Test : World Cup Italia '90 (Mega Drive)

Avant Fifa, avant PES, il y avait tout de même de la vie pour le ballon rond video-ludique ! Aussi étonnant que cela puisse paraître, les joueurs étaient déjà scotchés à leurs écrans avec une vue en scrolling horizontal. Pas de Kick-Off ou d'ISS pour autant ! La firme au hérisson avait réalisé un joli coup en sortant sur sa toute-puissante MegaDrive, un soft d'une qualité digne de l'arcade.

Sega avait déjà misé sur World Championship Soccer, pendant arcade de WCI ‘90 en 1989. Le jeu sort donc sur Mega-Tech 1989 et se déclinera sur de nombreux supports : de la Master System à la MegaDrive, en passant par les multiples ordinateurs de l'époque : Commodore et ZX Spectrum en tête. Le challenge est donc comme toujours pour Sega : faire que le joueur retrouve dans sa chambre ou dans son salon, un jeu d'une qualité la plus proche possible de celle de l'arcade. Pour ses versions consoles, Sega fera notamment appel à Virgin pour la transcription de son jeu. Une coopération qui ne sera pas la dernière puisqu'on sait que toutes les excellentes adaptations de jeu de baston 2D de l'arcade vers la Dreamcast à la fin des années 1990 seront également assurées par Virgin Interactive : Marvel VS Capcom et Capcom VS SNK en tête. Bref, passons au jeu.

Foutchebôle ou presque.

World Cup Italia 90 nous ramène il y a bien longtemps. Une époque où laquelle Arsène Wenger n'avait posé le pied outre-manche et où Thierry et Jean-Michel avaient des cheveux. Toute blague mise à part, ce titre se révèle assez riche par bien des égards. D'entrée, vous pouvez choisir entre plusieurs pays ayant des caractéristiques propres afin d'entamer soit un match amical, soit une campagne de qualification pour le mondial italien. Chaque équipe possède donc une note sur cinq pour chacune des caractéristiques suivantes : rapidité, technicité, défense et qualité du " goal " (pour parler comme dans les années 90 !). À cela s'ajoute une note finale sur cinq pour évaluer l'équipe de manière générale. Attention, ne nous méprenons pas, Sega n'a pas obtenu les droits pour afficher Papin et Ginola en équipe de France ! Néanmoins, avant les grandes phases de jeu (match amicale, tour ou phase de qualification), il vous est possible d'effectuer les choix qui vous semblent les plus judicieux pour chaque poste de votre équipe, en fonction des disponibilités de votre banc. Parfois, il ne s'agira que d'un choix de forme puisque vous n'aurez que quatre défenseurs pour quatre postes à pourvoir. En revanche, la technicité s'arrête là. On ne demandera pas à WC 90 de faire dans le détail pour ce qui suit : vous ne modifierez pas votre équipe en cours de match et vous ne pourrez pas non plus modifier le schéma tactique de base.

Tout à fait, Thierry !

Autant l'admettre, les plus jeunes d'entre nous ne seront carrément pas séduits par ce jeu d'un autre âge. Les curieux et les nostalgiques, en revanche, se laisseront certainement prendre au jeu dans un soft résolument arcade où presser frénétiquement le bouton A pour tacler procure un bonheur intense. N'espérez pas écoper de cartons, ni vous, ni vos adversaires : l'arbitre de chaque match n'est là que pour la forme. La palette du gameplay a, elle, de quoi faire pâlir pour l'époque. En défense, vous pouvez choisir votre joueur avec B, tacler avec A ou aller au contact avec C. En attaque, vous pourrez tirer avec A, dégager avec B et effectuer une passe avec C. Aucun dribble n'est possible, il faudra donc essayer de partir en diagonale sans croiser la route des adversaires. Mieux encore, il sera plus judicieux de passer par la voie des airs en martelant A et B pour la réception. Ces commandes paraissent, aujourd'hui, très simplistes. Mais il faut tout de même se souvenir que ce gameplay restera quasiment inchangé dans les jeux de foutchebôl jusqu'à Fifa 2000 ! Cependant, il faudra rester attentif au fait que c'est également vous qui dirigez votre gardien. Donc, la moindre baisse de concentration peut être fatale pour vos cages !

Plus agréable à l'œil et au toucher que la version Master System, cet opus MegaDrive est une conversion offrant une jouabilité à la qualité remarquable grâce à une liberté insoupçonnée. Lorsque le ballon vole en l'air, vous pourrez le reprendre de volée par un ciseau acrobatique en martelant A, offrant ainsi des buts d'anthologie. Les centres et dégagements permettent également de développer des phases de jeu intéressantes, ce qui explique également une durée de vie élargie. Enfin, pour l'époque, nous n'avons pas forcément des jeux de foot qui ressemblent à des Pong déguisés. Pour ceux qui croiraient que World Cup Italia 90 est un dinosaure, vous aurez raison ! Mais tenez-vous bien car les tirs mal cadrés seront renvoyés avec dédain par des poteaux faisant leur office avec brio ! C'est dire la bonne volonté des programmeurs et le réalisme souhaité. Malgré cette bonne prestation, il faudra noter un certain manque de précision dans la jouabilité du titre. Les matchs sont souvent de bonnes parties de bourinages sans concession et transmettre le ballon comme on le souhaite à un coéquipier dépendra de votre assiduité, de la force de votre pousse et aussi de beaucoup de chance !

Le Vuvuzela

En revanche, il ne faudra pas trop en demander à une bande son, carrément trop rébarbative, que l'on coupera au bout de dix minutes. Dès le démarrage de la cartouche, on est assailli par un son strident qui ne rend pas nécessairement honneur à la 16-bit. Idem pour les bruitages qui feraient passer ceux de Captain Tsubasa pour du septième art. Niveau graphisme, on aurait presque oublié qu'il y a vingt ans, les gardiens commençaient à ne plus porter de casquettes sur la tête ! Le jeu se déroule en scrolling horizontal, sans bug particulier. Les phases de but sont vraiment (trop) simplistes avec une simple image fixe indiquant un joueur fêtant son but. Le seul point commun avec vos joueurs réside dans la couleur criarde de son maillot. Un effort graphique est tout de même apporté aux sponsors, aisément reconnaissables sur les panneaux publicitaires des stades. En revanche, même si les phases de dégagement et de corner sont en fausse 3D, le jeu de ces coups de pieds arrêté en reste au stade fœtal. Vous ne pourrez guère que faire une courte passe et sans précision au moment d'un corner. Pour les touches, c'est la même chose : les remises en jeu sont souvent minimalistes et intercepter un ballon adverse dans ces situations se fait au petit bonheur. Le changement de côté à chaque mi-temps renforce cependant l'effet de réalisme pour un soft de cette trempe. Les joueurs ne seront jamais que des pions vus de dessus d'une couleur particulière, ne changeant quasiment jamais. Question d'habitude. Allez, c'est plus que daté, mais on passe un bon moment et c'est le plus important. Un titre à réserver en priorité aux amoureux de l'arcade que Virtua Striker n'amuse plus et qui n'auront pas peur de suer sur leurs vieilles manettes de MegaDrive.

À noter que le jeu connaîtra un succès réel et qu'il sortira même en pack dans le Megagames volume I avec Columns et Super Hang On.