Test : Alex Kidd : The Lost Stars (Arcade)

Pour ceux n'ayant pas lu mes précédents tests arcade, sachez que j'ai réalisé cet essai complet du jeu sur une borne Pandora's Box 6S. Les plus curieux pourront trouver tous les renseignements utiles sur le net, mais sachez que cette Rom est parfaitement émulée et que j'ai donc pu y jouer dans des conditions presque " réelles " à 2 joueurs avec de vrais sticks arcade.

Les présentations réalisées, penchons-nous maintenant sur ce jeu que j'admets n'avoir jamais touché avant ce test. C'est donc plus de 33 ans après sa sortie que votre serviteur a pu s'essayer à Alex Kidd with Stella : The Lost Stars, et ce alors que j'adore les jeux Alex Kidd. Un oubli réparé donc avec le plus grand plaisir.

Sorti en 1986 sur les bornes japonaises, cet opus ne connaîtra qu'une seule adaptation sur Master System en 1988. A noter que Alex Kidd in Miracle World est sorti quelques mois avant cet épisode arcade, toujours sur Master System. Le jeu de ce jour est donc le 2ème de la série et par de nombreux aspects sera un ovni de la saga. J'ai profité de ce test arcade pour m'essayer aussi à la version Master System afin d'en dresser un petit paragraphe comparatif.

Blonde ou brune la bière ?

Ne vous méprenez pas, le titre "Alex Kidd with Stella" ne veut pas dire que notre adorable héros s'est mis à la bière et qu'il va parcourir le monde une canette à la main. Ça aurait été particulièrement drôle mais il n'en est rien. Stella est en fait un jeune personnage qui va accompagner notre héros tout au long de l'aventure. Le sous-titre " The Lost Stars " nous fait rapidement comprendre que Alex Kidd va être à la recherche des étoiles perdues.

La borne d'arcade ne jouit d'aucune présentation, texte qui défile ou animations qui pourraient nous orienter sur la trame de l'histoire. Seule la notice de la version Master System est plus prolixe et nous indique qu'un méchant nommé Ziggarat, qu'un de nos ancêtres avait déjà battu il y a 5000 ans, est revenu d'entre les morts pour voler les 12 constellations. Notre héros part donc délivrer ces étoiles volées et ainsi rétablir l'équilibre du cosmos. Bon, à part " The Lost Stars ", le dernier niveau qui s'intitule " Ziggarat " et les signes du zodiaque qui réapparaissent à la fin, en Arcade il fallait faire preuve d'imagination pour comprendre toutes les symboliques du scénario. Quoiqu'il en soit, le principal dans un jeu de plateformes, ce n'est pas forcément le scénario, et encore moins en arcade...

Les cheeevaliers du Zodiaaaaque .... (vive Bernard Minet)

Comme indiqué plus haut, vous allez devoir arpenter 12 niveaux pour restaurer les 12 signes du zodiaque, quoique la réalité n'est pas si simple. En effet, le jeu vous plonge pour une première partie dans 6 niveaux différents pour les 6 premiers signes astrologiques. Une fois ces 6 mondes finis, vous enchaînez sur le niveau de Ziggarat dans l'espace afin de replacer ces étoiles à leur place, cela fait donc 7 niveaux. Malheureusement, si vous pensiez en avoir fini avec le jeu (qui est d'une difficulté titanesque, mais j'y reviendrai), c'était mal connaître ce bon vieux Alex Kidd et avoir mal lu le scénario. Eh oui, il y a 12 signes astrologiques, donc il manquait 6 niveaux. Qu'importe, le jeu nous demande de recommencer les 6 premiers stages mais en mode Hard !!! Bien entendu il faudra une fois de plus affronter le niveau du grand méchant de l'histoire, soit au total 14 niveaux pour avoir la vraie fin du jeu.

La première nouveauté indéniable et unique de cet opus est la possibilité de pouvoir faire le jeu à 2 joueurs en coopératif. Le 2ème joueur incarnera Stella, une jeune fille qui dispose de la même maniabilité qu'Alex Kidd. La différence est qu'à 2, les joueurs peuvent se monter dessus (n'y voyez aucune allusion sexuelle, bande de pervers). Alex Kidd peut se poser sur la tête de Stella et vice versa (ils ne se passent pas à travers). Cela permet de combiner des sauts ou d'atteindre des objets plus hauts. Par contre, à 2 joueurs le timing devra être parfait tant pour franchir certains gouffres jonchés de plateformes, que pour éviter des rafales d'ennemis bien retords.

