Test : Phantasy Star III (Mega Drive)

Après les sorties respectives de Phantasy Star sur Master System et Phantasy Star II sur Megadrive, nous voilà en 1990. C'est durant cette année que le troisième épisode de Phantasy Star va voir le jour : Phantasy Star III, Generations of Doom est son titre complet. Seulement dès sa sortie, Phantasy Star III est sujet à polémiques. Rien ne va plus chez Sega qui nous livre là un épisode reniant l'univers créé jusqu'à présent pour nous apporter un jeu extrêmement porté sur le médiéval fantastique. Qu'est donc devenu le système solaire d'Algo ? Pourquoi avoir changé le lieu du déroulement de la saga devenue mythique ? Et comment Phantasy Star III, qui brille par ses différences, a-t-il pu rallier à sa cause des milliers de fans enragés près à le défendre coûte que coûte, ces derniers étant convaincus qu'il s'agit là du meilleur épisode jamais créé ? Réponse dans les lignes qui suivent...

Changement de contexte

Phantasy Star III nous plonge dans une époque médiévale, et débute par le récit d'une ancienne guerre ayant autrefois opposée deux nations. Les guerriers pur sang d'Orakio affrontèrent les terribles mages de Laya, déchirant le monde. Aujourd'hui ces guerres sont terminées depuis bien longtemps, et il n'est d'ailleurs pas question d'y repenser. Rhys, le héros du jeu (du moins pour un temps) doit épouser Maia, une charmante jeune femme. Cette dernière possède un passé bien mystérieux, puisqu'elle a été retrouvée amnésique sur une plage près du royaume de Landen, le royaume natal de notre cher prince Rhys.
Ni une ni deux, notre prince décide d'épouser la charmante femme, et tandis que le mariage est sur le point d'être prononcé, un dragon démoniaque surgit est kidnappe Maia. Rhys jure de le retrouver, et a même la ferme intention de déclarer la guerre aux Layans, qui ont pourtant disparus de la surface de la planète depuis bien longtemps (en effet, Rhys est convaincu que le dragon qui est apparu est un espion Layan). Jugé par son père, le roi, comme étant quelque peu instable mentalement, Rhys se retrouve en prison le temps de retrouver ses esprits. Seulement il est bien décidé à retrouver Maia. Lena, une jeune femme vient le libérer de sa cellule. A partir de là, l'aventure débute avec pour seul personnage Rhys.

Le début d'une génération


Tout démarre donc à partir de Rhys, jeune prince de Landen. Et au moment où vous lisez ces quelques lignes, vous n'avez pas idée du rôle de ce personnage. Phantasy Star III est basé autour d'un concept qui fait partie des plus révolutionnaires jamais imaginés. Le jeu est divisé autour de de trois générations, et tandis que chaque mariage donnera naissance à un enfant, c'est ce même enfant qui deviendra par la suite le héros de la génération suivante.
Ainsi Phantasy Star III est construit selon une arborescence, la première génération étant celle de Rhys, qui à l'issue de son aventure pourra épouser soit Maia (ce qui semble tout de même logique) soit Lena, qui l'a sorti de prison au début. Du choix effectué par le joueur pourront naître deux personnages différents : Ayn ou Nial. Ces deux personnages étant donc les héros de la seconde génération, et leurs histoire sont bien évidemment différentes. Mais cela va plus loin puisqu'à leur tour Ayn et Nial auront à se marier, laissant à la dernière génération du jeu quatre possibilité d'aventures différentes. Et bien sûr, cela représente un grand nombre de héros différents.

Orakian ou Layan ?

Phantasy Star III va beaucoup plus loin en profondeur qu'il n'y paraît. L'opposition entre les deux clans, Orakio et Layan, donne beaucoup de consistance à l'histoire. En effet, Rhys est un pur Orakian, donc un véritable combattant ne connaissant pas la magie. Il en est de même de Lena. Seulement, ATTENTION SPOILER, Maia est la princesse de Laya. Ainsi selon les mariages effectués, le joueur se retrouvera petit à petit à dévier soit du côté des Orakians, soit du côté des Layans, changeant par conséquent totalement son rôle dans le conflit. Cet aspect rend l'aventure encore plus passionnante et l'on se prend réellement au jeu, car en tant que joueur, nous sommes avant tout passionné par le destin de ces différents clans.
Bien évidemment, le jeu comporte des fins multiples. Il y en a quatre, et la liberté de progression laissée par les divers mariages assure une durée de vie très importante grâce à la rejouabilité du jeu, qu'il faudra finir tout de même quatre fois pour en faire le tour complet.

