Test : Etrian Odyssey V : Beyond the Myth (Nintendo 3DS)

La série des Etrian Odyssey (EO), débutée sur DS, suit aujourd'hui deux trajectoires parallèles : d'un côté, les remakes avec la série des Untold, de l'autre, la série principale qui continue, et qui arrive à son cinquième volet. Avertissement à ceux qui ont connu la série uniquement à travers les Untold : accrochez-vous à votre stylet, ce n'est pas du tout la même limonade.
 

Le schéma des EO est toujours le même : on y dirige un groupe de cinq aventuriers qui doivent explorer et cartographier les différentes strates de l'Yggdrasil, un arbre géant source de richesses, mais aussi de conflits. L'exploration n'est pas une simple promenade de santé, et de nombreux monstres peuplent les allées de chaque strate.

Les mécanismes de base du jeu restent inchangés par rapports aux épisodes précédents : le village est toujours composé de la Guilde des Explorateurs, qui permet de gérer son équipe, d'une taverne dans laquelle on va chercher des quêtes annexes, d'une auberge où dormir et sauvegarder, et d'un magasin pour faire le plein d'armes, armures, potions et autres accessoires. Puisqu'on gagne très peu d'or durant nos aventures (ce qui est assez réaliste finalement), l'essentiel de nos ressources vient de la vente des matériaux récoltés sur les carcasses des monstres vaincus, qui servent aussi à confectionner les équipements.


Une fois sorti du village, l'exploration du labyrinthe débute : chaque strate est décomposée en 5 étages, et l'accès à la strate supérieure est gardé par un boss. Ici encore, on reste en terrain connu : la structure des premiers étages est simple, et en progressant, on tombera sur des interrupteurs, des téléporteurs et autres joyeusetés. On retrouve également l'espèce de radar qui indique la proximité d'une attaque ennemie, et les FOE, c'est monstres particulièrement costauds qu'il faut absolument éviter lors de la première rencontre sous peine de se faire wiper son équipe en deux tours.

Les combats se déroulent toujours au tour par tour, l'ordre d'action étant influencé par l'agilité de chaque combattant. Seule nouveauté : l'arrivée des Union Skills. Celles-ci peuvent être activées au début d'un tour si la jauge correspondante est remplie à 100%. Elles nécessitent la participation de 1 à 5 membres de l'équipe, et peuvent aussi bien être des actions de support que d'attaque ; par exemple, l'une d'entre elles permet d'annuler tous les dégâts causés à l'équipe pendant un tour. Les Unions Skills rajoutent un aspect stratégique supplémentaires au combat, car la jauge se remplit lentement ; elles doivent donc être utilisées avec pertinence.

De l'importance d'avoir la classe

Mais avant de partir se promener dans la forêt, il faut créer son équipe : dans la tradition des épisodes originaux précédents, et contrairement aux remakes, le joueur a tout loisir de composer son équipe. Chaque membre possède deux caractéristiques : sa race, et sa classe.

La Race détermine les attributs de base du perso : vitalité, sagesse, intelligence, chance, etc., ainsi que certaines compétences (souvent liées à l'exploration plus qu'au combat), et Union Skills.

Une fois la race de son perso choisie, on choisit sa classe : au début du jeu, les classes sont spécifiques à une race (par exemple, on Mage ne peut ne peut être qu'un Celestrian), mais on peut très vite attribuer n'importe quelle classe à n'importe quelle race. L'intérêt ? Par exemple, si vous souhaitez que votre perso puisse infliger des maladies, mieux vaut qu'il ait un haut niveau de chance, ce qui n'est pas le cas de la race des Brounis, par exemple.


Et ce n'est pas tout ! Une fois le niveau 20 atteint, on doit choisir la Master Class de ses persos, en fait une spécialisation. Vous voulez faire de votre Dragoon un tank spécialisé purement dans la défense, ou capable aussi de tirer au canon ? Votre Fencer doit-il se concentrer sur les combos, ou sur l'esquive ?

Vous trouvez que ça fait beaucoup ? C'est le cas, surtout si vous êtes habitués aux remakes de EO1 et EO2, dont le mode Story imposait les membres de l'équipe et dont l'arbre de compétences était entièrement ouvert. Il est heureusement possible, au prix de la perte de 2 petits niveaux, d'entièrement reconfigurer les skills et la Master Class d'un perso, et ce à tout moment. Et croyez-moi, vous devrez certainement en passer par là à un moment ou à un autre.

