Preview : Yakuza Online (PC, Android, iOS)

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Par Nin-Jy

Shin Ryu Ga Gotoku : Prologus

26 août 2017 : SEGA a réservé le populaire Akihabara UDX Theater à Tokyo, afin tenir une conférence à propos de la licence qui fait office de vitrine technologique de la filiale japonaise, Yakuza.

Alors que Yakuza Kiwami 2 est annoncé sans trop de surprise, Toshihiro Nagoshi, la mascotte, pour ne pas dire la personnification du SEGA d'aujourd'hui, intervient sur la scène, comme il en a de plus en plus l'habitude.

Il dévoile Shin Ryu Ga Gotoku ainsi que son protagoniste principal, qui représentent le futur et renouveau de la licence. Dans la foulée d'un jeu qu'on suppose à destination de la PlayStation, un projet secondaire est aussi révélé, il s'agit de Yakuza Online.

Yakuza cède à la sirène du mobile

Yakuza Online se veut à la fois un prologue de Shin Yakuza, et probablement un nouveau cheval de Troie pour SEGA, dans la conquête du marché très lucratif, mais concurrentiel, qu'est le mobile. Plus d'un an et quelques campagnes marketing plus tard ,le free to play sort sur les plateformes Android et iOS, mais également sur PC. Un choix curieux pour un jeu à destination exclusive du Japon, mais qui peut s'expliquer simplement : il est développé sous Unity, et donc facilement portable sur toutes les plateformes existantes.

Cet opus se présente comme un visual novel, articulé sur une base de collectionnite aiguë de cartes à jouer à l'effigie de personnages, emblématiques ou non, de la série. L'idée étant de s'adresser autant aux fans de la série, que d'être potentiellement une porte d'entrée pour attirer un nouveau public vers les épisodes canoniques à hauts budgets de la série.

Mon nom est Kasuga, avec un G comme...

Ichiban Kasuga est le protagoniste de cette nouvelle série. Un personnage au passé très difficile, bien plus que Kiryu Kazuma. Né la soirée de Noël 1977, enfant d'une prostituée et d'un père inconnu, il est abandonné dans une ruelle. Il sera élevé par le patron d'un bar et grandira en compagnie des SDF. Il arrivera au terme du collège et arrêtera ses études, se consacrant à trouver l'argent dont il a besoin pour vivre en rackettant punks et autres racailles. Cependant, il va un jour envoyer un yakuza à l'hôpital, et celui-ci va le traquer puis le torturer afin de se venger.

Alors qu'il commence à avoir peur de perdre la vie, il va prononcer le nom de " Arakawa ". Celui-ci étant un yakuza réputé pour sa violence et particulièrement craint, il espère que ses ravisseurs vont en rester là . Malheureusement cela ne va faire qu'empirer les choses, car ils font partie d'une famille rivale à celle de Arakawa.

Pensant qu'Ichiban appartient à la famille d'Arakawa, ils vont le convoquer afin de lui demander de rembourser les frais d'hôpital qu'il a causé à leur membre. A la surprise d'Ichiban, Arakawa va se couper une phalange et l'offrir, prenant la responsabilité des faits.

Alors que par la suite Ichiban tente de le remercier, il va le frapper et lui expliquer que ce n'est pas pour lui qu'il l'a fait, mais qu'un yakuza a une réputation à tenir. A ce moment là , il décide de devenir son subordonné jusqu'à la fin de ses jours. Il restera durant 100 jours devant le bureau d'Arakawa avant que celui-ci finisse par accepter de faire de lui un yakuza.

C'est à partir d'ici que débute le scénario de Yakuza Online.

Dans la nuit du 31 décembre 2000, Arakawa réveille Ichiban et lui demande de venir immédiatement au bureau de la famille. Il lui annonce qu'un membre du clan Tojo a été assassiné, et lui demande de prendre la responsabilité du meurtre. Ichiban accepte avec joie, il voit enfin ici une manière rembourser la dette qu'il a envers Arakawa pour tout ce qu'il a fait pour lui durant ces années. Il va se dénoncer auprès de la police, et écopera de 17 ans de prison.

Fin 2018, il est enfin libéré, et alors qu'il s'attend à ce que son mentor soit venu l'attendre devant la prison, personne ne viendra. A son retour à Kamurocho, il découvre avec surprise que l'alliance Omi a pris le contrôle de la ville, et qu'Arakawa est recherché pour trahison envers le clan Tojo.

