Dernière console de SEGA, et probablement celle dont l'échec est resté le plus amer pour les fans, tant il semble injuste, la Dreamcast est un incroyable sujet d'étude, tant elle cristallise un ensemble de décisions prises à plusieurs niveaux, sur plusieurs continents, sur une période de plusieurs années. Qui mieux, donc, qu'Oscar Lemaire, l'homme qui murmurait à l'oreille des macros, pour décrire et analyser cette période ?
Ce travail, il l'avait déjà fait sur son blog, Ludostrie, en 2019. Une enquête fouillée, fruit d'un travail documentaire approfondi, qui va a la fois chercher des chiffres de vente, des articles de presse, et des interviews des différents acteurs de cette épopée, pour comprendre ce qui se jouait en ce funeste mois de Janvier 2001. Cet ouvrage, L'Histoire de la Dreamcast, est essentiellement une transposition de ce dossier sous forme papier, avec quelques nuances.
On y retrouve donc, en 20 chapitres, l'historique de la Dame Blanche, le contexte de sa mise en chantier, les tensions, toujours, entre SEGA Japon et SEGA of America, les errements des campagnes marketing sur tous les continents, les relations difficiles avec les éditeurs et notamment Electronic Arts, l'incompréhension de la presse devant les faibles chiffres de vente d'une machine à la ludothèque fantastique, alors que cette même presse l'avait quasiment enterrée dès son annonce.
Mais aussi, l'incroyable énergie des différents studios de SEGA à cette époque, le vent de liberté qui les portait et qui a donné les titres incroyables que l'on connaît, le lancement de tous les records aux Etats-Unis, le génie de Mizuguchi, de Kenji Kanno ou de l'équipe derrière Jet Set Radio, l'incroyable histoire de l'anomalie Segagaga, et le succès des jeux SEGA sur GameCube ou PS2.
En croisant des sources américaines et japonaises, ce travail permet, à l'instar du livre Dreamcast Collected Works, de mieux comprendre l'impact des choix managériaux côté japonais, mais aussi côté américain, de l'arrivée de Bernie Stolar à celle de Peter Moore, de leurs décisions difficiles ou de certains choix peu avisés (et c'est un euphémisme) qui ont en partie scellé le destin d'une machine qui partait de toutes façons avec un énorme handicap. Le récit est factuel, loin de la romantisation d'un Console Wars, ce qui n'empêche pas le style d'être fluide et agréable.
Cette édition papier a été l'occasion de corriger quelques coquilles et tournures de phrase, ainsi que d'ajouter quelques graphiques (évidemment !), ainsi qu'un petit épilogue décrivant la suite de la carrière des personnalités impliquées dans la vie de la Dreamcast. La mise en page rend également la lecture plus agréable en mettant en valeur les citations, en dépit de l'absence des photos ou vidéos qui émaillaient la version Web, qui reste donc tout à fait pertinente. Le tout dans un ouvrage sobre, de qualité, agrémenté d'une superbe couverture, que ce soit en édition classique ou first print, qui propose en plus une couverture alternative, un ex-libris et la version e-book offerte.
L'Histoire de la Dreamcast est donc un ouvrage passionnant et parfaitement indispensable à tous ceux qui veulent tout savoir sur la dernière de SEGA dans le hardware domestique, et plus généralement, à tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à l'histoire du jeu vidéo.
- L'Histoire de la Dreamcast - La dernière console de SEGA
- Auteur : Oscar Lemaire
- Editeur : Third Editions
- 224 pages, noir & blanc
- Couverture souple, illustration de Pierre Roussel
- Format : 170 x 240 mm
- Prix :
- Edition classique : 24,90 €
- Edition first print : 29,90 €
