Test : NiGHTS : Journey of Dreams (Wii)

12 ans après le seul épisode de la série sur Sega Saturn qui a suffi à en faire un jeu et un personnage cultes, Nights est de retour! Très demandé par les fans qui l'ont toujours porté dans leurs coeurs, Sega leur répond aujourd'hui favorablement avec un épisode inédit sur la "populaire" Nintendo Wii. Il faut dire que nous vivons à l'ère du revival depuis maintenant quelques années, et cette annonce n'a pas surpris outre mesure. Quoiqu'il en soit, Sega et la Sonic Team tentent un pari difficile: nous faire revivre une nouvelle aventure féérique au coeur de Nightopia. Nights: Journey of Dreams peut-il exister dans l'ombre d'un mythe? La nouvelle Sonic Team peut elle faire oublier le travail fantastique et original de ses aînés, eux qui avaient conçu un jeu si somptueux et au gameplay novateur? Takeshi Iizuka , véritable père de la franchise, et d'autres membres de la team d'origine sont là pour y veiller... Tout va bien jusque là...

Ce rêve bleu...

Un remake, une suite, un spin off ou que sais-je encore... Qu'est donc finalement ce Nights? Un nouveau conte de fées, serait-on tenté de dire, et qui ne s'embarrasse pas du contexte passé des aventures de Eliott et Claris même s'il reprend les mêmes contours et au fond les mêmes enjeux.

Cette aventure sera encore l'alliance entre des enfants en proie aux doutes (qui se matérialisent en cauchemars la nuit), tandis que Nights s'oppose toujours à Wizeman dans le royaume de Nightopia. Will est un bon joueur de foot mais a très peu d'amis. ll lie une relation privilégiée avec son père mais ce dernier est muté à cause de son travail et Will ne peut pas le suivre. Cet événement va le plonger davantage dans la solitude. Le jeune homme cherche un échappatoire qu'il va trouver dans ses rêves: la nuit venu, il plonge dans la Night Dimension...

Helen ne connait pas Will alors qu'ils vivent dans la même ville, et sa passion à elle, c'est le violon. Poussée par sa mère à pratiquer cet instrument, elle va peu à peu s'en détacher à cause de la place que vont prendre ses amis dans sa vie. Elle finit par se sentir coupable de délaisser à la fois sa mère et le violon que cette dernière aime tant. Comme vous le voyez, les raisons qui les amènent à être malheureux sont antagonistes et ce sera encore un prétexte à 2 scénarios qui connaîtront quelques embranchements communs...

Nights quant à lui est toujours ce Nightmaren libre et insolent qui aime tant voler. Il est toujours en rébellion face à Wizeman, qui non content de prospérer dans son fief, le Nightmare, veut aussi en finir avec Nightopia, ce pays coloré qui se nourrit de rêves d'enfants. C'est ainsi qu'il a volé les différents Ideya de l'espoir, de la pureté, de l'intelligence et de la maturité, qui font vivre les rêves des enfants et donc le pays de Nightopia. Il n'a pas pu voler l'Ideya du courage, le dernier espoir dans les mains de 2 enfants. Grâce à cet Ideya, ils sont encore capables de s'opposer aux desseins maléfiques de Wizeman.

Nights conscients des capacités de Will et Helen va les aider, en dualisant avec eux, à récupérer les autres Ideya et ainsi sauver son monde et leurs rêves par la même occasion! Wizeman leur opposera quelques Nightmarens malfaisants pour arriver à ses fins. En particulier un certain Reala... Un dernier personnage complète le casting des premiers rôles. Owl est un hibou qui vous accueille dans la Night Dimension. Véritable monsieur tutorial, il n'aura de cesse de vous aiguiller sur tous les éléments à connaître dans le jeu. Cet amas de texte, pour aider les plus jeunes, sera encombrant et poussif pour un joueur moyen qui souhaite découvrir l'aventure par lui-même.

Beaucoup d'entre vous doivent être en terrain connu, n'est ce pas? Pour les autres, sachez que Nights est un véritable conte de fées éveillé, riche en couleurs et en personnages naifs et purs, mais touchants. Nights sur Saturn n'était déjà pas un jeu mature c'est sûr mais son ambiance "bon enfant" sonnait juste. Pas de mauvaise surprise avec Journey of Dreams, le jeu conserve son ton et le même style de dialogues avec un Nights en pleine forme, très taquin! Ceux qui trouvent cette ambiance cul-cul ou niaiseuse se prennent sans doute trop au sérieux car on peut très bien s'accommoder de légèreté quand c'est bien fait. Et à ce niveau, Nights Wii remplit son contrat aussi bien que son aîné. Ca vous changera de l'overdose de guns et de gros bras ! Soit 4 jeux sur 5 sur le marché vidéoludique ! Ca, c'est dit !

