Test : Total War : Warhammer III (PC Windows)

Il y a des séries/univers qui vous attirent moins que d'autres, l'univers Warhammer en était un pour moi. Avec Total War : Warhammer III, Creative Assembly clôt une trilogie commencée il y a six ans de cela et m’a fait découvrir ce qui n'est pas une simple repompe de Donjons & Dragons, oh non.

Un lore en or

Le jeu s'ouvre sur une campagne prologue/didacticiel ; vous êtes Yuri Barkov, un prince de Kislev envoyé dans le Nord pour comprendre ce qui est arrivé à Ursun, le dieu-ours qui chasse l'hiver de son puissant rugissement. Cela fait sept ans que son rugissement ne s'est pas fait entendre et son peuple souffre. Une bonne opportunité pour apprendre les bases même si tout ne se passera pas comme prévu, sinon ce ne serait pas un prologue. Trompé et corrompu par Be'lakor, Yuri finira par trahir son dieu et les siens pour plus de pouvoir.

Il est nécessaire d'expliquer un peu l'univers de Warhammer pour comprendre la campagne proposée-. L'explication ne rendra donc pas justice à la profondeur du lore et de nombreux raccourcis seront faits. Dans Warhammer, la Terre est une création des Dieux, seulement, le pouvoir utilisé était si grand qu'elle s'est fissurée près du pôle Nord. Ces terres y sont balayées par des vents de magie pure, vous y trouverez des paysages très différents et très fantastiques d'une région à l'autre. Une rivière de lave ? Pas de soucis ! Des montagnes de gemmes ? Facile ! Ces terres hostiles sont principalement habitées par des créatures du Chaos ainsi que quelques barbares. Le royaume de Kislev s'est constitué comme le rempart de la civilisation contre le Chaos du Nord.

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Total War : Warhammer III
La belle, grande et glorieuse Kislev.

La campagne est principalement axée sur Kislev, divisé entre Kostaltyn, patriarche de la Grande Orthodoxie, et Katarin, tsarine et puissante mage de glace (qui a dit reine des neiges ?). Si rassembler le peuple derrière votre bannière ne posera pas trop de problèmes, les difficultés vous attendent dans les Désolations du Chaos. Petite présentation de vos futurs ennemis :

Les factions de Khorne, dieu du sang : offrez-lui votre crâne et il vous laissera tranquille, mais cela ne suffira pas à étancher sa soif de destruction et de violence. Mais vous serez mort, ce ne sera plus votre problème.
Slaanesh, dieu des excès : vous aimez la luxure ? La torture ? Les drogues dures ? Il cherchera à vous séduire, puis vous asservir, ensuite ? Des tentacules remontent le long de votre jambe...
Nurgle : ce dieu aime les maladies, la décrépitude et la mort, il propage des pestes puis attaque ses ennemis affaiblis. Et cette fois, il n'y a pas de masque ffp2 ni de confinement pour vous sauver.
Tzeentch est le dieu du chaos qui semble le moins maléfique: tromperie, magie, manipulation et évolution. Il est la représentation du Chaos : toujours changeant, toujours instable, jamais fiable.
Enfin les démons du chaos, seule faction où vous pouvez choisir le nom de votre seigneur, n'ayant prêté allégeance à aucun des dieux démoniaques suscités, ils peuvent faire appel aux pouvoirs de tous et recruter toutes les unités.
Précisons que vous ne jouez aucun des dieux eux-mêmes mais des adorateurs haut placés qui espèrent finir dans les petits papiers de leur divinité.

A ceux-là s'ajoutent les royaumes Ogres et le Grand Cathay : les premiers sont semi-nomades, pouvant créer des camps un peu partout, leurs objectifs ? La viande, les combats et l'or. L'empire de Cathay est un royaume légendaire que l'on pourra assez largement rapprocher de la Chine impériale.

Dans tous les cas, votre objectif sera le même : rassembler une âme d'un prince démon de chaque faction démoniaque pour avoir une opportunité de sauver Ursun...ou l'achever.

