Test : Battletoads & Double Dragon : The Ultimate Team (Mega Drive)
Quand on évoque le studio de développement Rare, je pense que la grande majorité des joueurs pensent immédiatement à Nintendo tant ils ont alimenté leurs différentes consoles de jeux qui ont marqué leur époque. Il existe pourtant quelques très rares titres qui se sont vu édités sur Mega Drive, sous la houlette de Tradewest. Un petite infidélité à Nintendo qui est passée quasiment inaperçue. Moi-même, je n’avais jamais remarqué que le jeu que nous allons découvrir ensemble aujourd’hui était bien un jeu Rare. Une signature vidéoludique qui la majorité du temps est gage de qualité.
Pour la culture générale, sachez qu’il n’y a, sauf erreur de ma part, que 4 jeux du studio Rare sur console Sega : Battletoads (Mega Drive et Game Gear), Championship Pro-Am, Snake Rattle n'Roll et enfin Battletoads & Double Dragon : The Ultimate Team.
Ce dernier titre paraît en 1993, uniquement aus USA, soit entre les sorties des jeux Double Dragon 3 et Double Dragon V. Est-ce la raison pour laquelle il n’existe aucun Double Dragon 4 ? Je n’ai pas trouvé la réponse à cette question, et seuls les éditeurs de Double Dragon V pourraient nous apporter des éléments sur le sujet.
Alors, que vaut ce spin-off entre ces deux univers, et Rare est il encore une fois à la hauteur de sa réputation ?
La bave du crapaud n’atteint pas le blanc dragon
Vous l’aurez vite compris avec le titre du jeu, nous sommes ici dans un crossover de l’univers de Battletoads et Double Dragon. J’irais même plus loin en précisant que le scénario de ce jeu se base principalement sur les séries animées américaines, notamment pour Double Dragon.
La Reine Noire, ennemie jurée des Battletoads, défaite lors des précédents jeux, décide de tenter à nouveau sa chance pour conquérir la Terre. A bord de son vaisseau amiral, elle parvient à détruire les défenses orbitales de notre planète et, en position stationnaire sur la Lune, passe un accord avec le clan Shadow Warrior pour l’aider dans ses plans de conquête.
Souvenez vous, Shadow Warrior est le grand méchant de la série animée Double Dragon, et sera d’ailleurs le titre du jeu de fighting Double Dragon V.
Qui de mieux placé que les frères Lee pour aider les Battletoads à défendre notre planète adorée ? Nos deux équipes de héros s’unissent donc pour affronter leurs antagonistes respectifs.
Si au premier abord ce crossover peut paraître un peu curieux, je trouve que la formule fonctionne vraiment bien. Même si l’univers de Battletoads prend un peu le dessus, l’action se déroulant principalement dans l’espace ou autres vaisseaux et bases spatiales, nos protagonistes de Double Dragon ne sont pour autant pas effacés dans l’histoire et ne sont pas qu’un prétexte à ajouter des personnages. L’intégration de ces protagonistes est plutôt intelligente et apporte un souffle d’air frais à la saga Battletoads.
Je ne vous cache pas que j’aurais préféré qu’ils s’appuient sur le lore du jeu Double Dragon d’origine, et pas la série animée, mais je comprends ce choix pour un marché américain où ces deux dessins animés étaient d'actualité.
Zitz, Rash, Pimple, Billy et Jim s’en vont en guerre…
Si je suis sûr que la majorité des gens se souviennent des prénoms des Tortues Ninja, je pense qu’on n'est pas nombreux à se rappeler de ceux des Battletoads. Zitz, Rash et Pimple en sont les protagonistes principaux. Ils seront accompagnés des deux frères Lee, Billy et Jim.
Ce sont donc pas moins de 5 personnages jouables qui vous attendent, même si au final les 2 frères Lee ont les mêmes coups et ne se différencient que par leur couleur. Les 3 autres Battletoads ont également des gameplays similaires mais ont un design unique qui les caractérise.
Le titre est jouable à deux, vous avez donc un choix sympathique d’équipes possibles.
