Test : Annet Futatabi (Mega-CD)


Annet Futatabi
Annet Futatabi
Beat'em up

En bon lecteur de Sega-Mag vous savez que Wolfteam est une équipe de développement qui a été prolifique sur les consoles 16 bits, tout particulièrement sur Mega Drive et Mega CD. Créateur de Arcus Odyssey,Road Avenger, Sol Deace ou encore Wolfchild, on leur doit également des RPG plus récent comme les " Tales Of " sous la bannière Namco Bandai. Personnellement j'aimais beaucoup cette équipe de programmeurs et j'attendais leurs titres avec impatience, mais je sais qu'ils sont loin de faire l'unanimité.

Anett Futatabi est l'ultime volet d'une trilogie de jeu centrée sur le personnage d'Anett, une fille dotée de pouvoirs magiques lui venant d'un roi démon Halstur. Après un premier opus Earnest Evans très médiocre, nous avons eu le droit à El Viento, un jeu d'action-plateforme réussi bénéficiant d'une renommée sur Mega Drive qui n'est plus à démontrer.

Comme vous allez le voir avec le test ci-dessous, Anett Futatabi tranche radicalement avec ses aînés et ne va malheureusement pas bénéficier du bon travail fourni sur El Viento. Uniquement disponible sur Mega CD et au Japon, le jeu est donc destiné aux collectionneurs et fans d'import.

Anett, Annette ou Annet ???

Comme vous allez le remarquer si vous jetez un œil sur la toile, Anett Futatabi est orthographié différemment selon le site que vous allez visiter. Le jeu étant totalement en japonais (écrit et parlé), je me réfère donc à des sites japonais l'ayant orthographié " Anett " pour écrire ces quelques lignes.

Souvenez-vous, dans El Viento nous venions de débarrasser le monde de Halstur qui s'était réincarné dans le corps de Restiana, sœur " spirituelle " de Anett. La tuant indirectement en éliminant le démon, Anett finissait l'aventure effondrée par son geste. Nous découvrions alors dans la séquence finale que Siegfried jouait un double jeu, aidant Anett à tuer Halstur afin que ses propres plans de conquête du monde puissent aboutir.

Nous sommes donc quelques années après El Viento. Anett accompagne Earnest Evans dans une recherche de reliques en Europe. Alors qu'ils visitent ensemble un château, la reine des lieux l'invite dans la salle du trône. Confiante, Anett lui présente son talisman magique. Malheureusement elle tombe dans un piège et la reine, qui n'est qu'un pantin à la solde de Siegfried, lui vole le pendentif et ordonne à son armée de tuer Anett.

Le jeu débute alors et le scénario va rapidement s'étoffer au fil des niveaux. Servi par des dessins animés de très bonnes qualité, les meilleurs de la trilogie, vous allez être soumis à divers rebondissements. Au programme, le retour de Siegfried et la découverte de ses plans machiavéliques, l'intéressé ayant réussi à sauver une partie de Restiana pour s'en servir comme catalyseur. Transformant ses soldats en démons surpuissants, Siegfried se construit une armée pour conquérir le monde. Je vous laisse la surprise de l'affrontement final et de la séquence de fin très sympa.

Vous l'aurez compris, Anett Futatabi perpétue la tradition des jeux Wolfteam en offrant des séquences animées à chaque fin de niveau ou jonction importante de l'histoire. Le scénario, sans être shakespearien, est bien mis en scène et offre son lot de surprises. Dommage que tout soit en japonais, sans aucun sous titre, nous manquons donc le principal dans la compréhension des événements.

A noter une très belle introduction avec musique chantée, retraçant un peu l'histoire d'Anett et les événements qui vont surgir dans ce volet de la saga.

Toujours pas de mode de difficulté à l'horizon et l'habituel menu d'options sans particularité notable.

Street of Anett

Eh oui, certains l'auront peut être remarqué en regardant les screens, Anett Futatabi n'est plus un jeu d'action-plateforme comme ses 2 aînés, mais bel et bien un beat'em up. Vous allez sûrement me demander pourquoi ce changement radical de type de jeu, je n'en ai aucune idée. Wolfteam a toujours le mérite de proposer des jeux différents et de ne pas se contenter de faire la même chose. Entre les shoot'em up, les jeux de plateformes, les dessins animés interactifs ou les jeux de donjon, ils ont toujours su bouleverser leurs habitudes. Je pense également qu'avec le succès indéniable des beat'em up en 1993 avec les Streets of Rage, Final Fight et autres jeux cultes, les développeurs ont tenté leur chance. Ils ont donc pris ce qui se faisait de mieux sur les autres titres tout en gardant l'essence de la saga pour offrir le jeu qui nous intéresse aujourd'hui... Malheureusement pour eux, il ne suffit pas de s'inspirer d'un bon jeu pour en faire un autre bon titre...

