Test : Eswat : City Under Siege (Mega Drive)

Faisant partie des premiers jeux disponibles sur la Mega Drive en Europe, Eswat est avant tout un jeu d'arcade sorti en 1989 au japon et adapté aussi sur Master System quelques mois plus tard début 1990. Si la version 8 bits reprend les bases de son homologue arcade, la version 16 bits s'éloigne totalement de son aînée en offrant une aventure originale.

Pour ceux ne connaissant pas la version arcade, je vous invite à en lire le test présent sur le site, afin de mieux cerner les différences entre ces deux opus. Petit spoil, à titre personnel et bien qu’ayant apprécié la version originale, j’ai une petite préférence pour le jeu Mega Drive. Peut-être le syndrome nostalgie d’une console qui a tant représenté pour moi.

 Décryptage d'une renaissance …

EYE EYE EYE, j'ai mal …

Le scénario du jeu se résume en quelques lignes. Vous êtes un super flic capable de revêtir une armure cybernétique à la manière de Robocop. Votre mission, protéger les innocents et combattre le crime. Une nouvelle organisation criminelle, nommée E.Y.E., sème la terreur en ville, louant les services de sbires les plus infâmes les uns que les autres. Vous vous mettez en quête du leader de ce groupe afin d'éradiquer la menace.

Contrairement à la version arcade qui n’avait de fil rouge qu’une suite d’interpellations de criminels, ici vous aurez une bride d’histoire avec un véritable dénouement lorsque vous affronterez le dernier boss. Je ne spoilerai pas ici pour vous laisser la surprise, mais je salue l’effort de proposer quelque chose de plus abouti en la matière.

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L’écran titre ne dévoile rien de ce scénario mais montre notre armure et les différentes capacités de cette dernière. On aura aussi droit à une grosse voix grave criant « Eswat » à l'écran titre. Ensuite vous aurez le choix entre démarrer l'aventure ou aller dans le menu des options. Vous y trouverez le choix de la difficulté (de Easy à Hard), la configuration des boutons (A pour sélectionner les armes, B pour tirer et C pour sauter), le soundtest ou encore le nombre de vie disponible au démarrage du jeu.

 A chaque début de niveau une fiche signalétique vous montre votre policier ; s'il est en version humaine le niveau se fera entièrement sous cette forme, idem s'il est en robot. Une vignette sur la droite vous montre le portrait du boss que vous devrez débusquer et détruire. En cela, on reprend les mêmes codes que l’arcade en donnant directement un objectif clair au joueur et en dévoilant le portrait du criminel à appréhender.

Plus Robocop que Murphy

Comme vous allez rapidement vous en rendre compte, le jeu est surtout basé sur la forme robotisée de notre héros. En effet, notre super flic ne fait que les deux premiers stages du jeu. Ensuite les 6 niveaux suivants se font dans son armure intégrale. Soit un total de 8 stages si vous avez bien compté.

Eswat est ce que l'on appelle un run & gun mais moins basique que la formule originale qui consistait principalement à avancer, sauter, tirer, avancer, monter sur une plateforme, tirer, sauter, etc. Ici le jeu propose plus de verticalité et des niveaux avec un vrai esprit de recherche de la sortie. En cela il ressemble beaucoup plus à Revenge of Shinobi, qu’à son aîné en arcade.

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Les situations seront également diverses, renouvelant de fait l'expérience de jeu. Prenez le niveau 2 dans la prison. Vous devez trouver la sortie à l'aide d'une sorte d’ascenseur multidirectionnel, sauter dans des cellules dont les barreaux sont brisés. Le niveau 4 avec le savant fou vous opposera à une gelée acide qu'il faudra sans cesse repousser sous peine de se faire noyer. Le niveau 5 labyrinthique est prétexte à des pièges retors où les facultés du jetpack seront exploitées à leur maximum. Bref, les développeurs ont tenté d'apporter un peu de fraîcheur à chaque stage, proposant même des boss souvent énormes ou en tout cas plutôt bien conçus. Ne reste qu'un dernier boss finalement peut-être un peu décevant au regard du reste du jeu....

