Test : Valkyria Chronicles (Windows)

Le démarrage sur next-gen aura été laborieux de côté des équipes consacrées aux consoles chez Sega. C'est sur Nagoshi-san qu'il faut maintenant compter pour avoir les jeux plus ambitieux et réussis. Valkyria Chronicles en fait partie. Plongeant le joueur dans une Europe fictive afin d'y proposer un gameplay militaire et tactique, que vaut cette nouvelle licence de Sega ?

Une nouvelle licence qui mise sur l'originalité

Avec Valkyria Chronicles, Sega nous livre un Tactical-RPG comme nous en avons rarement vu. Fort d'une esthétique entièrement nouvelle grâce à l'utilisation d'un ingénieux moteur, Valkyria Chronicles aguiche dès les premiers instants. Le moteur, nommé "Canvas" propose un style de 3D qui se rapproche énormément des dessins faits à la main, et au crayon de papier. On retrouve donc un esprit très 2D mais dans des environnements bel et bien en perspective, et des teintes pastelles.

Parallèlement à ce bel effort visuel, c'est également l'aspect stratégique qui se voit ici bouleversé. Oubliez les bons vieux jeux avec damiers et menus d'actions, ici tout se fait dans un semi temps-réel qui, il faut l'avouer, n'est pas des plus évidents à appréhender dans les premiers affrontements.

Et pour terminer en ce qui concerne les originalités du titre, on notera que l'action se déroule entièrement dans une Europe imaginée par les développeurs. Deux grandes nations, à l'est l'Empire et à l'ouest la Fédération de l'Atlantique s'apprêtent à se combattre. Jusque là pas de quoi s'inquiéter, seulement le paisible pays de Gallia, qui a toujours été reconnu pour sa totale neutralité dans les conflits se voit être envahi par les forces de l'Empire, désireuses de récupérer les ressources de Ragnite (une source d'énergie utilisée dans ce monde) qui s'y trouvent dans le sous-sol. Le joueur se retrouve donc dans la peau de Welkin et Alicia tandis que le village frontalier de Bruhl est le premier à subir les assauts de l'Empire.

Un gameplay d'une rare richesse

Le jeu se présente sous la forme d'un livre dont on fait la lecture progressivement. Après chaque grande bataille, un nouveau chapitre apparaît afin de poursuivre l'histoire, tandis que de très nombreuses scènes cinématiques ponctuent les évènements importants. Des scènes où l'on voit les protagonistes parler entre eux participent aussi à la construction du scénario, l'aspect cinématique en moins. Une première chose que l'on remarque est que le titre est entièrement en anglais, ce qui est regrettable pour l'accessibilité qui en prend un coup, d'autant plus que le vocabulaire militaire est assez présent. Le jeu laisse le choix au joueur de changer les voix (anglaises ou japonaises) sachant qu'elles sont de très bonne facture.

Une fois une bataille engagée, la capitaine Varrot vous confiera les objectifs tandis qu'un plan vu de dessus vous présente le terrain et la position de certains ennemis ou lieux clefs de la bataille. Il faudra alors y disposer ses troupes, qui peuvent être de cinq types différents :

Les éclaireurs : ils combattent avec un fusil assez précis et de bonne portée, leur utilité est liée à leur grand déplacement. En effet à chaque pas effectué une jauge diminue et si les autres unités sont très limitées, les éclaireurs peuvent faire beaucoup de chemin pour ainsi repérer les ennemis et aller se mettre à l'abri.

Les troupes d'assaut : équipées d'un fusil mitrailleur, elles représentent la force de frappe la plus efficace contre toutes les unités ennemies à pieds. Leur déplacement est limité cependant.

Les "lanciers" : ces grands costauds combattent avec une énorme lance sur le dos, qui est en fait un bazooka terriblement efficace contre les chars et blindés ennemis (bunker, tourelles etc...). Ils sont lents mais indispensables à la survie dans les batailles présentant de multiples chars ennemis.

Les mécaniciens : doté d'un grand déplacement, leur rôle est d'approvisionner en munitions les unités vers lesquelles ils passent, de réparer les chars, de désamorcer les mines. Leur capacité à soigner les unités est également la plus grande (chaque unité disposant de son propre objet de soin que l'on peut utiliser sur soi ou sur un allié à proximité).

