Test : Landstalker (Mega Drive)
Landstalker, j'en vois certains venir, je peux les sentir à 10 kilomètres les sceptiques. Comment ça, tester Landstalker ? Qu'est-ce qu'on va encore nous raconter ? "Que c'est le meilleur jeu de la MD ?"
Oui mais non, bien que l'on ai tendance à l'aduler même 13 ans plus tard, Landstalker c'est un titre où une partie des joueurs n'ont pas tout compris. Je prends juste pour exemple la fin du titre, si on a tout suivi pendant le jeu, elle est tout à fait logique.
Attention faut tamiser les lumières, coupe le portable, si t'as un percing qui rouille enlève le, balance ta montre, tu pars pour l'aventure !
T'es Ryle de Mapple et t'es un chasseur de trésors qui s'équipe avec une épée large, un plastron et une paire de bottes, même pas peur !
Bien que cela ne soit pas dit de façon assez explicite, TU es Ryle.
Bien que tu aies l'habitude de jouer, de t'identifier au héros, souvent viril, musclé ? Un pain et ton ennemi repart, toi tu n'as même pas mal aux doigts. - Intelligent ? tu arrives toujours à temps avant que la bombe à retardement branchée sur le magnétoscope ne pète -.
Bref, t'as l'habitude d'être 'quelqu'un', mais dont le travail est généralement mâché par un balisage excessif de la part des développeurs. 'Attention le canapé de la maison ne peut pas dégager, même avec un tir de roquette', bref t'as l'habitude d'être un 'héros' de supérette finalement.
Mais avec Landstalker tu peux être rassuré, t'es un vrai héros ! Quand t'es perdu, que le labyrinthe ne donne pas d'indications sur le chemin à suivre, et bien tu te démerdes !
Ryle est un chasseur de trésors, cela fait toujours sourire au premier abord. Un chasseur de trésors est souvent sympa -en temps normal-, il va aider la veuve et l'orphelin, bref c'est le héros 'que c'est top d'être son copain'.
Malheureusement, derrière ses petits pixels tout souriants, Ryle est un chasseur, un vrai. Son seul plaisir c'est l'argent et le sexe (dans la version jap'), rien d'autre ! Pour preuve, Nintendo venait de sortir son Zelda sur SNES dont le but de la quête était de re-sauver la princesse Zelda (entre autres).
Ici les gars de chez Climax se moquent gentiment de leur pomme en introduisant une belle princesse, un rien neuneu et Ryle en à strictement rien à foutre ! Lorsqu'elle se fait enlever on a droit à un 'ouh ouh, mon prince, c'est maintenant qu'il faut venir me sauver'.
Ryle imperturbable pense plutôt à la perte de ses joyaux. Cela ne va pas en s'arrangeant, lorsque le moment -pas si attendu que ça- de délivrer la princesse arrive, celle-ci nous étale tous ses bons sentiments pré-formatés qu'une captive doit avoir envers son sauveur et Ryle en a encore strictement rien à faire.
Friday rappellera à Laura (la princesse) qu'ils ne l'ont pas libérée par envie, mais plutôt par hasard. Culte !
Friday, c'est une petite succube en version Jap qui devient une fée chez nous et occupe le rôle de son assistante personnelle (c'était ça avant les PDA). Elle a pour tâche principale d'administrer de l'eke eke à Ryle quand celui-ci récupère trop de marrons de la part des ennemis.
Mais la partie se termine aussi sec une fois que le sac crie famine, retour à l'écran titre et on repart depuis la dernière sauvegarde.
Le jeu s'ouvre sur une introduction relativement longue, tel un bon film qui prend ses aises pour poser ses divers protagonistes.
Les deux personnages principaux se rencontrent dans les 5 premières minutes, et décident de partir à l'aventure au bout de 2 minutes et 25 secondes de vie commune. De là s'enclenche une séquence aérienne un peu longuette.
Il faut savoir que le système employé (le RDD500) ne permet en rien des combats aériens (aucun ennemi volatile dans ce soft) donc à juste titre, le voyage vers Mercator est le seul moment où vous planerez à 10.000 d'altitude.
Tout feu tout flamme
L'aventure commence bien, Friday me signal que 'selon la légende les trésors auraient'. Tu veux me dire que t'es même pas sûr de ton coup et qu'on a pris le premier aigle express pour échouer dans le trou du cul du monde ? Ryle est donc de bonne humeur, la première grotte se traverse vite et surtout, chose peu fréquente, vous voyez lors de votre escapade en radeau un morceau d'un des derniers niveaux.
Le tout est trop bref, le courant s'accélère 'y'a donc des chutes au bout, pourvu qu'elles ne soient pas trop hautes'. Effectivement la chute a fait mal, le jeu commence donc dans un lit avec un Ryle inconscient.
Le fameux lit qu'on retrouve dans de nombreux titres, à croire qu'il y'a une tradition à respecter impérativement sous peine de réaliser un mauvais score au niveau des ventes, bref.