Le dossier "défauts" criants

Pour se sentir plus léger, on va tout de suite se débarrasser de ce lourd fardeau. Nights souffre malheureusement de défauts trop visibles pour ne pas être mentionné. A commencer par des cuts scenes assez nombreuses et ratées comme pas permis. Non seulement la modélisation fait alors peine à voir avec les contours des persos criards et même cubiques pour Nights ou Reala, mais en plus elles trouvent le moyen de ramer constamment. C'est simple, elles utilisent le moteur du jeu des phases de jeu 3D (celle des enfants à pied) qui est d'ailleurs totalement dépassé et daté, même sur Wii. On est pas très éloigné des débuts de la Dreamcast. Et donc pendant ces cuts scenes, le jeu fonctionne au ralenti comme si ce qui est à l'écran était trop difficile à faire tourner. Et quand on voit la pauvreté de ce qui est affiché, on a du mal à comprendre. Après les introductions magnifiques du lancement, ça fait de la peine à voir et surtout c'est juste incompréhensible. Tout ceci n'est peut être pas si grave, mais ça reste du travail bâclé!

Autre défaut plus important et qui montre bien ce manque évident de finition (de temps?), le jeu subit parfois des ralentissements lors des moments les plus planants et grisants du jeu, les voltiges avec Nights. Les phases à pied des enfants dans les environnements ouverts sont, elles, catastrophiques. La frame rate est alors aux abois. Et vu que le jeu n'est pas toujours éblouissant en détails, la pilule passe assez mal. Avec cette représentation de l'action old shool, on aurait apprécié une copie quasi parfaite. Malheureusement, la Sonic Team continue à négliger la finition depuis pas mal de jeux (pas tous hein!), ce qui est un élément assez désagréable pour se plonger à fond dans leurs productions. On se demande quand viendra enfin la réaction du studio et de Sega... Heureusement, le jeu a aussi de très bonnes choses à offrir, rassurez-vous! C'est par là!

Le même en (presque) pareil

Les développeurs de Nights Journey of Dreams ne se sont pas amusés à tout réinventer ! Avec cette production, ils reprennent toutes les bases du jeu d'origine en y ajoutant quelques petites nouveautés. Nights garde ainsi la même représentation vu de côté même s'il tente aussi la 3D ou la vue de dessus lors de bifurcations dans les stages, ou pour des niveaux particuliers ! Helen et Will ont droit eux aussi à une représentation 3D puisqu'elles servent de transition entre les différents univers de Nightopia. Certains passages de plateformes très limités viennent aussi s'inviter dans le jeu à quelques moments.

Le jeu garde le même agencement de missions. Chaque monde se découvre comme au bon vieux temps en plusieurs étapes avec un thème particulier : courses poursuites en volant avec Nights (et 1er mini combat avec le boss), phase de links où il faut enchaîner des passages dans les anneaux (qui servent toujours à remplir sa jauge d'accélération) et récupérer les Blue Chips (des boules bleus qui servent ici à monter ses links), ou encore des transformations de Nights qui devient à l'occasion un train de parc d'attractions ou une barque sur l'eau par exemple. Ces stages sont exclusivement dédiés à ses métamorphoses! Toutes ces phases de jeu sont plus ou moins réussies et je ne vous surprendrai pas en vous disant que l'on attend impatiemment les séquences de voltige avec Nights. Le reste est souvent fade à côté... Ces missions sont courtes, voir très courtes. La replay value n'est cependant pas remise en cause. Avec son système de notation de A à E, on refait forcément un stage pour mieux en comprendre les mécanismes. Surtout qu'une nouveauté s'est invitée : les masques qui nous permettent de nous transformer. Aller sous l'eau en dauphin, foncer telle une rocket, résister au vent en dragon... Ces items sont nécessaires à la progression dans le jeu et nous sont ainsi octroyés au fur et à mesure. Mais ils permettent aussi de revenir en arrière pour mieux appréhender un stage, pour le parcourir encore plus rapidement, ou découvrir quelques bifurcations. Et puis le scoring est motivant (du fan service énorme est à débloquer) et le jeu propose des classements online. Bien vu pour la durée de vie, même si le jeu est court!

Une jouabilité novatrice?

Soyons clair : en y jouant classiquement au nunchuck/wiimote, les sensations sont les mêmes qu'avec un joypad. Les manettes de la Wii n'ont pas été pensées pour apporter une quelconque nouveauté ! Le gros du maniement se fait à l'analogique et la télécommande n'utilise que 2 fonctions pour dasher avec A ou B. La croix directionnelle s'y ajoute pour rapidement changer de masque. Vu que ni le viseur et ni la reconnaissance de mouvement ne sont pris en compte, cela revient à jouer à une manette classique. Il est aussi possible d'y jouer à la télécommande seule. Pour voler, il faut indiquer une direction en visant tout en appuyant sur A. Cette maniabilité simplifiée n'est pas pratique et ne remplace pas les bonnes sensations connues à l'analogique.