Un free to play qui plait

Etant moi-même allergique aux jeux adoptant le modèle free to play, et de manière plus générale aux gameplays axés sur le farm, c'était avec une certaine curiosité que j'attendais Yakuza Online. Est ce qu'un jeu comme ceci, enrobé dans l'univers d'une licence que j'adore, allait me faire fléchir ?

Le jeu est conçu sur des fondations qui respectent les règles de l'art du F2P d'aujourd'hui. Alors qu'on peut supposer qu'il y a eu des échanges, post mortem, analyses, avec l'équipe de l'autre récente production maison, Shin Megami Tensei Liberation Dx2, on peut constater que celle de Nagoshi à soigneusement évité tous les côtés négatifs et défauts de ce dernier.

Si on regarde dans l'ensemble, le jeu repose sur deux piliers centraux : le scénario principal, et la collection de cartes. S'il est inévitable que le joueur qui voudra collecter l'intégralité passera beaucoup de temps sur le jeu, voire sombrera du côté obscur du micropaiement, en compagnie de la charmante NPC diablotine (visez l'ironie assumée, si fidèle au studio), il reste tout de même possible de faire grandir relativement vite sa collection, pour peu vous vous investissiez dans le jeu, durant votre trajets en transport quotidiens par exemple. Rien qu'en faisant les missions du scénario principal, et les secondaires, vos quotas des différentes monnaies permettant d'accéder au gacha montent très vite. Un tirage par jour est aussi offert, ainsi qu'une carte de rang SR en remplissant certains objectifs sans limite de temps.

Jamais le jeu ne va vous agresser en permanence dans tous les menus, voire carrément via des popups, pour vous rappeler qu'en ce moment il y a un bon plan sur le cash shop.

Les scénarios quant à eux sont l'autre point fort du jeu. L'équipe n'a pas voulu entraver la progression du joueur, et évite toute forme de frustration via diverses astuces. L'accès aux missions est certes limité par une jauge d'activité, mais la consommation est faible, et l'obtention d'objets pour la recharger relativement abondante, contrairement à d'autres F2P. Et le scénario principal vous rapporte toutes les monnaies nécessaires pour accéder à la fois au gacha, aux missions d'événements temporaires, au leveling et à l'arbre de compétences de vos cartes favorites.

Les scénarios secondaires sont constitués de 2 types. Les traditionnelles " substories " mettant en scène notre brave protagoniste, ainsi que des petites histoires liées aux personnages peuplant ce monde et dont vous avez fait acquisition de la carte (peu importe son rang).

Sont également présentes des missions de combats de gang massifs en plusieurs vagues, avec 2 decks à disposition. Tout ceci accessible là encore sans frais, à l'exception des personnages dont il faut monter le niveau via les yens virtuels que vous amassez partout, autant dire que ça représente rien. Et pareil, tout cela rapporte encore des monnaies.

Vous l'avez compris, si vous appréciez l'univers, le jeu va vous captiver pendant des heures sans que vous ne ressentiez de frustration. Et au cas où vous auriez besoin de " farmer ", récupérer une monnaie pour accéder à une mission ou au gacha, aucun problème. Refaites une mission d'histoire rapide telle qu'un boss, sélectionnez les options pour accéder directement au combat, passez le combat en vitesse x2, et enfin appuyez sur le bouton pour recommencer le combat à l'écran des scores. En quelques minutes vous aurez ce dont vous avez besoin.

Voilà à quoi se résume finalement le farm potentiel.

Le Kamuro Tour

Qui dit Yakuza, dit activités secondaires.

Le jeu n'en propose pour l'instant que trois :

- Un service de sécurité " freelance " dans lequel vous déployez une équipe/deck pendant plusieurs heures afin de protéger des commerces du quartier de toute personne mal élevée, qui rapporte à la fin du service des items servant au craft d'armes que l'ont peut assigner à nos personnages. Parfois un combat aura lieu, vous rapportant beaucoup d'objets.

- Le second est, bien sûr, l'incontournable club à hôtesses. Accessible via une monnaie spécifique que l'on obtient en récompense journalière ou en missions. Cette activité est plus.. ludique. En fonction des jours de la semaine, le planning des hôtesses tourne, et il faut en conséquence prendre soin de consulter celui de votre favorites. Une fois posé avec elles, vous ne serez pas déstabilisé. Choix de réponses aux conversations, jauge et niveau d'intimité qui augmentent, vous pouvez aussi payer des tournées et offrir des cadeaux si vous le désirez. Le tout vous rapporte à la fin des points investissables dans la 3ème activité qui est le créateur de clan.

