Test : Xenon 2: Megablast (Mega Drive)


Xenon 2: Megablast

Dans la vie d'un gamer il y a toujours des jeux qui vous marquent sur une machine et qui restent l'emblème d'une console ou d'un ordinateur. Je pourrais citer pour ma part OutRun en arcade, Sonic sur Mega Drive, Panzer Dragoon sur Saturn, F-Zero sur Super Nintendo, Mario 64 sur N64, Defenders of Oasis sur Game Gear ou Road Rash sur 3DO. Xenon 2 est un de ces titres qui ont marqué mon histoire de joueur sur Atari ST, une machine informatique bien plus puissante que les consoles 8 bits qu'étaient la NES et la Master System. Beau, explosif et novateur dans bien des domaines, c'était une véritable vitrine technologique qui n'a pas eu son égal sur cette machine.

Ce n'est que 3 ans plus tard que ce jeu fût adapté sur Mega Drive à ma grande joie. Mais le résultat a-t il été à la hauteur de mes souvenirs de gamer ? Etait-il pertinent de sortir ce jeu en l'état 3 ans plus tard et aurait-il le même impact ? L'adaptation a-t-elle été faite avec réussite ? Ce shoot allait-il se démarquer des hits de la Mega Drive, déjà nombreux en 1992 ? Verdict plus bas...

Retour sur une saga des années 80

The Bitmap Brothers est une petite équipe de développeurs très talentueuse qui a connu le sommet de sa gloire durant l'ère Atari ST/Amiga en réalisant des titres majeurs pour ces machines tels que Speedball, Gods, The Chaos Engine, Cadaver ou bien-sûr Xenon qui nous intéresse plus particulièrement. Faisant preuve de créativité et d'un talent fou pour offrir des jeux nerveux servis par une technique au top et une bande son de folie, leurs jeux ont rapidement été adaptés sur toutes les consoles de l'époque avec plus ou moins de réussite suivant les adaptations.

C'est en 1988 que Xenon 1er du nom voit le jour sur Atari ST. Shoot à scrolling vertical, il se démarquait surtout par une bande son à la guitare électrique révolutionnaire pour l'époque, et une sorte de morphing de son vaisseau qui alternait entre tank pour les attaques au sol, et avion de chasse pour les ennemis aériens. Graphiquement très pauvre mais dans la moyenne de l'époque, le jeu a connu un gros succès au Royaume-Uni principalement pour son ambiance et son défi relevé.

Un an plus tard, Xenon 2 apparaît sur les écrans, soit avant la sortie de la Mega Drive. La révolution graphique entre les 2 opus en seulement une année était gigantesque. Tous les testeurs de l'époque sont unanimes, Xenon 2 est une tuerie, il a d'ailleurs été récompensé par de très nombreux prix professionnels. Très beau, énergique, des armes de folie et encore une fois une bande son électrisante en ont fait un incontournable de la machine.

Malgré le succès de cet épisode, aucune suite ne verra le jour. Pourtant, à la fin des années 90, les développeurs de Bitmap Brothers lancent le projet d'un remake nouvelle génération de Xenon 2 sur PC. Malheureusement, le jeu ne verra jamais le jour et seul subsiste aujourd'hui le 1er niveau terminé et laissé libre de droits aux joueurs curieux de s'y essayer sur la toile. Intitulé Xenon 2000, on y retrouve l'ADN de la série, à savoir un shoot vertical, assez nerveux, une bande son travaillée et la volonté d'offrir des idées inédites dans le gameplay. Dommage ...


Plein phares sur une conversion qui se voulait fidèle, ou presque ...

Xenon 2 (merci le jeu de mot avec les phares) était donc une œuvre majeure de la fin des années 80 sur les machines informatiques de cette époque. Virgin, éditeur de cette conversion plus de 3 ans après, a t_il gardé l'essence du jeu ? Eh bien oui et non. Commençons par ce qui a été bien fait et mérite d'être souligné, le paragraphe sur les loupés allant être beaucoup plus long...

Xenon 2, tout comme son aîné, est un shoot them up à scrolling vertical, à ceci près que nous ne pouvons plus nous transformer en tank et tuer des ennemis au sol. L'action se passant essentiellement dans l'espace, il n'y a pas de sol sur lequel se poser.

Une fois la cartouche insérée vous avez l'apparition du staff ayant réalisé le jeu, de façon strictement identique dans sa forme à son homologue informatique. On croirait presque qu'on vient de mettre une disquette dans la Mega Drive.