Tout au long de l'aventure le côté social du héros ne va cesser de ressortir. Obligé de dialoguer avec un bon nombre de personnes pour faire avancer l'intrigue, les sous-quêtes vont s'accumuler comme les caries chez certains. On se sent donc obligé d'accomplir les diverses missions, tout d'abord pour la carotte qu'il y a au bout qu'on ne connaît jamais à l'avance et surtout pour le plaisir d'être un héros, un vrai.
Bien que Ryle affiche en permanence un sourire gravé au burin sur sa face, il ne faut pas oublier que l'aspect visuel ne fait pas tout.
La psychologie du personnage est bien plus développée que la majorité des titres et au fil de l'aventure on découvre un personnage froid,
sans trop de sentiments et principalement motivé par son enchérissement personnel.
Ryle c'est souvent ça :
Ryle vient de construire un radeau de fortune
Friday : 'On y va Ryle ?'
Ryle : 'Je ne sais pas, demande au radeau'.
Après une chute impressionnante d'une cascade
Friday : 'C'était génial, mais terrifiant'
Ryle : 'Je t'envie' => traduction : 'J'suis trop blasé pour avoir un frisson avec 'ça'' ?
On n'oublie pas le célèbre Duc de Mercator, grand prince de son état. Il manie aussi bien son épée que les remarques acerbes, un personnage brut de décoffrage !
Il a une vraie personnalité, en fout plein la tronche à Ryle, le tout jusqu'à son dernier souffle ! Cela change des générations de méchants gnan gnan qui veulent simplement diriger le monde sans avoir de vraie personnalité dans le froc.
Le dernier dialogue du Duc est disponible à la fin du test pour ceux qui s'en foutent de se spoiler la face.
Au fil de vos rencontres, vous recadrerez l'importance que vous avez donné aux divers personnages que vous avez rencontré.
Pour un jeu 16 bits, Landstalker propose une psychologie forte intéressante pour les divers protagonistes que vous allez croiser.
Généralement on retrouve des interactions qui font sourire. Quand une citadine de Mercator sifflote l'air du village de Massan car son fils lui a mit en tête.
On voit bien que l'île n'est pas divisée en clans mais les uns et les autres se préoccupent du sors de son voisin (le village de Verla pour Destel) et reconnaissent volontiers leurs erreurs (le village de Massan et Gummi). Un monde parfait me direz-vous, non sûrement un monde sans bêtise.
Chacun va au delà de ses préjugés et ceux qui s'entêtent dans leur folie le paie cher un jour ou l'autre (Un Duc bien cuit pour la 7 !).
Bien terre à terre
Landstalker dispose d'un truc unique, le DDS 520. Cette technologie permet de représenter des environnements en fausse 3D et cela permet surtout une construction des niveaux très 'costaud'. Jouant sur les trompes l'Oeil, les passages de plate-forme sont généralement traîtres, ajoutons à cela les escaliers invisibles (cachés derrière le décor) et vous avez les deux éléments les plus énervants du titre.
Bien que Ryle ne puisse que sauter, porter des objets, sauter sur des interrupteurs, monter aux échelles et donner des coups d'épée -le CV classique de tout héros qui se respecte-, Ryle et par la même occasion nous-même, avons la chance d'avoir eu les p'tits gars de chez Climax comme géniteurs pour ce titre. En effet, les énigmes sont vastes et la façon de les résoudre n'est jamais deux fois la même. On va prendre pour exemple la crypte de Mercator qui a dû en surprendre plus d'un et c'est ainsi tout le long du jeu.
On va de surprise en surprise et on ne peut vraiment pas prédire le prochain traquenard, c'est ça la force d'un jeu mythique : savoir sans cesse surprendre le joueur sans jamais se répéter.
Que d'eau !
Mais revenons à des choses plus simples, par exemple Ryle aime sentir l'odeur du monstre fraîchement abattu dès le petit matin. Disposant d'une réserve de coeurs qui s'épuisent au fur et à mesure des coups, vous pourrez vous restaurer en prenant du Dahl (la boisson locale) ou en dormant dans une auberge.
Le prix variant selon les établissements. Bien sûr un des plaisirs sera de trouver les diverses réserves de c?urs dissimulées tout au long de l'aventure. Certaines sont relativement simples à trouver, d'autres demandent un peu d'escalades, d'autres sont cachées dans le décor et enfin il sera possible d'en acheter dans divers commerces.
Votre force de frappe dépend directement de vos points de vie, les bons aventuriers qui prennent le temps de bien tout fouiller auront un net avantage vis à vis des adeptes du 'tout droit'.
C'est donc toujours un plaisir de faire progresser Ryle. On ajoute à ceci une quête perpétuelle pour trouver une meilleure épée (magique, foudre, glace et Gaia en gros ce sont les quatre élements).
Un blastron toujours plus résistant, des paires de bottes aux pouvoirs variées (soins, garde flamme, marcher sur les piques, marcher sur la glace) et enfin que serait un bon aventurier sans ses anneaux magiques ? Landstalker propose un challenge de tous les instants et une fois la nouvelle épée acquise on a hâte de trouver la suivante.
