Test : Star Wars Arcade (32X)

La collaboration entre Sega et Lucas Arts n’est plus à démontrer lors de cette époque bénie de la domination des salles d’arcade et des jeux qui y étaient présentés. Qui dans sa jeunesse ne s’est pas essayé à une des bornes Star Wars développées par Sega ?

Aujourd’hui nous allons parler plus particulièrement du jeu sorti début 1994 en arcade et adapté quelques mois plus tard sur le support 32X de la Mega Drive. La borne permettait à 2 joueurs de prendre les commandes d’un Y-Wing (un joueur au pilotage, et l’autre aux commandes du canon) afin d’aller détruire quelques Tie Fighters, un croiseur interstellaire et bien entendu l’Etoile Noire. Ce jeu proposait un rendu 3D très convaincant, et pour la première fois la possibilité de switcher entre vue intérieure (cockpit) et vue extérieure mais surtout d’avoir un vrai contrôle « libre » de son vaisseau dans un environnement full 3D. C’est la branche AM3 qui était aux commandes de ce titre qui au final ne sera peut être pas aussi marquant que d’autres bornes d’arcade Star Wars, mais c’est une autre histoire…

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star wars arcade cabinet
La borne d'arcade


Quoi de mieux qu’un jeu arcade 3D de Sega pour servir de jeu de lancement au module 32X de la Mega Drive, justement conçu pour démontrer que la petite 16 bits pouvait rivaliser avec les futures consoles en affichant des graphismes proches de la borne ? Pari lancé pour Sega qui compte bien capitaliser sur cette démo technique.

Le jeune padawan veut faire mieux que son maître


La version 32X de Star Wars Arcade débute plutôt bien son entrée en matière en reprenant parfaitement l’introduction de la borne d’origine. On y voit le vaisseau de la princesse Leia poursuivi par le croiseur interstellaire de Darth Vader, le tout en 3D. S’en suit le fameux texte explicatif sur fond de musique qu’il n’est plus nécessaire de décrire, tout le monde l’a en tête. Quelques high scores et des séquences où l’on voit notre X-Wing ou le Y Wing décoller d’un vaisseau mère, toujours en 3D.

Effet réussi, la technique est bien au rendez vous, la 3D est propre, la fluidité bien présente.

Côté scénario, le jeu d’arcade se situait dans la 1ère trilogie, donc les épisodes 4 à 6.

Première surprise en appuyant sur Start, vous avez le choix entre 2 modes de jeux : la version 32X (avec l’indication d’un jeu enrichi) et la version Arcade. C’est déjà un excellent point que de se rendre compte que Sega ne s’est pas contenté d’adapter « bêtement » la version arcade du jeu mais semble proposer un mode inédit pour la 32X.

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Si vous choisissez le mode arcade, vous avez accès à deux modes distincts : le mode Rebel Attack qui est le jeu arcade à proprement parler, et le mode Training, qui est une sorte de didacticiel pour apprendre à bien maîtriser son vaisseau. Le mode 32X propose lui aussi deux modes de jeu : soit l’aventure en solo à bord d’un X-Wing, soit le jeu à 2 joueurs à bord d’un Y-Wing.

A deux, plus fort on est, jeune apprenti


Quelque soit le mode de jeu choisi entre Arcade et 32X, le gameplay reste le même et nous allons donc commencer par aborder cet aspect du titre.

Pour palier à l’absence des commandes de la borne d’arcade, qui bénéficiait d’un levier de vitesse ou d’un manche de pilotage, sachez que la version Mega Drive peut utiliser une manette à 6 boutons, ce qui est bien plus confortable, surtout si vous jouez seul.

Un bouton sert à accélérer, un autre à ralentir, un pour tirer au laser, un pour lancer un missile à tête chercheuse et un dernier pour changer de vue.

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Si le jeu se veut en 3D, vous vous rendrez compte qu’on n’est pas totalement libre de nos mouvements. N’espérez pas faire des loopings ou partir dans absolument tous les sens. En fait, votre déplacement est libre sur l’axe horizontal, vous pourrez donc faire un tour complet de votre zone de jeu (l’aire de jeu étant très vaste), mais il est limité sur l’axe vertical. En gros, vous ne pourrez monter ou descendre que très peu, sachant que votre vaisseau reviendra quoi qu’il arrive sur son axe médian.

Pour vous donner une petite idée de la manœuvre, vous pourrez approcher et survoler des croiseurs interstellaires en les frôlant de près ou en prenant un tout petit peu de distance par le haut, en faire le tour etc.. mais ne pourrez pas faire des figures aériennes tout autour en slalomant entre les vaisseaux. Une limite technique à une époque où la 3D en temps réel en était à ses balbutiements, tout en donnant un sentiment de liberté assez nouveau.

