Test : Valis : The Fantasm Soldier (Mega Drive)

Valis est une saga née sur MSX en 1986, mais qui comprend quatre épisodes, dont la console de prédilection sera la NEC PC Engine. Sur Mega Drive, cette série sortira dans un ordre chronologique complètement invraisemblable, un épisode a été profondément modifié, et un épisode a même été totalement zappé. Petit récapitulatif, vous allez comprendre.

Premier épisode à sortir sur Mega Drive, Valis : the Fantasm Soldier (donc le 1er épisode créé) arrive début 1991.

Ensuite Valis III quelques mois plus tard toujours en 1991, (donc le 3ème épisode).

Enfin en 1992, nous accueillerons Syd of Valis qui est en fait l’adaptation hasardeuse de Valis II mais en format Super Deformed. Je ne sais pas pourquoi Telenet Japan a décidé de détruire leur jeu en mettant sur Mega Drive un titre pour enfants, et pas très réussi de surcroit…

Cerise sur le gâteau, Valis IV ne verra jamais le jour sur Mega Drive mais sera adapté sur la Super Nintendo, alors que les autres épisodes n’existent pas sur cette console.

Bref, vous l’aurez compris, un sacré bazar.

Pour vous dire la vérité, j'ai moi-même découvert la série avec Valis III en 1991 en import japonais, et je me suis fait Valis ensuite, pour me faire Syd of Valis en 3ème jeu, et terminer beaucoup plus tard avec Valis IV. Je n’ai malheureusement pas encore eu l’occasion de jouer à Valis II sur PC Engine.

Mais revenons-en au titre qui nous intéresse plus particulièrement aujourd'hui, le premier volet de l'histoire de Valis intitulé The Fantasm Soldier.

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Ce jeu qui n'est pas tiré d'un manga japonais en prend pourtant tous les ingrédients. Faisant penser irrésistiblement à Sailor Moon, ce jeu de Telenet Japan, à qui l'ont doit certaines merveilles comme Gaiares ou Traysia, va allier leur expérience du shoot them up, avec une pointe de plateformes et une grosse dose de narration style manga.

Pour la culture générale, sachez que Telenet Japan a ensuite vendu la licence Valis pour qu’elle soit adaptée en hentai… Je n’ai jamais eu l’occasion de voir le résultat, mais je trouve vraiment triste qu’un jeu avec un tel background scénaristique et une vraie identité se voit ainsi vu réduit à faire fantasmer les jeunes japonais. Mais bon, après tout, c’était peut-être son destin, le jeu s’intitulant « the Fantasm Soldier » …

Le fantasme des écolières japonaises ?
 

La jaquette de Valis est sobre mais terriblement belle je trouve. On y voit au recto la jeune Yuko dans son costume d’écolière et ses longs cheveux bleus. Nous la retrouvons au verso face à ce qui semble être le grand méchant du jeu. Par contre, oubliez la boîte américaine du jeu, un véritable désastre. Je ne sais pas qui a dessiné l’héroïne sur cette jaquette US mais je pense que j’aurais fait bien mieux quand j’étais ado. Une catastrophe, comme souvent.

Si le titre « The Fantasm Soldier » pourrait laisser évoquer tout un tas d'idée préconçu sur ce jeu, il n'en sera finalement rien, si ce n'est effectivement le costume de guerrière que n'aurait pas renié Xena.  En réalité le terme « Fantasm » dans le titre est dénaturé dans sa traduction, vu qu'il s'agira en fait d'évoquer le « rêve » ou le monde « fantasy », et n'a donc aucun rapport avec un quelconque lien sexuel.

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Revenons donc sur le scénario du jeu.

Tout débute au Japon. Yuko, jeune écolière, fait un rêve étrange dans lequel le monde est en danger et en proie à des bouleversements climatiques. Le lendemain elle remarque qu'un déluge s'abat sur la ville et ressemble étrangement à sa prédiction. Reiko, une amie, lui dit qu'elle compte quitter la ville et lui fait ses adieux, le tout sur fond de motivations mystérieuses.

Juste après cette rencontre, un démon surgit de nulle part et tente d'attaquer Yuko. Une voix surgie de nulle part lui dit qu'elle peut se défendre et une épée magique appelée « Valis » apparaît. Affublé de cette lame elle va traverser la ville à la recherche de la vérité.

Yuko finira par rencontrer la reine Valia de « Fantasy World » (qui sera d'ailleurs traduit par « Dreamland » dans les volets suivants) qui lui apprend que le monde des humains et celui « fantasy » sont en danger. Un roi maléfique connu sous le nom de Rogles utilise le pouvoir du Yin (le fameux Yin et Yang) pour s'emparer du pouvoir, et dans le même temps a réussi à briser et fractionner le pouvoir du Yang dans plusieurs pierres, les fameuses « Fantasm Jewels ». Ses cinq généraux en chef sont en possession d'une pierre et exécutent les vils projets de leur empereur.

Malheureusement les guerriers du monde « fantasy » ne peuvent agir car sous l'emprise du pouvoir hypnotique de Rogles. Il fallait donc à Valia trouver une guerrière venue du monde des humains pour l'aider dans sa tâche.

