Test : Golden Axe : Beast Rider (Xbox 360, PS3)
C'était à l'E3 2006, suite à des rumeurs persistantes, Sega annonçait Golden Axe Next Gen, comme on disait alors. Le développement du projet fut confié à Secret Level que Sega venait à peine de racheter pour renforcer son portfolio occidental. C'était la grande tendance de l'époque, enfin d'il y a 2 ans seulement, Sega redistribuait les rôles et donnait du poids à sa force de développement aux États-Unis et en Europe. Depuis le studio californien a signé un seul jeu pour Sega en s'occupant d'Iron Man, qui n'a pas laissé que des bons souvenirs. Mais le vrai défi pour le studio, c'était bien ce Beast Rider. Un développement assez long et une grande licence Sega dans l'escarcelle ont fait qu'on en a très vite beaucoup attendu. Après plus de 2 ans de labeur, le résultat est enfin sous nos yeux !
Un accouchement difficile
Beast Rider a mis un temps fou à se dévoiler et à nous donner envie de s'intéresser à lui. Jusqu'à il y a quelques mois, on se contentait de quelques artworks et les premières images furent un petit événement. Et ne parlons pas de quelques vidéos, qui n'ont attendu que la dernière ligne droite du développement pour finalement apparaître. Bien sûr, aujourd'hui on en a vu beaucoup plus, même si le jeu de Secret Level a loupé tous les derniers grands évènements comme l'E3 ou la Games Convention où sa discrétion a été plutôt remarquée. Ceux qui ont une bonne mémoire se souviendront que le jeu avait été montré à ses prémices dans une vidéo précalculée de toute beauté qui avait fait fantasmer à un jeu techniquement très impressionnant. Aujourd'hui, le fait que Secret Level s'en occupe a davantage suscité des doutes que d'enthousiasme et sa sortie en cette fin d'année passe quasiment inaperçue, avouons-le !
Une préquelle à Golden Axe
Avant de s'attaquer à Death Adder en compagnie de Ax Battler et du nain Gillius Thunderhead dans une aventure devenue légendaire, Tyris Flare coule des jours heureux sur l'île d'Axir où se situe son village natal. C'était sans compter sur une attaque démoniaque menée sur le Dieu/Titan dragon de sa région, pendant une cérémonie à sa gloire menée par les prêtresses (dénudées) d'Axir. Le Dieu est capturé par les sbires du démon et notamment 2 jumeaux qui sont ses hommes de main, tandis que toutes les prêtresses périssent. Le dragon a tout de même eut le temps de lui conférer ses pouvoirs de feu. Tyris se retrouve embarquée dans une aventure où elle devra reconstituer la hache d'or pour être apte à défier Death Adder lorsqu'elle se retrouvera sur ses terres. Une fois ce prélude passé, nous voici plongé pour de bon dans du beat them all !
Car c'est de l'action, quasiment que de l'action qui vous attend. Sur ce point, il ne trahit pas la licence d'origine. L'action sera au mieux entrecoupée par des interrupteurs que l'on devra actionner pour ouvrir une porte. En gros, ça ne va jamais plus loin que ça. Vous ne serez pas non plus gêné par une quelconque composante RPG, puisque on ne gère pas du tout les talents de Tyris qui apprend quelques techniques au fur et à mesure. Et à partir du quart du jeu, on les a déjà quasiment toutes assimilées et elles devront faire leur preuve jusqu'au bout de l'aventure. Il ne faudra alors se concentrer que sur son skill et ses combos de base, puisque la difficulté monte assez rapidement. Avec un tel parti pris qui peut paraître logique avec une licence comme Golden Axe, c'est donc le système de combat qui fera pencher le jeu du côté des bonnes surprises. Dans le cas contraire, Beast Rider pourrait prétendre au titre de gros navet de l'année !
Un système de jeu archaïque !
Beast Rider opte de base pour un type de combat très connu et déjà vu. Un bouton pour les coups faibles, l'autre pour les forts, c'est avec ça comme base que l'on tente de faire ses combos sauf que ces derniers sont très limités et peu spectaculaires, et que l'on ne peut pas terrasser ses ennemis rapidement avec. En effet ces types de coups de base ne les blessent que très partiellement.