Petit reproche, entre le second blastron
et le suivant le temps de jeu est vraiment important tandis qu'on trouve un peu trop d'éléments sur la fin du titre.
Au niveau des trucs inutiles mais bien sympathiques il y a le casino, un dojo avec un maître d'armes, le village de Friday et divers objets dont on cherche encore le sens aujourd'hui. 'Légèrement' censuré vis à vis de la version Jap', les bonus que nous récupérons dans notre version Fr ont parfois aucune utilité vu qu'ils remplacent des objets jugés un peu trop 'osés'.
Ces bonus participent pourtant à l'ambiance mature (et non perverse) que dégage le titre, dommage qu'ils aient sauté pour notre version.
Mais tout cela vous sera expliqué en temps et en heure quand Ptitcerf de Guardiana ouvrira son mini-site dédié à Landstalker !
Un jeu électrique
Bien que je l'avais fait lors de sa sortie en 1993 -avec un jeu comme ça tu passes le meilleur des Noël-, pour ce test il m'a fallu environ 12H pour en re-voir le bout.
L'aventure principale est riche en rebondissements et il n'est pas rare de rester bloqué sur des conneries car nous n'avons pas été habitués à être lâchés ainsi dans la nature. Les seules indications que l'on a c'est généralement des pancartes qui indiquent la direction de la prochaine ville.
Mais une fois dans les labyrinthes il ne faudra compter que sur soi-même.
La difficulté de certains niveaux repose parfois sur une énigme, un passage, le genre de truc où une simple observation est parfois nécessaire pour se débloquer. Mais quand on tourne en rond rien n'est normal, on cherche dans la mauvaise direction, personne pour dire que ce n'est pas le bon sens, c'est l'aventure !
Un des passages des plus frustrants quand on ne le fait pas correctement du premier coup reste le labyrinthe vert.
Non seulement c'est galère pour trouver la sortie mais une fois arrivé au bout vous risquez de devoir tout recommencer si vous avez oublié de faire un p'tit truc. :D
Les développeurs sont tout de même de vrais sadiques mais rien d'insurmontable dans l'ensemble. Il faut prendre l'habitude de jouer avec les diagonales et non les directions mais comme vous jouez tous avec votre console vous ne serez pas ennuyés avec l'émulation.
Tandis que certains se bloquent sur un gameplay pas forcément évident au premier abord, refuser cet effort d'adaptation vous fera passer à côté d'un des plus grands jeux, un Zelda ne peut prétendre à un tel univers ou à une psychologie des personnages aussi développée.
Pour preuve, Nintendo est venu démarcher les gars de chez Climax pour faire un clone de landstalker sur SNES : Ladystalker, un jeu bien moyen vu que l'envie n'était sûrement plus là.
Enfin, mettre une note à ce titre ne serait pas vraiment objectif. Bien que techniquement irréprochable on pourra lui reprocher une traduction assez lamentable (fautes de frappes, non sens) ainsi que des passages de plate-formes assez chauds.
Mais vivre une aventure comme ça n'a pas de prix. Pour toutes les qualités citées plus haut et surtout pour tous les futurs bons moments que vous vivrez en leurs compagnie, Ryle et Friday vous attendent dans la brocante la plus proche ou sinon juste ici.
Landstalker à 100 à l'heure
Bien que la puissance de nos consoles 'next gen' remplace le travail d'imagination que devait fournir le joueur à l'époque.
Landstalker n'a pas perdu de sa superbe, même 13 ans plus tard il n'est pas difficile d'imaginer parfaitement les lieux traversés.
La représentation graphique adoptée offre un vraie dépaysement vis à vis de ce que nous connaissons et favorise le travail d'imagination. Le tout est sublimé par une musique qui continue à cavaler dans nos têtes une fois la console hors tension. Pas la peine de vous sortir tous les superlatifs qui peuvent me venir à l'esprit pour vous expliquer l'ambiance qui règne dans ce titre.
Le mieux c'est encore d'insérer la cartouche dans votre console et de vous laissez porter.
Une fois le jeu terminé, pourquoi Ryle ne serait pas resté sur l'île de Mercator pour y couler des jours paisibles ? Dans cette optique, on peut s'imaginer tranquillement allongé contre un arbre, le vent balayant ton visage. Le regard perdu au loin, on distingue la tour de Mir derrière les arbres, en contre bas le village de Verla qui est entouré par une forêt luxuriante.
Les cheminées fument, les habitants sont paisibles, l'épée de Gaia encore fumante est plantée dans le sol à côté de toi.
Friday ne virevolte plus et se repose sur une branche. à ta droite le soleil se couche sur une mer d'huile, les derniers rayons déchirent l'horizon.
Le calme est ton conseiller, l'air pur ta boisson de tous les instants, tes yeux se ferment, le vent te murmure tes prochaines aventures, sourire au lèvre, tu plonges dans tes rêves.
Verdict
Points forts
- Une aventure mythique.
Points faibles
- Certains passages de plateforme.
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