Le must est de sortir une manette Virtual Console ou Gamecube et d'y jouer à l'ancienne. Cette configuration diffère en fait très peu du combo wiimote/nunchuk. Une chose est sûre : Journey of Dreams n'a pas voulu exploiter un minimum la Wii. Le choix d'un gameplay old school ne le permettait pas, semble-t-il!

Techniquement, le constat est mitigé. Comme vu précédemment, des défauts trop criants n'avaient pas leur place dans le jeu final, et globalement les phases à pied de Will et Helen sont ternes et la gestion de la caméra ne fait pas preuve de beaucoup de souplesse. Si la Wii n'est pas merveilleusement exploitée, des stages sont plutôt réussis, au moins esthétiquement. Plus ça avance, mieux c'est, pour ne rien vous cacher ! Les couleurs vives des jeux d'enfant se mêlent à des couleurs pastels qui confèrent une ambiance plus sombre et tragique. On est vraiment dans la tête de nos 2 bambins, dans leurs joies et leurs doutes ! Les quelques environnements nocturnes sont parmi les plus beaux. Ca vaut le coup d'aller au bout de l'aventure!

Les clins d'oeil aux fans du 1er se multiplient aussi. Et certains boss vous rappelleront vaguement des têtes connus. Ces derniers ne sont pas tous inoubliables mais compte tout de même quelques grandes réussites. C'est dans le scénario d'Helen qui vous trouverez les plus marquants mais je ne vous en dirais pas plus... La musique, élément si important de Nights Saturn, se rappelle aussi à nos bons souvenirs et reste évolutive le long d'un stage. Entre les arrangements symphoniques, le piano ou la guitare sèche, et encore bien d'autres audaces, la bande son du jeu ne cesse de nous surprendre. On tient un des points forts de cette production tant on a plaisir à les découvrir, ou à les redecouvrir avec de nouveaux arrangements réussis de Dreams Dreams, le thème principal chanté du jeu. La berceuse de la Dream Gate (le portail de départ vers les missions) est un excellent anti dépresseur qui vous donnera envie d'allumer la console pour vous détendre! L'ambiance planante de My Dreams, le jardin d'élevage de vos Pians et de vos Nightmarens, est aussi très réussie. La direction sonore assurée par Naofumi Hataya et Tomoko Sazaki, déjà à l'oeuvre sur Nights into Dreams, force le respect. Le soin apporté à tous les bruitages et même au musique présente dans les menus se savoure. Les amoureux de musiques de jeux feraient bien de s'intéresser à Journey of Dreams.

I have a dream !

Nights Journey of Dreams ne pouvait pas passer à côté d'une des composantes essentielles de Nights Saturn : la gestion des Nightopians, ces petits êtres frêles pleins de vie dont il faut prendre soin pour faire régner l'harmonie dans Nightopia.

A l'époque, il s'agissait de ne pas les blesser et cela avait pour incidence de vous accompagner joyeusement en musique. Journey of Dreams tente une autre approche qui rappelle les Chaos de Sonic Adventure. Cette fois, il faudra sauver et récupérer les Pians et aussi des Nightmarens en faisant un Paraloop (le looping que l'on effectue manuellement au stick analogique et qui aspire les éléments alentours !). Une fois sauvée, le joueur pourra découvrir son bestiaire dans son propre jardin. Il est ainsi possible de voir tout un écosystème exister, surtout que le jeu prend en compte le canal météo qui influe sur les caractéristiques de votre jardin. Si vous êtes attachés à un Pian, il est aussi possible d'en conserver 5, car l'usure du temps les fait peu à peu disparaître. Cet endroit plein de vie peut aussi être visité par vos amis grâce à l'échange de codes Wii. Au final, ce mode assez gadget, car sans réel enjeu, pourra plaire aux addicts des Pokemons et consorts... Des possibilités de reproduction et de mutation pourront passionner les plus gros fans pour obtenir des espèces rares. Avis aux amateurs.

Hormis cette utilisation de la Wifi Connection, il est aussi possible de jouer à 2 une course, et même online si vous le souhaitez. Ce mode déjà inutile en bonus sur Saturn quand on finissait le jeu, l'est tout autant ici. On l'essaye et on arrête aussitôt. Et je ne vous parle pas de la recherche de joueurs online qui ne font pas partis de vos amis. Ils sont sans doute peu nombreux mais ce service marche de toute façon au ralenti. On nous propose aussi un mode Bataille où l'on s'envoie de grosses boules à la tronche, qui lui n'est jouable qu'en local! Va comprendre... Les consoles Nintendo et le multi online : le fiasco continue, on est même plus surpris!

