Test : Shining Resonance Refrain (Xbox One, PS4, Switch, Windows)

Il y a 20 ans Shining Force III sortait en Europe, symbole de la fin de vie de la Saturn aux côtés de Panzer Dragoon Saga. Shining Resonance Refrain marque le retour de la licence dans nos contrées. Je ne compte pas le remake du premier Shining Force sur GBA, ni les deux jeux PS2 sortis exclusivement aux US. Evidemment en 20 ans, il s'en est passé des choses au Japon, et la série a continué son bonhomme de chemin là-bas, avec un public cible bien différent. C'est le fruit de cette nouvelle vie pour la série que Shining Resonance Refrain nous propose de goûter. Exit les Tactical-RPG, on revient à du RPG classique avec combats en temps réel, le tout fortement saupoudré de ce qui marche au Japon ces temps-ci...

Un Zest de clichés

Les quelques fans qui se souviennent encore de la série d'origine ne retrouveront pas leurs marques avec Shining Resonance Refrain (SRR). Initialement sorti sur PS3, il s'agit d'un RPG faisant fortement penser à la série Tales Of. On y incarne Yuma, un jeune homme qui n'a visiblement aucun goût quand il s'agit de choisir des vêtements, et qui possède au fond de lui l'âme du Shining Dragon.

Yuma se retrouve impliqué dans un conflit malgré lui, opposant bien évidemment le gentil royaume aux méchants impériaux. Ces derniers cherchent à récupérer les âmes de tous les World Dragons, en tuant de nombreuses personnes au passage, dans le seul but de donner la vie éternelle au vieil empereur, qui va bientôt mourir.

Le joueur devra subir tous les clichés du genre, allant du héros qui manque de confiance en lui, aux alliés qui l'aideront à surmonter l'épreuve par le pouvoir de l'amour et de la musique. Du côté des méchants, ça ne vole pas bien haut non plus. Entre la princesse qui se fait trahir par plus méchant qu'elle, le fou furieux qui n'obéit pas aux ordres, et le scientifique hystérique qui fait des expériences, tout y passe. En bref, aussi bien en termes d'histoire que d'univers, ça ne vole vraiment pas haut du tout. On est à des années lumière de l'histoire de Shining Force III, à titre de comparaison.

Shining Resonance refrain from being a Tactical-RPG

Du côté du gameplay, le jeu se défend pas trop mal, même si il a tout de même quelques lacunes. Tout d'abord, il a le bon goût de laisser le contrôle au joueur la majeure partie du temps : peu de loadings, des combats temps réels sans transition avec l'exploration, du texte qui défile vite et des scènes que l'on peut carrément couper. Le rythme est agréable. Cela tombe bien car le jeu est très bavard, et on vient assez vite à saturer des histoires plutôt niaiseuses de nos héros entre deux massacres de dragons ou d'impériaux.

Découpée en chapitres, l'action consiste à parcourir une partie du monde, affronter un ou deux boss, puis retourner dans l'unique ville. On y récupère des quêtes qui reviennent à l'infini. Car si la boulangère nous demande de tuer une chimère dans le désert, c'est encore mieux de pouvoir le faire plusieurs fois ! On peut aussi draguer les personnages de l'équipe, dans l'espoir de conclure devant l'étalage du boucher un jour de pluie. Avec des choix à effectuer qui rappelleront les moments les plus stratégiques des jeux d'avant.

On répète ce schéma jusqu'à la fin du jeu. L'ensemble n'est pas désagréable, mais on en vient assez vite à éviter les ennemis car ces derniers fournissent peu d'expérience, et monter les niveaux devient vite très long. Mais les développeurs y avaient pensé, car une elfe située en ville permet de faire à volonté des donjons, et à l'aide d'un item précis, d'y affronter des €œoeufs€ qui donnent plein d'expérience. Et qui redonnent l'item en question. Pratique.

C'est là que l'on constate le problème majeur du titre : l'équilibrage difficulté / expérience acquise est à l'ouest. Les combats normaux sont triviaux et ne rapportent pas beaucoup d'expérience. Les boss par contre ont en général 10, 15 voir 20 niveaux de plus que l'équipe, et peuvent tuer tout le monde en moins d'une seconde. On se retrouve à devoir grinder (monter ses levels) à partir de la moitié du jeu, ce qui réduit fortement le plaisir de jeu. On peut également gérer ces combats de boss en mettant la pause (qui interrompt complètement le combat) pour ressusciter tout le monde et distribuer des potions. Autant dire que ça tue un peu le truc car c'est complètement abusé. Idéalement, utiliser des objets devrait se faire en temps réel, avec des temps d'utilisation, comme pour toutes les autres actions en fait.

Il y a également tout un panel de mécaniques à disposition. L'ensemble forme un tout plutôt intéressant, et l'on peut réussir à orienter un peu son équipe sur des styles de jeu précis. Plutôt offensif, plutôt défensif, avec des attaques élémentaires etc... Des Aspects permettent de booster un peu les personnages, tandis qu'un mécanisme de liens (pas expliqué du tout d'ailleurs), permet d'avoir des effets secondaires durant les combats. Malheureusement les combats et l'équilibrage de la difficulté ne mettent pas en valeur ces systèmes de jeu, et on se retrouve bêtement à bourrer le bouton d'attaque et à se transformer en dragon contre les boss, tandis que l'équipe chante des chansons folkloriques pour booster des dégâts.

Si Azure Revolution précède à Valkyria Chronicles 4, alors Shining Resonance Refrain précède forcément à un autre jeu se terminant par 4

Avec son histoire et ses personnages sans intérêt, et son équilibrage aux fraises, SRR ne réussit pas vraiment à captiver. Son principal mérite reste au final de proposer une expérience qui ne s'impose jamais au joueur et préserve le confort et la liberté à chaque instant, faisant que l'on avance tout de même. Le mur arrive vraiment lorsqu'il faut commencer à grinder. C'est là que les joueurs risquent de se décourager. Notons également la présence du mode Refrain, qui permet d'ajouter à l'équipe deux personnages qui n'étaient pas jouables avant, mais sans se soucier une seule seconde de la cohérence scénaristique (en gros les personnages sont en double).

Du côté de la réalisation, le jeu est correct, avec des personnages bien modélisés, des décors 3D qui font le boulot, et des artworks 2D plutôt jolis. La bande-son est également tout à fait acceptable, bien qu'aucun thème ne soit marquant. Il y donc un peu de matière au niveau de la réalisation artistique qui pourrait être réutilisée dans un véritable épisode de Shining Force, même si on espère quand même voir d'autres moyens mis dans la série à l'avenir.

Personne ne voyait en Shining Resonance Refrain un retour tonitruant de la série en Occident, et personne ne s'était trompé. Il s'agit d'un RPG quelconque, pas trop mal réalisé, plutôt agréable à parcourir, mais qui peine à captiver tant il est rempli de clichés. De plus, l'équilibrage de la difficulté laisse à désirer, obligeant le joueur à passer par des étapes de grinding pénibles avant les boss. Je ne peux recommander le jeu qu'à ceux qui cherchent désespérément un RPG à se mettre sous la dent. Espérons que le prochain jeu de la série soit développé avec le public occidental pour cible. En fait, espérons tout simplement que ce sera Shining Force IV.

Verdict

6

Points forts

  • Rythme de jeu agréable
  • Visuels propres

Points faibles

  • Univers et personnages quelconques
  • Equilibrage de la difficulté à l'ouest
  • Devoir grinder après la moitié du jeu
  • Schéma de progression répétitif
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Playstation 4 5.0 1

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