Test : MadWorld (Wii)

Clover Studio est un nom qui résonne aujourd'hui comme un gage fantastique de qualité avec dans ses rangs de grands créateurs comme Inaba, Mikami ou Kamiya. Et quelques grands jeux ont eu droit au label du trèfle (le logo du studio). On pense à Viewtiful Joe, God Hand et surtout Okami, le jeu d'action/aventure qui a égalé voir dépassé Zelda. Mais le studio de la crème de Capcom a dù fermer ses portes, faute à une série de désillusions dans les charts et des comptes dans le rouge après la sortie ratée d'Okami justement. Le fleuron de la firme d'Osaka quitte ainsi sa maison mère pour former le studio Seeds en 2006 qui devient ensuite Platinum Games. Sans nouvelles tangibles du studio, le choc intervient en mai 2008. Sega annonce alors un partenariat élargi avec Platinum Games et leur laisse carte blanche sur leurs quatre prochaines productions que le géant d'Haneda aura le bonheur d'éditer et de promouvoir partout dans le monde. Le premier à paraître se nomme MadWorld et a été pensé exclusivement pour la Wii avec de multiples enjeux.

MadWorld, l'autre jeu hardcore

Alors que d'autres éditeurs tentent de piquer des parts de marché à Nintendo et s'attaquent au grand public qui a succombé à la nouvelle maniabilité proposée par la Wii, Sega a depuis longtemps pris une tout autre option en répondant à une demande forte de joueurs plus anciens et qui ont envie de jouer à un vrai jeu vidéo avec son apprentissage, sa marge de progression et son fun bien sûr. La tendance ne date pas d'hier mais MadWorld est sans doute le jeu le plus important aux yeux de nombreux observateurs. La production de Platinum Games, à cause de son ambiance totalement gore, n'a pas tardé à attirer les foudres des âmes (un peu trop) sensibles qui avaient même du mal à comprendre comment un tel jeu pouvait sortir sur une console comme la Wii. MadWorld a tellement été sous le feu de la censure que sa sortie en Allemagne et au Japon est déjà totalement compromise. Mais avant d'être un jeu gore, MadWorld est surtout un beat them all pur et dur, un genre qui n'a pas toujours su conquérir le coeur des foules ces dernières années. Tout le monde est donc très curieux de voir quel accueil va recevoir le dernier bébé de Shigenori Shinikawa et supervisé par Atsushi Inaba. Ce que l'on peut dire d'ores et déjà, c'est que Sega a su markéter et soutenir le jeu comme Capcom n'avait pas su (voulu?) le faire du temps de Clover Studio ...

Trop de talent !

Varrigan City. Cette ville fictive se retrouve coupée du monde suite à la démonstration de force des DeathWatchers qui y lancent un virus mortel pour qu'elle se retrouve en quarantaine. Cette organisation criminelle veut monter un énorme spectacle où plusieurs concurrents se font face dans des joutes sanglantes. Il n'en restera qu'un, car à DeathWatch c'est à la vie et à la mort et il n'y a pas de règles. Ce jeu TV est surtout un énorme business fait de paris illégaux où d'énormes masses d'argent circulent. DeathWatch est illégal mais les gens ont soif de sang et regardent ces combats inhumains avec une certaine délectation. L'argent n'épargne pas non plus les participants qui ont besoin de sponsors pour s'équiper comme il se doit, pour survivre. Au 3e jour du début du jeu, Jack Cayman s'invite à la fête avec l'aide du sponsoring d'un certain agent 13. Déjà très costaud, Jack a la chance d'être équipé d'une tronçonneuse à la main droite, une arme très appréciée au sein du DeathWatch. Et il n'est pas là seulement pour jouer ... Le monde est fou à commencer par le héros de MadWorld. Appelez-le Jack, just Jack !

Une des forces évidentes de MadWorld est sa présentation générale. On connaissait déjà son visuel unique pour un jeu vidéo en noir & blanc. Ce qu'on savait moins, c'est que l'ensemble avait un scénario qui se laisse découvrir avec plaisir et qui a quelques enjeux et même quelques messages à faire passer. Yasumi Matsuno, l'ancien de Square Enix, n'est pas venu pour rien prêter sa plume. Les cut-scenes en images fixes gardent cette identité "comics" voulue au départ et fonctionne plutôt bien même si ce style esthétique peut paraître étonnant venant de développeurs japonais. Pour un beat them all, ce n'est pas forcément ce qu'on demande au départ mais il faut avouer que la copie rendue pour les cinématiques et les dialogues est de très belle facture et ça aide pour s'immerger dans MadCity.

Pour en revenir à ce rendu noir et blanc, le résultat est tout simplement génial. Le talent des ex de Clover est connu bien sûr mais c'est une vraie petite claque que de le voir tourner. La filiation avec Okami est évidente tant le travail sur les courbes et les ombres est similaire et donc somptueux. C'est un parti pris graphique réellement maîtrisé de bout en bout et de main de maître par Platinum Games. On notera juste quelques ralentissements lors des passages à moto et l'absence bizarre du 60 Hz. Pour le reste et mis à part quelques décors parfois confus, le talent ça ne s'explique pas. Ça se joue !

Et ça bastonne ?