Un constat mitigé

Avec ces quelques très (très) grands moments qui bluffent un temps le joueur, une direction artistique globalement aussi forte que sur Saturn, Journey of Dreams avait tout pour plaire. Au point de nous faire oublier ses défauts? Sûrement pas!

Qu'on ne se méprenne pas, Nights Wii est un bon jeu mais trop sur le mode alternatif. On prend toujours autant de plaisir à faire des niveaux planants avec Nights, et surtout à les refaire pour le score. Quel bonheur de retrouver cette icône dans ces phases de jeu inédites! Tout ce qui tourne à côté de ça, est finalement anecdotique, on attendait mieux après une attente de 10 ans. Les phases à pied sont si linéaires et sont une reprise du jeu Saturn qui ne s'imposait pas. Nights Wii oublie par moments de faire table rase du passé et nous offrir un jeu qui colle davantage aux exigences de notre époque. On espérait un bon jeu, de bout en bout en somme, et le manque évident de finition ne joue pas vraiment en sa faveur également.

Ma conclusion sera assez paradoxale. Nights n'est pas un hit de la Wii qui va ramener Nightopia dans la lumière, mais qui mérite d'être joué car il distille quelques moments vidéoludiques rares de nos jours. Dommage qu'ils soient trop irréguliers. Avec ce parti pris finalement assez peu ambitieux, Nights: Journey of Dreams pourrait être la tournée d'adieu de la franchise. Pour ceux qui espéraient un retour de Nights au premier plan, cela s'annonce assez mal malheureusement. Du gâchis! Les fans peuvent foncer et fêter ce nouveau Nights, ils seront récompensés par l'essence de la série, un retour aux sources en finissant le jeu de fond en comble. Ils seront aux anges et à juste raison.

Verdict

6

Points forts

  • Les fans et les enfants sont conquis
  • Ambiance réussie, merci la bande son!
  • Voler avec Nights

Points faibles

  • Ne pas voler avec Nights
  • Le mode 2 joueurs gadget
  • La finition Sonic Team
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Wii 6.7 3

Commentaires

Merci pour ce test Haneda, toutefois, et même si le jeu n'est pas la catastrophe que les sites géneralistes se plaisent à annoncée, force est de constater que ni Nights, ni la Sonic Team ne brillent leurs auras passées, des jeux moyens, voir pire, et qui égratignent des mythes... C'est bien dommage, surtout lorsque l'on constate que Nintendo lui, n'a jamais commis ce genre d'érreurs avec un Mario par exemple...
C'est pas tellement Sega qui va mal, mais plutot la Sonic Team. C'est d'autant plus regrettable que c'est un peu la team qui représente tout le domaine "consoles" de Sega à elle seule. Le jeu a l'air sympa tout de même.
Grand fan du premier sur saturn j'ai été trés deçu de ce nights mais je remercie le testeur qui je trouve a bien testé le jeu et a noté nights wii a sa juste valeur.
Ayant fini le jeu de long en large, j'ai toutefois eu envie de jouer a la version saturn et même si aujourd'hui depassé, le plaisir de jeu est largement decuplé face a la version wii qui reste assez fade.
J'ai l'impression que Sega savait developper de bons jeux sur leur machine malheureusement sur les machines des autres les jeux sont assez moyen, voir parfois mauvais.
Le prochain jeu de sega sur wii sera sonci zero gravity et l'ayant eu entre les mains c'est pas terrible.
A quand un grand jeu sur une mascotte bien connue, sega tennis?? Esperons
bko, 01 fév 2008 - 4:32
Nights wii n'est clairement pas une suite digne du premier épisode même si le jeu a gardé l'esprit de celui ci, il n'apporte pas grand chose par rapport à l'orginal. Alors OK le jeu est sympa, les fans de nights s'y retrouveront et c'est tout. Je vois mal qq'un qui n'a jamais connu la saturn vouloir se procurer absolument ce jeu. Surtout a coté d'un mario galaxy qui en plus est beaucoup moins cher ! pour moi ce sera en occasion, j'ai nights saturn chez moi, ca peut donc attendre ! :)
Jika, 01 fév 2008 - 8:18
Je n'ai pas encore pu jouer à ce Nights Wii, mais ce que j'en ai vu m'a décu. Les phases à pied, c'est juste honteux. Très décu de voir Nights être sali comme ca. Et de voir la Sonic Team s'enfoncer encore...