Test : Monster Boy and the Cursed Kingdom (Windows)

Wonder Boy, ou Monster World au Japon, est une série de jeux d'action/aventure ayant bercé notre enfance, notamment en Europe où la série a eu de beaux jours sur Master System, Game Gear et Mega Drive. Un univers mignon et aisément reconnaissable, des mécaniques simples et un world-design connexe incitant à explorer. Tant d'éléments qui ont marqué nos esprits d'enfants et nous ont aidés à construire nos repères qualitatifs, car il faut le dire, la série entière était d'un très bon niveau, en plus de se renouveler fortement à chaque opus. Après l'excellente remise au goût du jour de Dragon's Trap l'an dernier, les fans de la série vont enfin pouvoir goûter à un nouvel opus original. Une belle occasion également pour les plus jeunes de découvrir cette série culte ...

Monster World V : Monster Boy

La série des Wonder Boy a connu six épisodes. En réalité, ce sont quatre épisodes qui ont vu le jour avec cette formule typée aventure que nous avons tant aimé à l'époque, les deux autres étant des jeux d'arcade. Monster Boy est la digne suite de cette série dans la série, on peut donc le considérer comme étant Monster World V. Pour ce nouvel opus original (le dernier datant de 1994), les développeurs ont mis les petits plats dans les grands : le jeu est clairement le plus ambitieux réalisé à ce jour. Le monde est vaste, la réalisation est soignée, de nombreux compositeurs répondent présents. Dès les premières minutes, le ton est donné.

Le début de l'histoire est d'ailleurs typique de la série, avec notre héros perdant son apparence humaine, victime d'un sortilège. Il faudra parcourir le monde pour comprendre ce qui a rendu l'oncle Nabu complètement barjo. Ce sera l'occasion de découvrir de nouvelles formes parmi lesquelles on pourra changer à volonté. En exploitant leurs capacités, des régions se débloquent, laissant peu à peu se dévoiler une carte décidément très tortueuse et plus proche d'un Super Metroid que d'un Monster World.

Il y a six formes au total, on retrouve des choses très classiques pour la série, à l'exception du cochon (première forme obtenue), qui est par ailleurs un clin d'oeil fort sympathique aux jeux précédents. Peu apte au combat, le cochon sert surtout à découvrir les portes cachées, ou à activer des interrupteurs avec ses grosses fesses. C'est aussi la seule forme qui préserve les pouvoirs magiques qu'avait notre héros initialement, là aussi très largement utilisé dans la résolution de puzzles (un terme que vous allez lire quelque fois dans cet article ...)

Un puzzle-game mâtiné d'action

Dès la visite des égouts, première région du jeu (accompagnée d'un superbe thème composé par Michiru Yamane), les bases du jeu sont posées : la progression se fera via des puzzles. Des idées, les développeurs en ont à revendre. Le jeu ne démord jamais de cette formule, et c'est à grands coups d'interrupteurs, choses à activer, trucs à détruire, machins à geler et j'en passe ... que l'on progressera dans l'aventure. Si je peux affirmer que jusqu'au bout les idées fusent et les problèmes posés ne sont jamais redondants, je dois admettre que cette interminable succession de puzzles m'a lassé. A ce niveau, Monster Boy dénote avec les précédents jeux, qui étaient avant tout des jeux d'action et de plateforme, avec quelques puzzles par-ci par-là.

Bien évidemment, il y a pas mal de monstres à taper, même si ces derniers sont plutôt des obstacles à éviter. Pas mal d'entre eux sont aussi là dans le but de faire tomber le héros, avec quelque salles assez pénibles où il faut recommencer de zéro un parcours. Si j'insiste un peu sur cet aspect, c'est parce que je n'ai pas eu le sentiment de retrouver ce à quoi la série m'avait habitué.

Pour le combat et l'exploration, il y a un inventaire à disposition : armes, armures, bottes, bracelets et boucliers. Avec des effets variés, la possibilité de les améliorer chez le forgeron, et des effets supplémentaires quand on équipe un set complet (à condition de l'avoir amélioré intégralement). Il y a de quoi faire, et plusieurs façons de jouer sont possibles. En ce qui me concerne, j'ai bien aimé la dague empoisonnée et la baguette. Au final, ce sont surtout les capacités des équipements qui sont mises à contribution pour progresser, le jeu n'offrant pas tant d'occasions d'exploiter les possibilités offensives des armes.

Color me puzzled

L'univers merveilleux et enchanteur de Monster World répond présent dans Monster Boy, avec des thèmes déjà connus et quelques originalités par-ci par-là. Le village accueillant, la forêt avec les araignées, le volcan, la plage, le château etc ... On reste sur du très classique, un peu à l'image de la comparaison Metroid Prime/Super Metroid pour rester sur cette série. D'ailleurs ce Monster Boy donne plus l'impression de jouer à un jeu Nintendo que Sega. L'ensemble est convenu, mais bien réalisé. Le grain de folie n'est pas au rendez-vous, contrairement au remake de Dragon's Trap sorti l'an dernier, qui m'avait mis une bonne claque sur sa partie artistique. La bande-son est également de très bonne facture, mais plutôt convenue. Au final, seuls les morceaux de Michiru Yamane sortent un peu du lot, mais il ne doit y en avoir que deux. Les autres sont parfois des remakes d'anciens thèmes. Chacun aura ses préférences évidemment, mais j'avoue préférer là aussi la bande-son de Dragon's Trap, plus brute.

