Test : Kindaichi shōnen no jikenbo (Saturn)

Aujourd'hui on va de nouveau se pencher sur un titre exclusif au Japon avec Kindaichi shōnen no jikenbo que vous connaissez peut-être mieux sous le nom Les Enquêtes de Kindaichi.

Ce lycéen un peu pervers sur les bords tente de résoudre divers crimes depuis 1992 et a, comme le titre français le laisse entendre, eu le droit à une adaptation dans la langue de Molière.
Malheureusement, la publication a prématurément pris fin au volume 22 pour le manga, quant à la série TV, seule une partie des épisodes a été doublée.
Nul doute que bon nombre d'entre vous ont donc déjà entendu au minimum le nom de ce personnage sans peut-être ni l'avoir lu ni vu, comme c’était mon cas il y a encore peu (ce jeu m'a d'ailleurs donné envie de m'y plonger, premier bon point).

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Le jeu dont tu n'es pas le héros


Habituellement dans ce type de soft, on incarne le plus souvent, et en toute logique, le personnage principal, et devinez ? Ce n'est pas le cas ici !
Alors je tiens à préciser que j'ai toujours pour volonté de ne dévoiler que le strict minimum niveau histoire, mais cette fois-ci, je suis un peu dans l'obligation de rentrer dans les détails.

Si vous n’êtes pas japonisant et que vous n'avez pas l'intention d'y jouer, ce n'est pas un souci mais si c'est le cas, je vais un peu spoiler, donc attention.
Le jeu se sépare en deux scénarios bien distincts qu'on peut choisir en toute liberté, voire faire en parallèle sans restriction, et dont les histoires sont totalement liées comme vous allez le voir plus tard.

On peut incarner soit une jeune star, Nao Katsuragi, soit un jeune homme sur le point de se marier, Takuya Asagiri.
Du coup Kindaichi ? Bah c'est notre principal adversaire !

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Une carrière réduite en poussière


La jeune Nao Katagiri (doublée par Megumi Ogata qui fait Shinji d'Evangelion) est une jeune idole qui truste les charts japonais.
Elle est très populaire et forcément sous la menace du moindre faux pas qui pourrait déclencher un énorme scandale.

Attention je spoile le début du scenario de Nao :
Alors qu'elle dort à poings fermés après une interminable journée de travail, un jeune homme sonne à sa porte en pleine nuit.
Il se présente à l'interphone comme étant le fils du patron de l'agence de Nao, et effectivement, en jetant un œil par le judas ça semble bien être lui.

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La raison de sa venue n'est autre qu'un ordre du boss et il insiste pour que la jeune fille lui ouvre.
Malgré ses doutes, elle s’exécute, et à peine a-t-elle mis les pieds dehors qu'un énorme flash l’éblouit. Le jeune homme, vu de près, n'est rien d'autre qu'un usurpateur, il s'enfuit, et des pneus qui crient lui font vite comprendre que cette histoire ne sent pas bon.

Forcément inquiète mais fataliste, elle finit par se recoucher, mais le coup de téléphone de son boss furieux le lendemain matin lui fait comprendre qu'elle est bel et bien tombée dans un piège.
Nao fait la une de la presse à scandale (quelle surprise), l'obligeant à s’éloigner de la scène dans un premier temps.
Mais cette affaire, bien qu'un vulgaire traquenard, va être pour elle un billet direct pour les enfers.
Son entourage en souffre beaucoup, son adorable manager va craquer sous la pression et se suicider !

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Cette mort s'ajoute à celle du (vrai) fils du patron, survenue dans des conditions obscures.
Autant dire que sa vie de rêve a tourné au cauchemar, mais Nao est plus forte qu'on ne pourrait le croire.
Elle décide de faire face à cette adversité lorsqu'elle tombe par hasard sur une discussion d'un inspecteur dévoilant le nom des instigateurs du piège.

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C'est à ce moment qu’elle va prendre une décision sans retour en arrière possible : tout faire pour trouver les responsables et … les assassiner !
Elle apprend que ses cibles seront réunies sur une île isolée pour la présentation d'un complexe touristique, lieu idéal pour mettre son plan à exécution.

Dans l'autre scénario, dont je ne dévoile rien, Takuya Asagiri n'est autre que le fiancé de la manager de Nao, autant dire qu'il en a gros sur la patate et compte bien se venger lui aussi.
Bref, une approche différente en fonction du personnage particulièrement intéressante.
Fin du spoil.
 

Les crimes parfaits


Dans ce soft d'aventure principalement sous forme de visual novel intégralement et longuement doublé (sauf le personnage que nous incarnons qui reste sans voix), notre mission consistera à commettre des meurtres sans se faire prendre.
Oui ce n'est pas fréquent comme approche, et je suis complètement fan pour tout vous dire.
Notre but sera de trouver les moments et les techniques les plus propices afin d'accomplir notre vengeance en faisant des choix dans nos réponses et nos actions.

