Test : Yakuza 5 Remastered (Playstation 4, Xbox One)
Il aura fallu attendre trois longues années pour voir Yakuza 5 finalement débouler en Occident. SEGA West ne voulait absolument pas le publier. Hors de question. Pour une raison simple, ça ne se vend pas assez et la firme préfère se concentrer sur du bankable type Football Manager ou Total War. Mais c'était sans compter sur Sony CE. En effet, l'éditeur / constructeur écoute les attentes de ses fans de son côté avec sa campagne Building A List. C'est grâce à cette intervention, clairement financière, que l'on peut jouer aujourd'hui à Yakuza 5. Et je ne vous parle pas de Yakuza Zero ou de Shenmue III...
Yakuza 5 est comme son nom l'indique le dernier épisode canonique en date de la série et la suite directe de Yakuza 4, un jeu qui est lui sorti en boîte en Occident. Toshihiro Nagoshi et le producteur Masayoshi Yokoyama nous proposent avec cet épisode du plus grand et du plus fort à priori. Cinq quartiers sont disponibles dans le jeu, ils sont situés à Tokyo, Osaka, Fukuoka, Sapporo et Nagoya. Du cà´té des personnages jouables, nous avons de vieilles connaissances et une nouvelle tête avec Kazuma Kiryû, Saejima Taiga, Haruka Sawamura, Shun Akiyama, et Tatsuo Shinada. Pour le déroulement in-game, on reste en terrain super connu. Il existe une trame principale qui est le ciment du jeu, on peut ne s'intéresser qu'à ça si on le souhaite. Mais on passe aussi en général beaucoup de temps à se battre dans la rue, ou à danser pour Haruka, à remplir de nombreuses quêtes annexes et à découvrir plein de mini-jeux dont les fameux jeux d'arcade dans les Club SEGA. Avec cet épisode, vous pourrez jouer à Virtua Fighter 2 ou Taiko no Tatsujin de Bandai Namco, rien que ça.
Au rayon des nouveautés qui claquent
Yakuza 5 affiche tout d'abord un nouveau moteur de jeu, qui a été repensé par rapport aux derniers épisodes de la série sur PS3. Vu qu'on est en 2016 désormais, il est difficile de le situer convenablement dans son contexte. Mais disons que par rapport à Dead Souls ou Yakuza 4, il apparaît un peu plus fluide, le frame rate s'avère plutà´t constant. Il permet d'afficher du monde dans les rues et même de la circulation. Par contre, le jeu alliase comme il faut et ça manque cruellement de détails en arrière-plan et le jeu a un meilleur rendu de nuit que de jour. La PS3 a fait son temps, très clairement. On sent chez SEGA la volonté d'afficher des environnements imposants qui claquent sauf qu'on est sur PS3 et que c'est très compliqué. Bien sûr, avec Ishin ou Zero sur PS4, on connaît beaucoup moins, voire plus du tout, ce genre de désagrément.
Les cut scenes sont aussi plus soignées en règle générale quand elles utilisent le moteur in-game, et le jeu fait appel à davantage de doublages vocaux. Par contre, les animations manquent encore souvent de réalisme, particulièrement quand on court. La Team Ryû Ga Gotoku a fait peu d'efforts à ce niveau alors que c'est extrêmement important.
L'autre grosse nouveauté de Yakuza 5 est la présence des Sides Stories, qui sont une sorte de méga mini-jeu permettant d'approfondir la trame et l'expérience des personnages. Ces Side Stories ont vraiment une place prépondérante dans le jeu et on ne peut décemment pas passer à côté, contrairement aux quêtes annexes et aux mini-jeux classiques. On peut ainsi devenir chauffeur de taxi fou avec Kazuma, chasseur en montagne avec Saejima, joueur de baseball avec Shinada ou une idol parfaite avec Haruka via une série d'épreuves riches et variées qui devraient vous tenir très longtemps en haleine.
Le jeu d'une vie, un jeu de yume
Yakuza 5 est un jeu monstrueux. Au même moment je touchais à MGS V The Phantom Pain, que j'ai lâché pour l'occasion, et ces deux jeux du Japon de Nagoshi et Kojima m'ont fait la même impression. C'est invraisemblable ce qu'ils peuvent mettre dans ces quelques Go et c'est incroyable ce qu'ils peuvent proposer comme types de gameplay. Dans ces deux cas, je me suis demandé combien de personnes bossaient réellement sur de tels projets. SEGA et Konami concurrencent-ils le Assassin's Creed d'Ubisoft à ce niveau ? Normalement, non.
Tout d'abord, il faut savoir que la trame principale de Yakuza 5 se termine quasiment en ligne droite en une trentaine d'heures. Le jeu est bavard, parfois trop, et les cinématiques sont très nombreuses. Nagoshi lorgne du côté de MGS 4 par moments et ce n'est pas un compliment. Mais en bouclant la quête principal vous n'aurez quasiment rien vu de ce que réserve vraiment le jeu. La preuve, le taux de complétion se situera alors normalement entre 5 et 10%. Pour réellement savoir ce que les développeurs nous ont concocté, il faudra donc gratter du côté des Side Stories, des quêtes secondaires et des mini-jeux. Tout ces aspects sont en plus souvent drà´les et ludiques et les heures peuvent rapidement défiler. Voilà comment on se retrouve avec plus de 50H au compteur et même du 100H sans s'en rendre vraiment compte.