Côté gameplay, le jeu se jouait totalement différemment si vous êtes seul ou accompagné d’un ami. En solo, votre viseur reste fixe au milieu de l’écran et c’est donc à vous d’orienter votre vaisseau pour tirer sur les ennemis avec votre blaster, ou le suivre assez longtemps pour le locker et envoyer un missile. La manœuvre, si elle n’est pas périlleuse en soi, n’est pas forcément très simple parce qu’il faut jauger la vitesse de votre vaisseau (afin de rattraper les Tie Fighters, ou les laisser passer devant), tout en alignant votre viseur et tirer.

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A deux joueurs, l’un se concentre sur le pilotage, l’autre sur le tir. Ici le viseur est libre de mouvement  (il n’est donc plus bloqué au milieu de l’écran), ce qui va grandement simplifier la destruction des Tie Fighters qui passent comme des balles devant vous.

En vue cockpit vous avez accès à une carte vous montrant la position des ennemis, ainsi que vos munitions en missile, et votre jauge de bouclier. En vue externe, vous n’avez plus aucune carte et pilotez donc à vue, sachant que vous avez forcément une vision plus large de votre environnement.

Honnêtement on pourrait croire le jeu assez facile mais il n’en est rien, surtout en jouant en solo. Vous avez un temps limité pour atteindre vos objectifs (un nombre de Tie Fighters imposé à tuer avant la fin du chrono, ou la destruction de la cible sans vous faire détruire), et si je ne suis jamais mort tué par un ennemi, j’ai souvent dû recommencer un niveau parce que le compteur de temps arrivait à zéro. N’ayant que trois crédits en tout pour finir le jeu, bah franchement je n’ai pas réussi du premier coup à en voir le bout, surtout le mode 32X. A deux joueurs c’est plus abordable, le tireur pouvant bouger sa cible à volonté, les Tie Fighters étant très rapides mais pas plus que la cible que vous contrôlez.

Alors, mode 32X ou mode arcade ???


Je sais, la question qui vous brûle les lèvres, c’est quelles sont les différences entre ces deux modes de jeu, si elles existent…

Eh bien autant le dire tout de suite, le mode 32X surpasse de très loin le mode arcade et pas qu’un peu.

En arcade, le jeu ne compte que deux niveaux (les mêmes que ceux de la borne d’origine). Vous allez commencer dans l’espace à détruire des Tie Fighters, pour ensuite vous diriger vers un croiseur interstellaire et le détruire de l’intérieur, avant de vous envoler vers le dernier niveau qui est l’Etoile Noire. Ici il s’agit de la version de l’épisode 6 où après avoir attaqué les canons en surface, il faudra entrer au cœur de l’Etoile Noire en construction pour aller détruire son noyau. Voilà, fin du jeu en moins de 10 minutes, merci d’être venu…

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Si une durée si limitée sur une borne d’arcade ne choquera personne, bien qu’elle soit plutôt très courte même pour ce support, on se doutait que vendre une cartouche plein pot et faire la promotion du 32X avec un jeu qui se finit en un quart d’heure n’était pas très flatteur. Sega a donc réalisé un mode 32X qui va tripler la durée de vie en recourant à quelques astuces et en apportant carrément de nouveaux niveaux inédits.

A noter que les crédits de fin du mode arcade et du mode 32x sont différents, avec notamment des images digitalisées distinctes.

Donc, en mode 32X, vous débutez l’aventure par un niveau dans un champ d'astéroïdes (inédit). Vous devrez détruire 15 Tie Fighters sans vous écraser sur les météorites, certaines étant même destructibles. Ensuite vous enchaînez sur une bataille spatiale avec plusieurs croiseurs interstellaires et cette fois 20 Tie Fighters à tuer. Après quoi vous retournez dans un champ d'astéroïdes, pour enfin arriver à l’Etoile Noire. Sauf, que surprise, ce niveau de l’Etoile Noire n’est pas celui de la borne d’arcade, mais représente la séquence de l’épisode 4 de la saga. En clair, vous allez attaquer les tourelles en surface, avec même la possibilité de vous glisser dans quelques couloirs, pour enfin aller dans le fameux couloir de la mort poursuivi par le Tie Fighter de Darth Vader, et vous devrez atteindre la bouche d’aération afin de lancer un missile au centre.

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Le jeu enchaîne ensuite sur un nouveau champs d'astéroïdes, une nouvelle bataille spatiale où vous finirez par aller détruire un croiseur de l’intérieur (qui correspond au niveau 1 de l’arcade), puis vous repartez dans un champs d'astéroïdes, avant d’arriver finalement sur la 2ème Etoile Noire qu’il faudra détruire de l’intérieur (correspond au niveau 2 de l’arcade).

Vous l’aurez compris, en réalité les deux niveaux du mode arcade sont dilués au milieu de niveaux sur fond de champs d'astéroïdes ou de batailles avec des croiseurs, avec en bonus un niveau entier inédit sur l’Etoile de la Mort. Hormis ce niveau spécifique, cela fait un peu « remplissage », mais la formule passe plutôt bien et les niveaux intermédiaires ne sont jamais trop longs pour qu’on s’ennuie (vu qu’il y a un timer qui nous oblige à les finir rapidement). En tout, si vous ne perdez aucun crédit, il faut compter plus d’une demi-heure pour en voir le bout, soit trois fois la durée de vie du mode Arcade. Si vous ajoutez à cela une certaine rejouabilité pour le scoring, ou le mode deux joueurs, Star Wars Arcade fait plutôt le job pour offrir un moment de détente et de fun le temps d’une partie.