Premier constat forcément problématique pour ce type de jeu, il n'existe aucun mode deux joueurs. Alors qu'ils auraient pu avoir la présence d'esprit de nous faire incarner des personnages issus de la saga comme Earnest Evans ou le nouveau commandant apparaissant dans ce dernier volet, ici il faut se contenter de jouer seul avec Anett. Très décevant quand on sait que la quasi totalité des beat'em up de l'époque pouvaient se pratiquer entre amis.

Ensuite vous allez rapidement mettre le doigt sur le manque total d'originalité des mouvements ou autres coups de votre héroïne. Munie d'une épée elle peut frapper, sauter et donner des coups de pieds, attraper ses adversaires pour leur donner des coups de genoux ou les balancer au loin, et enfin appuyez deux fois dans la direction pour courir comme dans Golden Axe III. Aucune originalité donc, pour ne pas dire aucune créativité. Vous ne pourrez jamais ramasser d'armes différentes ou utiliser des objets du décor pour frapper vos ennemis ou leur jeter dessus.

Seule petite création qui n'en est pas vraiment une, la faculté d'utiliser des pouvoirs. Ceux-ci s'utilisent de façon très particulière. Une jauge de MP (en vert à l'écran) augmente seule doucement. Lorsqu'elle est pleine, elle donne accès au premier pouvoir. Laissez-la se remplir une seconde fois et c'est un pouvoir plus puissant qui sera disponible, et cela jusqu'à cinq niveaux. Leur effet ? Frapper ou détruire tous les ennemis à l'écran à la manière d'un Golden Axe. Même le pouvoir ultime est outrageusement copié sur le pouvoir du dragon de Golden Axe, enflammant les ennemis à l'écran. Bref, encore une fois on fait dans le archi vu.

On aurait pu croire qu'après un excellent El Viento, les programmeurs, faute de nous proposer une jouabilité novatrice, utiliseraient leur talent pour nous offrir des niveaux ingénieux et peut être un peu bouleverser le monde des beat'em up. Il n'en est rien. Les stages sont au nombre de 5, ce qui est très peu, sont courts et totalement linéaires. Ne vous attendez pas à gravir des reliefs, des marches ou dénivelés. Vous n'aurez pas non plus de virages, de portes à ouvrir, de lieux à visiter, de bonus stages, rien. Il suffit d'avancer dans l'espace " rectangulaire " de l'écran, tuer ses ennemis, avancer, tuer ses ennemis, jusqu'au boss.... Seuls quelques statues sont là pour être détruites et vous donner un peu d'énergie représentée par des pommes ou canettes (qui a dit Street of Rage ?).

Les ennemis ne sont pas non plus très variés. Les soldats reviennent régulièrement mais on a le droit à quelques variations au fil des stages. Ceux-ci étant très courts on aurait eu du mal à proposer plus de sprites, pourtant l'écran ne sera jamais surchargé d'ennemis, trois ou quatre au grand maximum. Les boss ne sont pas très originaux, un peu plus grands que vous, le seul sympathique étant une sorte de mutant géant, mais rien d'extraordinaire. Si seulement ces ennemis étaient futés on aurait peut être pu se dire que les programmeurs ont tout mis dans l'IA, mais ce n'est pas le cas. Ils restent facilement coincés derrière une vulgaire statue, ne chercheront pas à vous attaquer en même temps et leurs techniques de combats sont toutes rudimentaires.

Si on ajoute à ce constat amer le fait que le jeu est très facile et que vous pourrez le finir sans perdre de vie sans trop de difficulté, on se demande bien ce qui pourrait sauver Anett Futatabi du naufrage...

Final Futatabi

Si Anett n'est clairement pas à la hauteur d'un Final Fight d'un point de vue gameplay, qu'en est-il de sa technique ?

Souvenez-vous, Earnest Evans était particulièrement laid, offrant en plus de graphismes ternes une animation épouvantable. El Viento redressait la barre de belle manière en offrant des environnements complets et intelligents, une animation travaillée, malgré des textures encore un peu trop grossières. Anett Futatabi fait donc d'un point de vue strictement visuel mieux que ses aînés. Les couleurs sont plus chatoyantes et mieux utilisées. Les murs et autres textures faisant défaut à El Viento sont ici bien plus travaillés. Le sprite d'Anett est également bien réalisé même si je lui préfère celui d'El Viento.

