Test : Football Manager 2022 (PC, Mac)

Après une année bizarre où le foot ne se vivait que devant sa télé avec des stades vides, où l'on ne savait pas si la L1 allait finir comme la première division écossaise avec l'affaire Mediapro, le sport reprend ses droits. La ferveur revient dans les stades (avec des excès) et Football Manager aussi. Mais la hype est-elle vraiment là cette année ?

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Des lettres et toujours plus de chiffres

Cela fait déjà quelques années que les amoureux du ballon rond sont divisés sur la question des stats, ces dernières se multiplient à la manière de la NBA et du base-ball. Seulement, le foot s'y prête assez mal : un milieu de terrain qui récupère beaucoup de ballons ne le pourra que si ses coéquipiers diminuent efficacement les opportunités de passes de l'adversaire. Tout comme un attaquant qui perd beaucoup de ballons n'y pourra pas grand chose si, dans les faits, il se retrouve seul sans soutien en attaque.

C'est évidemment réducteur, et il y a quantité de stats utiles et utilisables dans le football, l'an dernier avait été ajouté les fameux "xG" et nous avions déjà des analystes données avant, mais l'exploitation des dites données étaient difficiles. Exit l'écran "Rapport d'équipes", bienvenue aux "Centre des Données". Ce dernier se partage les fonctions que l'on trouvait dans "Rapport d'équipes" avec l'écran de l'effectif. Mais le Centre des Données, c'est surtout des statistiques plus exploitables, et identifier les faiblesses et forces de son équipe est plus facile qu'auparavant.

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Stats générales
Un xG/match important, moins de tirs/matchs et encore moins de buts/matchs, les attaquants ont les opportunités mais ne savent pas la mettre au fond, frustrant.


Je suis toutefois assez déçu de la présentation ; elle n'est pas compliquée mais assez lourde, rappelant plutôt l'interface des FM pré-2015 et leur menu déroulant. Cela reste un premier jet qui pourra être amélioré, mais c'est dommage de ne pas avoir immédiatement proposé une interface aussi efficace et épurée comme ce que le reste du jeu propose actuellement.

Un moteur qui tourne vraiment rond
 

C'est une sensation étrange. Après 9 ans de Football Manager, je réalise enfin ce qui faisait la force de son moteur, qu'il soit en 2D ou 3D, face à FIFA : les joueurs peuvent faire des erreurs techniques. C'est tout bête, mais vous ne verrez jamais un joueur dans FIFA louper son contrôle, la seule variable va être la longueur et vitesse à laquelle il contrôle.

Football Manager était connu pour son moteur 3D que l'on qualifiera de rigide. Imaginez une partie de Donjons & Dragons où le maître de jeu décrirait les actions indépendamment de la situation initiale : l'ennemi est agenouillé, son bouclier au-dessus de sa tête pour se protéger des attaques répétées du protagoniste. Vient le coup fatal et il vous annonce que vous enfoncez votre épée dans son cœur. Vous avez la sensation qu'il manque une étape intermédiaire dans la lutte ? C'est le cas, et c'était souvent le cas dans Football Manager. Avec les années, cela ne me dérangeait plus et j'essayais d'imaginer quel "jet de dés" avait échoué dans le moteur pour amener aux actions parfois farfelues que l'on voyait. Si vous vous demandez ce que cela pouvait donner, une petite vidéo (en anglais) avec l'une des personnes derrière le moteur de jeu, explique ce qui se passe en coulisse.

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Résultat de match amical
Ou peut-être que le souci est du côté de la défense, magnifique exemple ici face à une équipe portugaise

Tout cela a été revu en profondeur et apporte des transitions d'animation plus douces. Je ne saurais honnêtement pas quoi dire de plus dessus, il y aura sans doute encore des actions invraisemblables, mais les actions en 3D semblent vraiment plus fluides et cohérentes qu'avant. Mais j'étais habitué aux aspérités d'avant, et si elles ne me manquent pas, elles ne me gênaient plus. Un peu comme ceux qui ont grandi en jouant à Alex Kidd in Miracle World sont moins gêné en jouant au remake que ceux n'ayant connu que Mario.

Le but contre son camp

La vie d'un opus de Football Manager se déroule généralement ainsi : les premières infos sortent en septembre et sont distillées jusque fin octobre, date à laquelle la bêta devient disponible. Vous avez ensuite plusieurs patchs dont le dernier arrive en général en mars. A partir de janvier, on commence à voir des petites promos sur l'opus en cours. Bref, une machine bien huilée qui prouve années après années qu'elle est bien réglée.

