Avis de Nicomacdo sur Like a Dragon Gaiden : The Man Who Erased His Name
De base un DLC, transformé en à peine 6 mois en un jeu à part entière (clairement vendu trop cher), on peut avoir un a priori légitime sur ce titre, notamment quand on commence avec à peine 1/4 de la map de Yokohama visitable, donnant une sensation de jeu bricolé à la va-vite. Il faut croire que la série Yakuza/Like a Dragon ne peut se passer de son héros emblématique. En incohérence totale avec Yakuza 6 où il avait pourtant bouclé son arc narratif, on retrouve Kiryu Kazuma au 1er plan qui, bien que censé avoir "disparu", continue à bosser dans le milieu de la pègre, là où il a le plus de chance d'être reconnu...dans le genre pitch de départ maladroit, ça se pose là.
De loin un des plus mauvais scénarios de la saga, les 2/3 n'ont aucun sens, rythmés par des allers-retours bien voyant...Le coup du Kiryu désabusé changeant d'identité, on l'a déjà eu dans Y5, en beaucoup mieux. Et oui, Gaiden n'est rien d'autre qu'une redite en mode mineur, à croire qu'il n'y a plus rien à raconter avec ce personnage. Censé raccrocher les wagons avec Y7, le jeu ne le fait étonnamment qu'au tout dernier moment (alors qu'il aurait fallu précisément se concentrer là-dessus) de façon très précipitée avec d'énormes ellipses comme s'il n'avait plus le temps, voire carrément des oublis, que c'est maladroit.
On ne peut pas dire que le jeu manque de contenu: le sacro-saint karaoké (ha, la voix suave de Kiryu!), mahjong (challenge bien équilibré, ça fait plaisir), casino, billard, fléchettes, jeux d'arcade, golf... Le pocket circuit n'est pas une réussite. En augmentant le challenge, les dévs ont instauré une trop grande part d'aléatoire n'existant pas dans Y0 et qui finit par lasser: même avec une customisation parfaite, des fois ça passe, des fois non...question de chance.
Le cabaret en séquences FMV laisse perplexe...avec le live chat de Y6, il y avait un décalage avec le ridicule de la situation (les commentaires des clients, Kiryu stoïque tapant sur son clavier à 2 doigts) et le charme coquin des actrices (notamment Anri Okita qui joue dans...une certaine catégorie de films). Ici ce décalage n'existe pas, pas plus que le côté sexy, donc c'est assez gênant. Néanmoins ce n'est pas banal, il n'y a que dans cette licence qu'on peut voir un truc pareil!
Pour garder la forme Kiryu a conservé son passe-temps habituel, défoncer du loubard dans les rues, d'ailleurs toutes les quêtes secondaires se résument à ça. Et il en impose toujours autant le bougre, on a une vraie sensation de puissance. Quelques emprunts à Lost Judgment (les coups mortels), mais Gaiden ne soutient pas du tout la comparaison, c'est bien moins souple et précis ici, le lock est un peu foireux (manque de finition), mais ça se joue bien. Le style agent est rigolo (le filin araignée, presque trop efficace), le style Yakuza cogne dur, il faut bien ça car la baston est monnaie courante.
On a le colisée...pas quelque chose de nouveau dans la série, sauf qu'ici on peut se battre en équipe (qu'on peut gérer) et même contrôler un autre perso que Kiryu. Sympa, le seul souci est que les mêlées sont parfois trop bordéliques. Enfin le réseau Akame: divers objectifs et missions secondaires, avec l'obtention de points pouvant être dépensés dans une boutique spéciale. Evidemment c'est du remplissage, mais pas spécialement désagréable. Malins comme pas deux, les dévs ont ajouté du cosmétique pour masquer le peu de réels ajouts.
En dépit d'un contenu très correct, rien ne fait disparaitre ce sentiment de jeu opportuniste, la faute surtout à une histoire inintéressante, très mal rythmée, trainant en longueur telle une noix de beurre étirée sur une tartine bien trop grande. C'est pourtant le point fort de la licence habituellement. Le traitement accordé à Kiryu dans Y6 était juste 100 fois mieux écrit, les références à son passé plus subtiles. Il aurait mieux valu ne pas expliquer les raisons de son caméo dans Y7, et le laisser à l'imagination des joueurs. Si le studio Ryu Ga Gotoku continue à l'avenir à sortir des épisodes développés au pas de course, l'aura de la licence risque de se gâter.
