Test : Renegade Ops (XBLA, PSN, Windows)


Renegade Ops

Mais au fond, quelle différence y a t il entre le bon et le mauvais chasseur ?

C'est amusant de constater à quel point certains studios peuvent se spécialiser. Square Enix et les RPG, ou SNK et la baston. Leur truc, à Avalanche Studios, c'est les jeux façon série B où il faut tout faire péter. C'était le cas avec Juste Cause, ils ont enfoncé le clou avec Just Cause 2, et ils refont le coup avec Renegade Ops, mais cette fois en changeant de genre.

Une ville qu'on suppose américaine - car le centre du monde des séries B, ce sont les USA, c'est bien connu - explose sous l'effet d'une ogive nucléaire. Il s'agit de l'œuvre d'Inferno, un vil et fourbe individu qui menace de recommencer autant de fois qu'il le voudra si ses revendications ne sont pas entendues. Alors que ces foies jaunes du Pentagone sont prêts à négocier, le Général Bryant s'interpose : perspicace, il émet de sérieux doutes sur le fait que quelqu'un avec un tel pseudonyme soit vraiment ouvert à la négociation. Il rend donc ses médailles, et entreprend de détruire Inferno avec sa propre équipe de renégats : Renegade Ops.

* Insérez ici l'écran titre du jeu qui apparaît dans un déluge d'explosions *

Ah ben voila !

Je parlais plus haut de la généalogie de Renegade Ops, et ce n'est pas par hasard, car il reprend le moteur - amélioré - de Just Cause 2, en modifiant l'angle de caméra : l'action est vue de dessus et légèrement de ¾, un peu à la manière d'un Desert Strike, mais c'est, avec le contexte guerrier du jeu, leur seule ressemblance.

Non mais le mauvais chasseur bon bah c'est le gars qui a un fusil y voit un truc qui bouge y tire...

Les missions se présentent sous la forme d'une succession d'objectifs à remplir. Les objectifs principaux, désignés par une flèche rouge, consistent en général à faire exploser quelque chose. Ils doivent parfois être accomplis dans un temps limité, et en cas d'échec, c'est une vie qui disparaît. Les objectifs secondaires sont optionnels, et désignés par une flèche grise. Ils consistent également souvent à faire péter des trucs. Oh, bien sûr, de temps en temps il faudra sauver des prisonniers, mais ça ne fait pas une grande différence. Entre vous et votre objectif se trouvent tout un tas de bâtiment et d'ennemis, prêts à en découdre, et qu'il faudra aussi faire péter.

Vous l'aurez compris (car oui, vous êtes des petits malins, je le sais), l'action dans Renegade Ops consiste principalement à tout faire péter. A cette fin, vous pouvez choisir votre personnage parmi quatre, chacun conduisant un véhicule doté de caractéristiques spécifiques, et d'une capacité spéciale qui lui est propre :

"¢ Armand, un grand black costaud, qui conduit un blindé capable de se munir d'un bouclier qui le rend invulnérable mais l'empêche de tirer quand il est en place.
"¢ Diz, la brunette eurasienne, dispose d'une attaque IEM qui neutralise tous les ennemis présents dans son périmètre. "¢ Roxy la punkette et son buggy qui peut faire appel à une frappe aérienne en cas de pépin.
"¢ Gunnar le blondinet et son gros canon qui compense certainement quelque chose.

Les caractéristiques propres à chaque véhicules peuvent être personnalisées par l'achat et l'équipement de compétences. En effet, chaque perso a un niveau d'expérience qui lui est propre, et à chaque niveau passé, il gagne des points qui permettent d'acheter des compétences qui peuvent affecter l'arme secondaire, la capacité spéciale ou la gestion des vies et de l'énergie. Si, au début du jeu, on ne peut en équiper que 2, par la suite on pourra monter jusqu'à 4. Au joueur de les choisir en fonction de son style de jeu. D'ailleurs les personnages gardent leur expérience entre les différents modes de jeu et de difficulté.

Cependant, les seules améliorations propres à chaque personnage sont celles qui concernant sa capacité spéciale : les autres sont communes à tous les véhicules, et seul leur ordre d'acquisition change.

Le bon chasseur c'est un gars il a un fusil, y voit un truc qui bouge y tire mais...

Une fois sur le terrain, on dirige son véhicule avec le stick gauche, et on tire dans la direction du stick droit. Les premières minutes sont un peu délicates, il faut s'habituer à l'inertie des véhicules, et tout bêtement à leur mode de contrôle, qui rappelle un peu celui de Micro Machines. Quelques cinématiques, le premier objectif arrive, et roulez jeunesse ! En plus de leur tir de mitrailleuse de base, les engins disposent d'un turbo et d'une arme secondaire, à ramasser dans les niveaux : lance missile, lance flamme, ou canon électrique. Certains bonus permettent également d'upgrader jusqu'à 3 fois son arme de base.