Le menu apparaît et nous laisse l'opportunité de choisir le mode 1 ou 2 joueurs (en alternance, il n'y a pas de mode coop'), la difficulté moyenne ou difficile et la possibilité de couper ou non la bande son. Bizarrement le jeu place cette option sur off par défaut. C'est en jouant qu'on comprend ce choix, mais j'y reviendrai plus tard.

Ne cherchez pas de scénario non plus, même sur la jaquette du jeu il n'y a aucune trace d'une quelconque histoire, uniquement les critiques dithyrambiques, de journalistes probablement. Notons que cette jaquette est particulièrement moche je trouve, un peu trop psychédélique à mon goût. Le jeu n'a d'ailleurs jamais vu le jour au Japon, seule une édition US et européenne seront commercialisées.

Dès le lancement du jeu on est rassuré sur l'aspect graphique. Après une adaptation Master System forcément datée voire plutôt moche, on retrouve ici le jeu Atari ST à l'identique. Les puristes diront peut être que les couleurs sont moins vives, personnellement je trouve les 2 éditions très proches et difficile de dire laquelle est plus belle que l'autre. Question de détails et de goût j'imagine. Quoiqu'il en soit, graphiquement parlant tout débute bien.

Les 4 niveaux que vous allez traverser sont dans un style " organique " comme si vous évoluiez dans l'antre d'une créature gigantesque ou d'un environnement vivant. Les plantes poussent sur les murs, le fond du décor représente une sorte de membrane ou de toile d'araignée, les boss ressemblent tous à des animaux connus comme des araignées géantes, des caméléons gigantesques ou un mollusque. Le tout est très net et contrairement à beaucoup de jeux, on identifie immédiatement ce que sont nos ennemis. Son principal défaut serait que le décor de fond est identique dans tous les niveaux, seules les parois latérales divergent entre chaque stage.

Chaque niveau se termine par un boss de grande taille, mais il arrive souvent que vous croisiez des "mini boss", souvent énormes également. Le bestiaire ennemi est plutôt varié avec des adversaires qui ont des trajectoires non rectilignes mais partent dans tous les sens, ou foncent en escadrille ou en formations serrées. On sent qu'un travail sérieux a été fait par les développeurs sur la difficulté du titre et la cohérence des réactions ennemies.

Notre vaisseau spatial est très simple à prendre en main, un seul bouton sert à tirer, aucun changement de ce côté là. Les armes se récupèrent en tuant des ennemis, ainsi que de l'argent qui servira plus tard dans le niveau. Le système d'armement est d'ailleurs un des points fort du jeu, il se veut complet et personnalisable. A chaque moitié de niveau et en fin de stage vous accéderez à une boutique tenue par une sorte de Predator. Suivant le total de votre porte monnaie il vous proposera un tas de trucs utiles : des power up, des infos sur la suite du niveau et le type d'ennemis qui vous attend, de la vie et bien-sûr des armes. Celles ci sont combinables pour atteindre maximum 2 armes à droite et 2 armes à gauche. On peut donc cumuler lance-missiles et laser par exemple, tout en gardant à l'esprit que si on grossit notre armement latéral on ne pourra pas s'équiper d'armement arrière (pour tuer les ennemis venant dans notre dos). Il faut donc choisir son équipement avec précaution. Le magasin nous permet toutefois de revendre des armes qu'on ne souhaite plus utiliser.

A ma connaissance Xenon 2 était le seul shoot de cette époque à proposer un système d'armement aussi travaillé et il faut voir le résultat lorsque vous mettez des lasers en puissance max sur chaque côté de votre appareil en plus de lance-roquettes. Vos tirs peuvent prendre littéralement la moitié de l'écran. Impressionnant.

Autre nouveauté de gameplay jamais vue dans d'autres shoots, la possibilité de faire reculer le scrolling vertical (qui se déplace vers le haut). Très utile, ça permet par exemple de faire marche arrière lorsque par erreur vous avez emprunté un mauvais chemin et que vous retrouvez dans un cul de sac. Idem si vous devez éviter des ennemis, reculer devant un boss un peu trop imposant et cherchant à vous percuter. Autre option que je n'ai vu que dans Xenon 2, le fait de pouvoir acheter dans la boutique la faculté de plonger dans le décor. Pendant seulement quelques secondes, votre vaisseau va donc foncer dans l'espace et passer en dessous des ennemis ou des murs qui vous font obstacles Ingénieux.