Niveau gameplay le titre est tout de suite accessible. Vous remarquerez en bas d'écran une barre composée de rectangles. Celle-ci va se remplir des armes que vous allez ramasser et vous pourrez alterner à votre guise comme dans un bon vieux shoot them up. Dans le lot, « Shoot » correspond au tir de base, simple et peu puissant, « Super » la version améliorée du shoot de base, « RL » pour Rocket Launcher donc un lance roquette, « PC » pour Power Charger (enfin je crois...) qui lance des boules d'énergie et avec lequel on peut rester appuyé sur le bouton pour charger une grosse boule, et enfin « Fire » qui est en réalité la « bombe » du jeu. Une fois déclenchée vous activez un lance flamme qui détruit tout sur votre passage. Cette arme ne peut donc s'utiliser qu'une seule fois.

Voilà de la variété absente de l’arcade et bien exploitée dans le jeu Mega Drive. Il faudra constamment alterner entre les différentes armes pour s’adapter aux ennemis ou à l’environnement. Par contre, attention, si vous avez le malheur de mourir vous perdrez l'arme que vous étiez en train d'utiliser, vous obligeant à la retrouver dans le jeu. Seul « shoot » ne disparaît jamais bien entendu. Car oui, contrairement à la version arcade où les munitions de l’arme de base étaient également limitées, ici c’est no limit et vous ne pourrez pas vous battre à main nue.

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Votre perso peut tirer en sautant, tirer en hauteur, sauter plus haut si on maintient la touche « haut » assez longtemps, et lorsqu'il est en robot, vous aurez l'opportunité d'utiliser un jet pack. Ce dernier dispose d'une jauge en haut de l'écran et se vide rapidement. Il se recharge avec le temps, ou d'un seul coup si vous allez sur une plateforme de recharge dédiée.

Au final, E-Swat version Mega Drive offre un gameplay bien plus riche que son homologue arcade, utilisant totalement les aspects qu’une armure cybernétique peut offrir. Souvenez vous, sur la borne, votre perso ne gagnait avec l’armure qu’une mitrailleuse et quelques rares armes complémentaires, mais aucun jetpack ou autres facultés.

A noter que la version japonaise du titre est bien plus difficile que son homologue européenne. En effet, pas de crédits pour le Pays du Soleil Levant et une action bien plus soutenue (merci le 60hz) qui demande des réflexes plus affutés. Je vous rassure cependant, le jeu est très largement accessible, étant moi même joueur de la version nippone.

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Techniquement très convaincant à l’époque

Sorti quelques mois après The Revenge of Shinobi mais presque un an avant Rolling Thunder 2, Eswat propose une technique plutôt convaincante. Bien entendu moins abouti que son homologue ninja, il il est bien plus beau que beaucoup de titres sortis en 1989 et début 90 sur Mega Drive, mais pas au niveau des bombes qui sortiront dès l’année 1991. Quoiqu’il en soit, il convient selon moi de le comparer au jeu dont il est issu et de savoir si la conversion est à la hauteur des espérances.

Cela ne commençait pourtant pas très bien... Le jeu démarre avec un premier niveau tout en teintes violettes, des décors un peu fades et un policier humain qui a une démarche pas forcément très naturelle. Sur le coup on se dit que le jeu ne va pas voler très haut. Heureusement les niveaux suivants se montreront plus créatifs.

Les niveaux du laboratoire ou de la prison sont beaucoup plus détaillés, offrant des décors bien plus inspirés. D'autres auraient mérité plus de cachet comme les égouts avec ses chutes d'eau qui sont loin de la beauté de celles de Revenge of Shinobi. On aurait aussi aimé des scrollings différentiels pour donner un peu de profondeur aux décors un peu plat ....

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Si le sprite du héros est bien moins imposant que la version arcade du jeu, je trouve l’ensemble bien plus abouti et fourni en détails. Sur la borne, les différents stages se ressemblaient quasiment tous et pouvaient donner un certain sentiment de monotonie. Idem pour les boss bien plus diversifiés avec une mention spéciale pour le savant fou, certainement l’ennemi le plus réussi du jeu.