Les tireurs d'élite : avec un déplacement réduit et une résistance très faible, les snipers sont les unités les plus difficiles à bien utiliser. Pourtant dans bien des situations ils sont indispensables pour éliminer sans s'exposer à un grand nombre d'ennemis gênants.

Avec toutes ces troupes, l'équipe disposera également d'un tank très tôt dans le jeu. Ces derniers possèdent un point faible à l'arrière (il s'agit d'un radiateur de Ragnite) qu'il faudra bien protéger, en évitant de l'exposer aux tanks et lanciers ennemis. D'autres surprises arriveront plus loin dans le jeu.

Le déroulement des batailles se fait selon deux phases : celle du joueur et celle des ennemis. Durant notre phase des points sont attribués et permettent de déplacer les unités (un point par unité, deux pour un char). On peut donc jouer plusieurs fois avec la même unité, sachant que le déplacement se réduit petit à petit avec la fatigue. Des ordres peuvent être donnés afin d'attribuer des bonus temporaires aux alliés (force, défense, esquive augmentée, soigner un allié etc...). Les alliés tombés au combat ne meurent pas immédiatement, le joueur a en effet trois tours pour amener un allié vers eux et les évacuer. Si un ennemi les touche avant, alors ils mourront définitivement. Des camps devront également être conquis (il s'agit d'occuper un terrain avec un drapeau au centre) et permettront de faire venir des renforts ou des unités ayant été évacuées (car tombées au combat) puis soignées.

Une gestion du terrain approfondie

Gérer les unités est essentiel, mais dans Valkyria Chronicles le terrain prend un effet considérable sur les affrontements. Ainsi un personnage accroupi derrière un tas de sable sera invulnérable aux tirs à la tête. De même si des alliés sont proches les uns des autres, ils tireront ensemble si l'un d'eux attaque. Enfin lorsque l'on se déplace, les autres unités ne sont pas passives : passez devant des ennemis, et ces derniers vous tireront dessus. Il faudra donc bien se positionner et parfois attendre la venue des ennemis pour en tuer un maximum sans avoir à dépenser trop de points d'action.

Les décors regorgent d'éléments à utiliser ou détruire. Il y a les mines à désamorcer, des éléments en métal servant à bloquer les tanks à détruire, des miradors d'où on peut voir l'ensemble du champ de bataille, des camps à prendre. Les bunkers ennemis ont aussi leur point faible : des caisses de Ragnite peuvent les faire exploser mais il faudra les contourner pour y accéder, les unités ont chacune leurs points forts et leurs points faibles etc... La variété est réellement de mise, et chaque bataille essaye d'introduire un nouvel environnement. On se retrouve donc face à des batailles variées dans leurs environnements et leurs objectifs, chose qui n'était pas si évidente étant donné l'ambiance assez typée du titre.

Les affaires domestiques

Le quartier général fait beaucoup penser aux affaires domestiques de Dragon Force. On pourra y recruter de nouveaux membres, faire évoluer l'expérience des types de troupes (pas d'expérience individuelle, ce qui n'est pas un mal), améliorer les armes au département de recherche. On notera qu'au niveau onze les troupes sont surclassées en élites et deviennent capables d'équiper plus d'armes, et possèdent de meilleures caractéristiques.

Plus tard se débloquent d'autres lieux, comme le cimetière, la rue où l'on peut rencontrer la reporter afin de débloquer des missions secondaires, la princesse pour recevoir des récompenses. Le tank peut être équipé selon un sympathique système d'emplacements : un rectangle est disponible, chaque équipement prenant une certaine place et c'est à la façon de Tetris qu'il faudra emboîter tout cela comme voulu pour avoir les équipements souhaités.

Les batailles proposent un système de notation très particulier puisque selon votre note, la quantité d'expérience et d'argent acquise peut varier du simple au quadruple, ce qui est colossal. Ainsi si vous avez du mal dans une bataille, vous ne pourrez pas beaucoup faire évoluer vos troupes et aurez du mal dans la suivante etc... Un cercle vicieux dont il faudra s'extraire. Fort heureusement des batailles secondaires sont disponibles et peuvent être refaites à volonté, ce qui permettra éventuellement de rattraper le retard pris.