Un des meilleurs épisodes de la série derrière Yakuza 2
Yakuza 5 offre une trame scénaristique très riche, qui reste dans les thèmes classiques de la série. C'est-à -dire que nous avons au départ une guerre entre plusieurs clans Yakuza et Kazuma Kiryû est comme toujours impliqué même s'il n'en a pas envie et qu'il veut fuir ça à tout prix. On ne va pas se mentir, le jeu peine à offrir une histoire aux enjeux simples et forts. Le scénario se veut complexe mais il manque surtout de maîtrise et il tombe plutôt facilement dans le jeu des trahisons et des rebondissements gras qu'on voit venir de très loin. En même temps, Yakuza 5 a une classe énorme et une ambiance de folie, et les cinématiques sont souvent somptueuses. C'est vraiment plaisant de voir qu'un jeu de 2012 sur old gen peut étaler autant d'émotions et d'ambition côté production.
Ce qui fait de Yakuza 5 un des tout meilleurs épisodes de la série à mon avis derrière le second sur PS2 est le fait qu'il offre une variété de dingue. Je ne me suis quasiment jamais ennuyé avec cet épisode et on y trouve sans cesse quelque chose de bon à picorer. Davantage que dans les autres épisodes de la série selon mon feeling personnel et les Side Stories n'y sont pas pour rien. J'ai aussi particulièrement aimé le chapitre dédié à Haruka. Déjà parce qu'il change la donne énormément dans l'histoire de la série. On ne se bastonne plus dans les rues et on peut simplement faire si on le souhaite des battles de danse avec un gameplay rhythm game à la Project Diva. Ce chapitre se situe environ au milieu du jeu et c'est une véritable bouffée d'air frais. Et puis avec Haruka, des thèmes assez rares pour un jeu vidéo sont abordés. Ceux relatifs aux problèmes d'une jeune adolescente qui plus est orpheline. On incarne pas si souvent une jeune femme dans un JV et là ce n'est pas une personne forte et pulpeuse à la Lara Croft. à€¡a fait du bien. La relation entre Haruka et Mirei Park, la personne qui s'occupe de sa carrière et qui joue aussi par moments le rôle de mère, est assez touchante. Mirei Park est d'ailleurs certainement un des personnages les plus réussis de toute la saga Yakuza. Elle énerve parfois, elle attendrit aussi, on est aussi sous son charme très souvent. Rarement, une femme en 3D aura été aussi séduisante mais je m'égare...
La version Playstation 4
La version Remastered de Yakuza 5 est celle qui présente le moins de différences avec l'originale. Pas de recast d'un personnage principal, pas de rétablissement d'éléments supprimés initialement : on se retrouve avec le même jeu, avec quelques améliorations. La principale se situe évidemment au niveau du framerate, qui était certainement l'élément qui pêchait le plus dans le jeu d'origine. Il est maintenant constant, et suffisamment élevé pour rendre la progression bien plus agréable. Graphiquement, on est enfin en 1080p, avec une saturation des couleurs et un contraste plus élevés. Rien de choquant, mais après tout, le jeu était déjà très réussi de ce point de vue.
Reste qu'il arrive après Yakuza Zero et les Kiwami, et que, bien que les mécaniques aient évolué depuis Yakuza 3, on reste face à un jeu de 2012, issu d'une série qui n'a jamais été à la pointe de la modernité. Les nouveaux venus pourront être décontenancés par les loadings (certes minimes) en entrant dans un magasin, ou les longs dialogues non doublés et non skippables. Ou bien encore par l'obligation de sauvegarder dans les cabines téléphoniques !
Pour en revenir au titre en lui-même, oui il mérite d'être joué et pas qu'un peu car il s'agit sans nul doute d'un des meilleurs épisodes de la série. Il se rapproche pas mal du très bon Yakuza 4 sous certains aspects mais il diffère aussi pas mal grâce aux Sides Stories, ou grâce à l'idol Haruka Sawamura qui rafraîchit les thèmes de la série et aussi son gameplay en lorgnant du côté de Project Diva. Yakuza 5 est l'une des expériences ludiques les plus plaisantes du moment. Dommage qu'il passe après Yakuza Zéro et Kiwami...
Verdict
Points forts
- Une ambiance fantastique
- Une variété de situation incroyable
- Les Side Stories
- La partie d'Haruka
- Durée de vie colossale
- Enfin un framerate correct
Points faibles
- Durée de vie qui peut intimider
- Souvent très bavard et très cinématique
- Un scénario qui manque de maîtrise
- Pas de grosse différence avec la version PS3
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