Test : Pitfall : the Mayan Adventure (Mega CD)

Pitfall est un jeu qui ne va pas rajeunir les plus anciens d’entre nous. Sorti pour la première fois en 1982 sur Intellivision et Atari 2600, il avait su marquer son temps en proposant une aventure originale sur fond d’hommage à Indiana Jones. A l’époque, sauter au-dessus de sables mouvants, agripper des lianes pour éviter des crocodiles et autres dangers d’une jungle impitoyable changeait des titres souvent génériques qu’on pouvait rencontrer.

Fort de ce succès, une suite, Pitfall II : Lost Caverns vit immédiatement le jour, ainsi qu’un épisode NES : Super Pitfall, en 1987. En en 1994, c’est aux consoles 16 bits d’avoir leur propre version du jeu, avec Pitfall : The Mayan Adventure. Développé par Activision, cet opus sera disponible sur quasiment toutes les machines de 1994 comme la Super Nintendo, la Megadrive, le Mega CD, Jaguar, la Gameboy Advance ou les ordinateurs de l’époque.

En 1995, Pitfall fera une dernière apparition sur la 32X, faisant ainsi partie de la poignée de jeux sortis sur ce support.

Alors que j’avais joué à l’opus original, je sais je ne suis plus tout jeune… Je n’avais jamais fait cette version et c’est donc en totale découverte que je me suis lancé dans l’aventure Pitfall the Mayan Adventure.

Alors que vaut ce jeu et quid de cette version 32X ? Est-elle la meilleure des versions grâce à la puissance de ce support spécifique à la Mega Drive ?

Réponse plus bas …

Un hommage à peine caché


Les créateurs du jeu ne s’en cachent pas vraiment, Pitfall est clairement une ode à l'œuvre de Georges Lucas. Dès l'introduction, on voit notre héros entrer dans une grotte avec au fond de la pièce une relique qu’il tente d’attraper (1ère scène des Aventuriers de l’Arche Perdue). Alors qu’il est sur le point de la ramasser, on voit l’ombre de son père qui attend à l’extérieur être attaquée par un mystérieux agresseur.

N’écoutant que son courage, notre personnage abandonne le trésor pour partir à la rescousse de son père kidnappé. Il va traverser jungle, ruines, temples et autres lieux très « indy » pour tenter de sauver la vie de son paternel. Comme son illustre collègue, vous utiliserez un fouet comme arme principale.

Le scénario est donc simple mais efficace et tout de suite identifiable. 

Le menu d’options permet principalement de changer le niveau de difficulté, soit normal, soit difficile. Pas de mode facile, et autant vous dire que le mode « normal » est déjà très très corsé.

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Pitfall porte bien son nom….


...Que l’on peut traduire en « piège » en français, Pitfall est, comme je l’indiquais plus haut, sans pitié. 

Vous allez devoir traverser 13 niveaux (le dernier étant uniquement le boss de fin) pour en voir le bout, ce qui est énorme. Sans sauvegarde ou mot de passe, avec uniquement 2 vies et 2 crédits, autant vous dire qu’il faudra vous accrocher pour en voir le bout. Sachant également que votre compteur de vie est bloqué à 9 max, même si vous en trouvez plus. Dommage, ça aurait aidé de laisser le compteur libre.

Pour y parvenir vous disposez du fouet comme arme principale avec une faible portée. A cela vous pourrez ajouter des pierres (que l’on ramasse, donc limitées, et uniquement en qualité de projectile), des bombes à jeter et un boomerang. Ce dernier, bien que plus puissant que le fouet, est limité en munitions et surtout il faudra gérer son « retour ». Si vous loupez le boomerang quand il revient vers vous, vous le perdez. Quelques autres objets sont aussi disponibles comme des recharges de vie, des vies supplémentaires ou une invincibilité temporaire. Petit point un peu pénible, pour changer d’arme il faut appuyer sur Start rapidement (si vous appuyez longuement le jeu se met en pause). Je ne comprends pas pourquoi ils n’ont pas utilisé les capacités des manettes à 6 boutons.