Les quelques effets spéciaux comme la coulée de slime sont également assez réussis. Il manque toutefois l’armure qui se dégrade comme en arcade, ou les quelques voix digitalisées qui accompagnaient le jeu sur la borne. Jamais un ralenti ou de très rares disparitions hasardeuses de pixels, même en Hard où les ennemis et les tirs sont plus nombreux. La hitbox n’est jamais prise en défaut et on reconnaît clairement le soin technique apporté par les équipes de Sega.

Je pense que le plus gros problème du jeu vient certainement du fait que notre héros n’a pas le charisme ou le relief d’un personnage comme Joe Musashi par exemple. Les enjeux semblent moins importants et l’ambiance générale est forcément en dessous de celle de ce jeu culte. Peut être est-ce aussi la faute à des compositions musicales certes sympathiques, mais pas inoubliables.

Si on devait uniquement le comparer à la version arcade, je dirais que personnellement j’ai trouvé cet opus Mega Drive bien plus réussi. Sega a fait du très bon boulot en étoffant sérieusement le gameplay de son jeu, en proposant un armement plus complet, une armure cybernétique bien plus sympa (merci le jet pack) et en offrant des niveaux avec beaucoup de verticalité, voire un aspect labyrinthique.

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Reste qu’Eswat souffre tout de même d’une concurrence extrêmement sévère sur la 16 bits de Sega et qu’il ne fait forcément pas le poids face aux mastodontes que sont Revenge of Shinobi, Shinobi III, Gunstar Heroes, ou même des Rolling Thunder 2 et 3 pour les plus connus. Il lui manque encore peut être un personnage plus charismatique, une ambiance musicale plus marquante, et ce petit quelque chose qui aurait fait la différence (un mode 2 joueurs par exemple?). Il n’en reste pas moins que je garde un excellent souvenir de ce jeu ayant bercé mes tous débuts sur ma console de coeur, la Mega Drive. Encore aujourd’hui j’ai pris plaisir à y rejouer. C’est bien là le principal, s’amuser. A essayer donc pour ceux qui ont déjà rincé les plus grands hits de la 16 bits de Sega, sans modération.

Verdict

7

Points forts

  • Un arsenal complet et une gestion style shoot them up
  • Un jet pack avec l’armure
  • Des niveaux variés et offrant de la verticalité
  • Techniquement tient encore la route
  • Incarner un policier dans un jeu vidéo n’est pas si courant
  • Une adaptation différente mais ambitieuse de l’arcade

Points faibles

  • Manque peut-être un mode 2 joueurs
  • Décors inégaux visuellement
  • On aurait aimé retrouver l’armure qui se détruit lors d’impacts
  • Difficile dans sa version japonaise (pas de crédits)
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Mega Drive 5.2 6

Commentaires

J'hésitais justement à l'acheter notament dans sa version jap qui ne cote pas trop mais grâce à ton test je viens d'apprendre qu'il n'y avait pas de crédits...
SLAINE, 16 fév 2024 - 11:49
je te rassure, le jeu reste très accessible, même sans crédit. Perso je n'y jouais qu'en japonais jusqu'à ce jour pour le test... ;)
Difficile dans sa version japonaise (pas de crédits) -> j avais eu la bonne idée de l acheter en jap a l époque car moins cher dans le magasin d occaz. Je pensais que les jeux étaient identiques (sauf la langue) 😀
myau, 21 fév 2024 - 8:17
Merci pour ton article. Comme toi, c'est un des premiers jeux Mega Drive auxquels j'ai joué sur la Mega Drive japonaise. Plus varié que la version arcade, je préfère aussi son ambiance plus nocturne et plus glauque. Certaines musiques sont très bien (celle des boss, du dernier boss, pour le reste on est dans une musique d'ambiance plutôt discrète). L'énorme machine du savant fou m'avait impressionné avec son dégradé de couleurs lorsqu'on finit par la vaincre. Comme toi, je ne suis pas du tout attaché au héros qu'il soit en uniforme ou en armure et je trouve son animation peu naturelle. Un très bon jeu des débuts qui a bien vieilli, toujours plaisant à jouer, mais je suis d'accord que The Revenge of Shinobi est très nettement au dessus.