Test : Phantasy Star Nova (PS Vita)

Long est le calvaire du fan occidental de Phantasy Star. Après quatre opus mythiques sur consoles 8 et 16 bits, la formule a changé vers du hack'n slash "en-ligne" et a su à son tour attirer les foules. Il faut dire que les épisodes en question ont des mécaniques de jeu et d'évolution vraiment plaisantes et addictives. Malheureusement, cette série "en-ligne" a été assez mal représentée en occident, et il aura fallu attendre que Microsoft propose ses services pour une sortie de Phantasy Star Online 2 dans nos contrées (prévue en 2020). Phantasy Star Nova, un spin-off offline basé sur PSO2, restant quant à lui cloîtré au Japon. C'est donc via une traduction partielle du jeu faite par des fans que j'ai pu découvrir, 5 ans après sa sortie initiale, cet épisode PS Vita développé par tri-Ace pour le compte de Sega.

Phantasy Star Offline 2

J'ai toujours adoré les opus online des Phantasy Star, et pourtant j'y joue presque exclusivement en offline. Je ne pense pas être la seule anomalie de ce type sur la planète cela-dit. Le gameplay parfaitement carré de PSO v2 sur Dreamcast m'a occupé des centaines d'heures. C'est ensuite Phantasy Star Universe sur Xbox 360 qui m'a happé durablement, mais qui malheureusement avait une partie offline volontairement bridée par rapport à sa proposition online. L'online était en revanche de très bonne facture, notamment avec l'extension Ambition of the Illuminus.

Les opus PSP enfin ont été de bons palliatifs à cet offline bridé de PSU, mais la PSP était tout de même un peu limitée en termes de confort visuel et d'ergonomie, surtout après la Xbox 360 et ses visuels impeccables. Phantasy Star Online 2 étant exclusivement en ligne, sur PC et avec abonnement (à l'époque), mon regard s'est naturellement tourné vers l'opus Vita 100% offline, Phantasy Star Nova, qui semblait être au passage un projet ambitieux pour Sega. La suite de l'histoire est simple : le jeu n'a pas super bien marché, la Vita non plus d'ailleurs, et la sortie occidentale n'est jamais arrivée. Frustration.

Qu'à cela ne tienne, la communauté de fans de Phantasy Star est grande et dévouée. Autant que celle de Shining Force. Il faut croire que les deux licences ont fortement marqué les esprits dans nos contrées. En plus de la traduction de Phantasy Star Online 2 (rendue cependant caduque par la récente annonce du jeu en occident), les fans se sont lancés dans la traduction de Phantasy Star Nova. Malheureusement à ce jour la traduction est partielle, une infime partie du jeu est traduite. Mais heureusement, les éléments clefs strictement nécessaires à la progression sont traduits. C'est à dire les menus, les noms des quêtes et les objectifs. Ce qui permet d'avancer sans être bloqué, à condition d'y mettre un poil de bonne volonté, en particulier quand des tutoriels intégralement en japonais sont affichés. Et croyez-moi, en suivant ce principe, je m'en suis très bien sorti.

Grouillot desuka ?

Forcément, sans la moindre connaissance en japonais, la partie histoire passe à la trappe et je ne peux que supputer ce qu'il se passe réellement. Je me doute bien que cette chère Izuna ne me dit pas "Grouillot desuka ?" quand je lui parle, même si elle me refile sans problème ses fetch-quests, comme tous les autres PNJs d'ailleurs. Mais quelle importance au final ? Si je n'ai pas tout compris, mon imagination a fait le reste, et les grandes ficelles sont faciles à comprendre, tandis que les interactions entre les personnages me paraissent d'une niaiserie évidente sans même avoir à comprendre la langue. En bref, les clichés habituels de la série et de bon nombre de jeux japonais.

L'histoire raconte le crash d'un vaisseau contenant une foule de personnes sur une planète pleine de cailloux. Tout l'équipage se retrouve "endormi" pour économiser les ressources tandis qu'un petit groupe se retrouve autorisé à parcourir la planète à la recherche d'éléments permettant de survivre puis de remettre en marche le vaisseau afin de partir. On sera amené à rencontrer Juno, une version japonaise de Cortana, qui jouera un rôle essentiel dans l'histoire.