Vous disposez de 3 vies + 3 crédits pour en voir le bout et si vous mourrez vous ne reprenez pas au début du niveau mais un peu avant votre destruction. Celle-ci survient quand votre jauge d'énergie est vide, sachant que seuls les ennemis vous touchent, les crashs contre les décors ne causant aucun dégât. Si vous parvenez à la fin du jeu, chose extrêmement difficile à obtenir sur Mega Drive mais je vais y revenir, vous aurez la surprise d'une séquence finale pour le moins originale, voire inattendue ou choquante pour certains. Je ne vous gâche pas la surprise, soit on aime, soit on déteste.

Après tout cela vous me direz certainement "mais pourquoi cet opus Mega Drive est-il totalement loupé ? Graphiquement fidèle, des tas de bonnes idées dans le gameplay, visiblement le respect de l'oeuvre originale, mais où se sont ils donc plantés ???".

C'est de la bombe bébé... ou pas ...

Premier choc en lançant le jeu, la bande son. Fer de lance de la saga et véritable vitrine technologique dans la fin des années 80, on devait à Xenon 2 une réalisation sonore de très haute voltige. Bomb The Bass fût un groupe britannique à qui l'on doit le morceau principal du jeu. Emprunt de guitares électriques, de sonorités électro et de samples vocaux, Xenon 2 offrait à nos oreilles une mélodie inédite pour l'époque.

L'opus Mega Drive gardant la signature " Bomb the Bass " à l'intro, et la console disposant d'un cheap sonore de qualité, on pouvait légitiment se dire que la musique serait identique. Il n'en est rien. Outre les sons qui sont devenus plus " patauds " notamment les tirs ou explosions, la musique même du jeu a perdu tout ce qui faisait son charme. Exit la guitare électrique, exit les sonorités électro et adieu les samples vocaux. Ne reste que la mélodie de base qui tourne en boucle. Car oui, comme beaucoup de titres de l'ère informatique, il n'y a qu'une seule musique durant quelques minutes et qui tourne en boucle du début à la fin du jeu.

Si on pouvait comprendre dans les années 80 qu'il y ait qu'une seule musique, la faute en grande partie à une capacité de stockage sur disquette limitée, comment expliquer qu'en plus de ne pas respecter la musique originale, la version Mega Drive ne laisse finalement que ce seul et unique titre tout au long des niveaux ? Ce qu'il reste de la bande son, suite à la disparition de tous les petits arrangements qui apportaient un peu de diversité, devient vite agaçant, voire totalement crispant. On comprend mieux maintenant pourquoi le jeu mettait par défaut la bande son sur " off " dans le menu d'options. La musique du groupe Bomb the Bass représentant une grande partie de l'âme de la saga Xenon, le jeu se voit donc totalement dénaturé de sa substance.

Le constat amer ne s'arrête malheureusement pas là.

Rapidement on se rend compte que la technique ne suit pas non plus. Si graphiquement la version Mega Drive tient la route, il n'en est rien pour son animation. Les saccades sont régulières, surtout dès que vous commencez à avoir une puissance de tir conséquente et que les ennemis commencent à être très nombreux. Ça ralentit sec, un comble pour un jeu qui à la base ne souffre pas de ces défauts.

Mais là où cette conversion commet la pire faute qui puisse exister dans un shoot, où le joueur doit faire preuve de précision, de réflexes et de rapidité, c'est incontestablement lorsqu'elle loupe la gestion des collisions. C'est bien simple, Xenon 2 est un des pires que j'ai vu en la matière, les hitbox sont totalement plantées. La moitié de nos tirs traversent les ennemis sans les toucher alors que les leurs ne nous font aucun cadeau. On s'arrache les cheveux en voyant qu'on tire des boulettes par dizaines sur une vague d'ennemis sans toucher le moindre vaisseaus alors qu'ils auraient du tous être détruits. Du coup, pour réussir à progresser dans le jeu, il vaut mieux éviter les ennemis plutôt que tenter de les détruire, un comble pour un shoot. Surtout que si vous ne tuez pas, vous ne gagnez pas d'argent, donc pas de nouvel armement. Un cercle vicieux. Même lors des affrontements avec les boss énormes, à peine un tiers de nos tirs vont toucher la cible.