Pour gagner en efficacité, il faut faire appel au système d'esquive/parade puis continuer avec un contre. Le système se veut très simple. Les ennemis utilisent deux types d'attaques comme Tyris peut d'ailleurs les faire. Soit ils sont faibles et ils prennent une couleur orange pour vous aider à les reconnaître, ou alors ils sont bleus pour les coups puissants. Avec les 2 boutons de tranche, on pare selon le type d'attaque et il suffit ensuite d'enchaîner par un coup. C'est grâce à ce système que l'on perce en particulier l'armure des sbires qui sont très difficile à abattre sans ça. On gagne très clairement en efficacité et on évite alors de se faire encercler car les ennemis sont très nombreux et il faut faire souvent vite pour se dépêtrer de situations qui deviennent vite périlleuses ! Le problème avec ce système est qu'il en oublie le dynamisme que l'on est droit d'attendre de ce type de jeu. Les combos sont limités et inutiles. On attend juste de contre attaquer dans un ballet improbable de roulade où on martèle les boutons de tranche. C'est un système qui fonctionne (quand la caméra ne fait pas défaut) mais qui ne laisse aucune liberté au joueur et qui casse le fun. On s'accommode de ce choix bizarre et on avance juste en essayant de survivre mais en ne prenant que très rarement du plaisir, celui que l'on peut ressentir quand on est maître de ses coups dans un jeu d'action. Ce n'est absolument pas le cas ici avec cette nouveauté à peine originale mais surtout tueuse de fun et pour tout dire, ratée.
Beast Rider n'oublie pas non plus le système de magie chère à la série. Secret Level les a choisi de deux types, l'une pour attaquer un seul ennemi à distance, et l'autre qui fusionne autour de soi pour éviter de se faire encercler . Enfin plusieurs bêtes offrent différentes possibilités pour se sortir de situations périlleuses. Coup de queue, jet de flammes ou encore boule de feu, ils reprennent des principes connus à la sauce 3D. Quelques nouveautés font leur apparition comme la possibilité d'être invisible aux yeux de l'ennemi ce qui apporte quelques situations cocasses. Les bêtes ont finalement la même importance que dans le jeu d'origine et sont réellement stratégiques pour se faciliter la tache face une menace qui est parfois très pressante. Les ennemis font d'ailleurs tout leur possible pour vous faire tomber de votre monture et en prendre possession pour la retourner contre vous. Se retrouver sous les flammes d'une beast adverse est très fortement déconseillé pour préserver sa précieuse jauge de vie !
Ex Fan des 80's !?
Beast Rider nous offre cependant quelques satisfactions, le tout grâce à son parti pris totalement archaïque qui pourra satisfaire certains joueurs en manque de beat them all pur et dur. Déjà car il sait être un jeu assez difficile, rien qu'en mode normal où on lutte pour sa barre de vie. Tout va très vite dans le mauvais sens pour le joueur à partir du moment où il est dépassé par le monde qui l'entoure. Et si vous êtes bloqué contre le décor, ne pensez pas en ressortir vivant ! Le jeu nous distille quelques statuettes au début de l'aventure qui font office de continues. Mais par la suite, elles se font beaucoup plus rares. Et il faudra traverser des zones de jeu pendant parfois 20 à 30 minutes jusqu'à la prochaine sauvegarde, et d'ici là il faudra vendre chèrement sa peau. Il sait aussi être un beat them all sans concession qui reprend trait pour trait la recette de ses ancêtres. Par exemple et c'est assez plaisant, on peut mourir à tout moment en tombant d'un pont ou d'une falaise, notamment à cause de pièges souvent vicieux. Mais on peut nous-mêmes en tirer un avantage en envoyant valser les ennemis par un coup de pied bien placé qui se fait en pressant simultanément les coups faibles et forts ce qui s'avère assez naturel.
Beast Rider demande donc de la concentration et une réelle implication qui fera plaisir à ceux qui aiment ce côté aujourd'hui disparu des bons vieux beat them all. Il sait ne pas être trop frustrant, même si la caméra totalement libre est un vrai fardeau. Et le replacement automatique de la caméra sur L3 ou R3 est vraiment peu ergonomique.
Pour les gros fans de Golden Axe, vous retrouverez quelques têtes connues et parmi elles les gnomes qui gardent le même rôle salvateur que dans les jeux d'origine. Les développeurs ont bien sûr pensé à glisser quelques grands thèmes musicaux, histoire de bien toucher la fibre nostalgique du fan de Sega. Rien que du très classique et de l'attendu en somme, et on n'y trouve que peu de frissons de plaisir surtout !
Un bonnet d'âne pour Secret Level !
