Test : Total War : Attila - Age of Charlemagne (Windows, Mac, Linux)

Après nous avoir permis d'être témoins de la chute de l'Empire Romain d'Occident dans la campagne d'Attila, puis nous avoir proposé de vivre la tentative de restauration de Bélisaire dans le DLC Le Dernier Romain, Creative Assembly avance encore une fois le calendrier avec Age of Charlemagne. Nous sommes en 768, Pépin le Bref vient de mourir, l'Europe de l'Ouest ne le sait pas encore mais son destin est sur le point de basculer avec l'avènement de son fils, celui qui deviendra Charlemagne.

L'Empire Romain est mort et enterré. Les Francs, Lombards, Wisigoths s'en sont partagés les ruines. Mais la situation est sur le point d'être bouleversée. Dans la péninsule ibérique, les Wisigoths ont été repoussés en Galice par l'avancée des musulmans, désormais implantés à Cordoue. Le partage du royaume Franc entre Charles et son frère Carloman divise le centre de l'Europe dans un théâtre explosif. Les peuples germaniques contiennent encore l'avancée du christianisme, tandis qu'à l'Est, l'émergence du Khaganat Avare rappelle aux peuples de l'Ouest les sombres heures des hordes d'Attila.

La vidéo d'introduction nous expose ainsi celui dont le nom symbolisera cette époque, juste après les funérailles de Pépin. Visuellement pauvre, elle garde toutefois une certaine cohérence, l'absence de crédibilité des expressions des visages étant renforcée par des doublages manquant cruellement d'enthousiasme. Toujours est-il qu'elle est surtout là pour nous rappeler que bien qu'il soit possible de jouer un certain nombre de factions, l'intérêt principal de ce DLC se concentrera sur le destin de Charlemagne.

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Dis donc Charles, tu prends toute la place !

Ainsi, outre le royaume des Francs, vous pourrez notamment prendre les rênes des Wisigoths qui rêveront de reconquête de l'Espagne, des Lombards, en bisbille avec le Pape, du Califat de Cordoue en pleine expansion vers le nord, ou encore de façon plus exotique du Khaganat Avare. Mais si je n'ai aucun grief particulier envers ces différents peuples, mener Charlemagne et ses Francs aussi loin que dans la réalité reste le challenge le plus intéressant.

Une faction non jouable sera d'ailleurs un élément déclencheur : Carloman, l'autre fils de Pépin, possède une grande partie de la France actuelle et lorsque surviendra l'événement scripté annonçant sa mort, il sera possible de choisir quelle direction prendra la campagne, allant de la guerre à l'alliance avec son successeur.

Les événements scriptés seront nombreux et colleront parfaitement à la réalité historique. Entre l'appel du Pape auprès de Charles contre les humiliations des Lombards ou la menace Avare jusqu'aux portes de Venise, vous serez régulièrement confrontés à des décisions décisives, au point d'avoir le sentiment d'être gentiment pris par la main pour être ramené sur le bon chemin. S'il est plaisant de constater le soin apporté à ce point, il pourra en devenir frustrant pour ceux qui chercheront à renverser le cours de l'histoire.

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Total War, Rince, Repeat

La carte du monde sera également recentrée sur ce qui sera l'Empire Franc, n'égalant malheureusement pas la taille de celle de la campagne d'Attila, accentuant encore un peu plus l'importance apportée à Charlemagne et son histoire puisque géographiquement c'est bien cette faction qui occupe la place centrale de la carte stratégique.

La phase de gestion de province reste fidèle à la série, ce DLC n'apportant aucune innovation dans le domaine. On retrouvera les bâtiments à construire pour recruter archers, lanciers, cavaliers, ceux qui améliorent les revenus ou l'ordre public à l'échelle de la province. S'ils ont parfois un nom différent, leur rôle sera sensiblement le même que lors de la campagne d'Attila.

La gestion interne de sa faction reste identique également, avec l'importance à accorder à la nomination des bonnes personnes aux postes à responsabilité pour obtenir des bonus sur l'ensemble de son empire, tout en gardant un oeil sur la loyauté de ces derniers et notamment des généraux, prompts à se sentir pousser des ailes et tenter de se rebeller.

L'Impérium est l'indicateur clé dont dépendra le niveau de victoire de votre campagne. Son niveau augmente lors de l'expansion de votre territoire, de la construction de certains bâtiments ou la découverte d'avancées sociales ou militaires ; c'est également la mesure qui vous permettra d'augmenter le nombre d'agents (espions, assassins, prêtres), de généraux (et donc d'armées) et de gouverneurs provinciaux dont vous disposez. En contrepartie de sa croissance, une part plus importante de ressources sera perdue pour symboliser la difficulté d'administrer un empire plus vaste.

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La recherche est également identique, divisée en deux branches, militaire et civile, apportant le même type de bonus que dans les campagnes précédentes (amélioration des unités, du niveau d'Impérium, déblocage de nouveaux bâtiments...). La diplomatie n'est pas en reste, rien n'ayant évolué à ce niveau.

En bref, on se retrouve avec une partie gestion copiée collée sur une nouvelle carte et de nouveaux drapeaux. Si elle dispose de qualités déjà éprouvées, ceux qui attendaient des innovations seront déçus par ce DLC.

Total War, Total War never changes

Quelle que soit la faction que vous aurez choisie, la situation est explosive dès le premier tour ou presque et vous serez rapidement amené à montrer sur le champ de bataille vos ambitions à vos voisins. La même remarque peut alors être faite pour ces batailles stratégiques : on se retrouve en terrain connu (bien que cette fois-ci, les soldats enjambent les barrières au lieu de les défoncer à coups de sandalettes), à affronter une IA qui présente les mêmes limites qui sautent aux yeux dès qu'elle s'approche des rivières.

Elle a en effet une fâcheuse tendance à charger l'armée l'attendant de pied ferme sur la rive opposée et, avec une obstination qui confine à la bêtise, enverra ses troupes se faire embrocher par les lanciers adverses. Elle sera dans cette situation capable de perdre des batailles malgré une supériorité numérique importante, mais dans l'ensemble elle offre un challenge cohérent.

Au niveau technique, je regrette des temps de chargement assez long, notamment pour passer de la carte stratégique aux combats et inversement. De plus, j'ai connu une première campagne que j'ai du abandonner pour cause d'un bug qui me renvoyait sans cesse au bureau au passage d'un tour.

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Comme pour le Dernier Romain, Age of Charlemagne se contente de réchauffer un contenu dont les qualités et les défauts sont reconnus mais n'a jamais eu l'ambition d'améliorer le concept. Il nous propose un contexte historique moins rafraîchissant que celui de Bélisaire mais autrement plus épique en nous mettant dans les chausses de celui qui deviendra le fondateur de la dynastie Carolingienne.

La politique de prix sur les DLC de la franchise Total War n'a pas non plus évolué : il faudra débourser 14,99€ pour se le procurer sur Steam. La conclusion tirée du test du Dernier Romain reste valable, à savoir que je ne peux le conseiller à ce prix vu le contenu. Par contre, il s'est déjà trouvé disponible à 3,75€ sur Steam ou sur le Humble Store et lors d'une opportunité de ce genre, les fans de la franchise sauront apprécier le challenge proposé par une période historique riche et mouvementée.

N.B. : Test réalisé sur la version PC. Les versions Mac et Linux peuvent différer au niveau technique.

Verdict

6

Points forts

  • Challenge épique s'il en est
  • Toujours les mêmes qualités...

Points faibles

  • ...et toujours les mêmes défauts
  • Prix élevé pour le contenu

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