Terminons par ce qui sera la cerise sur le gâteau : la disparition du dernier niveau. Eh oui, Xenon 2 sur Mega Drive ne compte que 4 stages au lieu de 5. Il manque la totalité du dernier stage, le seul d'ailleurs qui n'était pas organique mais totalement mécanique, où nous étions dans une sorte de base stellaire à détruire du robot et autres vaisseaux futuristes. Comment expliquer la suppression de ce stage et donc du vrai dernier boss du jeu ? Aucune idée. J'ai cherché partout sur le net une explication, je ne l'ai pas trouvée.

Je me suis souvent posé la question de la pertinence d'adapter un jeu des années plus tard sans le modifier ou l'améliorer, par esprit nostalgique ou de respect de l'oeuvre originale. Ce débat est encore d'actualité, quand on voit des tonnes de compiles de jeux rétro sur des machines de nouvelle génération. Est-il pertinent de les ressortir en l'état sachant que techniquement ils seront forcément datés, que la concurrence sur le support sera redoutable, que seuls les vieux gamers y trouveront peut-être leur compte ? Quand je pense à la compile Shenmue, j'en arrive aux mêmes interrogations. Même s'il y a quelques améliorations, les développeurs ne doivent-ils pas prendre en compte l'époque et le type de jeux qui existent ? Dans le cas de shenmue, les consoles actuelles fourmillent de titres du genre Yakuza et compagnie.

La concurrence et la comparaison sont forcément rudes. Dans le cas de Xenon 2, sortir un shoot fin 1992 sur une machine qui pullule de shoots de très grande qualité et qui ont déjà des années d'avance sur le titre des Bitmaps Brothers est-il pertinent également ? Pour l'un comme pour l'autre je n'ai pas d'avis tranché même si mon côté vieux gamer nostalgique se réjouit toujours de voir revivre des titres qui m'ont fait vibrer. La règle devrait toutefois, certes de respecter l'oeuvre de base, mais proposer une alternative plus contemporaine, un peu comme Wonderboy : The Dragon's Trap par exemple. Sans oublier qu'à cette époque il n'existait pas de mises à jour pour corriger les bugs de ces adaptations souvent faites à la va-vite. Virgin aurait pu ainsi proposer plus qu'une seule piste sonore en créant d'autres arrangements pour les différents stages, ou y mettre un mode 2 joueurs en coop'.

Alors certes, cette mode des adaptations de titre anciens à l'identique existait pleinement aussi à cette époque et n'est pas l'apanage de Xenon 2, mais Virgin a totalement spolié les joueurs en offrant un jeu complètement loupé. La bande son ramenée à son minimum syndical, enlevant toute substance à cette musique qui en faisait un hit, des ralentissements à gogo et une hitbox totalement aux fraises ont fini d'achever un shoot qui aurait mérité plus d'attention. Je n'oublie pas non plus la suppression pure et simple du dernier niveau qui ne peut trouver aucune excuse.

Heureusement que Xenon 2 offre tout de même son lot de bonnes idées comme un système d'armement hyper complet, un scrolling vertical non figé ou des graphismes à la hauteur de l'opus Atari ST. Ça ne rattrape pas tout, malheureusement.

Verdict

3

Points forts

  • Graphiquement fidèle
  • Un système d'armement complet et bien pensé
  • La possibilité de faire reculer le défilement du scrolling
  • Pouvoir « plonger » dans le décor

Points faibles

  • Une hitbox complètement loupée
  • Ralentissements nombreux
  • Une seule musique beaucoup moins aboutie qui tourne en boucle et agace
  • Manque un niveau entier
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Mega Drive 2.7 3

Commentaires

Je ne connaissais pas cette histoire de doublon sur master system. Concernant la pochette elle est effectivement affreuse, comme si elle avait faite sous un trip d acide....
Et dire que j'ai failli l'acheter sur MD après avoir taté le jeu sur Amiga. Je bénis le magasin qui ne l'avait finalement pas en réserve. (Ca m'aurait fait chier de le payer à la place de mon Streets of Rage.)

Très bon article qui résume très bien ce qu'est cette version MD qui méritait bien mieux.
Rage, 22 nov 2018 - 12:29
De mémoire la version MS est pire et pas juste sur le plan technique : le jeu est juste INJOUABLE. Et peu importe la version (j'avais pris les deux pour voir si différence il y a) et bien aucune différence le jeu est merdique !!! Merci pour ce test du coup car sur MD j'ai pas pu le tester