Un gameplay pas moins profond mais qui apporte d'autres contraintes

Contrairement à Total War : Three Kingdoms ou Rome Remastered, Total War : Warhammer III offre des factions très différentes les unes des autres. C'est logique puisque l'univers d'heroic-fantasy le permet beaucoup plus facilement. Je pourrais sans doute continuer sur plusieurs pages sur les spécificités de chaque faction, cela a toutefois un coût. Chaque faction possède plusieurs sous-factions, auxquelles s'ajoutent les factions non-jouables (nains, vampires, etc.). Quand vous commencez une partie, il y a plus de 100 royaumes à gérer pour votre PC ! Les temps de chargement entre chaque tour s’en trouvent largement augmentés en comparaison avec les opus évoqués précédemment. Cela va mieux vers le mid-game quand un bon nombre aura disparu, mais la carte étant aussi bien plus grande, vous ne pourrez jamais vraiment nettoyer et colorier la carte à la couleur de votre faction, à moins d'y accorder beaucoup de temps.

L'autre "souci" vient des gameplay très différenciés, c'est aussi un excellent point qui vous incitera à tester toutes les factions, mais passé le gameplay de surface qui est évidemment le même pour tous, votre approche sera très différente. Concentrons-nous sur les factions que j'ai le plus jouées : Slaneesh et Kislev.

L'objectif des seigneurs de Slaneesh est de rassembler des dévots, ces derniers vous permettront d'organiser des festivités dans vos colonies qui vous donneront différents bonus pour la région. Ils vous permettront aussi d'invoquer une armée qui prendra de l'attrition peu importe ce que vous faites, parfait pour réagir à une menace imminente. En termes de diplomatie, votre objectif sera de corrompre les factions humaines ; une fois à 100, vous pourrez les assujettir sans qu'ils n'aient rien à redire. Après tout, ils sont sous votre charme.

La difficulté va venir de deux fronts avec d’une part vos vassaux : vous commencez loin au Nord et vos potentiels vassaux humains sont au Sud, cela vous empêchera de compter efficacement sur eux jusqu'à ce que vous vous étendiez un peu. Le deuxième problème est votre pire ennemi : Khorne, le dieu du sang. Vous aurez beau l'affaiblir, il suffira d'une erreur de votre part pour que son armée obtienne des bonus. Mais bon, c'était juste une défaite, il est affaibli, on se refait une petite armée et ça suffira, deuxième défaite. Et comme Khorne aime raser vos colonies pour plus de crânes, vous allez vous arracher les cheveux plus d'une fois quand une colonie bien développée se fera raser. Dans l'ensemble, Slaneesh est plutôt porté sur un gameplay lent, l'organisation sera clef pour avoir assez de dévots à la fin des cooldown de chaque pouvoir.

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Total War : Warhammer III
Il est toujours bon de s'entourer d'alliés, encore plus quand ils sont sous votre contrôle.

Du côté de Kislev, la rivalité entre la tsarine et le grand patriarche vous incitera à attaquer vite et tôt pour prendre l'ascendant. La majorité des unités sont hybrides, les autorisant à attaquer aussi bien à distance qu'en mêlée, former une armée efficace sera alors moins difficile qu'avec Slaneesh. Votre situation initiale étant plutôt favorable, vous pourrez rapidement récupérer des colonies pouvant atteindre la taille maximale avec des ressources spécifiques, permettant plus de gains des accords commerciaux.
Les sorcières doivent être formées à l'avance à votre cour, cela leur permet de commencer à un niveau plus élevé mais vous interdit d'en avoir autant que vous le vouliez. Les patriarches ne peuvent être recrutés dans une colonie qu'avec un certain bâtiment. Kislev étant une faction humaine, c'est ce qui se rapproche le plus du gameplay des Total War traditionnels.

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Total War : Warhammer III
On s'étend, on s'étend, mais gare à la contre-attaque !

La conquête étant plus simple, du moins c'était mon ressenti, posséder des régions entières sera plus facile. Vous pourrez alors installer des Atamans, sortes de gouverneurs vous octroyant des bonus locaux et vous proposant des dilemmes de temps à autres, mais attention, protéger votre empire pourra rapidement devenir fastidieux, surtout lorsque les failles s'ouvrent...

 

Des failles ? Mais de quoi il parle ?

Oui, le jeu n'est pas sans failles, on a vu les temps de chargement, mais il y aussi celles prévues par le gameplay. A intervalle régulier, des failles vers les royaumes du chaos vont s'ouvrir, corrompant votre territoire aussi bien économiquement que visuellement, du moins, si vous n'agissez pas rapidement. Il y a au moins une faille par région : possédez cinq régions, vous voilà avec cinq failles, le temps de traverser votre royaume, de les refermer, de purifier vos régions, oui, mieux vaut être organisé, surtout que des armées démoniaques peuvent en surgir. Et puis je l'ai dit, ce sont des failles VERS les royaumes du chaos, il faudra donc les traverser, réussir les épreuves des princes démons, si possible éliminer les autres factions qui veulent récupérer une âme. Ah et si jamais, votre seigneur peut obtenir des traits négatifs liés à la corruption du lieu, on est dans les Royaumes du Chaos ou au Club Med ?

