Test : Catherine Classic (Windows)

Sorti initialement en 2011 sur PS3 et Xbox 360, Catherine s'était fait remarquer à l'époque par sa jaquette aguicheuse et son thème adulte. Presque 8 ans plus tard, il est porté sur PC, cette fois-ci dans le giron de SEGA. Mais est-ce que c'est vraiment une bonne nouvelle pour les joueurs PC ?

Vincent a 32 ans, et une petite amie, Katherine, avec qui il est depuis quelques années. Combien exactement ? Il ne sait plus exactement, mais ça fait un bail, et elle commence à lui mettre un peu la pression pour qu'ils se marient, ce qui l'angoisse un peu. Ses potes du boulot ne font rien pour l'encourager : Orlando est divorcé et bien amer, Jonny ne s'engage jamais, et Toby est trop jeune pour avoir un avis pertinent sur la question. Un soir, il fait un horrible cauchemar : il est en caleçon dans un endroit étrange, doté de cornes de bélier, et doit gravier une pyramide faite de cubes. Le lendemain soir, alors qu'il se met une race dans son bar habituel, une jeune femme s'assoit et lui fait la conversation. Le lendemain, il la retrouve dans son lit, mais ne se souvient de rien.

Male tears, male tears everywhere

Alors qu'on retrouve chaque jour des jeunes hommes morts dans leur lit, le visage déformé par la peur, Vincent va devoir jongler le jour avec Katherine et Catherine, et la nuit, avec ces cauchemars dans lequel il risque sa vie.

Le joueur est dans le même position : lors des séquences de jour, le plus souvent soit au bar Stray Sheep, soit au restaurant avec Katherine, il doit prendre ponctuellement des décisions qui vont affecter sa relation avec les deux femmes. S'il penche plus vers l'ordre, il ira vers Katherine. Vers le chaos, il se rapprochera de Catherine.

Dans le bar, on peut discuter avec nos amis et les clients, en plus de picoler. On se rend compte rapidement que tous les clients masculins du bar font les mêmes cauchemars que nous, et on les retrouve dans le monde parallèle, sous la forme de moutons. Si on prend la peine de discuter avec eux et de les aider à résoudre leurs problèmes, ils auront une chance de survivre. Sinon, ils feront partie des victimes des morts inexpliquées.

Ce n'est pas spoiler le propos du jeu de dire que Catherine s'attache à explorer les atermoiements de la gent masculine, et leur difficulté à gérer leur relation avec le genre opposé. Les prisonniers des cauchemars ne sont pas là par hasard, et chacun a son propre trauma : culpabilité liée à la mort d'un proche, parent abusif, manque d'estime de soi... On sent que les auteurs ont voulu aborder certains thèmes un peu progressistes, comme la définition de la masculinité et ce qu'elle implique dans la façon dont les hommes conçoivent leurs relations avec les femmes, et leur propre rapport au bonheur, mais, jeu japonais oblige, la "morale" du jeu est bien sage, et seul Vincent, selon les choix du joueur, peut un peu s'en émanciper. On bouge les lignes, mais pas trop fort d'un coup quand même.

L'intrigue est cependant assez prenante, et prend même un tournant un peu glauque, malheureusement pas assez exploité par les auteurs. Les situations un peu tendues, voire pire, sont vite désamorcées.

Mais pour faire progresser l'histoire, il faut passer les épreuves de puzzle.

Ah, les épreuves de puzzle. A sa sortie en occident, Catherine a fait beaucoup parler de lui, à cause de sa difficulté. Le principe du jeu est pourtant simple : on doit déplacer des cubes pour escalader une pyramide. On ne peut grimper que d'un cube à la fois, et un cube ne tombera pas tant qu'il est en contact avec un autre, soit par une face, soit par une arête. Le souci, c'est que les sources de difficulté sont nombreuses : le level design, déjà, est complexe, et de nombreuses techniques sont requises pour passer les niveaux. Ensuite, on peut très bien se retrouver bloqué parce qu'on a mal calculé son coup. Le temps est limité, car la pyramide s'effondre par sa base. Et enfin, on ne dispose que de 5 vies avant le Game Over, et l'obligation de recommencer à la dernière sauvegarde. Heureusement pour les mous du bulbe (qu'ils ne se vexent pas : j'en fais partie), en mode Facile le level design est plus simple, les vies quasiment infinies, et on peut annuler ses 9 dernières actions. Et si vraiment seule l'histoire vous intéresse, le mode Super Easy (obtenu en maintenant la touche "Back" quelques secondes dans le menu principal) ajoute régulièrement des potions pour grimer trois blocs à la fois).