Seulement, cette année il y a eu une annonce particulière: en juillet, Miles Jacobson nous a annoncé que les équipes féminines arriveraient dans un opus futur. Sans plus d'informations sur l'éventuel opus concerné, si ce n'est que le travail était déjà en cours, une façon de justifier un poil moins de nouveautés que d'autres années ? Je ne pense pas, FM22 propose autant de nouveautés que les précédents opus. Mais la hype que j'avais pour cet opus a été gommée par cette annonce qui ne deviendra tangible que l'an prochain (ou plus loin encore).

Précisons que si énormément de championnats peuvent être ajoutés très simplement, les championnats inclus de base n'ont pas bougé depuis de très nombreuses années, et l'ajout de plusieurs championnats féminins (en plus des interactions adaptées) est une annonce absolument incroyable. Au final, cela n'impacte pas la qualité intrinsèque de cet opus, mais cela joue contre lui, peut-être aurait-il mieux fallu attendre décembre ou janvier ? Ou l'évoquer encore plus tôt dans l'année pour que l'on puisse un peu plus oublier ?

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Un nouvel espoir ?
7 matchs avant la première victoire en L1, les supporters aussi auraient voulu m'oublier.

Le temps additionnel

On a déjà vu les deux principales nouveautés, arrêtons nous un moment sur celles plus discrètes. Au niveau tactique, il y a le défenseur central décalé, de quoi redonner de l'intérêt aux défenses à 3. Bon de mon côté mes tentatives de 3-4-1-2 n'ont encore rien donné, mais on l'a vu lors de la série avec Concarneau, je ne suis pas un maître tactique.

La création d'entraîneur a aussi évolué, dans le même sens que les différentes fonctions de FM ces dernières années : plus accessible et lisible pour autant de profondeur. A noter que le rendu est différent, à cause des futurs championnats féminins ? Peut-être, mais ce n'est pas désagréable.

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Création d'entraîneur
Voyez comme je suis lisse et beau et élégant, enfin c'était avant les 7 matchs sans victoire.


Du côté des réunions, on a droit à des réunions hebdomadaires avec le staff pour nous suggérer des entraînements particuliers à nos joueurs. L'idée est bonne, mais dans la mesure où l'on peut déléguer la tâche (ce qui revient à accepter les suggestions), l'intérêt reste limité à mes yeux. Personnellement, je m'occupe des joueurs qui ont un potentiel utile à l'équipe 1 et laisse les autres, c'est donc relativement utile pour la 2e catégorie.

Il y a aussi les réunions et causeries avec les joueurs, qui offrent beaucoup plus de variété, surtout à la mi-temps : on peut mieux orienter son discours en fonction de ce qui nous a plu ou déplu. Cela permet de sortir de son rôle de Pascal Dupras qui se contente de haranguer les joueurs et de se poser en Pep Guardiola qui les félicite de leur jeu de passes malgré le 0-3.

Enfin la dernière journée de mercato a été revue pour une meilleure lisibilité de ce qui se passe. Ce n'est pas un mal car j'avais pris l'habitude de ne pas y participer puisqu'il était difficile de savoir quel deal était en cours ou non. Mais bon, encore faut-il avoir de l'argent pour y être actif, tout le monde n'est pas Newcastle.

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Partenariat entre l'ESTAC et Manchester City
On a pas d'argent à Troyes, mais on a de beaux partenariats, ils ont juste oublié d'envoyer de bons joueurs.

Arrivé au bout de ce test, je continue d'être mitigé. Imaginez que vous partez en montagne avec votre équipement d'escalade, il n'y a au début que de la pente douce, puis arrive FM22, vous avez la montagne en vue, mais vous savez aussi qu'il y a et aura encore de la pente douce. Vous avez hâte de véritablement grimper, mais impossible de courir jusqu'à la montagne si vous voulez être en forme. Il n'y a pas moins de nouveautés dans cet opus que dans les précédents : c'est la première fois que je perçois une évolution notable du moteur 3D, et jouer à 3 défenseurs semble enfin raisonnable. Et pourtant je me sens frustré, partagé entre le 6 du "ce sera (peut-être) énorme la prochaine fois" et le 7 du "on n'avance pas moins vite que les années précédentes".

Verdict

6

Points forts

  • Le défenseur central décalé pour les défenses à 3
  • Le moteur 3d qui perd son plus gros défaut
  • Les stats devenues plus exploitables
  • La variété dans le discours de mi-temps

Points faibles

  • Les réunions dont j'ai encore du mal à trouver l'intérêt sur le long terme
  • Vivement l'opus avec les championnats féminins

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