Evidemment en alignant tout dans un seul paragraphe, cela peut paraître insurmontable, dans les faits c'est tout à fait gérable, même si vous devrez parfois abandonner tout ce que vous faisiez pour sauver votre territoire.

Mais revenons aux quelques failles du jeu. Warhammer étant un monde d'heroic-fantasy, avoir des démons haut de quatre mètres ne choquera personne, mais sur la carte du monde, cela peut rendre l'ensemble illisible, et vous faire louper une armée menaçante, surtout lorsque les forces autour d'une ville sont nombreuses.

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Total War : Warhammer III
Rencontre imminente entre deux adorateurs de Slaneesh, mon armée fatiguée pourra-t-elle tenir ?

Lors des batailles, le terrain est parfois très accidenté, avec parfois des crevasses au milieu du champ de bataille ; problème, passer au-dessus fera s'affaisser la caméra qui semble rester à une hauteur fixe par rapport au sol. C'est tout bête mais on peut déplorer qu'ils n'ont pas égalisé le plan de la caméra.

Enfin, le doublage. Les cinématiques sont en anglais et sont très chouettes, cela ne choquera personne, ce qui surprendra par contre est la voix de votre conseiller puisque ce dernier parle en français. A choisir, j'aurais préféré des cinématiques en français (surtout que le conseiller est aussi le narrateur et un personnage actif dans la plupart des scènes) et un conseiller muet ou parlant anglais. Le jeu ayant déjà été retardé, peut-être que le reste des textes sera doublé dans un prochain patch ?

 

A mi-chemin entre les Trois Royaumes et Rome

Si comme moi vous ne vous étiez jamais penché sur les versions Warhammer de Total War, sachez que la gestion de vos villes est plus facile que dans les Trois Royaumes. Point de gestion de stock de nourriture pour vos villes et vos armées, heureusement ! A la place vous devrez composer avec la corruption des différents princes du chaos qui ralentiront le développement de votre ville et votre économie. Garder l'influence démoniaque basse est essentielle, sauf s'il s'agit de votre faction bien sûr. Pour rappel, cette influence chaotique vient du Nord, étendez-vous dans un environnement trop différent du votre et attendez-vous à voir vos armées et votre autorité souffrir.

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Total War : Warhammer III
Très prisé des touristes démoniaques, la Montagne Sanglante vous permettra de profiter de ces magnifiques lacs de sang dans un cadre paradisiaque, enfin...infernal.

Ce chaos cause aussi les Vents Magiques ; en essayant de rester simple, plus ils sont forts, plus vos armées/héros/seigneurs récupéreront de mana et pourront user de leurs pouvoirs en combat. A l'inverse, lorsqu'ils sont faibles vos utilisateurs de magie seront affaiblis, veillez alors à ne pas surutiliser la magie en combat quand c’est le cas. Et profitez-en pour attaquer vos ennemis qui en abusent.

A côté de ça, les héros jouent le rôle des assassins de Rome et d'unités héroïques ; ils ne peuvent avoir leur propre armée, mais montent des niveaux, développent des compétences et peuvent s'équiper comme un seigneur. Sur la carte, ils pourront affaiblir les armées adverses ou renforcer la vôtre, détruire les défenses d'une cité fortifiée ou se débarrasser d'un héros ennemi. Dans l'armée d'un seigneur, ils pourront utiliser de puissants pouvoirs pour vous donner un avantage décisif dans la bataille.

En ce qui concerne l’équipement, j'ai trouvé qu’on obtenait un peu trop facilement de l'équipement basique et un peu trop souvent le même. Cela rend leur gestion pénible avec beaucoup de scroll pour trouver ce que l'on cherche. Les objets de qualités supérieure sont suffisamment rares pour être vraiment précieux, mais j'aurais préféré moins de drops en général et un peu plus de qualité dans ceux que l'on récupère.