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Votre personnage peut s’accroupir et même ramper (utile pour aller dans certains passages étroits), sauter bien entendu, mais aussi tirer en diagonale ou hauteur. Vous pouvez vous agripper aux plateformes, aux lianes, ou aux cordes. 

La barre de vie est symbolisée par votre personnage qui est poursuivi par un crocodile. Plus vous vous faites toucher, plus le crocodile se rapproche. Vous mourrez quand finalement il a réussi à vous rattraper et vous avale. Très original même si au final ça manque peut-être de clarté sur l’état exact de votre santé.

La faune locale est très agressive. Entre les araignées, singes, oiseaux, crocodiles, serpents et autres animaux, rien ne vous sera épargné. Les ennemis ressuscitant assez rapidement, vous ne devrez pas non plus trop traîner sur place sous peine de les voir revenir vous harceler. Pitfall se joue donc nerveusement, entre frapper pour tuer, sauter pour éviter les ennemis ou projectiles qu’on vous balance, tout en esquivant les pièges disséminés partout, en cherchant votre chemin dans ces niveaux vastes et complets. Quelques boss viendront vous chatouiller, bien difficiles mais heureusement peu nombreux dans l’aventure.

Au final, je pense qu’il vaut mieux éviter la confrontation autant que possible en esquivant au maximum les ennemis.

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Un voyage au Mexique qui laissera des traces


Comme évoqué plus haut, vous allez traverser 13 niveaux à travers tout le Mexique et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’après votre passage il ne restera plus grand-chose de la population locale. Il faudra dépeupler à coups de fouet chaque nouvelle tribu, temple, ou village, en plus de la faune qui n’est clairement pas votre meilleure amie. 

Vous allez donc avoir des niveaux dans la jungle, rappelant le jeu d’origine avec ses crocodiles, ses lianes et ses sables mouvants à éviter, pour ensuite alterner entre ruines Maya, grottes lugubres, temples, rivières, cascades, mines abandonnées ou lagons. L’aventure est donc assez diversifiée même si on retrouve rapidement des décors réutilisés à outrance.

La force du jeu est le level design. Ses niveaux sont tous très denses, avec des tonnes de passages secrets. Les trésors sont bien cachés (pas indispensables pour finir le jeu mais utiles pour gagner des vies), les checkpoints ne sont pas automatiques mais à trouver également. Vous devrez bien regarder votre environnement, trouver des endroits où ramper pour accéder à une zone secrète, tirer un levier à un point A qui ouvrira une trappe à un point B, etc. Vous pourrez finir les niveaux de plusieurs manières tant les chemins sont multiples pour y arriver. Il n’y a aucune carte ou plan de disponible en jeu, la replay value est donc importante si vous souhaitez finir le jeu avec tous les trésors.

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A noter que les lettres du mot « PITFALL » sont cachées dans le jeu, soit 7 lettres à découvrir dans 12 niveaux. Si vous y parvenez, vous aurez accès au jeu d’origine de l’Atari 2600 dans son intégralité. Un bonus sympa pour les plus courageux…

Techniquement le jeu est vraiment très réussi. Ce qui saute aux yeux dès les premières minutes, ce sont les animations soignées de votre personnage. Ils ont fait aussi bien que Aladdin sur Mega Drive et c’est un sacré compliment. Quelque soit la situation votre héros montre une agilité à toute épreuve et ça fait plaisir à voir.

Le jeu est également très beau avec toute la palette de couleurs de la Mega Drive utilisée. Les environnements sont riches en détails, les décors fournis et diversifiés. Même la bande son colle parfaitement à l’aventure.

Du très bon boulot donc qui hisse Pitfall parmi les jeux de plateforme les plus réussis techniquement parmi ceux que j’ai pu voir sur la 16 bits de Sega.

Pour finir, deux petits détails qui m’ont bien fait rire à la fin du jeu. Si vous avez été assez courageux pour en voir le bout, et croyez moi du courage il vous en faudra, quand vous terminez le jeu et que vous sauvez votre père, ce dernier vous dit « Bah qu’est ce qui t’as pris tout ce temps ??? ». Les développeurs savaient très bien qu’ils avaient fait un jeu difficile et se moquent un peu de nous. Sympathique. L’autre anecdote vient des crédits de fin avec la mention « aucun animal n’a été blessé durant la conception du jeu ». Mdr.