Le joueur crée son personnage intégralement via l'excellent éditeur déjà vu dans PSO2. Les possibilités sont nombreuses et on arrive facilement à faire le personnage souhaité, aussi bien au niveau des proportions globales que des détails du visage. J'ai opté pour une sulfureuse humaine, de classe Hunter. Les autres options étant de faire des Cast (androïdes) ou des Numan (l'équivalent des elfes). On peut opter pour les classes de Ranger (combat à distance) et Force (mages). C'est du classique pour la série, mais ça fait bien le travail. On peut changer de classe à tout moment, sachant qu'une classe supplémentaire se débloque par la suite.

Des cailloux partout

Une fois l'aventure débutée dans la peau de son avatar fraîchement créé, l'exploration peut commencer. Le point de ralliement est le campement au pied du vaisseau échoué. On y fait ses emplettes, achète des armes et compétences, personnalise son avatar etc... Tout cela à condition bien sûr d'avoir débloqué les magasins adéquats. Le jeu se partage entre objectifs principaux (en rouge) et une multitude de quêtes secondaires données par les PNJs (en bleu), servant notamment à récupérer de l'argent (Gran Energy). Le capitaine du vaisseau propose également des quêtes secondaires permettant de construire et d'améliorer les magasins, il est important de les effectuer. Bon nombre de quêtes peuvent être refaites à l'infini afin de convertir les objets récupérés en argent et expérience.

Une fois les préparations terminées, on peut partir explorer en sortant du campement. Une carte apparaît avec les missions disponibles. De nombreux PNJs peuvent nous accompagner, j'ai opté en règle générale pour un Hunter, un Ranger et un Force (le jeu peut constituer le groupe pour le joueur en appuyant sur Start). Il faudra veiller à prendre ceux avec une petite bulle de texte pour faire avancer l'histoire. Lors du premier grand chapitre, on explore 3 environnements différents. Différent est un grand mot, le premier est composé de cailloux orange, le second de cailloux bleus clairs et le troisième de cailloux bleus foncés. Passé la moitié du jeu, de nouveaux environnements s'ajoutent et apportent la variété qui faisait cruellement défaut au début : c'est un soulagement. J'avais peur d'être coincé dans des cailloux jusqu'à la fin du jeu... Les niveaux de difficulté se débloquent de manière transparente et on peut accomplir chaque mission dans la difficulté souhaitée.

Trop gros, ça passera pas

Le bestiaire est vaste et varié avec des monstres de toutes tailles, et l'attraction principale du jeu : les Gigantes, qui sont des créatures titanesques avec tout un ensemble de mécaniques construites autour de leur affrontement. Il faudra apprendre à utiliser les Halos et les Piles pour les vaincre. Les premiers sont une arme permettant de créer des étages dans lesquels monter pour atteindre le haut de l'ennemi. Il faut parfois en empiler deux ou trois d'affilée. On peut éviter de passer par l'arme de type Halo grâce à des objets à usage unique qui ont le même effet.

Les Piles sont des sortes de gros pieux qui servent à combattre les Gigantes pour maximiser les dégâts infligés (ils y sont très sensibles), et planter des lances dorées dans leur corps. Un objet "détonateur" doit être ajouté à la barre d'objets et permet, lorsque le Gigantes a été suffisamment affaibli, de l'achever en provoquant l'explosion des-dites lances, et de le capturer par la même occasion.

Concrètement, la bonne méthode consiste à frapper le Gigantes sur ses pièces d'armures jusqu'à les détruire. Elles exposent alors des parties de son corps en jaune sur lesquelles on inflige des dégâts directs (les diverses parties du corps peuvent donner divers objets pour info). Une fois assez affaibli, le Gigantes va chuter et exposer un gros cristal vers sa tête : c'est le moment où il faut tout donner. Le cristal va virer du rouge à l'orange puis au jaune selon la vie restante de l'ennemi. Quand il est jaune, il n'y a plus qu'à déclencher le détonateur pour le vaincre (cela requiert d'avoir planté au moins une lance au préalable, je pense que plus il y a de lances, plus les dégâts seront grands). Si jamais il se relève, le mieux est d'attaquer à nouveau des pièces d'armures pour l'affaiblir sans le vaincre directement (sinon on rate l'opportunité de le capturer). Les Gigantes capturés peuvent être invoqués en combat pour faire une grosse attaque via un objet à mettre dans la barre d'accès rapide, ce qui se traduit par un sacré bordel à l'écran, et permet de bien défoncer les ennemis qui sont paralysés pendant l'invocation.