La réalisation : une réelle déception

Après le standard de qualité imposé par Phantasy Star II, Phantasy Star III allait devoir faire beaucoup pour espérer conserver cet aspect là à un tel niveau. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il échoue royalement. Visuellement le jeu est extrêmement terne, et les lieux se ressemblent tous. Que ça soit les villages, les grottes ou encore les complexes futuristes : tous sont réalisés de la même façon. La variété n'est donc pas au rendez-vous de Phantasy Star III, et c'est franchement regrettable.
Les combats ont quant à eux retrouvé leurs décors de fond, présentant parfois des scrollings multiples en guise d'animation. Mais que l'on ne s'y trompe pas, cela reste relativement moyen pour l'époque. En revanche autre point noir : les personnages n'apparaissent plus à l'écran. Les ennemis eux sont plus nombreux que jamais puisqu'ils peuvent être au nombre de dix à la fois dans le pire des cas. L'interface générale des combats est relativement laide elle aussi, mais elle a au moins le mérite d'être efficace.
Au niveau des musiques, c'est désormais Ippo qui se charge des compositions. Certains thèmes sont franchement remarquables, comme celui de l'écran titre ou encore le thème de la carte du monde. On note même la présence de musiques évolutives, ce qui est assez surprenant. Par exemple la musique de la carte du monde s'enrichit d'une instrumentation supplémentaire pour chaque nouveau personnage dans l'équipe, et elle sera même totalement différente si le héros de la génération meurt. Les musiques des combats en revanche, bien que s'adaptant à la situation, sont franchement désagréables.
Le système de magie, décomposé selon quatre écoles, permet une personnalisation grâce à un petit système plutôt bien conçu. Un bon point donc, qui permettra au joueur de se concentrer sur ce qu'il désir.

Le revers de la médaille

Il est clair qu'en faisant moins bien techniquement que son frère aîné, Phantasy Star III ne part pas avec beaucoup d'avantages si ce n'est son histoire extraordinaire. Hors le problème majeur du concept de générations est qu'il est forcément très délicat de gérer la progression du joueur. D'où la présences de quelques bugs, qui même s'ils ne sont pas vraiment graves, existent. Notamment dans le scénario d'Ayn, il y a un moment où un personnage du nom de Lyle meurt, et quelques instant plus tard, à l'occasion du mariage d'Ayn, Lyle donne son accord pour le mariage. C'est le genre de détail qui n'échappe pas au joueur. De plus, d'une génération à une autre, il peut parfois y avoir duplication d'objets, un autre problème gênant.
L'univers de Phantasy Star quant à lui en a pris un sacré coup. Phantasy Star III est en total décalage avec les autres épisodes. Son univers est presque intégralement médiéval fantastique, et l'on ne note que quelques passages futuristes qui relient les petites planètes entre elles. Le monde est en effet bizarrement structuré, mais cela a bien sûr une explication. Mais je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler, quoique ces informations sont sûrement présentes dans mon test de Phantasy Star IV. Le bestiaire a lui aussi beaucoup changé, et contient certains monstres tout simplement magnifiques, artistiquement parlant. Il est cependant très en décalage avec le reste de la série. On remarquera même que Wren, un androïde, possède de la magie...

Que reste-il à Phantasy Star III ?

Vous l'aurez compris, Phantasy Star III accumule un bon paquet de défauts, et tranche radicalement avec l'univers instauré jusqu'alors. Et pourtant, ces défauts sont bien ridicules lorsque l'on réalise le point auquel on est passionné par l'histoire. Les personnages sont incroyablement nombreux et à chaque génération l'équipe entière est renouvelée (à l'exception de Wren et de Mieu, une Numan, qui restent en permanence dans l'équipe).
L'univers est visité dans un ordre totalement différent selon les générations, qui n'ont pas toutes accès aux même régions. Le bestiaire est incroyablement vaste, et lui aussi est renouvelé à chaque génération. Le jeu comporte pas mal de boss, dont le désormais culte Dark Force, qui jouit dans cette version d'un design particulièrement réussi, même si une fois encore il tranche avec ce que l'on avait l'habitude de voir. Et chaque nouvelle génération est l'occasion de découvrir de nouveaux héros qui sont pour la plupart très réussis.

Phantasy Star III est l'épisode le plus controversé de la série, et pourtant il est le plus travaillé dans son scénario. Proposant une évolution complexe sur plusieurs générations, ce qui assure une liberté totale de progression ainsi qu'un niveau de rejouabilité exemplaire, Phantasy Star III possède certes des défauts, mais également des atouts majeurs qui font de lui un jeu exceptionnellement passionnant. Sa réalisation inégale, mais paradoxalement très artistique, le tout couplé à son scénario en béton, en font un excellent Phantasy Star en plus d'un RPG tout simplement culte. Phantasy Star III est un jeu qui, malgré ses différences, a définitivement sa place dans la grande série des Phantasy Star.

Verdict

8

Points forts

  • Scénario captivant
  • Quatre fins différentes
  • Durée de vie

Points faibles

  • Réalisation
  • Pas assez fidèle à l'univers
  • Combats répétitifs et trop fréquents
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Mega Drive 7.9 7

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