Pour les amateurs de beat them all et des jeux Battletoads et Double Dragon, vous ne serez pas dépaysés. C’est d’ailleurs là qu’on voit que les deux univers se marient plutôt bien. Vous allez retrouver les mêmes coups avec quelques petites nouveautés. Coups de poings, coups de pieds sautés, attraper vos ennemis par les épaules et les fracasser à coups de genoux, les attraper et les balancer, à deux joueurs vous pourrez les attraper et laisser votre partenaire les frapper. Vous pourrez aussi ramasser quelques armes comme un bâton ou de la dynamite, même si sur ce point j’aurais aimé avoir plus de choix.
Quelques petites nouveautés : en appuyant deux fois dans la même direction votre personnage fera un dash et vous pourrez enchaîner avec un coup. Vous pourrez aussi vous accrocher aux rebords du décors, ou des échelles, et frapper vos adversaires pour les faire tomber. Enfin, il arrivera souvent que des capsules apparaissent, tombant sur le sol. Si vous les détruisez, vous pourrez gagner de l’énergie, des points, et même des vies supplémentaires.
Il n’y a donc pas une révolution dans le monde des beat them all, mais le jeu offre une panoplie suffisamment diversifiée pour s’amuser, et surtout utilise un gameplay déjà éprouvé et maîtrisé.
Afin d’apporter de la fraicheur à tout ceci, Rare utilise les recettes de sa saga Battletoads en offrant des passages inédits qui sortent du cadre du simple beat them all avec par exemple une section en Speeder (vous devrez foncer dans des couloirs du vaisseau et éviter les obstacles), des niveaux avec beaucoup de verticalité et des descentes en rappel sur des cordes, et même un niveau entier en format shoot them up dans l’espace.
Toute cette diversité fait du bien à l’ensemble, tout au long de ces sept niveaux qui vous feront traverser des vaisseaux spatiaux, des bases stellaires ou des complexes futuristes. Mon seul regret c’est de n’avoir finalement aucun niveau sur terre et donc dans l’univers pur de Double Dragon.
Quoiqu’il en soit, vous allez vous rendre compte qu’un niveau sur deux est gardé par un boss d’un univers ou de l’autre. Par exemple le boss du 1er niveau est un des géants bodybuildé de Double Dragon, alors que le boss 2 est issu de Battletoads. On enchaîne ensuite sur un boss de la série animée Double Dragon pour aller après sur un boss de Battletoads, ainsi de suite. Dans les niveaux vous allez aussi bien affronter des loubards terriens, que des robots, guerriers spatiaux ou autres aliens.
Un petit mot sur la difficulté, les jeux Battletoads étant assez réputés pour leur côté particulièrement ardu. Eh bien je n’ai pas trouvé le titre extrêmement difficile mais certains niveaux m’ont donné du fil à retordre. Je pense au niveau qu’on arpente avec des phases en corde. J’ai trouvé qu’ici la maniabilité et le balancement de votre personnage sont perfectibles, rendant difficile l’attaque des ennemis, notamment ceux qui volent. Autre difficulté, à la perte d’un crédit (vous pouvez avoir 6 vies max par crédit), vous recommencez tout le niveau.
Quoiqu’il en soit, le jeu n’est pas insurmontable mais sera plus facile à deux joueurs, c’est évident.
Techniquement le Dragon souffle le chaud et le froid…
Battletoads & Double Dragon : The Ultimate Team est au préalable sorti sur NES. Les versions Mega Drive et SNES sont donc une adaptation du matériau d’origine 8 bits. J’en profite pour indiquer que la version NES est vraiment belle et n’a pas à rougir de ses homologues 16 bits. Ceci étant dit, j’ai régulièrement été surpris par la qualité technique du jeu, tout en soulignant d’autres points moins flatteurs.
Dès l’écran titre et le déroulement du scénario grâce à quelques cutscènes, on aperçoit des effets spéciaux comme des zooms. Je les ai trouvés particulièrement maîtrisés sur la 16 bits de Sega. Entre des titres qui apparaissent en zoomant, une planète qui surgit de l’espace, ou un boss notamment qui se métamorphose en boule de pointes, ça fait plaisir à voir.
Toutefois, lorsque vous allez débuter la partie, il y a indéniablement un élément qui va vous sauter au visage et qui dans un premier temps va peut être vous rebuter : la taille des sprites. Moi même j’ai été surpris de constater que tous les personnages ont une taille relativement petite par rapport à ce que l’on a l’habitude de voir dans des beat them all. A côté de jeu comme Final Fight, ce B.A.D.U.T fait un peu ridicule.