Une touche de Skies of Arcadia

Sur le plan visuel, Valkyria Chronicles est réellement époustouflant artistiquement, même si ça n'est pas un déluge d'effets spéciaux comme peuvent l'être d'autres productions next-gen. On est en émerveillement constant devant chaque lieu, chaque image, que l'on ne se lasse jamais de découvrir dans ce style si particulier. Les personnages sont très attachants et on finit par bien connaître les différents membres de l'escouade numéro sept (celle de nos personnages). Le jeu a beau être plongé dans un univers militaire, il y a des instants de répit qui sont très touchants, tout comme des passages qui nous ramènent violemment à la réalité. Pour terminer sur la bande-son, cette dernière se compose essentiellement de thèmes très militaires. Elle est entièrement orchestrale et propose également des moments plus calmes et posés. On l'apprécie réellement du début à la fin du jeu.

Scénaristiquement le jeu fait beaucoup penser à Skies of Arcadia, avec son Empire, ses généraux ennemis dans le même esprit (d'un point de vue personnalité et tenues, on est très proche de Skies). On notera aussi la présence d'un ennemi réellement réussi : Selvaria, la Valkyrie que l'on a pu voir dans les vidéos déjà montrées par Sega. Et bien évidemment, il y a quelques rebondissements dans l'histoire qui pousse à avancer toujours plus jusqu'au dénouement.

Valkyria Chronicles compte un peu moins de vingt chapitres, avec à chaque fois une à deux batailles par chapitre. Il propose aussi pas mal de batailles secondaires et d'à-côtés, et étant relativement difficile, sa durée de vie dépasse sans problème les quarante heures de jeu. On lui reprochera au final d'être en anglais, que Sega ait gardé du contenu additionnel de côté et peut être le côté parfois un peu naïf des personnages ou scènes du jeu, mais dans tous les cas ceux qui attendaient un titre de l'envergure d'un Shining Force, d'un Dragon Force ou d'un Skies of Arcadia auront bien tort de faire l'impasse sur Valkyria Chronicles.

A propos de la version PC :

Sega sait y faire dorénavant avec le PC, et ça se voit : l'adaptation de Valkyria Chronicles a été soignée. En plus de proposer les DLC de la version PS3, elle permet de remapper entièrement les touches du clavier comme du pad. Certes, la souris n'est pas complètement supportée (on ne peut pas viser avec, par exemple), mais l'effort est louable.

Le jeu n'offre pas beaucoup d'options graphiques, mais laisse cependant toute latitude quant à la résolution et le framerate. Les temps de chargement sont également significativement plus courts que sur PS3, et le jeu, bien optimisé, pourra parfaitement tourner sur des configurations modestes.

Bref, de la belle ouvrage, qui fait honneur à cet excellent titre.

Si du côté de l'arcade, Sega Japon s'en sera bien sorti avec cette nouvelle génération, il était temps que les équipes consacrées aux consoles émergent. Avec Valkyria Chronicles, Sega nous livre un jeu touchant, réussi artistiquement et qui propose un sérieux renouveau pour le genre du Tactical-RPG. Le jeu est techniquement impeccable, le gameplay est parfaitement rôdé et l'histoire se suit avec plaisir du début à la fin. Valkyria Chronicles est en passe de devenir l'un des titres les plus réussis et mémorables de Sega, rien que ça !

Verdict

9

Points forts

  • Techniquement impeccable
  • Artistiquement réussi
  • Gameplay au poil
  • Long et assez difficile
  • Personnages attachants
  • Vyse et Aika !

Points faibles

  • En anglais
  • Support partiel de la souris

Commentaires

Rage, 19 déc 2014 - 11:48
:good: Et oui Sega sait s'y faire avec le PC actuellement ... On est loin des anciennes générations où ils avaient énormément de mal. Merci pour cette mise à jour du test :good:
J'ai terminé le jeu hier, je ne peux que confirmer qu'il s'agit d'un très bon portage. Le seul défaut provient de la gestion de la souris en effet, il est assez étrange de ne pas pouvoir l'utiliser pour naviguer dans les menus par exemple. Et aussi elle n'est des plus commodes pour diriger les tanks car si on bouge la souris pour faire tourner la caméra, le tank tourne aussi, gaspillant parfois de précis points de mouvement. Mais dans l'ensemble on s'y fait, ce n'est pas si dérangeant que ça.