Et la technique dans tout ça ? La 32X est il à la hauteur ?


On ne va pas se mentir, reproduire un jeu d’arcade avec une console 16 bits, même boostée par un accessoire dédié, était un pur fantasme, mais franchement le jeu s’en sort avec les honneurs et le boulot accompli s’en rapproche énormément.

Le jeu arcade, qui n’a que deux niveaux durant 3-4 minutes chacun, rappelons le, présente des modèles 3D plus détaillés en termes de nombre de polygones. Les niveaux sont aussi plus étoffés. Par exemple, lors de la bataille avec les croiseurs, vous avez plus d’ennemis affichés, mais surtout des météorites en grand nombre, là où sur 32X, vous n’avez que les vaisseaux au milieu des étoiles. Les stages avec météorites sont distincts des batailles spatiales, évitant ainsi de cumuler trop d’éléments 3D à afficher en même temps.

Idem pour l’Etoile Noire. En Arcade vous débutez la mission loin de l’Etoile, et toujours en temps réel, vous plongez sur elle jusqu’à arriver sur sa surface pour détruire les canons (très impressionnant pour l’époque). Sur 32X vous allez bien plonger vers l’Etoile Noire qui va grossir à vue d'œil, mais arrivé à un certain point, les développeurs ont rusé en vous mettant en pilote automatique, en redressant le nez de votre vaisseau pour ne voir que les étoiles, et finalement arriver à hauteur de la surface. Ils ont ainsi évité toute la partie la plus difficile, avec le zoom de tous les éléments affichables. Les canons y sont aussi moins nombreux et l’arcade ne présente aucun clipping (la distance d’affichage est moins importante sur Mega Drive).

A cela il faut ajouter la résolution plus élevée et la meilleure qualité d’écran de la version arcade.

Malgré tout, le confort visuel sur 32X est bien présent, et le résultat se rapproche fortement de son aîné, ce qui montre à quel point le support avait du potentiel en la matière.

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Le plus gros écart vient principalement de la fluidité de l’ensemble. Le jeu reste ultra fluide sur 32X (encore un exploit), mais il est très largement plus lent que son homologue. De plus, alors que la version arcade tourne à 60FPS, on en est loin sur 32X, surtout lors des phases à l’intérieur des vaisseaux, mais sans aucune saccade ou ralentissement cependant.

Pour le reste, la version Mega Drive dispose toujours de ses images digitalisées, presque aussi belles que les originales arcade, et même des voix digitalisées qui les accompagnent. Les musiques restent très belles avec une réelle profondeur, même si c’est forcément moins intense que sur la borne d’arcade.

Vous l’aurez compris, le constat est plutôt flatteur pour la vieillissante Mega Drive, et je suis certain qu’avec plus d’expérience du support 32X et un peu plus de temps, la conversion aurait été encore meilleure.

Star Wars Arcade est une conversion réussie de la borne d’un point de vue technique, et va même au-delà en offrant des stages inédits, tout en conservant le mode deux joueurs. Sa très faible durée de vie, même en mode 32X, faitt de ce jeu un titre qu’on ne sortira que de temps en temps pour une partie avec un ami, ou pour montrer de quoi était capable l’accessoire.

Pas le jeu le plus indispensable du 32X, mais le catalogue étant très pauvre, il serait dommage de s’en priver, surtout si vous aimez comme moi l’univers Star Wars…

Note 07/10

Verdict

7

Points forts

  • Techniquement proche de la version arcade
  • Aucun problème de fluidité
  • Un mode inédit 32x avec de nouveaux niveaux
  • Une bande son réussie, avec voix digits
  • Un mode deux joueurs original et efficace
  • Finalement pas aussi simple qu’on pourrait le croire

Points faibles

  • Beaucoup moins rapide que la version Arcade
  • Moins d’une heure de durée de vie, les deux modes confondus
  • Le recyclage des stages astéroïdes dans le mode 32X
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
32X 8.0 3

Commentaires

Merci pour ce test ! Je suis un peu plus réservée sur le jeu. Je trouve qu'il rame quand même un peu, et l'absence de choix du mode de contrôle (normal/inversé) me gêne. On voit un peu qu'il a été rushé pour la sortie de la 32X.
Un grand classique. J'ai eu ce jeu avec ma 32X à l'époque ainsi que Doom, Cosmic Carnage, Virtua Fighter, Motherbase, Space Harrier, Virtua Racing. Quel achat de folie quand on y repense, imaginez récupérer 6 bons jeux d'un coup de nos jours lol... Bref, j'y ai passé beaucoup d'heures, le jeu étant très difficile je trouve. Sinon la 32X est bel et bien une machine 32 bits !