Hormis leur difficulté, les phases de puzzle ne sont pas sans défaut. La difficulté n'est pas linéaire, et on se heurte à des pics assez hardcore au milieu du jeu, alors que les derniers stages, qui se basent plus sur la vitesse que la réflexion, sont assez simples, du moins en Facile. Dans les derniers stages, la présence de blocs qui se déplacent tout seuls aléatoirement peut vous bloquer. La caméra est très peu mobile, ce qui pose problème lorsqu'on veut passer derrière la pyramide, et dans ce cas de figure, les commandes s'inversent en dépit du bon sens. Malgré tout on ne peut nier la qualité de la conception de ces segments, et les amateurs de puzzle devraient s'en donner à coeur joie.

#Notallmen

Les sections de jour sont de longs tunnels de dialogues très peu interactifs. On réagit de temps en temps à ce que nous racontent nos interlocuteurs, mais ça n'a aucun impact sur le déroulement du scénario. Et à vrai dire, il en va de même pour les décisions influençant la jauge Chaos/Ordre : le comportement de Vincent est le même quelque soit son alignement, qui modifie seulement quelques répliques de son monologue intérieur. Les dialogues avec ses amis, et même avec K-Catherine, sont strictement identiques, et seule la séquence de fin diffère. Non seulement ça réduit l'intérêt de faire plusieurs runs (autant aller sur Youtube), mais ça fout totalement en l'air la narration : il y a clairement une fin "canonique", et les autres sont des bonus, mais qui n'ont aucun sens et ne coïncident pas avec le comportement de Vincent.

C'est dommage, car le jeu est plutôt bien écrit, et bien adapté : les sous-titres prennent quelques libertés avec le texte original, et sont parfois un peu familiers, mais ça colle plutôt bien à l'atmosphère réaliste/décontractée du jeu. Pour ne rien gâcher, le doublage anglais est plutôt bon, même si on peut choisir également les voix originales japonaises. Ajoutez à tout ceci les excellentes musiques de Shoji Meguro, et vous avez une ambiance sonore de qualité.

On ne peut pas en dire autant de l'aspect graphique. Si le jeu est propre, le framerate est juste correct durant les phases de puzzle, et horriblement souffreteux, pour ne pas dire dégueulasse, dans le bar et dans le hub des cauchemars. Comme par hasard, le jeu désactive le compteur de FPS de Steam, mais si on atteint les 20FPS (même pas constants !) c'est le bout du monde, même avec une 1060 (qui fait par exemple tourner The Witcher 3 en Ultra à 60FPS sans tousser).

Un mot sur les modes annexes : Babel propose des stages inédits et plus difficiles que ceux du mode Histoire, qu'on parcourt seul ou à deux, et le Colisée permet d'affronter un deuxième joueur en local sur les niveau du mode Story. Une bonne façon de prolonger la durée de vie du jeu.

Catherine Classic est un excellent puzzle game, enrobé dans un visual novel plaisant, mais un peu fainéant, et surtout qui ne tient pas ses promesses d'une intrigue qui dépend directement de vos choix. Malheureusement, ce portage est scandaleux, et je vous conseille d'attendre un éventuel patch pour vous lancer. Ou de préparer l'aspirine.

Verdict

6

Points forts

  • Gameplay des puzzles excellents
  • Une thématique adulte bien maîtrisée et rafraîchissante
  • Bonne adaptation
  • Réglages de difficulté adaptés à tous

Points faibles

  • Pics de difficulté un peu relous
  • Les choix de dialogue n'ont aucun impact avant la toute fin
  • Portage PC honteux

Commentaires

Merci pour le test. Ça a l'air sympa, dommage que le portage soit bancal. Entre ça et Shenmue HD c'est pas terrible terrible.L'équipe qui a porté Valkyria Chronicles ne devait sans doute pas être dispo. En espérant que ça soit patché!
Et bientôt, des DLCs dont certains n'arriveront pas à temps comme les DLCs d'edy Nelson et de l'escadron 7 de Valkyria Chronicles 4 qui ne devraient plus tarder à arriver sur PC.:mrgreen:

Je pense très honnêtement que suivant les titres, ca sera plus ou moins baclés et avec du contenu additionnelle payant qui ne sera pas forcément dans les temps par rapport à l'annonce.:moui2:
J aime bien la direction artistique et le senario mais j ai jamais accroché au gameplay "puzzle". Du coup, ça m interresse pas trop. Par contre, je serais preneur d une série d anime en bluray à°Å¸Ëœâ€ .
Rage, 23 jan 2019 - 12:29
Merci pour ce test. J'ai lu ça attentivement et j'attends de finir le jeu pour poster un avis dessus (si j'arrive à le terminer vu le tas de jeux en cours ...)
merci pour ce test. Encore un portage loupé, pourtant c'est pas vraiment le jeu le plus difficile à adapter, c'est fou...
Ah bah Shenron, je suis intéressé par tes mangas. J'avais acheté le jeu sur 360 mais j'ai pas accroché aux puzzles, dommage car la DA et l'histoire me tente beaucoup :content2: