Test : Pete Sampras Tennis (Mega Drive)

Aux antipodes d'un Andre Agassi, dont la réputation fut autant basée sur ses frasques extraconjugales que ses tenues extravagantes, sans oublier une précocité et quelques performances de tout premier ordre, Pete Sampras conjugua quant à lui le flegme légendaire d'un Bjorn Borg, mélangé au génie pur de Roger Federer. Une machine à gagner, un style fluide et épuré, l'un des plus grands hommes de ce sport. Mais également, une jolie proie marketing. Nous le retrouvons ainsi en train de volleyer sur la jaquette de Pete Sampras Tennis. Un jeu à la hauteur du joueur ?

Pierre-Mathieu, je t'attends au Club-House !

A l'instar de MicroMachines 2 TT, Codemasters nous ressert la même sauce, en lieu et place d'une cartouche J-Cart, intégrant deux ports directement sur la cartouche, et rendant l'utilisation d'un adaptateur caduque. Une bonne surprise qui confirme l'intelligence de l'éditeur à simplifier l'accès multijoueur de ses titres.

Pour mettre à contribution cette joyeuse possibilité, s'offre à vous un large panel de modes. Le Challenge tout d'abord représente l'équivalent d'un bon mode exhibition, dans lequel il est possible de tout configurer, du nombre de joueurs au terrain de jeu, pour s'affronter dans un match sans lendemain. Plus accessoire encore, le mode Tournament vous propose de choisir un joueur et de l'inscrire dans un tableau. Selon le tirage au sort, vous serez amené à rencontrer vos autres amis, pour peu qu'ils soient entre 4 et 8 autour de vous. Nous passerons rapidement le mode Tutorial à l'intérêt infime, pour nous concentrer sur la mamelle visible du soft, le World Tour, qui, après avoir choisi votre avatar, vous propulse à travers le monde pour vous afficher via des matches de plus en plus compliqués jusqu'à l'apothéose finale. Efficace mais classique.

Et puis c'est tout. Vraiment, en êtes-vous si sûr ? Et bien non, car Pete Sampras Tennis se paye le luxe suprême de proposer ses deux meilleurs modes de jeu sous forme d'un code à entrer, et donc, inaccessibles hormis ce biais. Loufoque, diront certains, absurde, pour d'autres. Quoiqu'il en soit, le mode Crazy représente tout simplement la meilleure option de ce titre. Jouable à deux, le terrain se transforme en véritable foire, où il est tout aussi important de renvoyer la balle que de récupérer les divers items apparaissant sur le sol : possibilité de contrôler la balle après la frappe, balle géante, chaussures de vitesse, l'éventail proposé est très séduisant. Sans compter ce petit gourzout (Gourzout : Familier. Petit animal futé) qui s'amuse à zigzaguer le long du filet et qu'il faut absolument dégommer afin de ramasser un pactole de points. Car ici, on ne parle plus de vrais points, mais de points bonus. Sans équivoque, c'est ce mode délirant qui retiendra votre attention, après avoir usé de long en large les courts de manière conventionnelle.

Charles-Henri, vous êtes en petite forme !

Enfin, et pour en terminer avec les modes de jeu, le Huge Tour, bien plus complet que le World Tour proposé auparavant, vous installe dans une forme de hiérarchie. Si vous n'êtes pas bien classé, vous ne pouvez pas accéder à tous les tournois, vous commencez donc par faire vos armes sur des adversaires miteux. Bien plus abouti que le World Tour, il se permet de l'éclipser, nous amenant aussi à nous demander ce que consommaient les développeurs pour avoir enfoui ces deux modes les plus jouissifs sous un mot de passe! Une tentative d'auto-sabordage presque réussie, donc.