Malheureusement, une meilleure utilisation des couleurs de la console et une plus grande finesse dans les décors n'en font pas forcément un jeu très " beau ". Entendez par là que les environnements traversés sont très peu diversifiés et ont donc nécessité peu d'investissement. Vous allez traverser un palais, zone qui sera quasiment identique entre le 1er et le dernier niveau, un temple dans une forêt, l'intérieur d'un train en mouvement et une usine robotique. Si on met de côté le niveau du train, on ne peut pas dire qu'on croule sous l'originalité. De même les effets spéciaux qui étaient l'apanage des autres jeux ont quasiment tous disparu. Plus de sprites qui zooment, plus de rotations ou d'effets de transparence. Seul subsiste un effet de déformation du décor lorsque l'on active un pouvoir magique. On aconnu mieux...

La bande sonore, si on met de côté la scène d'intro et la fin du jeu, est pour une fois assez anodine. Wolfteam brillait pourtant dans ce domaine, même quand les jeux étaient moyens. Je suppose donc que le compositeur n'était pas le même, mais difficile de l'affirmer, les crédits de fins étant en japonais. Heureusement les voix digitalisées durant le jeu sont exemplaires et on entend notre héroïne ou les ennemis se plaindre des coups qu'ils encaissent, ou lorsqu'ils meurent.

L'autre point qui aurait mérité plus de sérieux reste les ennemis rencontrés ou autres boss. A part Siegfried, les autres n'ont aucun véritable intérêt. Ils sortent de nulle part, et aucun n'a de charisme. Tout le monde se souvient des vilains de Double Dragon, des boss de Final Fight totalement cultes, ou des adversaires de Streets of Rage. Là, même après y avoir joué pour faire le test, aucun personnage du jeu ne me reste en mémoire.

Au final, techniquement parlant le jeu ne souffre pas de lacunes mais ne brille pas vraiment et on retiendra surtout les dessins animés longs et d'excellente qualité, les meilleurs de la saga indéniablement. On ne pourra pas non plus lui reprocher de ralentissements ou de gestion de collision hasardeuse. C'est propre mais sans prise de risque.

Il n'y a malheureusement pas grand chose à dire sur ce jeu. Trop banal, sans grande créativité au niveau du gameplay, très (trop) facile, aux ennemis sans charisme, très court, et ne disposant même pas d'un mode deux joueurs, Anett Futatabi ne peut en l'état marquer les esprits.
On ne peut toutefois pas lui ôter un univers plaisant avec un scénario travaillé, surtout pour un beat'em up. Avec ses longs dessins animés et son ambiance manga réussie, il servira principalement de jeu collector pour les fans de la saga ou de ces titres japonais méconnus. Dommage de conclure cette trilogie par un volet manquant d'ambition alors qu'El Viento avait élevé la saga à un rang plus que bon.

Verdict

4

Points forts

  • Techniquement correct
  • Les dessins animés

Points faibles

  • Aucune originalité
  • Musiques décevantes pour Wolfteam
  • Gameplay basique
  • Court
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Mega CD 4.0 1

Commentaires

myau, 16 oct 2018 - 12:00
Merci pour ton test. Par contre El Viento était bien sorti au Japon avant Earnest Evans. El Viento était fantastique sur tous les plans (malgré des graphismes un peu ternes) et Earnest Evans m'a surtout impressionné par sa musique. Le jeu était en effet très moyen (bien que partant d'une excellente idée) et pas très jouable avec son animation à la Genpei Tômaden (Namco). Je n'ai malheureusement jamais joué au troisième volet à l'époque sorti le même mois que Final Fight CD et Splatterhouse Part 3. En écoutant les voix de l'intro sur Youtube, on a l'impression que ça crachotte. Enfin, l'écriture exacte du titre (si l'on en croit le coté de la boite) est Anet Futatabi avec un seul N.
Intéressant ton test. Je n'ai jamais eu la chance de jouer à ce titre, mais tu as fais un bon boulot en donnant ton avis. Ça me donne de plus en plus envie de m'acheter une Sega CD pour relever le défi de le tester et d'en faire un test.
Myau, après vérification tu as raison Elviento est sorti le 20 septembre 1991 sur megadrive et Earnest Evans sur megacd est sorti en décembre 1991, soit 2 mois avant ... Je les ai donc découvert dans le désordre si l'on peut dire, même si Earnest Evans reste tout de même une sorte de "spin off" de la saga Anet ;)

Pour le titre, dans mon test j'en parle justement de l'orthographe qui change en fonction des traductions. J'ai bien mis "Anet" avec un seul "N" mais si tu cherches un peu partout même sur des sites jap, on trouve les deux orthographes. Pas d'explication sur ces différences. Peut être un membre parlant japonais pourrait nous éclairer sur le sujet ;)
Rage, 17 oct 2018 - 1:15
Encore un grand merci pour ce test et là pour une fois un jeu que je connaissais de très très loin !! Merci :good::good:
Très bon test à lire en tout cas : dommage que le jeu ne soit pas au final meilleur !