Test : Persona 3 Reload (PlayStation, Xbox, PC)

Tandis que les regards sont tournés vers le prochain projet original en préparation chez Atlus (je parle de Metaphor: ReFantazio), voilà qu'une friandise nous est proposée pour patienter. Et ce n'est pas un petit projet, puisque Persona 3 Reload est un remake complet du titre sorti sur Playstation 2 à l'époque. Comme de nombreux jeux Atlus, cet épisode a déjà connu diverses ressorties et améliorations, mais cette fois-ci c'est du sérieux, et pour cause, il y a le logo Unreal Engine au démarrage. On sait donc que ça va être du lourd, et que la console va chauffer la pièce de jeu ! 

Prenez du pain, il va y avoir du Tartare
 

Comme chaque épisode majeur de la série, Persona 3 développe ses propres thèmes autour de la formule bien connue qui mélange RPG et simulateur social. Dans ce jeu, les thèmes sont particulièrement sombres et abordent notamment le suicide, même si on oublie assez vite ces aspects face au feu d'artifice déployé à l'écran à chaque fois qu'un personnage se tire une balle dans la tête.

L'histoire exploite une idée originale, celle d'une heure supplémentaire "cachée" dans chaque journée, et qui existe pile à minuit. Voilà le merdier provoqué par le passage de l'heure d'été à l'heure d'hiver... sauf que là, c'est toutes les nuits. Durant cette heure, tous les gens normaux apparaissent sous forme de cercueils, tandis que quelques élus disposant de pouvoirs peuvent vagabonder. De plus, une immense tour appelée Tartare se dresse en lieu et place du lycée, et ne demande qu'à être explorée. Il faut dire que de nombreuses entités maléfiques, appelées ombres, s'y trouvent et doivent être éradiquées pour le bien de la population.

Notre personnage, nommé par nos soins, se retrouve ainsi à parcourir Tartare la nuit, accompagné de ses camarades de classe, car bien évidemment tous sont des lycéens vivant une vie on ne peut plus normale le jour. Ils doivent résoudre les mystères qui se cachent derrière cette invraisemblable bâtisse, en comprendre les origines, tandis que la progression est rythmée par les cycles de la lune, avec des évènements clefs à intervalles réguliers. De nombreux personnages rejoignent le groupe et permettent de varier les équipes, tandis les révélations sont faites pour garder le joueur captivé, mais nous éviterons tout spoiler pour ceux n'ayant pas joué au jeu d'origine.

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Et si tu allais te coucher ? T'es sûr que tu veux pas te coucher ? Tu as l'air fatigué. Va donc te coucher. OK C'EST BON J'Y VAIS.
 

Persona 3 déroule la formule linéaire de la série, avec un retour aux donjons aléatoires (contrairement à Persona 5) dans sa partie exploration. Les ennemis sont visibles et les combats se déclenchent avec un bon coup d'épée dans leur tronche. Le déroulement est ensuite on ne peut plus classique, avec les éternels sorts Agi, Bufu, Zio etc... pour tenter de toucher les faiblesses des ennemis. A chaque réussite, une nouvelle action devient possible (on peut alors changer de personnage instantanément, comme dans Persona 5), et lorsque tous les ennemis sont sonnés, il est possible de déclencher une grosse attaque de groupe, qui bien souvent achèvera l'ensemble des adversaires. Cette formule sera répétée ad-nauseam dans des centaines de combats, avec peu de variations il faut le dire. De temps en temps un ennemi sera plus fort, et il ne sera pas forcément judicieux de faire la grosse attaque, mais les choix stratégiques restent limités. Cela dit, on est dans la bonne moyenne de la proposition des J-RPG, où l'intérêt n'est pas que chaque combat soit un défi.

En complément, il sera intéressant d'utiliser des buffs et effets anormaux dans certaines situations. Les personnages obtiennent également des super attaques appelées Théurgie, associée à une jauge. Le héros disposera aussi d'attaques (parfois comiques) en fonction des Personas débloqués. Ces attaques sont une nouveauté pour Persona 3, qui s'inspire une fois encore de Persona 5. Une alliée dédiée à la navigation sera également disponible avec quelques sorts de soutien, dont l'analyse des faiblesses des ennemis.

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Du côté des donjons, attendez vous à parcourir des centaines d'étages relativement petits. Ils sont générés aléatoirement avec des structures extrêmement basiques (en gros des carrés) et répétitives, sans aucune verticalité. Un level-design sommaire qui nous ramène aux consoles 8/16 bits. Les environnements ne sont pas spécialement excitants non plus. Le même thème est étalé sur des dizaines d'étages, ce qui contribue à installer une certaine monotonie. Cependant, cette formule a tout de même eu ma préférence en comparaison des donjons de Persona 5, durant lesquels on était bien trop souvent stoppé par d'interminables explications.