Contrairement aux autres jeux de la licence cet Alex Kidd n'est pas un jeu de plateformes " conventionnel " mais surfe sur le succès des jeux type Wonderboy sorti plusieurs mois avant. Nous avons donc à faire à un " run and jump ", style de jeu où il faut avancer sur un scrolling horizontal, éviter les ennemis, obstacles et autres difficultés, tout en surveillant le timer qui fond à vue d'œil. Pas de chemins différents, les niveaux sont " linéaires ", pas de passages secrets, impossible de revenir en arrière, l'écran de gauche étant un mur infranchissable, et un seul objectif, atteindre la fin du niveau pour récupérer la fameuse constellation volée. Il n'y a de fait aucun boss.

Notre personnage ne peut pas frapper avec son poing ou son pied, n'a aucun véhicule à débloquer, il n'y a plus de magasins ou de collecte d'argent. Sur votre parcours vous pourrez attraper quelques options temporaires telles que Speed (votre perso court plus vite), Jump (il saute plus haut), Dollars (juste des points pour le scoring), horloge (rajoute du temps au timer), tir simple (une sorte de laser) ou tir double (laser plus gros). Toutes ces options disparaissent au bout de quelques secondes ou si vous perdez une vie.

Une jauge en bas de l'écran vous indique votre progression dans le niveau et la distance qu'il vous reste à parcourir. Cela tranche donc totalement avec les autres épisodes où Alex Kidd pouvait tuer ses ennemis ou utiliser tout un tas de véhicules.

On pourrait croire dit comme ça que le jeu va manquer cruellement de variété mais c'était sans compter sur l'habileté des développeurs. Les niveaux sont extrêmement variés malgré le principe de run and jump qui nous est imposé. Dans Alex Kidd the Lost Stars il ne suffira pas d'avancer, sauter, éviter, avancer, sauter, sur une simple ligne droite.

Il faudra par exemple franchir des précipices sur des plateformes mouvantes, s'accrocher à une liane ou une rambarde surélevée pour traverser un trou, trouver le bon timing pour éviter de vous faire écraser par des mécanismes vicieux, éviter des trous qui s'ouvrent sur votre passage, lutter contre des tapis roulants, etc. Typique du monde de notre héros, vous aurez aussi un niveau aquatique où il faudra nager dans des épaves de bateau à travers des chemins étroits. Et cerise sur le gâteau, le dernier niveau dans l'espace offrira une gravité réduite avec laquelle il faudra composer, vos mouvements étant plus lents mais vos sauts quadruplés. Chaque niveau a donc son fonctionnement propre et il faudra toujours évaluer le danger : soit foncer en évitant les obstacles, soit faire preuve de patience en attendant le bon moment pour franchir l'obstacle, éviter l'ennemi, ou attendre que les plateformes soient bien alignées. Le timer étant présent, c'est un savant mélange qu'il fallait trouver et je pense que les développeurs ont su trouver le juste milieu.

Toutefois, et c'est certainement le plus gros défaut du jeu, la difficulté y est beaucoup trop prononcée.

Oh My God ...

C'est à peu près ce que j'ai dit dès les 10 premières minutes de jeu lorsque j'ai vu les vies et crédits défiler à la vitesse de la lumière ...

C'est bien simple, j'ai rarement joué à un jeu de plateforme aussi difficile. Wonderboy était déjà bien balaise mais là on touche le pompon.

Ici pas de jauge de vie. Chaque touchette d'un ennemi vous tue immédiatement. Un crédit = 2 vies, cela disparaît donc très rapidement. Les ennemis sont extrêmement nombreux et changent à chaque niveau. Vous allez me dire qu'il suffit d'apprendre les mouvements de chaque ennemi mais ce n'est pas si simple. Pour la plupart ils n'ont pas de mouvements " linéaires " ou trop définis. Ils n'apparaissent pas au même endroit à chaque partie et ont des animations très variées. Cela va du simple ennemi qui avance vers vous, aux jets de pierre qui rebondissent à hauteur variable sur le sol, aux ennemis volants qui zigzaguent dans tous les sens, à ceux qui font demi-tour pour revenir vers vous, ou à ceux qui d'un coup s'arrêtent et nous balancent un tir quelconque. C'est un véritable parcours du combattant.

Les développeurs vont même pousser le vice en plaçant certains ennemis dans des lieux où il faut franchir un obstacle au millimètre. Par exemple dans le niveau aquatique, vous aurez une anémone mortelle planquée juste derrière un goulot d'étranglement. Ses tentacules se lèvent et se baissent juste assez rapidement pour vous laisser une seconde pour franchir l'obstacle. Dans le niveau des monstres, certains zombies sont placés au bord d'un précipice, vous obligeant à bien prendre votre élan et sauter au-dessus, etc. Tout est clairement fait pour vous faire perdre des vies et ainsi vous obliger à mettre plus d'argent dans la borne d'arcade.