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Voici en quelques lignes comment notre héroïne Yuko va se retrouver au milieu d'une guerre mettant en péril l'équilibre des mondes. Sans vouloir spoiler l'histoire, sachez qu'au cours de l'aventure nous reverrons Reiko, sa meilleure amie, dans des circonstances malheureuses.

Valis premier du nom, comme tous les épisodes qui vont se succéder (Syd of Valis excepté) utilise avec force la culture manga. Comprenez par là que l'intro durant près de 5 minutes, ainsi que quelques scènes entre les niveaux, vont vous conter l'aventure à travers des cinématiques animées comme un véritable petit dessin animé.

Bien sûr la Mega Drive ne pouvait prétendre à faire aussi bien que la PC Engine CD rom, mais le résultat est franchement réussi et cette saga reste l'une des rares à offrir autant de cinématiques sur la machine et avec une telle qualité. Valis III étant le top du top sur Mega Drive…

Et mes chaussettes rouges et jaunes à petits pois
 

Ah, l'époque bénie de Dorothée, ses chansons cultes, mais surtout son émission proposant des animés japonais. Bon la censure et les traductions abominables gâchaient un peu la fête, mais gageons qu'à cet âge-là, on était beaucoup moins difficiles …

Après la très belle intro décrite plus haut, le jeu débute immédiatement sur un scrolling horizontal où vous incarnez Yuko dans son uniforme d'école, l'épée Valis à la main. Vous arpentez les rues de la ville, sautez de toit en toit, et allez même dans une bouche de métro pour y rencontrer le premier boss, le fameux démon qui tentait de vous dévorer plus tôt.

Valis est donc un jeu d'action à scrolling horizontal avec une pointe de plateforme. Vous avancez, frappez, et sautez.

Un bouton vous sert à sauter, un autre à frapper. Si vous appuyez longuement sur le bouton de l'épée, elle se concentre pour exploiter sa magie (mais il faudra acquérir un pouvoir plus tard dans le jeu, j'y reviendrai). Une touche vers le haut et saut vous permet de sauter plus haut, alors que si vous appuyez sur C vous faites une glissade / roulade, bien efficace pour franchir certains ravins ou éviter des coups.

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Une jauge de HP est visible en haut de l'écran ainsi qu'une jauge de MP (magie) que vous pourrez remplir avec des options disséminées un peu partout dans le jeu. Vous débutez la partie avec trois vies mais des « one up » sont cachés par-ci par-là. De même vous pourrez attraper des power up au nombre de 3 maximum rendant votre épée plus efficace.

Si en débutant le jeu vos coups se feront au corps à corps, avec un premier power up, votre épée lancera des boules d'énergie à distance, qui se multiplient avec les power up. Le jeu ne proposant aucun système de garde, il faudra donc être particulièrement vigilant sur les attaques ennemis ou projectiles qui vous sont envoyés.

Pour gagner en puissance ou restaurer votre énergie et la magie, il faudra les détruire des artefacts disséminés un peu partout dans les niveaux, à la manière d’un Castlevania. Dans chaque niveau vous allez pouvoir dégoter une nouvelle épée qui bénéficiera d’une attaque qui lui est propre.

A chaque boss vaincu vous gagnerez un anneau contenant le pouvoir des « Fantasm Jewels » que vous pourrez donc déclencher si vous avez suffisamment de MP. Dans le lot vous aurez un dragon de flammes qui vous protégera durant un cours instant, des projectiles de glace qui partent dans toutes les directions, ou d'autres tirs multidirectionnels efficaces. Ce choix des pouvoirs se fait à partir d'un menu inventaire.

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Vous allez donc traverser au total sept niveaux plutôt linéaires, sauf les niveaux 3 et 7 qui sont des labyrinthes avec des gouffres ou autres pièges à éviter.  Si le premier sert d'introduction à l'histoire de Yuko et se déroule dans notre monde au Japon, les autres seront des lieux dans « Fantasy World » comme le sommet d'une montagne enneigée, l'intérieur d'un volcan en éruption, le flanc du volcan, une forêt maudite ou un temple en ruines pour finir par le château de l'empereur Rogles. Chaque niveau se finira par un boss.

La technique est elle à la hauteur de la séduisante Yuko ?
 

Déjà rappelons qu'il s'agit du premier volet de la saga sur Mega Drive et qu’il est l’adaptation des versions 8 bits NES et MSX. La version Nec PC Engine CD Rom sortira un an plus tard et bénéficiera de séquences animées bien plus belles et de voix digitalisées. Elle corrigera aussi quelques défauts du titre, comme la lenteur de notre personnage (mais j’y reviendrai), tout en offrant une palette de couleurs différente.

Valis, premier du nom, est donc un titre techniquement dans la moyenne mais dont on sent clairement qu’il est issu de versions 8bits. Que ce soit par le choix des couleurs, ou le côté souvent très « carré » des décors qui nous entourent.

Le titre souffre aussi de quelques soucis comme une gestion des collisions très perfectible avec des sprites (ou notre personnage) qui peut « disparaître » lors d’un coup reçu. Ces disparitions de sprites sont assez fréquentes lorsqu'il y a trop d'éléments à l'écran (notamment beaucoup de projectiles).