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Et on est loin d’être sur une voie unique, on peut vraiment accomplir les choses de différentes manières, la replay value apprécie énormément.
Mais cela entraîne aussi énormément de game over... sauf que ce n'est pas totalement un défaut, puisqu'ils font partie du concept !

Beaucoup des chemins empruntés nous conduirons à une fin prématurée. Lors du game over, un des méchants emblématiques de la série nous accueillera en y allant de son petit commentaire pour nous aiguiller sur la raison de notre échec.
Et de ce que j'ai pu constater, il y a au moins 50 tableaux de fin différents.

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Le point faible de ces fins à répétition est de devoir par moments (surtout vers la fin), se retaper un paquet de fois le même passage.
Et comme il n'est pas possible de zapper les dialogues (juste les accélérer), bah refaire 15/20 minutes du même passage cinq fois de suite, c'est pas forcement génial...

Sans vous révéler toutes les nombreuses situations pouvant conduire au game over, je peux au moins citer la plus évidente, celle dans laquelle Kindaichi nous grille.
Et oui, le principal danger est ce jeune détective particulièrement perspicace ! Le moindre faux pas lui fera comprendre que nous sonnes le criminel, et on se retrouve parfois dans une situation de pression importante à se demander si on va se faire choper ou non.

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Mais on peut aussi parfois pester sur des détails scénaristiques discutables pas toujours très logiques qui ne doivent toutefois pas faire oublier que l'ensemble reste suffisamment cohérent pour alimenter notre envie d'aller au bout.

De l'infiltration qui ne se mouille pas


Si dans 98% du jeu notre rôle se limite à simplement faire des choix, à de quelques rares occasions on passe dans un mode action en vue 3D isométrique pas folichon afin d'accomplir une chose précise.
Le plus souvent cela se résume à une phase d'infiltration extrêmement limitée qui se boucle en quelques secondes. Pas de stress niveau gameplay, mais aucun intérêt, bref, c'est totalement anecdotique (bien que cela mène au game over en cas d’échec). C'est dommage de ne pas avoir creusé un peu plus l’idée mais bon.

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Pour revenir au jeu principal, il est fidèle aux dessins d'origines concernant les personnages, je trouve juste dommage d'avoir des décors réalisés en CG et non pas dessinés.
Alors bon, le mariage fonctionne pas trop mal et lui donne un cachet qui lui est propre...

L'ensemble est soutenu par une bande son en parfaite adéquation avec l'ambiance globale et gros coup de cœur pour le générique d'intro chanté qu'on se plaît à réécouter régulièrement avec son magnifique clip en plein écran.
Il faut noter que le jeu a la bonne idée d'utiliser une touche différente pour valider les réponses et accélérer les dialogues, on peut donc appuyer en permanence afin d’aller le plus vite possible sans risquer de valider une mauvaise réponse ! (Oui, ça sent le vécu dans d'autres jeux :p).

Contrairement à la plupart des softs du genre, il n'y a pas moyen de relire les dialogues passés. Alors au début, je considérais cela comme un défaut mais au final, je vois plus cela comme une mise en situation obligeant à faire preuve de vigilance tout du long.
Et pour finir, la durée de vie est très convenable (je pense environ 5 heures par scénario), à laquelle s'ajoute une replay value indéniable finissant de rendre ce Kindaichi vivement recommandable pour les japonisants en tout cas.


Une très bonne surprise avec une approche pas des plus communes, on se surprend parfois à ressentir une grosse pression quant à savoir si nos stratagèmes vont passer crème ou non.
Le système de game over peut toutefois agacer au bout d'un moment (surtout vers la fin des scénarios) et les quelques phases d'actions auraient mérité un plus gros travail.
Mais bon, hormis cela, on passe dans l'ensemble un excellent moment !

Connaissance du japonais : Utile pour (bien) progresser, vivement recommandé pour apprécier

●Compatible cartouche de sauvegarde
●12 blocs pour 6 slots de sauvegarde (3 par scénario)

Verdict

7

Points forts

  • Une approche plutôt originale
  • On ressent la tension
  • L'impact de nos choix
  • Le système de game over...

Points faibles

  • ...qui devient lourd sur la fin
  • Quelques points faibles dans le scénario
  • Des phases d'action oubliables

Commentaires

C'est original comme concept, mais j'imagine qu'il est impossible de vraiment aller au bout du projet et de tuer quelqu'un sans être démasqué non ?
Je spoile donc un peu :

Alors c'est ça le truc bien, il va au bout du truc ! Tu peux assassiner les gens sans te faire choper. Ce n'est pas sans une certaine morale, mais on peut réussir son plan machiavélique !
encore une superbe découverte. Je ne connaissais absolument pas ce jeu. Une sorte de Hitman avant l'heure en quelque sorte (version Novel).
Merci pour ce test ;)