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Les différences entre les versions


Je n'aborderai ici que les différences entre les versions des consoles Sega, donc Mega Drive, 32X et Mega CD.

Je me suis amusé à faire le jeu sur tous les supports avant la rédaction de ce test afin d’avoir un avis le plus objectif possible. En parallèle j’ai également regardé des vidéos de professionnels traitant justement de ce jeu sur ces supports, et notamment 32X (Digital Foundry ne pas les citer).

A titre personnel, la version 32X me semble en tous points identique à la version Mega Drive de base si ce n’est que sur 32X vous avez 13 niveaux, soit deux de plus que sur Mega Drive, à qui il manque les niveaux 8 et 10. En fait, la version 32X reprend le déroulement de l’opus Mega CD qui comporte exactement les mêmes niveaux.

J’ai aussi noté, mais à confirmer (je n’ai peut être pas trouvé le bon passage secret sur 32X), que le jeu Atari 2600 se débloque via un passage secret sur Mega Drive, là où il faut toutes les lettres de PITFALL sur Mega CD et 32X.

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Les différences se situent principalement entre les versions 32X et Mega CD. Sur support CD vous avez le droit à une intro en Full Motion Vidéo inédite, mais surtout une bande son magistrale. On sent tout de suite l’apport du CD qui a été extrêmement utile. On entend les sons des animaux de la jungle, les musiques fourmillent d’instruments différents et l’ensemble apporte un confort de jeu inégalé. C’est bluffant.

Techniquement parlant, la version Mega CD me semble avoir des couleurs un peu plus chatoyantes notamment sur les éléments de décors.

Selon Digital Foundry, la version 32X souffrirait de baisse de framerate, certainement liées au fait que le support 32X était conçu pour favoriser la 3D et aurait compliqué la tâche des développeurs. Sincèrement je n’ai jamais constaté de ralentissement ou de saccades dans le jeu mais je n’ai pas les outils nécessaires pour déterminer s’il y a des légères baisses de framerate. En tout cas, rien de flagrant donc sans intérêt.

La version Mega CD est donc la plus aboutie des trois avec son intro inédite, tous les niveaux présents, une palette de couleurs mieux exploitées, et surtout une bande son magistrale.

Pitfall est un jeu que j’ai donc découvert plus de 20 ans après sa sortie et qui m’a surpris. Il est techniquement très réussi, ses niveaux regorgent de secrets et on est souvent surpris de nos découvertes au fil des parties. Il est aussi très difficile, je le trouve à la limite trop long au point de se demander quand on en verra le bout. Il risque de décourager beaucoup de joueurs mais pour les plus persévérants, l’aventure vaut vraiment le coup.

Si vous avez le choix, préférez l’opus Mega CD, la version 32X n’apportant que 2 niveaux supplémentaires par rapport à la version Mega Drive et très certainement hors de prix actuellement.

Verdict

8

Points forts

  • Les animations détaillées
  • Techniquement une vraie réussite
  • Des niveaux vastes et bourrés de secrets
  • Une belle bande son
  • Une durée de vie énorme
  • Le jeu d’origine jouable entièrement si découvert

Points faibles

  • Très difficile. Va rebuter rapidement beaucoup de joueurs
  • Il manque un système de sauvegarde / password
  • Changement d’arme avec bouton Start
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Mega CD 6.7 3

Commentaires

Merci pour l'article très complet. Concernant la version 32X c'est tant mieux si tu n'as pas vu de différence, mais je t'assure que c'est beaucoup moins fluide. Genre 30fps au lieu de 60.
Ils ont peut être testé le jeu 32x japonais face à un jeu PAL . Mdr. Je plaisante, mais c'est vrai que je n'ai pas noté de différences flagrantes mais c'est sans doute lié aux conditions de tests qui ne sont pas aussi optimales que Digital Foundry (écran catho, etc...)
Un jeu qui a un charme certain, mais j'ai jamais réussi à me motiver à y jouer. La difficulté et le genre ne m'attire pas