Test : Great Volleyball (Master System)

Au panthéon des sports collectifs ou individuels trouvant difficilement preneurs dans leurs versions consoles, on trouvera bien sûr le ping-pong, les darts (ou fléchettes), mais aussi le volley-ball. En 1987, lorsque les petits nippons sont déjà sous le charme du shojô, puis de l'anime Attacker-Yû ! (Jeanne et Serge dans la langue de Molière), il est grandement temps pour les éditeurs de jeu vidéo de profiter de cet engouement national. Sega, en bon maître de l'arcade, décline donc pour sa Master System un soft spécialement dédié à ce sport : Great Volleyball.

Avec une équipe internationale de six joueurs, vous devrez donc vaincre vos opposants en deux sets de 15 points. La seule difficulté réside dans la réception et le renvoi du ballon puisqu'au volley, un même joueur ne peut pas toucher la balle deux fois de suite. Il faudra donc effectuer une réception, tout en faisant en sorte qu'un autre joueur vienne soit directement renvoyer le ballon vers l'adversaire, soit faire à nouveau une passe à un autre joueur de votre équipe. Jusque-là, vous suivez ? Bien. Dernière difficulté, votre équipe ne peut toucher que trois fois le ballon de suite avant de le renvoyer à l'adversaire, sous peine de perdre le service si vous servez, ou le point si votre adversaire servait.

La Marcheillaize

Le terrain s'apparente à celui d'une partie de tennis. Si le ballon touche le sol sans que vous n'ayez pu le rattraper, vous perdez. Si vous ou vos adversaires envoyez le ballon en dehors des limites, les conséquences seront les mêmes. Une fois ces petites règles comprises, vous pouvez vous lancer corps et âme dans un tournoi international regroupant les grands noms de la ligue mondiale comme cocorico, notre équipe de France, le Japon bien sûr et d'autres cadors de la discipline : le Brésil, les Etats-Unis ou Cuba, entre autres. Absence notable pour l'époque : l'Italie, qui a pourtant participé à toutes les grandes compétitions internationales.

Lorsque vous choisirez votre équipe nationale, vous aurez droit à l'intégralité de l'hymne du pays en question. Petite attention touchante de la part des développeurs. Attention cependant, le son en 8 bits peut écorcher les oreilles les plus sensibles... Seule pointe tactique, la possibilité avant le match d'attribuer à votre équipe 5 points de compétence à répartir entre trois grandes catégories : Service, Reception, Smash. Cela donne à Great Volleyball un aspect encore plus complet. Il faut dire que le jeu en a dans le ventre. Avec un gameplay exigeant, on est à des années-lumière de certains jeux de tennis développés depuis une vingtaine d'années, genre certainement le plus proche historiquement de ce type de soft. A la réception comme dans toutes les phases de jeu de votre équipe, vous devrez être agiles et faire preuve de justesse.

Tu tires ou tu pointes ?

La moindre réception avec le bouton B doit être minutieusement préparée. Comme dans les jeux de football de l'époque, le jeu d'ombre de la balle est utilisé pour vous indiquer où vous devez vous trouver pour réceptionner ou smasher. Vous positionnerez votre ou vos joueurs afin de réceptionner le ballon au mieux. Si vous placez vos joueurs trop en avant par rapport à la balle, celle-ci sera incontrôlable et elle ira valser en arrière. Dès lors, bon courage pour éviter sa sortie. C'est là un effet de réalisme bienvenue puisque comme dans le vrai sport, le joueur recevant le ballon trop prêt de lui, ne peut pas le contrôler à sa guise et rate sa manchette.

Les phases de réception sont donc particulièrement délicates. Il faudra à la fois soigner son placement, chose malaisée puisque vous devez maîtriser le déplacement de un à trois joueurs en même temps en fonction des phases, et en même temps penser à contre-attaquer. Et c'est là que les choses se corsent vraiment. Une attaque en règle au volley-ball se fait donc en trois temps : réception d'un premier joueur tentant de rapprocher le ballon du filet. Passe en hauteur d'un deuxième joueur, permettant à un troisième joueur de smasher et de gagner le point. La théorie est belle, la pratique moins facile dans Great Volleyball. La coordination des mouvements doit être parfaite pour réaliser ce genre d'actions, sans compter un placement impeccable de vos joueurs et une détente dans le bon timing grâce au bouton A. Si vos placements et votre saut sont réussis, il faudra encore parvenir à smasher avec dextérité en rabattant à fond la croix directionnelle vers le bas grâce à un mouvement en trois quarts du pouce.