D'autre part l'animation de notre héroïne, même si elle est relativement bien décomposée, est vraiment lente. Si vous regardez la version PC Engine CD Rom, vous constaterez qu’ils ont très largement modifié cet aspect du jeu rendant notre héroïne plus agile et rapide. Avec un jeu qui demande quand même quelques réflexes pour éviter les tirs ennemis ou les obstacles, cette lenteur peut paraitre souvent pénible.

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Le gameplay montre aussi de nombreuses failles avec une gestion des sauts hasardeuse, surtout si vous voulez atteindre des plateformes éloignées. La meilleure solution étant finalement de faire une glissade dans le vide afin d'atteindre l'autre côté du gouffre. Ce manque de réactivité dans les sauts sera d'ailleurs un problème récurrent dans la saga Valis. Heureusement que les phases de plateforme ne sont pas nombreuses, mais n'espérez pas éviter les ennemis en sautant, du moins pas facilement.

Mais ne ternissons pas trop le tableau. La rigidité du gameplay n'empêche pas de passer un bon moment avec ce titre qui nous pousse à avancer, ne serait-ce que pour admirer les cinématiques. Beaucoup moins nombreuses que dans Valis III, elles n'en demeurent pas moins réussies. Le tout desservi par une bande son plutôt sympathique et qui colle bien à l’univers.

Pour finir sur ce chapitre purement technique, les décors affichent quelques scrollings parallèles apportant un peu de profondeur dans certains niveaux. Les ennemis sont variés, changeant à chaque niveau, et les boss vous donneront un peu de fil à retordre sans toutefois être insurmontables. D'ailleurs le jeu se veut relativement facile, du moins ne donnera pas de sueurs aux joueurs habitués à ce type de jeu d'action.

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Valis est le premier épisode d'une saga qui mérite d'être connue. Jetant les prémices d'une histoire bien construite et surtout servie par des cinématiques de qualité, Valis The Fantasm Soldier est forcément l'opus le moins « abouti » mais reste un bon petit jeu d'action. Il faudra donc passer outre sa technique vieillissante, son gameplay un peu mou et ses quelques soucis de collisions pour apprendre à connaître cette saga qui reste chère à mon cœur de gamer.

N'existant pas en version Européenne, il faudra vous contenter de la version japonaise ou US qui pour une fois ne semble pas avoir des traductions trop abominables (malgré des erreurs évidentes et une boîte affreuse).

Verdict

5

Points forts

  • Des tas de cinématiques
  • Un véritable scénario qui s’étoffe à chaque épisode
  • Une boîte japonaise très réussie
  • Une bande son sympa
  • Plusieurs armes et pouvoirs différents

Points faibles

  • Techniquement entre la 8 et 16 bits
  • L’héroïne trop lente
  • Des soucis de gestion de collision
  • Une boîte américaine affreuse
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Mega Drive 5.3 3

Commentaires

Merci bien pour ce test, je dois t'avouer n'avoir jamais essayé cette série😀
Mais du coup ça donne envie de s'y intéresser !
myau, 12 Aoû 2022 - 9:03
Merci pour ton test mais sur Mega Drive japonaise, Valis est sorti en décembre 1991 ; soit neuf mois après Valis III dans sa version MD et est en effet moins réussi. Valis I est signé Riot et le III est de Reno (Gaiares).
Alors concernant la date de sortie, tu me mets un doute. Dans mes souvenirs il était effectivement sortie après Valis 3, mais sur le net je n'ai pas réussi à avoir confirmation et la plupart des sites que j'ai vérifié parle de début 1991, du coup, je me suis dit que mes souvenirs étaient mauvais. J'ai donc mis la date qui semblait être la bonne et validé par plusieurs tests sur le sujet.
Tu as trouvé où la confirmation de la date ?
La série Valis a des origines otaku dès le départ.
Il faut savoir que le 2 dans ses version msx et x68000 ont des scènes de nudité avec le méchant sous-entendant qu'il a violé la reine du monde magique et foutant yuuko à poil pour l'humilier à un moment (sans oublier il me semble les menus où on peut mettre yuuko topless)
Avant d'être revendu à une boîte faisant du porn, le jeu avait aussi eu un remake sur mobile avec pas mal de tenues servant à faire fantasmer le mâle (yuuko en infirmière, en maid où en pyjama ).
En fait Valis surfait sur la mode des hentai/otaku stylé d'heroic fantasy de la fin des années 80, début 90. ( Leda,Rall, Rem, legend of Lyon flare). D'ailleurs la version famicom avait eu un mini OAV promotionnel animé par le staff des Oav project A-ko (lui même ayant commencé sa production comme Oav érotique dans les cream lemon), c'est à dire hideaki anno, mais aussi yuji moriyama ou encore le chara designer de Ranma et de la seconde moitié de Lamu et du staff de dirty Pair.
Bref la série était du pur jeu pour otaku.
Elle restait juste à la limite comme la série des cosmic fantasy
Bon par contre le porn game (et le manga qui en est adapté) sont des daubes