D'une manière générale, les combats proposés par Phantasy Star Nova sont vraiment amusants bien que bordéliques et souvent peu lisibles. Traverser les zones avec les différents mobs qui s'enchaînent et ne se ressemblent pas, pour terminer par un combat épique contre un énorme Gigantes, procure un plaisir simple et efficace. Le jeu peut paraître facile au début, mais les choses se compliquent par la suite, ce qui ramène davantage d'intérêt au jeu. Il est important de se fabriquer des armes plus puissantes de façon régulière, ainsi que de faire monter les niveaux de ses attaques spéciales. Il y a également un endroit où l'on peut affecter des compétences passives à son avatar, et des suppléments à mettre autour de son arme : bien exploiter les systèmes est un élément clef pour progresser aisément.

Ah, c'est donc ça un jeu Vita qui exploite bien la console ?

Cette pauvre Vita n'aura pas franchement pu montrer toute l'ampleur de ses capacités. Les jeux l'exploitant réellement à fond ne sont pas assez nombreux, aussi Phantasy Star Nova sort du lot car il y avait une réelle ambition derrière. Le jeu est vraiment beau, avec des personnages superbement détaillés et en grand nombre à l'écran. Si les premiers décors sont très rocheux, les textures n'en sont pas moins très belles. Les environnements suivants sont tout aussi soignés, mais je vous laisse les découvrir...

Le bestiaire aussi est bien réalisé, avec des ennemis de toutes tailles et un bon niveau de détail. L'ensemble est très bien animé. Au final la console accuse un peu le coup quand il y a beaucoup de bazar à l'écran, cela étant dit elle gère avec facilité les Gigantes puisqu'on peut même invoquer le nôtre tandis qu'on en affronte un.

Les diverses scènes d'interactions entre personnages sont là aussi bien réalisées et bien animées (en plus d'être très nombreuses), tandis que des vidéos très bien faites ponctuent les évènements clefs. Motoi Sakuraba est un peu en mode automatique sur la bande-son, mais on retrouve son style caractéristique, avec des thèmes qui ne dénotent pas avec la série. J'ai particulièrement apprécié le thème du campement, et les divers thèmes de combats qui vont et viennent selon l'évolution de l'action. On ne se relèvera pas la nuit pour l'écouter, mais la BO reste bonne d'une manière générale.

L'aventure est longue qui plus est, mais il faut dire que le jeu nous fait beaucoup tourner en rond dans les trois premiers environnements. Et par nature, ce genre de jeu est répétitif. Cela étant dit, je l'ai parcouru sans déplaisir, surtout que les paliers de difficulté se débloquent au fur et à mesure, et n'imposent pas pour autant les missions à faire (car toutes se déclinent dans chaque difficulté). Il est possible de continuer de jouer une fois la fin obtenue, dans le but de rendre son personnage encore plus puissant, et de monter les autres classes. La prise de niveau devient cependant plus lente après le niveau 100, comme dans PSO v2 d'ailleurs. Et même si je n'ai gratté que la surface de cette partie du jeu, je crois deviner qu'il y a des tonnes de possibilités à explorer notamment via les installations que l'on peut personnaliser dans le camp (en y affectant des membres d'équipages que l'on génère aléatoirement), afin d'optimiser les drops et fabriquer les objets les plus puissants. Il y a vraiment de quoi faire !

Vous l'aurez compris, j'ai passé un bon moment sur Phantasy Star Nova. Le jeu n'est pas sans défaut cela dit : les environnements sont un peu redondants, et ça rame quand c'est le bazar à l'écran. Et bien sûr, il faut accepter de jouer avec une traduction très light, mais qui garantit tout de même l'essentiel (merci aux fans). Une fois ces quelques défauts acceptés, on se retrouve face à une expérience offline vraiment plaisante et soignée. L'avatar est superbe grâce à l'éditeur très riche du jeu, et les affrontements contre les Gigantes très réussis et funs une fois les mécaniques générales comprises. Toute la partie évolution et customisation est maîtrisée, une habitude de la série, il en est de même du gameplay Action-RPG nerveux que l'on connait bien. Je recommande vivement l'aventure à ceux qui possèdent une PS Vita, cette console n'aura sûrement pas eu tous les jeux qu'elle méritait, mais elle aura eu son Phantasy Star exclusif !

Verdict

8

Points forts

  • Très beau pour la console
  • La création de l'avatar
  • Combattre les Gigantes
  • Gameplay et customisation au top
  • Difficulté bien gérée

Points faibles

  • Premiers environnements trop similaires
  • ça rame pas mal quand même
  • Sega qui ne traduit pas un énorme projet comme celui-là

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