Finalement, on se retrouve confronté à des épreuves d'endurance où le facteur limitant est la réserve de magie des personnages. Les combats récurrents remplissent leur rôle (ni plus ni moins) et les étages sont répétitifs, mais la sensation de gérer une excursion de longue haleine est présente sans que le joueur ne soit particulièrement interrompu dans sa progression, et c'est un point important à mes yeux. On n'échappe tout de même pas aux commentaires incessants des alliés pour nous rassurer dans nos choix et nous dire ce qu'on devrait faire, comme si on avait un pote à côté de nous qui passait sa vie à nous dire "Tu soignes pas ton perso ? Tu vas pas prendre le coffre ? Bien joué l'attaque de feu, tu fais pas la grosse attaque du coup ?" etc... Persona est une série pour le grand public, qui se veut être accessible avant tout, ne l'oublions pas.

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Quelques mots également sur les monstres, que je n'ai malheureusement pas trouvés très inspirés dans l'ensemble. Persona 3 nous confronte à des ombres, aussi les ennemis ont tous des designs sombres, souvent avec un masque, et manquent franchement de variété. On n'affronte pas des Personas comme c'est le cas dans Shin Megami Tensei, par exemple. Les boss en revanche m'ont paru corrects et suffisamment variés. Les Personas, utilisés par le héros et ses alliés, ont quant à eux des designs réussis, mais je serai curieux de les comparer à ceux de SMT V, car dans mon souvenir ils étaient plus beaux dans ce dernier (malgré la résolution très faible sur Switch). Le style est ici un peu plus cartoon, ce qui explique sûrement cette impression.


Ça a l'air pénible (choix de réponse fréquent pour le personnage principal)
 

La seconde moitié du jeu tourne autour du simulateur de vie et toutes les relations des personnages, et a visiblement été largement enrichie pour cette ressortie. En journée et en soirée, il sera possible de passer du temps avec tout un ensemble de PNJs, afin d'en apprendre plus sur leur histoire, et au passage faire monter son affinité avec l'un des arcanes du Tarot, ce qui a des effets sur la fusion de Personas. Comme toujours dans la série, les histoires sont variées, parfois touchantes et il y aura forcément quelqu'un qui vous marquera. Il y a en bien une ou deux franchement médiocres dans le lot, mais on les passe rapidement. Le couple de petits vieux est attachant (ils font partie des tous premiers liens sociaux que l'on peut créer), et d'autres, aux personnalités plus incisives et surprenantes, deviennent également disponibles plus tard et sont aussi intéressants tout en offrant leur vision souvent décalée du monde et de leur rapport aux autres. Il sera bien sûr possible de mener des activités avec les membres de l'équipe, bien que les développements intéressants arrivent plus tardivement. En dehors des affinités avec les personnages, d'autres activités sont disponibles et permettent de récupérer de l'argent ou encore de monter ses statistiques sociales (Charme, Courage et Savoir). Il y en a trois et cela m'a paru bien suffisant, soit dit en passant.

Un autre aspect important est la fusion de Personas, disponible dans la chambre de velours. Au cours de l'exploration de Tartare, des Personas peuvent être obtenus via des cartes en fin de combat (pas de négociation, ouf!), et ils pourront ensuite être utilisés ou bien fusionnés pour en créer de plus puissants. Il est important d'en garder une bonne variété, avec des niveaux proches de celui du héros. Elizabeth, qui un personnage lié à la chambre de velours, propose également des quêtes secondaires. Gérer l'équipement est aussi important, et là encore le jeu offre diverses options, entre le magasin tenu par le flic du quartier, les objets à trouver dans Tartare ou encore de la forge plus tard dans le jeu. Compenser les faiblesses des Personas sera évidemment la chose la plus logique au moment de choisir quoi équiper.

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Isn't it exciting ?
 

Du côté de la réalisation, Persona 3 Reload fait un sans faute. Le jeu est superbe (Series X), avec des visuels fins et une fluidité impeccable, de loin le Persona le plus beau sorti à ce jour. J'ai dû noter deux demi-secondes de saccades sur l'ensemble du jeu : c'est impeccable techniquement. Le jeu débute d'ailleurs sur une introduction très agréable et moins tape à l'œil que Persona 5. J'ai trouvé sa sobriété de bon goût, mais chacun aura ses préférences. Et d'ailleurs, c'est un peu le constat que je fais sur toute l'interface, qui donne moins l'impression de vouloir sortir de la télé pour essayer de nous tuer. C'est toujours dynamique, évidemment, mais c'est bien plus lisible et moins envahissant. Le texte est également de bonne taille, et facile à lire depuis le canapé ! C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup.

