortant vaut largement le déplacement.
Le site officiel du Sega Joypolis (en Japonais)
La brochure 2010 du Joypolis.
La brochure 2012 du Joypolis, après rénovation.