La map étant très grande et gavée de secrets, la phase de coloriage sera inévitable pour les amateurs de 100%. Le jeu est tout de même généreux puisqu'il distribue des indices en fin de jeu pour trouver les coffres que l'on a loupé. Et des choses à ramasser, il y en a de grandes quantités entre les pièces d'équipement et toutes les sortes d'objets d'amélioration. Malheureusement cette quête à la puissance n'aura d'autre intérêt que d'afficher le très convoité taux de 100%, tant les affrontements sont en retrait dans le jeu. Même le boss de fin n'est qu'un puzzle de plus avec une phase par forme, j'avoue avoir été assez déçu que ce ne soit pas l'affrontement épique que j'espérais. A quoi bon avoir toutes ces formes et tous ces équipements si le jeu nous impose constamment la forme et/ou l'objet à utiliser pour avancer ?

Coté finition, le jeu est de bonne facture et tourne bien sur Switch. Les chargements sont un peu intrusifs, mais ça reste tout à fait acceptable. Le jeu a parfaitement bien tourné du début à la fin, sauf pour le dernier boss où le framerate en a pris un sacré coup. J'ai aussi subi un crash tandis que je passais en revue les langues dans les options (pour résoudre une énième énigme). Enfin, quelques passages m'ont donné le sentiment de manquer un poil de finition, notamment un bateau fantôme pour ne citer qu'un exemple. Assez rarement, le personnage se retrouve mal positionné ou déplacé bizarrement, amenant à subir des dégâts. A quelques occasions, les actions à faire pour avancer étaient plutôt difficiles à trouver. Le jeu a le bon goût de forcer le joueur à expérimenter, on peut donc d'ores et déjà parier que les forums seront plein de messages "Au secours ! Je suis bloqué ...". A ce niveau, Monster Boy a été tout à fait au niveau de mes attentes de vieux joueur ! Sinon je crois que je ne comprendrai jamais pourquoi les jeux sont affublés de textes aussi petits depuis le passage à la HD.

Si à l'époque il n'y avait pas tant de jeux avec des mondes connexes, aujourd'hui la situation a bien changé. Monster Boy arrive dans un genre hyper-saturé, tous les développeurs indés et autres petits studios du monde optant pour ce style de jeu dès qu'il s'agit de platformer 2D. Personnellement, je recommande le jeu aux anciens qui ont découvert la série à l'époque, en avertissant que la quantité de puzzles risque de les saouler. Les plus jeunes ont également à disposition un jeu qui leur fera découvrir ce à quoi l'on jouait avant, mais avec tout de même beaucoup d'aménagements de notre époque. En revanche, le joueur plus âgé qui ne connait rien à cette série, et qui n'est pas fan des puzzles, trouvera beaucoup de très bons jeux dans le même genre (Dead Cells ou Ori par exemple).

La version PC

La version PC n'apporte pas grand chose de plus que les versions console : le choix de la résolution, du degré de détail des textures (bas, moyen, haut), la possibilité de bloquer le jeu à la fréquence de son choix, et basta. Jouer en 1440p est des plus agréables, et aucun problème technique n'est à déplorer. Rien à signaler donc, et c'est déjà pas mal.

Dans l'esprit de Sonic Mania l'an dernier, Monster Boy remet au devant de la scène une série telle que nous la connaissions, et l'aimions, à l'époque. Enfin presque. Monster Boy loupe un peu le coche au niveau de la répartition Action/Puzzle, puisque l'on passe 90% du temps à résoudre des problèmes pour avancer. Les idées ont beau être nombreuses, j'ai tout de même fini par être lassé par cette interminable succession de puzzles. Bien que très soignée, sa réalisation visuelle et sonore manque aussi un peu de folie, mais aura au moins le mérite de ne rebuter personne. Dans tous les cas, les fans se doivent de tenter l'aventure, et les plus jeunes trouveront un jeu tout à fait adapté pour eux. Les autres en revanche auront raison d'hésiter avec tous les autres jeux disponibles dans le même genre, surtout si ils préfèrent une expérience plus orientée action.

Verdict

7

Points forts

  • Réalisation propre et soignée
  • Durée de vie conséquente pour le genre
  • Le retour d'une grande série !

Points faibles

  • Trop orienté puzzles
  • Réalisation qui manque de folie
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Windows 9.0 1

Commentaires

bko, 06 déc 2018 - 11:50
Le jeu m'attire beaucoup mais l'abondance de puzzles évoqués dans le test me refroidit un peu beaucoup...