Mais où trouve t'on ces bonus ? Partout en fait. Parce que partout où vous passerez, vous ne laisserez que des débris, et donc des bonus. Car, mis à part les armes, tout est destructible dans Renegade Ops : les véhicules ennemis, bien sûr, mais aussi tous leurs bâtiments (que ce soit en tirant dessus ou en rentrant dedans), on peut même écraser les fous qui ont osé vous attaquer à pied. Les bases ennemies se transforment vite en champs de ruines fumantes, et l'écran de jeu en joyeux foutoir de tirs, d'explosions et d'affichage de points d'autant plus gros que l'ennemi détruit était imposant.

Et pour scorer, il faudra s'efforcer de maintenir le chaos le plus longtemps possible. En effet, un multiplicateur de score et une barre de combo apparaissent dès que vous faites exploser deux installations ennemies à la suite. Cette dernière se vide rapidement, et pour l'en empêcher il faut continuer à mitrailler les adversaires. Quant au multiplicateur, il s'incrémente à chaque nouvelle explosion. Les ennemis étant le plus souvent organisés dans des bases relativement éloignées les unes des autres, il est difficile de maintenir son combo de l'une à l'autre, et il faut donc scorer un maximum tant qu'on est dans le feu de l'action.

Ce n'est pas la même chose ! Faut pas confondre !

Enfin je dis foutoir, ce n'est pas tout à fait juste. Car une fois passés les premiers niveaux, les forces ennemis se densifient et deviennent de plus en plus dangereuses : blindés légers, chars d'assauts, DCA, mortiers, super hélicoptères... Il faut vite apprendre à slalomer entre les balles, et utiliser son tir secondaire et son attaque spéciale à bon escient. Certes, les munitions (pour l'arme secondaire seulement) et les bonus de vie ne manquent pas, mais ces derniers rendent peu d'énergie, et elle part si vite... On peut foncer dans le tas, oui, mais pas tout le temps, et il faut souvent faire l'effort de se poser un peu pour identifier les cibles principales, surtout dans les derniers stages. Rien d'insurmontable cependant en difficulté normale.

Par contre, en difficile, c'est une autre paire de manches : la barre de vie descend à toute vitesse, et les bonus qui en rendent sont plus rares et bien moins efficaces. Il faut donc arrêter de bourrer et réfléchir (si !) à la meilleure approche, viser les ennemis les plus dangereux en premier, et surtout être très mobile : les engins étant difficiles à contrôler dans un périmètre restreint, la faute à une inertie particulièrement marquée (on se croirait dans Sega Rally Revo !), il ne faut absolument pas se laisser enfermer et utiliser son attaque spéciale à bon escient. Mais même comme ça, ce mode Difficile est redoutable, et on se rend vite compte qu'il a été pensé avant tout pour le coop'.

La chasse c'est l'esprit de camaraderie, c'est la fraternité dans l'effort contre la rudesse de dame nature.

Un indice qui ne trompe pas : tous les succès / trophées du jeu sont à débloquer en solo, à l'exception de la complétion du mode Difficile qui peut se faire à plusieurs. Parlons-en, d'ailleurs, du multijoueurs. Il propose de jouer à deux en écran splitté, le split étant au choix fixe ou mobile, selon la position des véhicules, mais également, et j'ai envie de dire surtout, jusqu'à quatre joueurs en ligne.

Surtout, car si le jeu est plaisant seul, c'est à plusieurs que son potentiel se révèle, car l'aspect coopératif a autant d'importance que le compétitif. Bien sûr, on s'entraide face aux nuées d'ennemis, et pour abattre les plus imposantes machines de guerre. Mais face aux objectifs, deux choix s'offrent : se partager le gâteau, chaque objectif réalisé ne rapportant des points qu'à un seul joueur, ou se tirer la bourre à qui arrivera le premier. Et devinez quoi ? En général, la deuxième solution s'impose.

C'est ainsi qu'on assiste à des courses dignes de Micro Machines pour départager les soi-disant frères d'armes, à des bousculades devant les précieux prisonniers / caisses d'armes / reliques, à des embouteillage devant l'entrée des radars à pirater. Au risque, quand on arrive le premier, de se faire défoncer par le comité d'accueil qui n'en demandait pas tant. Heureusement, les objectifs secondaires sont souvent répartis sur l'ensemble de la carte, ce qui permet d'éviter une partie des querelles. On pourra par contre regretter qu'ils consistent toujours en des quêtes “FedEx", où il faut collecter des items et les rapporter à un endroit précis.