- Le créateur de clan est en quelque sorte le mode multijoueurs. Vous créez votre propre clan, puis vous pouvez vous allier avec d'autres afin de participer à des oppositions en vous lançant dans un combat de type gang en vagues, ou bien simplement en mettant votre équipe à disposition. Augmentez le niveau de votre clan avec des points d'hôtesses ou de missions de combats de bande. Placez vos meilleures cartes et déployez-les. Vous gagnerez une monnaie spécifique vous permettant d'acheter des objets rares de craft, voire des cartes SSR.

Se friter, c'est la vie

Donc vous avez lu jusqu'ici en vous demandant quand je vais enfin parler de baston. Elles sont à la fois simple et plaisantes, et les développeurs ont réussi à retranscrire l'ivresse que procure le matraquage de la manette dans un système 2D semi automatisé et magnifiquement animé.

A l'instar d'autres jeux, tels que Pokémon, chaque carte possède une affinité ; elle sera à la fois supérieure et inférieure à une autre. Il est possible de monter son niveau et d'acheter les compétences disponibles dans son arbre, en échange de yens et de sphères d'énergies, obtenus ci et là .

Une fois votre deck de 4 cartes constitué, les combats se déroulent avec une équipe de cinq, une carte additionnelle vous sera octroyée, soit liée à l'histoire, soit la carte principale d'un joueur aléatoire. Durant le combat, vos cartes attaquent automatiquement avec un coup de base à intervalle régulier. Chaque personnage possède une jauge qui augmente avec le temps, et permet d'utiliser une capacité spéciale liée à l'affinité. Cela peut être une attaque, du soutien, ou un malus infligé aux ennemis. Enfin, une jauge globale de coup critique augmente avec le nombre de coups distribués, et une fois pleine, elle permet de lancer l'attaque spéciale du personnage de votre choix. Vous devrez à ce moment-là appuyer plusieurs fois sur un bouton au bon moment pour augmenter sa puissance.

Parfois, un ennemi vaincu lâche une arme. Vous aurez alors le plaisir de bourriner votre écran pendant un court instant pour affaiblir un ennemi. Pour ceux qui ne veulent pas se prendre la tête avec ça, il est possible d'automatiser les coups puissants dès qu'ils sont prêts, et de doubler la vitesse. Seul le coup critique reste du devoir du joueur.

Pour terminer, un petit mot sur la difficulté. Les missions liées à l'histoire sont particulièrement faciles si vous avez des cartes SR ou SSR. Il n'y a même aucune difficulté. Durant mon temps de jeu, je n'ai échoué qu'une seule fois, et c'était lors de la dernière mission de l'événement du moment, contre ce bon vieux Komaki niveau 50 et ses sbires niveau 45. Je dis échoué, car je n'ai pas vraiment perdu ; mon équipe se portait bien, je ne l'ai juste pas vaincu dans le temps imparti. Mais là encore potentiellement pas de souci, un popup apparait vous proposant de dépenser une petite partie de vos diamants (la monnaie principale du gacha, et disponible aussi en micro transaction), pour reprendre le combat où il en était, avec le temps réinitialisé et l'équipe restaurée.

Comment résumer au final ce jeu, si ce n'est qu'il semble être avant tout un bon gros fan service, qui est plus là pour faire plaisir, que pour traire le joueur.

Vu la conception du jeu, comparé à SMT Dx2 pour ne citer que lui, il est flagrant que l'objectif de ce projet n'est pas d'atteindre la surrentabilité en profitant d'une licence populaire. L'idée de Nagoshi est plutôt d'offrir une opportunité à de nouveaux joueurs de découvrir facilement l'univers de l'œuvre de sa vie, et pour les anciens, de faire la passerelle entre la série de Kiryu Kazuma et la future aventure de Ichiban Kasuga.

Si on le résume à un simple free to play, il est certainement un des plus agréables et équilibrés sur le marché. Avec en bonus une bande son du tonnerre qui profite des opus canoniques. Un tour de force réussi avec brio, pour un studio qui n'a jamais rien fait d'autre que du AAA console à haut budget.

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