Test : Etrian Odyssey Untold : The Millennium Girl (Nintendo 3DS)

Etrian Odyssey Untold : The Millenium Girl est le remake d'Etrian Odyssey, sorti en 2007 sur DS. 7 ans, c'est peu entre un original et son remake, surtout lorsqu'ils se ressemblent autant, mais cela semble être la thématique de l'année 2014.

Etrian Odyssey n'offrait pas véritablement de scénario, et proposait uniquement d'explorer une série de labyrinthes de plus en plus complexes et dangereux avec une équipe composée de 5 guerriers choisis parmi une dizaine de classes différentes. Il est possible de revivre cette expérience avec le mode Classic, mais ce remake offre surtout un mode Story, qui propose un vrai scénario, développé à travers des cut scenes et quelques séquences animées, et impose la classe de départ des protagonistes.

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On suit donc les aventures d'un Highlander (seul personnage dont on peut choisir le nom), de Simon le Medic, Arthur l'Alchimiste et Raquna la Defender qui accompagnent une jeune fille amnésique, Frederica, dans les méandres du labyrinthe d'Yggdrasil afin de percer ses mystères et l'aider à recouvrer la mémoire. Heureusement, Frederica s'avère être une tireuse hors pair, ce qui aide notre troupe à repousser les nombreux monstres qui peuplent le labyrinthe. D'une facture classique, le scénario ménage quand même quelques demi-surprises et moments un tantinet émouvants. Cependant, c'est très loin d'être l'intérêt principal du jeu, ce que les développeurs ont bien compris en le laissant pas mal en retrait.

Une riante odyssée ?

Le cœur du jeu réside bien sûr dans l'exploration des labyrinthes. Il y en a une trentaine au total, regroupés dans des strates homogènes en termes de décor et de bestiaire. Les ennemis sont très nombreux et relativement variés, bien qu'on n'échappe pas aux clones plus costauds et d'une couleur différente de temps à autre. La progression en vue à la première personne et les combats se déroulent intégralement au tour par tour, les rencontres étant aléatoires, mais leur proximité signalée par une sorte de radar en bas de l'écran. Le déroulement des combats est classique, puisqu'un tour correspond à une action de chaque personnage, la seule singularité étant l'influence du positionnement des personnages, en deux lignes, sur certaines actions.

Bon, je dis que le système de jeu est classique, mais en fait il est assez riche. Chaque niveau d'expérience gagné octroie au personnage concerné un point de skill, à dépenser dans un arbre de compétence propre à chaque classe (bien que certains classes aient des compétences en commun). Par exemple, le Highlander sacrifie ses HP pour frapper plus durement les adversaires ou augmenter l'attaque de ses alliés, le Defender encaisse les coups pour les autres ou augmente leur défense, tandis que le Gunner peut apprendre à transpercer les lignes ennemies ou à utiliser des munitions spéciales. Il est impossible de monter au max toutes les compétences en une partie, charge donc au joueur de choisir de se spécialiser ou de répartir ses points un peu partout. Ce choix n'est pas anodin, car c'est majoritairement par ce biais qu'on augmente ses caractéristiques.

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On loote, on crafte, et en avant !

On peut aussi - et on a plutôt intérêt - passer par la boutique pour acheter armes, armures et accessoires, là encore pour certains spécifiques à certaines classes. Ceux-ci sont confectionnés à partir du loot obtenu sur les ennemis abattus, certains items étant rares ou nécessitant de tuer un adversaire dans certaines conditions, par exemple en l'ayant paralysé, ou en le tuant avec une attaque élémentaire. Chaque ennemi possède en effet des forces et des faiblesses, inconnues lors de la première rencontre mais qui seront par la suite indiquées sur sa fiche, consultable à tout moment. L'achat d'un équipement ne demande pas beaucoup de réflexion : beaucoup d'items n'apportent pas de malus rédhibitoire, et la règle du "plus c'est cher mieux c'est" s'applique souvent.

Le top reste de fournir à la marchande du loot issu d'un affrontement avec un FOE : ces monstres, dont la présence est indiquée sur la carte, sont très puissants, trop, en général, pour être affrontés dès leur première rencontre. Leurs déplacements suivent un pattern bien défini, et il faut dans un premier temps les éviter autant que possible sous peine de se faire défoncer en quelques tours. Avec quelques niveaux de plus, une fois leur raclée prise, ils laissent des items rares qui permettent de confectionner de chouettes breloques. Mais avant d'en arriver là, on rase les murs en espérant leur échapper.

En sortant de la boutique, vous pouvez passer à l'hôtel une bonne nuit de sommeil revigorante, aller à l'auberge faire le plein de quêtes annexes souvent de type "Fedex", mais qui demandent souvent une bonne connaissance des labyrinthes, et aller faire un tour dans votre Guilde, où une soubrette (oui oui) vous permettra de vous délester de vos items surnuméraires (on ne peut en porter que 60 à la fois), vous concoctera des potions énergisantes et analysera vos grimoires. Ceux-ci s'obtiennent de façon plus ou moins aléatoire et consistent à voler des techniques aux ennemis, afin de les réutiliser par la suite. Chaque grimoire peut contenir une ou plusieurs techniques, de niveau plus ou moins élevé, avec un bonus d'efficacité s'il est associé à une arme. Par exemple, on peut équiper un Highlander d'un grimoire doté de techniques de Soin, ou un Alchimiste d'un grimoire donnant accès aux capacités du Gunner. Il est même possible de fusionner les grimoires pour combiner leurs caractéristiques, mais franchement, la démarche n'est pas claire et carrément accessoire.

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Sortez vos cahiers petits carreaux et notez la date dans la marge !