Au début du jeu, on est partagé entre la tentation d'utiliser des classes connues, pour être à l'aise, comme le Fencer ou le Dragoon, et notre curiosité, les nouvelles étant assez rigolotes, comme le Nécromancien, qui invoque des zombies pour mieux les sacrifier, ou le Rover, qui peut utiliser un Faucon ou un Loup au combat. Dois-je privilégier le soin par les Plantes du Botaniste, ou les buffs régénérants du Shaman ? La vista du Masurao et son katana, ou le gros-billisme du Pugilist, qui peut neutraliser les membres des ennemis ? C'est un peu "Le Choix de Sophie", d'autant que certaines classes ne révèlent leur potentiel qu'après le gain de plusieurs niveaux.

Les chevaliers du labyrinthe

Cette richesse des personnalisations représente la plus importante nouveauté du jeu, car les autres aspects sont largement inchangés, voire régressent carrément par rapport aux précédents volets. Ceux qui sortent de Etrian Odyssey 2 Untold auront le regret de constater que le système de cuisine est remplacé par des feux de camp ne permettant que de concocter des recettes rudimentaires aux effets basiques (en gros, refaire le plein de HP et de TP), et on ne trouve plus trace des trajets en dirigeable de EO4. Les grimoires et le mini-jeu de gestion de la ville ont également disparu.


En revanche, la série est connue pour sa difficulté, et on est plutôt servi. Au début d'une partie, le choix nous est offert entre les modes Basic et Advanced. Le mode Basic est un cran au-dessus du mode Normal de EO2U, et les débuts sont plutôt rudes : ne soyez pas étonnés de vous faire défoncer par les tous premiers ennemis que vous rencontrerez dès le premier étage du labyrinthe. L'or étant loin de couler à flot, on upgrade son équipement lentement, et chaque affrontement est à prendre au sérieux.

La difficulté n'est pas franchement progressive, et certains étages se parcourent bien plus facilement que d'autres. Leur structure est relativement simple, et dans les niveaux un peu avancés, notre souci principal est d'esquiver les FOE, qui ont un peu trop tendance à représenter la source principale de puzzles du jeu. A tel point que le jeu passe régulièrement de "un peu retors" à "carrément casse-bonbons", certaines confrontations étant quasiment inévitables. On passe donc son temps à tenter de fuir les combats à recommencer nos séquences d'infiltration.

Ça me coupe les pattes

Autre problème : la pauvreté tactique des affrontements. Dans le mode Story d'EO2U, le fait d'avoir une équipe imposée permettait aux développeur de concocter des combats qui tiraient partie des skills de chacun. Certains combats, notamment contre les boss, étaient de vrais puzzles, qui demandaient de connaître leur patterns par cœur, et d'utiliser les bons buffs et debuffs en fonction. Dans EO5, les ennemis sont des gros bourrins, qui abusent des blocages ("Binds") et d'une poignées de maladies ("Ailments"), au détriment des attaques élémentaires. C'est surtout prégnant dans la 5ème strate, avec ses ennemis qui vous balancent du Bind et du Curse dans le même tour, et surtout dans la 6ème (Post Game, heureusement), qui n'est atrocement difficile que parce que les ennemis vous balancent 2-3 Binds en un seul coup.


D'ailleurs, si le jeu ne demande pas vraiment de grind tant que vous vous évertuez à accomplir les quêtes annexes au fur et à mesure, la strate post-game est une vraie chienlit sans ça. Mais si le contenu Post-game ne vous intéresse pas, ce n'est pas dramatique, car il faut déjà une cinquantaine d'heures pour venir à bout du - maigre- scénario. Car oui, alors que les remakes proposaient un scénar un peu sympa, ici il est quasiment inexistant. L'intérêt du jeu réside dans ses combats, et rien que ses combats : autant vous dire qu'il n'est que modérément au rendez-vous.

Techniquement, rien de neuf sous le soleil depuis les épisodes précédents. On appréciera que le bestiaire et les décors soient entièrement nouveaux, et les musiques sont très plaisantes, mais inutile de rechercher des effets spectaculaires ou même un chara-design particulièrement intéressant.

Malgré ses défauts, Etrian Odyssey V reste un bon jeu, qui réussit à être addictif mais sans jamais être palpitant. Si vous avez déjà joué à un épisode précédent, je ne peux que vous conseiller de choisir des classes un peu originales, sous peine de voir poindre l'ennui assez rapidement. Mais même comme cela, les combats sont trop bourrins, et le jeu ne propose pas assez de nouveautés, pour justifier un achat si vous possédez déjà EO4 ou EO2U. A moins d'être un fan absolu de la série qui ne jure que le mode Advanced, vous pouvez tranquillement passer votre chemin et attendre un épisode 6 qui, on l'espère, secouera un peu plus le cocotier.

Verdict

6

Points forts

  • Les nouvelles classes rigolotes
  • Techniquement solide
  • Toujours addictif

Points faibles

  • Level design paresseux
  • Combats bourrins
  • Régression par rapport aux épisodes précédents
  • Toujours uniquement en anglais

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