Après avoir dressé un large portrait du menu de la cartouche, attaquons-nous à ses entrailles les plus profondes : le gameplay. Les premiers pas dans la matrice sont ainsi assez compliqués. Non pas peu accessible, mais très fin, le jeu requiert une prise en main prolongée pour en tirer toute la quintessence. Ici, et c''est un fait rare, les balles sortent du court à la moindre praline de cheval, vous pouvez donc doser avec la croix directionnelle, vitesse, force et direction de la frappe. Les amortis sont à ce sujet délicats à réaliser pour les débutants, quant aux frappes lourdes, elles sont un casse-tête à bien calibrer, sous peine de finir dans les dents d'un croûton en tribune présidentielle.
Tant que j'y pense, j'ai un petit code pour vous amuser à faire chier le monde. Appuyez sur Start+Diagonale Bas-Gauche, et votre joueur ira tout droit protester à l'arbitre, en faisant rugir la foule de plaisir. Evidemment, cette précision ne sert à rien, elle est donc forcement indispensable.

André-Marcel, mais quelle souplesse à la volée !

En fait, Pete Sampras Tennis, à ne pas confondre avec son infâme suite commise sur PsOne, tire toute sa saveur de son Gameplay savamment dosé. Avec une bonne maîtrise, il est tout simplement possible de ressortir n'importe quel coup du Tennis, de pralocher à tout-va, de servir comme une brute et de trouver des angles de scientifiques en rut, de transformer la cible du jour en coureur de fond. Licence oblige, il est donc logique de retrouver notre ami Pete qui, ô surprise, possède les meilleures caractéristiques parmi un tas de faux tennismen. Le panel de joueurs a beau être large, on s'amusera rarement à aller tenter l'aventure du Péruvien de 44 ans face aux ténors disponibles. Le choix se limite donc plus ou moins à 5 joueurs, le jeu avec les filles étant abominablement insupportable, celles-ci poussant des soupirs inqualifiables à chaque frappe.

Pour bien resituer dans le contexte de l'époque, il faut savoir que les grands jeux de Tennis étaient tout sauf légions, qui plus est sur machine SEGA (Super Tennis sur SMS sera l'objet d'un test si vous êtes sages). Pete Sampras Tennis arrive donc comme le Messie pour nous, pauvres terriens amateur de balle jaune et d'ambiance ultra policée.
Graphiquement, si les sprites sont bien animés et que l'ensemble bouge très bien, de manière fluide, les différents terrains et le rendu des joueurs demeure tout bonnement scandaleux. Trois surfaces différentes, mais toutes traitées avec la même indifférence, des joueurs se distinguant simplement à leur couleur de tenue, on aurait été en droit de s'attendre à meilleure enveloppe.

Côté son, la musique d'intro, et ceci reste très subjectif, est incroyablement bien travaillée et agréable à se passer en boucle, si vous avez des chromosomes étranges, cela va sans dire. Sur le terrain, rien de bien particulier à signaler, l'arbitre annonce le score et on se demande sincèrement s'il est bien vivant, la foule demeure discrète (sauf si vous l'excitez comme un goret avec la manip ci-dessus) et les joueuses féminines! Non, je m'autocensure là.

Maurice-Louis, votre détente verticale déchire !

Les heures passent et l'effet Pete Sampras Tennis perdure. Les différents modes proposent au final une durée de vie concluante, voire carrément satisfaisante, et pour peu que l'on soit plusieurs à avoir emmené sa manette, le plaisir vous entraîne jusqu'au bout de la nuit (les démons de minuit!). Seul, c'est évidemment une autre affaire, mais c'est bien connu, ce sport ne se pratique pas seul face à un mur de béton, et c'est le même constat pour son équivalent virtuel.

Pete Sampras Tennis réussi donc un pari pour le moins ardu : proposer un jeu de Tennis sympa seul et surtout à plusieurs avec un Gameplay équilibré. Equation qui n'avait jamais été vraiment résolue sur la 16 Bits de SEGA. Inutile de tergiverser bien longtemps, nous sommes ici en possession de ce qui se fait de mieux sur la machine, et le jeu ne trahit pas l'image du champion. Un peu austère, mais diablement efficace.

Verdict

8

Points forts

  • Enfin un bon jeu de Tennis
  • Modes Crazy et Huge Tour
  • Multi sensationnel
  • Cartouche J-cart

Points faibles

  • Pas très beau
  • N'oubliez pas le code
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Mega Drive 7.5 10

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