Au début, les coups destructeurs sont donc difficiles à venir. Mais avec le temps, Great Volleyball livre toutes ses qualités. Loin d'être trop mécanique, les phases de jeu peuvent être très variées. Et il ne suffira pas de smasher comme un fou pour gagner ses matchs. Au contraire, la manière douce comme le passage au-dessus du mur adverse peut être une option payante. Un bon entrainement au service " cannon " (oui Jeanne!), pourra également permettre de gagner quelques points, à défaut d'en perdre de nombreux si on se contente de de rentrer dans le lard de l'adversaire. Car à jouer trop fort, toutes les balles sortiront et le match sera vite plié en faveur des opposants. S'il n'est pas 100% réaliste, Great Volleyball propose un divertissement agréable et d'une certaine diversité : bloquer l'adversaire avec son mur ou tout simplement ne pas passer le filet peuvent être autant de fautes commises à votre avantage ou à votre dépens. Avec trois modes de jeux comprenant l'entrainement, le match amical et le tournoi, la cartouche fait un petit peu plus que les autres softs d'époque en vous proposant de vous apprendre (sommairement certes...) à jouer.

Un genre rarissime

Great Volleyball, sans être nécessairement une pépite de son époque, offre donc un plaisir prolongé grâce à une réalisation sans faille allant jusqu'à l'animation du public et des arbitres. Dès lors, on est à des années lumières de RealSports Volleyball, sorti sur Atari 2600 cinq années plus tôt. Plus complet que la plupart des jeux de sports collectifs disponibles sur MS à l'époque, Great Volleyball peut néanmoins rebuter les joueurs préférant la simulation pure et simple et trouvant la cartouche trop orientée arcade. Le jeu est, sur ce point, nettement plus agréable à jouer au stick arcade sur MS. Gare à vos chères croix directionnelles, qui pourraient bien rendre l'âme dans l'excitation folle d'une attaque réussie.

Le Volleyball ne sera jamais un genre très développé. Très peu de softs traitant de la discipline sortiront dans nos contrées. Petite rétrospective... Dans la fournée, Sega ne s'arrêtera pas à ce coup d'essai qu'est Great Volleyball. Fort du succès du manga Attaker Yû !, notamment en Europe, la firme au hérisson fera paraître Super Volleyball sur Megadrive en 1991, puis Virtual Volleyball sur Saturn en juillet 1995 et même entre les deux : un Popeye : Beach Volleyball exclusivement au japon sur Game Gear. Par la suite, reste à savoir si les maigres résultats des nippons dans la discipline expliqueront le désamour, et le manque de développement pour ce style de jeu. En date, on ne retiendra guère que le développement de jeux de beach-volley, plus à la mode et parfois plus vendeurs comme Beach Spikers sorti en Arcade par Sega en 2001, puis converti sur Game Cube. Reste que le jeu sera passablement oublié la faute certainement aux plantureuses guerrières de Dead or Alive dans la série DOA Xtreme Beach Volleyball dont le premier volet sortira dès 2003 sur X-Box. Plus tôt dans les décennies, Beach Volleyball aura marqué son temps sur Amiga dès 1989 tandis que Kings of the Beach, développé par EA aura plus ou moins trouvé son public grâce à une adaptation sur Nes. Sinon, et même avec une belle version de U.S. Championship V'Ball en 1988 sur Nes, les propositions de softs dédiés à ce sport collectif au succès restreint ne seront qu'anecdotiques. Il n'y aura que Power Spiker, développé en arcade par SNK en 1994 qui viendra vraiment redorer le blason de ce sport en jeux vidéo. Notons toutefois pour les curieux, l'existence de Power Spikes 2, suite du premier où vous jouerez au volley avec des armées composées de sortes de terminators ou de robocops... Jeu étrange s'il en est procurant des sensations assez similaires au Dodge Ball... Drôle d'idée vu le prix des cartouches Neo-Geo à l'époque.

Verdict

8

Points forts

  • Une mécanique bien huilée
  • Un super gameplay avec seulement... 2 boutons !
  • Des sensations arcades
  • Un grand réalisme
  • Une certaine originalité

Points faibles

  • Parfois franchement difficile
  • Musique rébarbative
  • Très ou trop technique ?

Commentaires