Une fois nourri, équipé, reposé et votre calepin rempli de quêtes annexes, vous pouvez entrer dans le Labyrinthe. Le but premier du jeu est leur exploration et leur cartographie, et il faut donc toujours trouver l'accès à l'étage inférieur, tout en dessinant leur carte du mieux possible. Vous vous souvenez avoir utilisé un cahier à petits carreaux pour ne pas vous perdre dans Shining in the Darkness ? Eh bien là c'est pareil, mais au stylet sur l'écran tactile de la 3DS. Il faudra dessiner chaque mur, chaque porte, chaque raccourci, chaque coffre, chaque Event, à l'aide d'icônes prédéfinies, pour avoir le droit, une fois la sortie trouvée, obtenir le droit de s'y téléporter la prochaine fois. Et étant donné le chemin de croix que cela finit par constituer, cela apparaît comme un vrai soulagement, voire un sacré accomplissement.

Et puis, vous vous souvenez de cette jeune fille qui vous a demandé une fleur particulière qui ne pousse qu'au 16è sous-sol ? J'espère que vous avez marqué l'emplacement du spot de cueillette à cet étage. Ainsi que l'emplacement de cette source qui redonne tous ses HP aux membres de votre équipe. Plus on avance dans le jeu, plus les labyrinthes deviennent complexes, avec leur lot de téléporteurs et de passages à sens unique. Les plus fainéants pourront choisir dans les options une complétion automatique de la carte, mais c'est perdre une partie du fun. Du fun, oui, car bizarrement, s'arrêter à chaque pas pour dessiner le mur longé, et prendre le temps de bien faire le tour complet d'une pièce pour ne rien oublier est bizarrement amusant. On progresse, le stylet toujours à portée, on s'arrête, on switche entre la croix et le stylet pour placer cette porte fermée, avec une petite annotation, un sentiment de satisfaction du travail bien fait nous envahit, et on reprend notre progression.

Etrian Odyssey, l'original, est réputé pour être assez hardcore. Ce n'est pas le cas de ce remake, du moins, pas en difficulté Normale. Les débuts sont un peu rudes, et le passage dans une nouvelle strate demande beaucoup d'attention, mais le jeu est, paradoxalement, de moins en moins difficile au fil de la progression, surtout parce qu'on finit par trouver les meilleures tactiques et grimoires. En plus des attaques élémentaires, les ennemis sont sensibles à différents types de coup (tranchants ou assommants), mais cela n'a franchement pas beaucoup d'importance. Il n'est pas nécessaire de spécialiser ses persos, et quand bien même on se rend vite compte des skills qui doivent être maxées en priorité, et de celles qui peuvent être négligées (je ne me suis jamais servie des skills demandant de sacrifier les HP du Highlander).

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Une finition inégale

Avec de la méthode, de la prudence, et un peu de grind (notamment via les quêtes annexes, qui rapportent pas mal d'XP), on progresse lentement, mais sûrement, quitte à battre en retraite de temps à autres ou affronter quelques Game Over. Cela dit, j'ai uniquement joué en Normal : le mode Difficile doit apporter un challenge plus relevé, dont on peut avoir un aperçu avec les quêtes débloquées une fois le jeu terminé, ou le New Game +, qui est l'occasion de recommencer le jeu avec d'autres classes et une partie des équipements acquis lors de la première partie.

Techniquement le jeu fait honneur à la 3DS, sans pour autant exploser la rétine : les décors sont particulièrement réussis, surtout d'un point de vue artistique, mais j'ai trouvé le design des ennemis pas forcément toujours inspiré. Étant donné la qualité du chara-design des personnages principaux, je pense qu'ils auraient gagné à rester en 2D, comme dans le jeu original. Gros, gros coup de cœur par contre pour les musiques : composées par Yuzo Koshiro, elles sont non seulement nombreuses et très réussies, mais ont en plus fait l'objet d'une excellente réorchestration, qui transcende les compositions originales.

Dommage que ce remake n'ait pas fait l'objet du même souci du détail à tous les niveaux : l'absence de version française, voix comme textes, est tout à fait regrettable, mais moins que la présence d'un seul slot de sauvegarde, ce qui interdit les expérimentations de classes et de skills. On peut voir ça comme un parti-pris (on assume ses choix !), j'y vois plutôt un manque de finition assez incompréhensible à la vue de la qualité globale de ce remake. Cela ne l'empêche pas d'être particulièrement prenant, et je n'aurais jamais pensé ne pas voir le temps passer en parcourant des couloirs et en traçant des lignes et des flèches sur ma 3DS.

Si vous avez une âme d'explorateur, une soixantaine d'heures devant vous - minimum, et que le scénario est secondaire pour vous, Etrian Odyssey : The Millenium Girl est un met de choix. Mais si vous cherchez un système de combat original ou une histoire et de personnages palpitantes, vous pouvez sans problème passer votre chemin.

Verdict

8

Points forts

  • Système de combats efficace
  • Dessiner soi-même ses cartes
  • Difficulté modulable
  • Pas trop de grinding
  • Musiques sublimes

Points faibles

  • Scénario prétexte
  • Un seul slot de sauvegarde
  • Tout en anglais
  • C'est un peu l'usine, quand même ^^
  • Quêtes Fedex
  • Très peu différent de l'original

Commentaires

Dommage qu'il n'ait pas été traduit. Le premier l'avait été en son temps par Nintendo. Ils bossent sur SMT IV normalement, vivement qu'il sorte. Foutu region-lock :(
J'ai rapporté un sac SMTIV du TGS 2012, je n'aurais jamais pensé qu'on en parlerait un jour ici ^^