À vrai dire, pas tant que ça, du moins au début. On est de prime abord surpris par la passivité de ses opposants qui attendent que vous leur mettez la main dessus pour les massacrer. Mais c'est avant de comprendre que MadWorld n'est pas un beat them all comme les autres. Tout le coeur du gameplay réside dans le scoring. Vous devez en effet franchir différents paliers de score pour débloquer armes, mini-jeux délirants et finalement le boss du stage. MadWorld fait appel à la créativité du joueur qui ne doit pas seulement enchaîner des combos sur ses opposants mais devenir maître du décor et des nombreux objets de son environnement. Une simple mise à mort à la tronçonneuse ne payera ainsi que très peu, tandis que bloquer les bras de son ennemi avec un pneu puis lui enfoncer un poteau dans la tête et finalement le déchiqueter dans une benne à ordure sera plus gratifiant et récompensé à sa juste valeur. Là où le principe aurait pu être très répétitif, Platinum Games sait surprendre le joueur constamment tant les stages recèlent de belles surprises bien gores. Prenons cet exemple surprenant et juste excellent: en lançant un ennemi sur la table géante d'un château, un script se lance où il roule sur toute sa longueur avant de finir cramé dans la cheminée. Les stages peuvent être ainsi faits et refaits pour trouver toutes les perversions parfois bien cachées !

MadWorld ne manque toutefois pas de challenges puisque certains mini-boss, en cours de stage, demande un peu plus de concentration. Les boss de fin ne sont jamais très durs et offrent quelques QTE Wiiesque assez spectaculaires. En mode "Normal", MadWorld est presque une balade de santé relativement courte d'ailleurs. Mais le jeu demande vraiment à être refait en "Difficile" pour découvrir des ennemis de base plus agressifs. Dans ce mode, on cherche les "Continue" (des ballons) précieux qui sont vraiment utiles pour ne pas tomber rapidement en Game Over. Surtout que la barre de vie baisse ici à très grande vitesse.

Pensé pour la Wii, les contrôles fonctionnent bien et ce n'est pas pour rien que Platinum Games n'a pas créé ici un Beat très technique. MadWorld est un jeu d'action spectaculaire qu'il faut prendre simplement tel qu'il est. À part les uppercuts et autres mouvements de bras qui marchent assez moyennement avec la wiimote, la gestion de la parade (qui aurait pu être problématique) surprend par sa bonne réactivité. Il suffit de secouer le nunchuck pour faire un salto arrière de dégagement. Face aux boss, on peut même avec un bon timing en profiter pour faire un saut latéral pour se retrouver dans leur dos. Cette prise en main est totalement naturelle comme Atsushi Inaba nous l'avait bien montré lors du dernier MGS. La gestion de caméra et le lock sont confiés à la même touche C du nunchuk et demande un réel apprentissage mais rien de rédhibitoire.

Une expérience à part. Un vrai jeu pensé pour la Wii.

MadWorld est un beat them all différent qui ne reprend en rien l'héritage de GodHand. C'est sans doute une des grandes forces de Platinum Games qui ne pense qu'à une chose, surprendre les joueurs et leur faire vivre à chaque fois une expérience vidéoludique jamais connu auparavant. Ce n'est d'ailleurs pas la peine de se faire de film pour une possible suite ou la naissance d'une licence. MadWorld n'est pas pensé ainsi, c'est un one shot qui se suffit à lui-même.

Platinum Games a aussi pensé intelligemment les spécificités de la Wii en ne cherchant pas à faire un gameplay ultra technique. Le plaisir de jeu vient de l'inventivité sans cesse renouvelée des décors et de l'imagination du joueur à se créer ses petits plaisirs sadiques. La direction choisie est claire et pourra déplaire à certains mais une fois entré dans le trip, on prend un malin plaisir à faire et refaire les stages du DeathWatch. Et puis le jeu est tellement plaisant à regarder ...

Bien sûr en misant sur ce studio, Sega a choisi le bon cheval en terme de qualité et d'inventivité. MadWorld est un très beau premier jet, une oeuvre singulière qui mérite d'être joué pour toute personne cherchant un peu de sang neuf et qui en a marre de ces productions qui se ressemblent toutes. Le respect est donc total et quand on y pense, c'est encore trois jeux de cette trempe qui nous attendent. Mazette !

Verdict

8

Points forts

  • Noir & blanc sublime
  • B.O. Hip Hop très réussie
  • Présentation classe
  • Un bon level design
  • L'action et le gore Showtime

Points faibles

  • Les approximations de la wiimote
  • Absence du 60 Hz
  • Multijoueur anecdotique
  • Un type de beat them all qui peut déplaire
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Wii 8.3 7

Commentaires

super test pour un jeu unique, bravo... Par contre je suis soufflé d'apprendre l'absence de 60 htz.. une honte.
Rage, 21 Mar 2009 - 11:22
Excellent test bien détaillé! Merci Haneda! Et bravo pour une note juste qui n'est pas surévalué! La Wii ayant si peu de bons jeux ... Dommage que la polémique sur la violence et les jeux vidéo arrivent pile maintenant!
yeeaaaahhh :D
Sympa le test, merci
encore un jeux à avoir sur ma petite wii
L'absence du 60 Htz, ça craint....