Sachant que lorsque vous avez fini la 1ère partie (les 7 niveaux) déjà extrêmement difficile, vous devez enchaîner en recommençant depuis le début mais cette fois ci en Hard !!! En gros plus d'ennemis à éviter là où c'était déjà un peu l'enfer...

Alors certes, lorsque vous perdez une vie votre personnage ne recommence pas au début du stage et réapparaît immédiatement avec en bonus quelques secondes d'invincibilité, mais à moins d'être un japonais mutant comme on en voit sur internet, je vois mal comment finir ce jeu sans perdre un seul crédit.

A cela il faut également ajouter que le mode 2 joueurs ne vous simplifiera pas la partie. Je dirais même qu'au contraire il ajoute à la complexité. En effet, il faudra faire preuve d'un sens du timing ahurissant. Si déjà vous de votre côté vous devez éviter les ennemis, vous serez aussi obligé d'attendre votre partenaire, et vu que nos personnages ne se " passent pas à travers ", il vous arrivera souvent de vous gêner sur une plateforme, ou de pousser sans le faire exprès votre ami contre un piège ou un ennemi. C'est bien simple, j'y ai joué avec mon fils de 7 ans. Déjà moi je luttais pour rester en vie, mais lui enchaînait une mort toutes les 10 secondes en moyenne. Frustrant pour lui, et on comprend que cet Alex Kidd n'est clairement pas fait pour les enfants.

Heureusement, car il faut le souligner, la hitbox n'est jamais mise en défaut. Si vous mourrez c'est parce que vous avez bien touché l'ennemi. Vous ne pourrez pas râler au bug de collision.

Certains me diront qu'une grosse difficulté n'est pas forcément un défaut, je dirais qu'ici elle devient vite frustrante. En fait, avec le syndrome des crédits infinis, on baisse souvent les bras en mourant volontairement pour passer un obstacle et on peut rapidement finir par ne plus " jouer le jeu ". J'ai tenté de me fixer une limite de crédits mais après une grosse journée de jeu, je me suis dit qu'il me faudrait des mois (voire des années) pour le finir dans les conditions du test (10 crédits max). Après je me suis peut-être ramolli avec le temps ...

En tout cas, les développeurs auraient pu gratifier les joueurs d'un beau message de félicitations, pour les rares qui auront eu la chance d'en voir le bout, mais non, une fois les 14 niveaux bouclés, vous aurez droit à un magnifique " The End ". Pas de cinématique, pas de message, pas de staff, rien. Argh ça fait mal.

Chi, fou, mi ...

Si Alex Kidd the Lost Stars ne propose pas les fameux duels de pierre/papier/ciseau, il respecte toutefois l'univers de la saga.

Les mondes traversés sont hyper colorés, comme le monde des jouets ou le monde aquatique, d'autres sont des hommages aux jeux d'arcade de Sega comme le monde de Fantasy Zone, certains sont plus originaux comme celui à l'intérieur du corps d'un géant, et d'autres plus sombres comme celui des monstres.

Dans tous les cas les ennemis comme le design général se veulent très mignon et beaucoup réapparaîtront dans les autres épisodes sur console. Graphiquement le jeu est une réussite, on ne peut le nier pour un titre de 1986 dont le principal concurrent est Wonderboy en arcade, et alors que la NES commence à peine à offrir des Metroid ou le premier Castlevania.

Vous ne verrez jamais de ralentissement, de bugs de sprites, ou de mauvais goût dans le level design. Exception faite peut-être d'un ennemi qui m'a fait bien rire mais dont je me suis demandé pour quelle raison il apparaissait dans le monde d'Alex Kidd : un jeune homme de dos, cul nu, qui chie des têtes de mort... Oui oui, vous avez bien lu. Un petit délire que je ne pense pas avoir revu dans un autre épisode de la série.

Mention spéciale pour la bande son que je trouve magnifique. C'est Hiroshi Kawaguchi aux commandes qui nous gratifie de compositions enjouées et qui restent dans la tête. On lui doit notamment les musiques de Out Run, Fantasy Zone ou After Burner pour ne citer que ceux de l'époque 1985-1986. Un grand monsieur donc et ça s'entend.

Les voix digitalisées sont par contre très en recul, avec des sonorités grésillantes et parfois peu compréhensibles. Seul " point noir " de la bande son.