 

Des nouveautés et des promesses

J'avais participé à un évènement lié à un nouveau type de bataille l'an passé, mix de DotA et de Roi de la Colline, et on m'avait annoncé dans l'interview que celles-ci ne pourraient pas être résolues automatiquement. Il semblerait que Creative Assembly ait changé d'avis puisque j'ai pu utiliser la résolution automatique, à mon insu puisque j'ignorais que c’était possible. Il reste probable que certaines soient obligatoirement jouées par le joueur, mais je n'ai pas rencontré cette situation.

Au rang des nouveautés intéressantes, la possibilité de créer un avant-poste chez vos alliés : chaque tour vous rapportera des points de fidélité (enfin...points d'allégeance) que vous pourrez dépenser pour recruter des unités de chez eux. Le nombre maximum d'unités alliées dans votre armée dépendra de certaines technologies, cela vous permettra surtout d'obtenir des unités exclusives à d'autres factions, à la condition que l'allié les aient débloquées. Qui n'a jamais voulu voir des démonettes exaltées combattre aux côtés de chevaucheurs d'ours ?

Toujours sur les relations, vous pouvez automatiquement équilibrer un deal, petit gain de temps dans l'absolu, mais gain de temps appréciable, vous pourrez aussi menacer une faction pour obtenir ce que vous voulez (donc sans équilibrer le deal). La force de votre armée et le déséquilibre du deal seront évidemment prépondérants sur l'acceptation de votre demande, mais vous aurez mauvaise réputation.

Enfin, les résolutions automatiques de batailles semblent avoir perdu le côté aléatoire : une victoire à la Pyrrhus pouvait, dans les anciens opus, devenir une défaite de justesse, et inversement. Dans Total War : Warhammer III, la prédiction affichée correspond au résultat que vous obtiendrez. De quoi me forcer à tenter ma chance pour éviter une défaite de justesse.

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Total War : Warhammer III
Le jeu estime que la défaite ne se jouera pas à grand chose, mais que des pertes importantes sont à prévoir. Peut-être devrais-je mener moi-même mon armée ?

Creative Assembly, dans son idée de final grandiose, a aussi annoncé que toutes les factions des précédents Warhammer seraient jouables dans le 3 et qu'une méga-campagne s'étalant sur les 3 opus serait possible. Si les détails de comment n'ont pas encore été donné, on peut spéculer sur un fonctionnement similaire à Total War : Warhammer II où il fallait posséder le 1er opus et ses DLCs pour en profiter. La carte du nouvel opus était déjà la plus grande pour un jeu Total War, mais avec l'intégralité des opus Warhammer, ce jeu deviendrait de très loin le plus gros (dans tous les sens du terme) Total War de l'histoire.

 

Au final, que dire de cet opus ? Il est excellent. Visuellement et auditivement il ne vous fera pas tomber de votre chaise, mais l'univers et le gameplay sont extrêmement profonds et vastes. L'heroic-fantasy aura permis à Creative Assembly d'expérimenter des choses inimaginables dans les opus classiques, avec une diversité impossible dans un monde réaliste. Changez de factions et vous voilà à réapprendre quelles unités utiliser et comment. Mais cela à un coût élevé sur les performances, n'espérez pas jouer sans un processeur récent 4-core 8-thread. Maintenir les 30 fps tout à fond en 1080p vous demandera une carte graphique haut de gamme des 4 dernières années, et avec la pénurie il est préférable de faire des concessions. Le jeu a bien sûr ses défauts, agaçants pour certains, anodins pour d'autres. Mais il propose tellement qu'on lui pardonne volontiers. La vraie question : pourra-t-on s'autoriser à comparer les futurs Total War à cet opus lorsque ses défauts de jeunesse auront été corrigés et sa méga-campagne rendue disponible ?

Verdict

8

Points forts

  • Carte énorme permettant des parties très différentes
  • Factions très différenciées avec des gameplays propres
  • La promesse d'en faire le plus vaste Total War de l'histoire

Points faibles

  • Demande un PC musclé
  • Le doublage partiel en français
  • Les soucis de lisibilité et de caméra
  • La carte si grande que je n'ai jamais vu les bords

Commentaires

Merci pour ce test très complet. J'attends toujours que ce type de jeu débarque enfin sur console mais j'ai l'impression que je vais attendre longtemps. Bon, en même temps, je pense que c'est un titre qui risquerait de me fixer sur mon écran des centaines d'heures, donc c'est pas plus mal. ;)
Définitivement un mystère sur pourquoi ils ne le portent pas au moins sur Xbox. Clavier, souris, grosso modo Windows qui tourne en-dessous,...
Après y'a déjà Football Manager sur Xbox, donc ça arrivera peut-être.