Les californiens de Secret Level forment une belle bande de comiques. C'est tout simplement impensable de passer à côté de certaines features de la série et ainsi rater (en grande partie) ce passage sur nouvelle génération.
Jouer à un Golden Axe sur MegaDrive par exemple, c'est toujours sympa mais encore davantage quand on le partage entre amis. Secret Level, dans un vrai moment d'égarement, ne propose rien de la sorte à l'heure où n'importe quel jeu (quel que soit son genre ou son ambition) propose de la coopération en ligne. Pour ce Golden Axe en 3D, qui se la joue brut de décoffrage, c'était une évidence, et il aurait pu prendre une dimension légèrement supérieure rien qu'en se jouant à 2. On ne peut qu'être atterré devant un tel manque de jugement et de paresse des développeurs qui passent à côté d'un des traits les plus importants de la série.
Techniquement, on a sous les yeux un jeu digne de l'ancienne génération, où seule l'absence de temps de chargement (fort heureusement) nous rappelle que ça tourne sur un support puissant. Pour le reste, le level design est fait de long couloir, entrecoupé de villages. Et dès que l'aire de jeu est plus vaste, le frame rate n'arrive plus à suivre ! Les développeurs ont même pensé à incorporer des dénivelés qui sont une tentative vaine pour casser la monotonie du design. Artistiquement parlant, c'est misérable et n'importe quel Golden Axe précédent est plus coloré. Le jeu en trailer paraissait marron et il l'est. On passe parfois d'un univers à un autre, juste avec un changement de couleur (du marron au gris puis au beige...) et avec l'apport de quelques effets météorologiques vraiment mal faits. Le bestiaire est par contre plutôt correct et les colosses géants sont fidèles à ce qu'on a connu et apprécié. Mais leur manque de variété est consternant. On a vu mieux du temps de la Mega Drive, c'est dire.
Alors avec le challenge qu'il propose, il pourra paraître comme un beat them all old school pas si catastrophique, mais sur une longue session de jeu, on s'ennuie vite. Il propose pourtant une durée de vie très correcte mais il faut avoir envie de s'y plonger. Et avec le level design qu'il nous offre, sa pauvreté artistique et technique, l'absence injustifiée d'un mode deux joueurs, il faut vraiment en vouloir pour progresser. (quand on le teste par exemple ou quand on aime les défis...) Sans grande inspiration et peu respectueux du jeu d'origine, Beast Rider est de l'argent gaspillé par Sega et la confirmation que l'avenir du beau jeu ne se fera pas avec Secret Level. Il paraît qu'on aura le mode 2 joueurs dans sa suite, autant dire que ça n'arrivera jamais. Malgré tous ces reproches, le fana de beat them all y trouvera quelques satisfactions, mais trop minces pour le conseiller en neuf.
Verdict
Points forts
- Sa durée de vie
- Du challenge
- Son ambiance à mi-aventure
- La variété et le maniement des beasts
- Si vous êtes en énorme manque de ce genre de jeu
Points faibles
- Level design très pauvre
- Sans couleurs!
- Ambiance sonore trop discrète
- Combats mous et scriptés
- Caméra mal gérée
- Le jeu à 2, c'est du luxe de nos jours
Commentaires
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Loin de moi l'idée de défendre un jeu que je craignais depuis longtemps, aux usa il a en générale ma moyenne sur 2 ou 3 site sur 10.
Sur gameranking, on voit peu de notes ( une dizaine)
et certains sites comme daily lui ont collé un 7/10 idem pour teamxbox, et un 5/10 sur gameplayer...
A part ça , je trouve très con de la part de Sega de se laisser ses licences se faire massacrer tandis que les nouveautés se font bien noter.
Les 3/10 de golden axe ont plus d'impact que les 10/10 ricains de valkyria chronicles...
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Il ne faut pas toujours idéaliser le passé, même si la licence est forte elle n'a pas forcément toujours été de qualité, sauf en arcade et sur 8-bit ;)
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Quand je pense au Sega Racing Studio qui est fermé alors que Secret Level continue, j'ai la rage. Mais bon, que voulez vous, ce studio est rentable, leurs jeux ayant les licences pour se vendre...
Allez, on oublie vite et on se concentre sur la suite, avec l'énormissime Valkyrica Chronicles. Dommage qu'un joueur sur deux restera bloqué sur ce Golden Axe pour oublie Valkyria mais bon...
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Seul point positif de l'affaire je vais economiser 65€.
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