Pour finir sur ce test, un petit comparatif avec la version Master System sortie donc 2 ans plus tard. Ayant visiblement tenu compte de la difficulté dantesque de la borne d'arcade, les développeurs offrent ici un jeu plus accessible, voire très facile. Dans ce dernier, plus aucune vie mais uniquement une barre de timer (comme Wonderboy) qui baisse plus vite si vous mourrez. Il y a 10 fois moins d'ennemis (le 1er niveau comptant un nombre d'adversaires proche des doigts d'une seule main), les obstacles sont moins nombreux, et les ennemis pas forcément placés de façon tordue. Exit le mode 2 joueurs, c'est bien dommage mais la console devait certainement être limitée en capacité pour le faire.

Le jeu reste très joli avec un panel de couleurs exploitant totalement la machine. Les musiques sont belles et parfaitement reconnaissables vis-à-vis de la borne d'arcade.Les niveaux sont également plus courts. Et Alex Kidd the Lost Stars sur Master System devient donc un jeu accessible même aux plus jeunes. N'ayant pas la profondeur des autres épisodes de la série sur cette même console, il reste certainement celui qui enchantera le moins les joueurs mais il mérite qu'on s'y attarde par curiosité.

Alex Kidd with Stella : the Lost Stars est un titre qui vaut la peine d'être essayé, surtout pour ceux qui connaissent déjà toute la saga mais n'ont pas encore eu l'occasion de toucher à cet épisode. Elitiste dans sa conception, il offre un challenge dantesque mais un mode 2 joueurs, un univers coloré, une très grande diversité dans ses niveaux ou ses ennemis, et une ambiance musicale géniale. Certainement pas le meilleur épisode de la série, voire peut-être le plus dispensable, il reste un bon jeu, bien conçu mais volontairement hardcore.

Verdict

6

Points forts

  • Graphiquement très mignon
  • Bande son réussie
  • Jouable à 2
  • Des niveaux variés
  • Beaucoup d'ennemis différents

Points faibles

  • Impossible à finir sans les crédits infinis
  • Des voix digitalisées pas top
  • Des ennemis souvent totalement imprévisibles
  • Certains passages quasiment impossibles à passer sans perdre de vie
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Arcade 6.0 1

Commentaires

Rage, 09 mai 2019 - 1:24
Merci pour ce test très très détaillé. Pour la difficulté immonde ça c'est vraiment rageant ce type de jeux et au final heureusement qu'il est beau et tout et tout parce que sinon le jeu serait une vraie purge !!! Beau boulot d'avoir souffert à le finir :good::good:
Merci ;)
Rage: effectivement souffert pour le finir mais avec les crédits infinis cela devient plutôt "simple" de le terminer. Le plus dur serait de se fixer une limite de crédits et de s'y tenir. J'ai essayé une journée, mais je voyais que je n'y arriverais pas avant un bon bout de temps. J'avais malheureusement pas 6 mois à lui consacrer et que je crois que ma femme m'aurait tué à force de m'entendre rager sur la manette arcade ... :D
myau, 09 mai 2019 - 9:31
Merci pour ton test. J'ai la carte de téléphone de cet Alex Kidd The Lost Stars, vraiment très belle. Je confirme que le jeu est vraiment beau, que les musiques de Hiro sont superbes mais le jeu ne vaut vraiment pas les épisodes Miracle World et Shinobi World. Il est toutefois nettement meilleur que BMX Trial Alex Kidd dur Mark III (jeu que l'on peut finir en 5 minutes à tout casser tant il est limité (5 stages très courts), pas super jouable même avec le Paddle Control).
rynex, 09 mai 2019 - 11:58
C'est bien de préciser qu'Alex Kidd est seulement la mascotte de la Master System et là encore je suis pas 100% d'accord .
Pour moi la mascotte de SEGA c'était Un NInja qu'il l'a accompagné sur tous les supports (comme une mascotte se doit de le faire) Alors qu'Alex ne l'a pas fait.

A l'époque même Opa opa de Fantazy Zone était plus une mascotte qu'Alex Kidd.

Qu'est ce que Shinobi me manque comme licence...:sad:
Je ne pense pas avoir dit qu'Alex Kidd était seulement la mascotte de la Master System... Dans l'absolu c'est vrai qu'il s'est surtout manifesté sur la 8bits de Sega, mais l'épisode arcade ou megadrive prouve que ce n'est pas une exclusivité de la master system. Je me souviens qu'à l'époque il était décrit comme LA mascotte de Sega, juste avant que Sonic déboule et modifie complètement la donne... Je regrette qu'il ait disparu tout comme Fantazy Zone (ne parlons pas de shinobi, même si celui ci a eu la "chance" d'avoir quelques opus jusqu'aux consoles 32bits).