De même, les décors traversés manquent cruellement d’originalité ou de diversité. Un peu d’espace, des couloirs de bases, de l’espace, des couloirs de vaisseau… Ils ne sont pas moches pour autant et fourmillent de détails, mais on ne peut nier qu’on a vu mieux ou plus dépaysant.
Malgré tout, une fois passées ces premières minutes de jeu, on se rend compte du soin apporté aux détails sur ces personnages mais surtout sur leurs animations. Tout bouge très bien. Les coups sont bien décomposés, il n’y a jamais de ralentissements ou de saccades, quelque soit le nombre d’ennemis à l’écran. Vos personnages ont aussi beaucoup d’animations style cartoon, la signature de la série Battletoads, lorsqu’un boss arrive, ou lorsque les poings de nos chers crapauds démultiplient leur taille.
Vous verrez aussi des animations des ennemis réussies, comme lorsque vous les frappez avec le bâton, qu’ils s’enfoncent dans le sol jusqu’à tomber dans le décor. Ou encore quand vous balancez de la dynamite dans une fenêtre d’une pièce où se planque votre adversaire. Bref, un véritable travail d’animation un peu cartoonesque qui fonctionne très bien, faisant penser en moindre mesure bien entendu et toute proportion gardée, à des jeux comme Metal Slug.
Côté bande son, les développeurs ont su maîtriser les spécificités de la Mega Drive en utilisant une grande palette de sons et des musiques rythmées. J’ai trouvé l’ensemble percutant, même si à titre personnel je ne trouve pas les mélodies mémorables. Question de goût…
Je tenais à terminer ce paragraphe dédié à la technique pour faire un petit point de comparaison avec la version SNES, éternelle rivale de notre bien aimée Mega Drive… Pour avoir joué aux deux opus, il est indéniable que la version Sega est plus colorée à chaque niveau, et qu’à quelques exceptions près, les décors présentent plus de détails. On notera aussi une forme de censure de la version SNES, dans laquelle les cutscènes avec les boss vaincus, en sang, ont disparu. J’imagine pour coller à la politique de non violence de Nintendo .
Du point de vue sonore, la version SNES offre des mélodies différentes, mais aussi beaucoup moins de bruitages et de plages sonores. Par contre, on notera quelques effets spéciaux supplémentaires, principalement lors de l’intro où les personnages jouables apparaissent avec un effet de déformation.
B.A.D.U.T a été une vraie bonne surprise. Il réussi à amalgamer deux univers très différents pour en faire un beat them all qui tient la route. Un gameplay simple mais efficace, un beau travail d’animation, quelques effets spéciaux qui font plaisir à voir sur Mega Drive, de la diversité de situation dans les niveaux avec des phases de speeder, de shoot ou de la verticalité, et surtout un jeu fun à jouer tout simplement …
Mon seul véritable regret c’est la taille des sprites et que l’ensemble des niveaux se situe principalement dans un univers spatial, loin de la terre et de l’ambiance Double Dragon qu’ils auraient pu davantage mettre en valeur.
A mon grand étonnement, le jeu a visiblement divisé les joueurs et j’ai lu tout autant d’avis le qualifiant de « daube infâme » (sans pour autant que ce soit très argumenté sur ce qui le qualifie de daube), et « d'excellent jeu ». S’il n’arrive pas au niveau des cadors de la console comme les Streets of Rage ou autres Final Fight, il constitue pour moi un bon jeu qui m’a fait passer un très bon moment. L’univers cartoonesque Battletoads ne plaira peut être pas à tout le monde, mais il mérite qu’on lui laisse sa chance.
Verdict
Points forts
- Cinq personnages jouables
- Crossover plutôt réussi entre les deux univers
- De la diversité dans les niveaux: shoot, speeder, verticalité
- Vraiment fun, surtout à 2 joueurs
- Une animation de qualité
Points faibles
- On aurait aimé plus d'armes à ramasser
- Ses sprites vraiment petits
- Aurait peut être mérité quelques niveaux dans l'univers de Double Dragon