Test : Tears to Tiara II : Heir of the Overlord (Playstation 3)

Production nippone jusqu'au bout des ongles (le premier volet, inédit chez nous, était à la limite du hentaï), Tears To Tiara II : Heir Of The Overlord fait figure d'OVNI dans nos contrées. Il rejoint ces jeux de niche (comme la série des Atelier) et paraîtra probablement opaque à bon nombre de joueurs dans la mesure où il n'a pas grand-chose en commun avec la familière artillerie lourde du JRPG (Final Fantasy, Kingdom Hearts...). A la fois visual novel et Tactical RPG, il s'agit d'un jeu étonnant, expérimental même parfois, qui mérite l'attention de ceux qui sont en quête d'expériences sortant un peu des sentiers battus.

La révolution est en marche

Situé dans la nation fictive d'Hispania, Tears To Tiara II rejoue à sa manière les guerres puniques qui opposèrent durant l'Antiquité Carthage et l'Empire Romain (appelé ici le Divin Empire). Hamil, membre de la prestigieuse famille Barca, dont le père a été mystérieusement assassiné, a passé sa jeunesse et sa vie de jeune adulte sous la servitude de l'Empire. Au moment où le jeu démarre, frustré par sa situation, il prend part à une rébellion menée par une jeune femme volontaire nommée Tarte (et accessoirement réincarnation de la déesse Ashtarte) visant à restaurer l'indépendance d'Hispania.

Nos deux héros vont donc se retrouver précipités dans d'incroyables péripéties, dans la plus pure tradition des jeux de rôle japonais. Visuel novel oblige, Tears To Tiara II accorde une place prépondérante à son histoire et prend surtout le temps de la développer, au prix d'une progression parfois un peu trop lente. En effet, certaines séquences narratives durent jusqu'à deux heures. C'est donc un jeu qui nécessite un certain investissement personnel et se savoure lors de séances confortables (il faut compter 2h30 à 3h par session pour progresser correctement dans l'aventure). Par chance, le scénario, malgré quelques longueurs, est plutôt intéressant (surtout lorsqu'on est amateur de manga/anime), bourré de rebondissements et soutenu par une galerie de personnages attachants et hauts en couleur.

Le Tactical RPG pédagogique

Le véritable intérêt de Tears To Tiara II réside, bien évidemment, dans son mode combat. Il est assez classique pour le genre : les tours sont alternés entre le joueur et les ennemis, le champ de bataille est systématiquement plat, ce qui évite les casse-têtes stratégiques liés au relief et favorise un rythme assez nerveux. Une fois le premier chapitre terminé, le joueur se retrouve rapidement à la tête d'un groupe de combattants assez important et, même si certaines batailles nécessitent d'utiliser des personnages spécifiques, la liberté tactique est souvent de mise. Le jeu permet également de modifier son roster en milieu d'affrontement dans le but d'offrir une flexibilité maximum aux impératifs de chaque situation.

Dans le même ordre d'idée, il est possible de sélectionner la difficulté (parmi les trois disponibles) à tout moment. De même si le combat échoue, le joueur conserve malgré tout l'expérience accumulée jusqu'au point d'échec et se voit offrir la possibilité de recommencer. Enfin, il est possible de rembobiner un tour de combat, sans pénalité. De ce point de vue, il s'agit d'un Tactical RPG particulièrement adapté aux néophytes, il permet de comprendre la logique du genre sans frustration, tout en permettant aux habitués de corser systématiquement la difficulté. Auquel cas, les combats deviennent rapidement très tendus.

Structure RPG oblige, Tears To Tiara II autorise la personnalisation d'équipement et, bien entendu, l'évolution des capacités de chaque personnage. La vaste sélection de combattants permet de construire des équipes bien équilibrées entre les différentes classes. Ces dernières sont d'ailleurs usuelles pour le genre (Mage, Archer, Hunter...) mais arrivé à un certain niveau, il est possible de choisir une spécialisation (Paladin, Druide...) en fusionnant certaines d'entre elles (par exemple un mage niveau 20 et une prêtresse niveau 15 peuvent donner naissance à un Druide). Les deux protagonistes principaux, Hamil et Tarte, peuvent, après un certains nombre de tours en combat, se transformer dans des sortes de super versions d'eux-mêmes aux pouvoirs dévastateurs (un peu comme les Super Saiyan dans Dragon Ball Z).

Bien entendu, les éléments jouent un rôle prépondérant durant les batailles puisque chaque personnages/classes à une affinité avec une force élémentale (et donc une faiblesse à son opposée) : feu, vent, terre, eau, dark, holy, star. Il faut là aussi penser à varier son équipe. D'autre part, à la manière de Legend Of Dragoon, chaque personnage a une jauge spéciale qui, une fois pleine, se déclenche en appuyant sur le bouton adéquat durant l'animation de combat, il peut alors lancer une super attaque ou s'attribuer des buffs spécifiques, après quoi la jauge se vide et repart à zéro.

Bouffée d'oxygène

D'une certaine manière, le plus gros problème de Tears To Tiara II réside dans son choix d'être à la fois visual novel et Tactical RPG. L'équilibrage entre ces deux pôles ne fonctionne objectivement pas toujours de manière optimale : il n'est pas rare de se retrouver en plein développement narratif alors que l'on voudrait simplement être sur le champ de bataille. Cette lenteur dans la progression ne sera pas du goût de tout le monde et c'est donc un élément à prendre en considération. Néanmoins, celles et ceux qui, comme moi, aiment cette tradition narrative purement japonaise seront séduit par ce cocktail inattendu, malgré ses quelques aspérités. Sans oublier que Tears To Tiara II, alors même qu'il officie dans un genre pourtant représenté par des licences prestigieuses (Shining Force, Final Fantasy Tactics, Ogre Battle...), offre un système de combat astucieux, à la fluidité exemplaire, qui ne se contente pas de plagier les grands.

C'est un plaisir, surtout dans le contexte vidéoludique occidental actuel, de découvrir un jeu qui tente quelque chose et ne se contente pas de visiter sempiternellement les mêmes sentiers. Tears to Tiara II est donc le coup de cœur le plus inattendu de l'année 2014.

Verdict

7

Points forts

  • Le système de combat génial
  • Les voix japonaises
  • Le mélange original

Points faibles

  • Séquences narratives parfois (très) longues
  • Tutorial beaucoup trop long
  • Anglais uniquement (problématique pour certains)

Commentaires

Rage, 12 déc 2014 - 6:15
merci pour ce test du nouveau !!! Et mince je l'avais préco mais je ne suis pas allé le chercher en boutique. Va falloir que je rectifie cette erreur manifestement ...
Bienvenue et merci pour ce très bon test Emmanuel:good:
Ce titre pourrait me plaire, fan de Sakura Taisen les longueurs ne me font pas peur, quoique je n'ai pas souvenir d'avoir trouvé les séquences de blabla interminables, par contre les combats nétaient pas assez nombreux^^