En plus de cela, les développeurs ont pensé à ajouter quelques features de qualité de vie. Tout d'abord la possibilité d'accélérer les textes, ce qui permet de passer rapidement les scènes. Idem des combats, cela permet d'enchaîner des attaques sans interruption. Cependant, l'accélération n'est pas si importante que cela en combat, et je trouve dommage de ne pas pouvoir carrément couper les sorts et l'attaque de groupe. On doit les regarder des centaines de fois, ça devient rapidement saoulant. Une autre fonctionnalité est le retour arrière : le jeu garde pour nous un historique des 5 dernières sauvegardes, ce qui peut être utile occasionnellement si on veut changer une réponse à une question, par exemple. Plus besoin de jongler entre deux slots de sauvegarde. Bien vu.

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La bande-son a également été remasterisée, avec notamment l'ajout de paroles sur certains thèmes. On est dans la formule très classique de Persona, avec des morceaux plein d'énergie et très agréables à écouter... un moment. Le gros problème des chansons, c'est qu'elles finissent par taper sur le système, et c'est encore plus vrai pour la première minute du thème des combats. Finalement mon morceau préféré est celui du soir, lorsque l'on se balade dans la ville. Et pour cause, les paroles sont nettement en retrait. Les chansons c'est bien, mais sur des morceaux qui recommencent souvent et sont coupés rapidement, c'est certainement à bannir ! Ou alors, il faut proposer une version sans paroles également et laisser le choix au joueur. Nul doute que l'OST sera très agréable à écouter durant le travail ou les révisions pour les plus jeunes d'entre nous.

Enfin quelques mots sur la durée de vie, qui est conséquente et s'approche de ce que j'ai connu sur Persona 4, à savoir 60 heures de jeu pour en voir le bout en allant plutôt vite, et donc bien plus pour ceux qui n'ont pas un test à rendre ;) La difficulté quant à elle peut être réglée, sachant que j'avais démarré en difficile pour finalement revenir en normal, la principale raison étant que les ennemis tapaient un peu plus fort, et surtout ils étaient davantage des sacs à PVs. Donc pas vraiment plus difficile, mais juste plus pénible. Je n'ai pas eu l'impression en tout cas que l'équilibrage était altéré, par exemple en changeant les faiblesses des ennemis etc... Mais je n'ai pas fait le jeu entièrement dans ces deux difficultés, et il y a encore un cran au-dessus, donc j'ai pu louper des choses : faites vous votre propre idée en démarrant en Difficile si vous avez de l'expérience dans les RPGs et du temps devant vous. D'autres ajouts ont également été faits, notamment quelques défis secondaires que l'on peut laisser de côté si on le souhaite, pour revenir plus tard, et qui pour le coup proposent les seuls combats offrant un réel challenge. Je ne ferai par contre pas de comparaison élaborée avec Persona 3 FES ou Portable, dont je connais l'existence, mais que je n'ai pas pratiqués. Je peux par contre dire qu'il n'y a pas de personnage principal féminin, on est obligé de jouer un homme. Ces anciens jeux conservent donc sans aucun doute un intérêt auprès de quelques puristes à n'en pas douter.

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Les fans de Persona réclamaient un remake digne de ce nom pour le troisième épisode, et Atlus ne se sont pas moqués. Persona 3 Reload est un titre soigné à tous les niveaux. La réalisation est excellente et la maîtrise de l'Unreal Engine totale. Du côté du game-design, le parti-pris a été de coller au titre d'origine avec des ajouts, ce qui veut dire que la partie donjon est un peu monotone et répétitive, mais elle a le bon côté de proposer des sensations relativement old-school de marathon, sans constamment nous interrompre avec des évènements et explications intrusives. L'aspect social semble avoir été largement développé pour se rapprocher des standards connus, ce qui garantit aux amateurs de cette partie-là des heures de plaisir. En résumé, Persona 3 Reload est un très bon remake que tout amateur de RPG se doit d'essayer.
 

Verdict

8

Points forts

  • Réalisation superbe
  • Interface agréable
  • Contenu plus rationalisé par rapport à Persona 5
  • Beaucoup de features de qualité de vie

Points faibles

  • Donjon monotone
  • Design des ennemis peu varié
  • On ne peut pas couper les animations des sorts
  • Trop de features de qualité de vie ?

Commentaires

 

Archives commentaires

Merci pour ton test !
Je suis un peu deg d'avoir fait P3P l'an dernier car vu le peu d'intérêt du protag féminin, j'aurais préféré profiter des amélioration de ce superbe remake !
cireza, 01 fév 2024 - 11:28
Atlus sont un peu les champions à ce niveau, mauvais timing, ressorties et DLCs. Mais bon, c'est aussi pour ça qu'on les aime (?)
Il y a eu du chemin de fait avec les sorties mondiales synchronisées et des traductions dans plus de langues, mine de rien.