Test : R.C. Grand Prix (Master System)

Je sais pas vous, mais moi quand j'étais petit, j'avais un buggy télécommandé. Les buggys, ça ne vous dit rien? Mais si, la batterie qu'on recharge 12 heures pour seulement 25 minutes d'autonomie, l'antenne en métal souple de la télécommande que vous vous prenez dans l'oeil, les parents qui vous engueulent parce que ça fait du bruit, attention tu vas casser quelque chose, etc. Ainsi SEGA eu la brillante idée de sortir un jeu sur le monde fascinant (mais confidentiel) des courses de voitures téléguidées, intitulé R.C grand prix.

J'insère la cartouche dans la Master System et je suis accueilli par deux buggys sur un fond noir. On rentre son nom et la partie commence. Quatre bolides par course, le vôtre est sur la première ligne (sympa, ce n'est pas le cas dans tous les jeux de courses). On a le temps d'admirer les graphismes avant le départ : c'est sobre sans être simpliste (par exemple, l'herbe et la piste ne sont pas monochromes, mais tachetées), les véhicules sont bien détaillés pour une 8-bit. Les couleurs ne sont pas très variées mais pas ternes (ce qui est malheureusement le cas de nombreux jeux de cette époque), la vue trois/quart du dessus est originale. Bref, tout cela est de bonne augure ! La tension monte avant le départ. 3, 2, 1... J'écrase le champignon (enfin, le bouton 1 de mon control pad) et je file en tête, tel un Lewis Hamilton de 1989 ! On s'enverra des fleurs plus tard, le premier virage est déjà là. Faut aller vers le bas de l'écran ; j'appuie sur la flèche du bas... ça tourne pas !

"Alors, on joue les Schumacher ?!"

Le buggy file droit et se mange un mur virtuel qui empêche la sortie de piste. Je ne comprends pas ; je me sens aussi con que Jean Alesi après avoir visité le bac à graviers. Pourquoi ? La faute à la vue "isométrique-du-dessus" (je sais ça ne veut rien dire, mais c'est pas simple à décrire succinctement). Contrairement aux jeux de courses classiques, il ne suffit pas d'appuyer dans une direction pour que le véhicule y aille ; la gauche de l'engin n'est pas nécessairement la vôtre, qui télécommandez la machine tranquille-pépère, assis aux bord du circuit. Pour le coup, c'est une super idée niveau réalisme car vous êtes dans la même situation que les vrais pilotes de voitures téléguidées. Mais c'est un peu déroutant au début. Passé ce temps d'adaptation, on persévère et on finit par rattraper son retard sur les autres (et oui, vous êtes dernier !). Votre prédécesseur se profile à l'horizon, vous attendez patiemment le prochain virage pour lui faire la nique... et là, c'est le drame : cet idiot se prend l'intérieur du virage et se bloque ! C'est Forrest Gump qui pilote ou quoi ?!

"N'est stupide que la stupidité !"

Forcément, vous lui foncez dans le cul à tout berzingue (trop surpris, vous ne pouviez pas l'éviter), il est reparti et vous êtes toujours dernier. C'est en cela que réside l'autre particularité du soft : les autres buggys sont pilotés par des huitres. Qu'ils roulent comme si vous n'existiez pas, c'est bien normal (on est sur 8-bit quand même !), mais de là à rester coincé par paquet de trois dans un virage pendant un tour complet ! Comme quoi, Gran Turismo n'a rien inventé : les CPU décérébrés, ça existe depuis longtemps. De ce fait, rien n'est jamais perdu dans R.C grand prix. Même bon dernier, il est toujours possible de renverser la tendance en profitant des erreurs de vos concurrents et de remporter la victoire.
Une fois ces deux caractéristiques intégrées, le jeu dévoilera ses richesses et ça ne sera que du bonheur : on prendra plaisir à dessiner la courbe parfaite pour sortir d'une épingle tel un boulet de canon, on se surprendra à beugler "Victory is mine !" en doublant un adversaire dans la dernière ligne droite... Tout ça pour vous dire que le jeu est déjà palpitant en mode solo, et que l'absence d'un mode versus (il y a bien un mode multi, mais au tour par tour) est vraiment regrettable: on aurait pu avoir des compétitions dantesques entre potes.

"Pimp my ride."

Mais revenons à un sujet plus terre à terre, le déroulement du championnat. En effet, il y a un temps imparti pour terminer chaque course, qu'il faut respecter pour pouvoir accéder au circuit suivant. Il y a dix circuits, du plus simple au plus compliqué, tous situés sur la même surface : on perd en originalité (toujours cette piste rose et cette pelouse verte) ce qu'on gagne en réalisme (vous avez déjà vu des pilotes de buggys voyager aux quatre coins du monde tous les weekends pour leurs compèt€˜?). Plus on avance dans les courses et plus on se prend au jeu. La tension monte à chaque nouveau grand prix, si bien que sur la fin du jeu on a l'impression de jouer son slip sur chaque course.
Selon votre classement à l'arrivée, vous gagnerez des dollars que vous irez dépenser à la boutique du coin pour améliorer votre bolide. Ne vous fiez pas à l'allure nigaude du vendeur (on dirait un acteur porno des 70' avec sa moustache et ses lunettes), ses pièces détachées sont efficaces : pneus, moteurs, batteries, suspensions... Le souci est qu'elles sont assez chères. Vaut-il mieux garder ses sous pour s'acheter un super moteur plus tard (au risque de ne jamais voir la ligne d'arrivée de la course à venir) ou acheter un accessoire moyen maintenant ? La meilleur stratégie (ça n'engage que moi) consiste à économiser l'argent sur les trois quatre premières courses (faciles à gagner) pour ensuite acheter du bon matos pour les derniers circuits, plus exigeants. D'autre part, il faut acheter des accessoires en adéquation avec la course qui suit (un moteur surpuissant ne sert à rien sur un petit circuit sinueux, mieux vaut opter pour des suspensions). Avec un peu d'entrainement, vous finirez les dix courses et serez sacré champion de la voiture téléguidée !

Pour conclure, on peut dire que R.C grand prix est un jeu de course assez original, qui nécessite un peu d'entrainement. Les décors répétitifs et l'absence d'un vrai mode deux joueurs sont regrettables, mais le plaisir de la course est bien présent et c'est ça qui compte.

Verdict

7

Points forts

  • original (pour un jeu de courses)
  • challenge intéressant et prenant

Points faibles

  • pas de mode versus

Commentaires

c'est sympa des tests master system. Je ne connaissais le jeu que de nom, donc merci pour la découverte...