Test : Night Trap (Mega-CD)
Si, sur PC Engine, le support CD avait plutôt servi à réaliser des séquences animées, ce n’est pas tout à fait le cas sur Mega-CD. Certes, certains jeux en ont aussi bénéficié (on pense par exemple à Lunar, au hasard), mais c’est carrément un nouveau genre qui s’est épanoui sur la machine de SEGA : le film - vaguement - interactif. Et Night Trap en est, sinon l’ambassadeur, du moins son représentant le plus caractéristique.
Night Trap a initialement été développé (ou filmé ? les deux ?) pour la Control-Vision, une console de Hasbro et Axlon, une société de Nolan Bushnell, basée sur la Colecovision mais qui devait utiliser un lecteur VHS. Lors de l’abandon du projet, Tom Zito, un programmeur d’Axlon, a racheté les droits des jeux prévus pour la machine (dont Sewer Shark), et a fondé la société Digital Pictures dans le but de porter ces titres sur le futur CD-Rom de la Super Nintendo. Lorsque ce projet aussi est tombé à l’eau - décidément, les deux titres ont atterri sur Mega-CD.
Night Trap est donc un film interactif, intégralement en prises de vue réelles. Le pitch : un groupe d’adolescentes sont invitées par les enfants Martin pour une pyjama party dans le domaine de leurs parents. Ce qu’elles ne savent pas, c’est qu’un autre groupe de jeunes filles, qui avaient aussi passé la nuit chez les Martin, a précédemment disparu sans laisser de traces. Le S.C.A.T. (Sega Control Attack Team) a pris le contrôle du système de vidéosurveillance et de pièges de la maison, a infiltré un agent dans le groupe de filles, et c’est à vous de protéger ces innocentes du funeste sort qui les attend.
On se rend en effet compte très vite que la maison est infestée d’Augers, des vampires encagoulés, dont l’objectif est de capturer les ados pour les vider de leur sang. Il faut donc en capturer un maximum et sauver tout ce petit monde.
Et quand je dis un maximum, c’est vraiment UN MAXIMUM, puisqu’au total c’est pas loin de 100 ennemis qui vont déambuler dans la baraque, ce qui fait beaucoup même pour une maison de campagne. Le gameplay consiste à se déplacer de pièce en pièce via les caméras, et à déclencher les pièges au bon moment (indiqué par une jauge) pour les capturer. Si on échoue à en neutraliser suffisamment à différents moments clé, ou à sauver les personnages principaux, c’est le Game Over.
Oh non, derrière toi, c'est affreux !
La difficulté du jeu réside dans le fait que plusieurs actions peuvent se dérouler à plusieurs endroits au même moment. Un petit son nous indique que quelque chose se passe, quelque part, mais c’est tout : on doit donc faire le tour des caméras pour débusquer les Augers, tout en étant présent au bon moment pour prendre connaissance des changements de code : en effet, le fonctionnement des pièges est conditionné au bon réglage du code couleur de sécurité, et les méchants de l’histoire les changent de temps en temps.
La difficulté est très élevée : une partie complète dure un peu moins de 30 minutes, et si vous savez faire une division, vous avez déjà estimé qu’en moyenne cela fait un Auger à capturer toutes les 20 secondes (même si parfois ils se déplacent en groupe de deux ou trois). On doit sans cesse zapper pour être au bon endroit au bon moment, et parfois, même en sachant où aller, tout se joue à la seconde près. Pour réussir à terminer le jeu, il faut très clairement l’apprendre par cœur, ou prendre des notes pour savoir où se trouver à chaque instant. Le rythme est tellement intense qu’on n’a absolument pas le temps de profiter de l’intrigue.
Et c’est bien dommage, car les moyens sont là : il y a au total une heure de métrage, avec une production value correcte. Les 1,5 millions de dollars permettent d’atteindre la qualité d’une sitcom un peu haut de gamme des années 90, ce qui est toujours mieux que la majorité de la concurrence. Cela dit, le budget n’est clairement pas passé dans le casting, qui au mieux fait son taf (Dana Plato, notamment, a l’air assez investie), et au pire cabotine à mort. On ne va pas se le cacher : avec ses méchants qui se déplacent comme des canards atteints d’hémorroïdes, ses chausses-trappes à la Home Alone, et ses adolescentes qui jouent comme des patates, Night Trap a un côté nanar très réjouissant, sublimé par une VF formidable.
Je serais quand même bien plus à l'aise avec le code violet !
C’est bien simple, tous les comédiens de doublage jouent mal, mais chacun à sa façon : on a de l’accent britannique superflu, de l’imitation d’Eddy Murphy, des méchants qui ont l’air de réciter le bottin téléphonique…C’est vraiment drôle, et l’existence de cette VF justifie à elle seule de préférer cette version à celle pour Mega-CD 32X, plus jolie mais moins rigolote. Surtout que le manque de couleurs et la fenêtre réduite ne sont pas si désagréables que ça.
Mais voila, pour voir tout ça, il faut accepter de perdre, et c’est le gros problème de Night Trap. Même avec une soluce sous les yeux, c’est très, très difficile de choper tous les Augers, et c’est au prix de ce qui fait tout le charme du jeu, à cause du rythme trop soutenu des captures. Et je ne parle pas de sa soi-disant immoralité, qui avait fait débat à sa sortie : le jeu n’est pas du tout violent, et son érotisme torride se limite à deux-trois soutien-gorge et une jeune femme en nuisette. Ça va.
Night Trap offre une proposition intéressante, qui aurait pu aboutir à un jeu correct avec une difficulté un peu mieux réglée, et une durée plus conséquente. Si vous êtes du genre à noter tous les jours le montant de la valise RTL dans un petit carnet, vous pouvez y trouver votre compte, sinon, autant aller voir une compilation des séquences vidéo sur le net.
Comment jouer à Night Trap aujourd’hui ?
La version Mega-CD n’est jamais ressortie telle quelle. Pour y jouer aujourd’hui, il faut acheter Night Trap 25th Anniversary sur PS4 ou Switch, qui offre la VF originale, une qualité d’image optimale (le film avait été tourné en 35mm à l’époque), ainsi que divers modes originaux et bonus. Attention : la VF n’est pas disponible dans la version Steam.
Verdict
Points forts
- Concept sympa
- Budget et production value corrects
- Le côté nanar
- La VF, impayable
Points faibles
- Ce n’est que du par coeur
- Difficulté trop élevée
- Presque pas de replay value
Commentaires
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Je dois avoir la version japonaise, je me demande si son doublage est aussi en japonais, faudra que j'y jette un œil ;)
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Je l'avais ensuite racheter sur 3DO qui disposait de la version '"ultime". Toute une époque. Nostalgie quand tu nous tiens.
Merci pour ce bon souvenir
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