Le manque de variété des situations fait d'ailleurs partie des reproches qu'on pourra formuler. Quelque soit la mission, on se borne à suivre des flèches, à faire exploser des trucs, et ainsi de suite. Ce défaut est contrebalancé par le renouvellement constant des machines de guerres ennemies, qui deviennent de plus en plus imposantes, dangereuses et délirantes, et le rythme enlevé de l'action. Cependant on ne peut que regretter de ne pas être mis plus souvent aux commandes d'autres véhicules, comme les hélicoptères de la première mission. Du coup, si le jeu reste plaisant, il ne propose plus grand chose de nouveau dès la 5è mission, et s'essouffle assez rapidement.

Faut leur expliquer aux gens parce qu'y savent pas faire la différence après.

On se consolera en profitant du scénario ultra caricatural, avec un méchant très très méchant, un général super badass et des situations cliché au possible, qui n'auraient pas dépareillé dans une série B d'action des années 80 avec Chuck Norris. J'ai même tendance à penser qu'il est l'équivalent vidéoludique d'Expendables (mais en réussi). Le doublage français, abyssal de nullité à demi-feinte, promet également de belles barres de rire : le doubleur choisi pour le général Bryant qui se force (sans y arriver) à faire une grosse voix, le ricanement d'Inferno tout droit tiré de la VF de Nicky Larson, et les accents complètement débiles des personnages (personnellement l'accent portugais des villageois de la mission 1 m'a achevé),et, plus globalement, les intonations (ou leur absence) utilisées achèvent de faire perdre tout sérieux à l'entreprise. Dommage que ce côté nanar passe clairement au second plan durant la deuxième moitié du jeu.

Et pourtant ce traitement n'a été appliqué qu'à l'habillage narratif car du point de vue technique, Renegade Ops relève plutôt du Blockbuster : le jeu est sacrément beau. Le moteur de Just Cause 2 a été repris et optimisé, et on se retrouve donc dans un jeu AAA classique dont on aurait juste déplacé la caméra. La végétation, les plages, les montagnes, ont fait l'objet du plus grand soin et d'un vrai souci du détail. Plus encore, les lieux disposent d'une véritable topographie, avec des montagnes, des vallées, des champs, des plages, bref, Avalanche a allié l'utile (on se repère mieux dans un environnement varié et cohérent) et l'agréable (c'est bô !), en se permettant de petites fantaisies comme un effet de déformation due à la chaleur en Afrique.

L'animation ne souffre d'aucun reproche non plus : non seulement il n'y a aucun ralentissement à signaler, même dans le souk le plus total (par contre le son a tendance à freezer par moments), mais en plus on a droit à quelques animations rigolotes, comme celle des tireurs embusqués qui sautent tels des mannequins en mousse en poussant le cri de Wilhelm.

Niveau sonore, le constat est relativement mitigé : les musiques collent remarquablement bien aux environnements traversés, et sont très bien orchestrées, à coups de cuivres et de percussions dignes d'un film hollywoodien, mais elles restent impersonnelles et aucune mélodie ne reste en mémoire. Par contre les bruitages font le boulot, avec une mention spéciale pour le bruit des moteurs et du crissement des pneus, très agréable.

Renegade Ops est sans aucun doute un bon titre, pétri de qualités aussi bien ludiques qu'esthétiques, et doté en plus d'un petit supplément d'âme. On pourra lui opposer une maniabilité qui n'est pas des plus précises, une certaine répétitivité, quelques baisses de rythme et une campagne un peu courte (comptez 4-5 heures en Normal). Mais c'est un plaisir de refaire les missions avec des amis, et les plus acharnés pourront toujours monter tous les véhicules au niveau max, ou partir à la chasse au score.

Si Renegade Ops n'est pas un chef d'œuvre, le contrat est quand même rempli pour SEGA et Avalanche. On attend donc fermement une suite qui corrigerait les défauts de ce galop d'essai, car c'est bien connu, toute bonne série B en a toujours une floppée !

Verdict

7

Points forts

  • Techniquement nickel
  • Souplesse du gameplay
  • On peut tout péter !
  • Difficulté bien dosée
  • Le multijoueurs, bien fendard

Points faibles

  • Manque de variété
  • Aspect nanar pas assumé sur la durée
  • Net essoufflement à la moitié du jeu
  • Déplacements compliqués en espace confiné
  • Pas bien long.
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Windows 8.0 1
Xbox Live Arcade 7.3 3

Commentaires

Merci pour le teste, j'ai juste survolé. Mais comme le dit bko cela a l'air bien complet.
J'ai télécharger la démo depuis sa sortie, mais pas encore eu le temps d'essayer.
pixeldream, 18 oct 2011 - 12:46
Merci pour ce test j'adore le rapprochement avec le sketch des inconnus trop fort :good:
pixeldream, 18 oct 2011 - 12:46
Merci pour ce test j'adore le rapprochement avec le sketch des inconnus trop fort :good:
Rage, 21 oct 2011 - 2:49
Sympa ce test bien détaillé d'un jeu que je ne peux pas encore tester :bcnrv:
En tout cas cette nouvelle licence Sega a réussis son pari.