Test : Terra Phantastica (Saturn)

Sorti durant une période relativement calme en terme de RPG sur notre Saturn adorée, Terra Phantastica est un Tactical-RPG méconnu des joueurs occidentaux, à l'instar de Wachenroeder. Et pour cause, il n'est sorti qu'au Japon. Ce que Terra Phantastica propose au joueur, c'est un univers médiéval avec une pointe de fantaisie, des affrontements passionnants dans des environnements très variés, une histoire captivante et des personnages très diversifiés. Sa réalisation en 3D isométrique est une franche réussite, de même que les phases de combat entre les généraux, méritant énormément leur statut de "cultes".

Une entrée en la matière percutante

Terra Phantastica est un jeu que l'on pourrait lancer un nombre de fois illimité, jamais on ne se lasserait de la très courte scène d'introduction, montrant une statue puis se terminant sur l'écran titre "Terra Phantastica". Une fois ce court moment de beauté admiré, le jeu débute. C'est à nouveau une scène cinématique qui nous accueille, relativement longue qui plus est. Cette dernière nous laisse entrevoir un château et ses environs, attaqué par une horde de dragons. C'est alors que celui qui s'apparente comme étant le grand méchant de l'histoire rencontre une jeune femme mystérieuse qui s'oppose à lui dans l'enceinte du château. La cinématique se termine et laisse place à la scène, entièrement réalisée avec les graphismes du jeu. Après un court échange de parole, le démon se fait pulvériser et se retrouve contraint de prendre la fuite, avec la ferme intention d'accomplir sa vengeance, du moins ce que je crois avoir compris. On notera que la scène d'introduction n'est pas particulièrement réussie, on a beaucoup l'impression de voir des images fixes copiées et collées sur des fonds, pas vraiment beaux non plus. Rien à voir avec la magnifique statue du début. Le jeu en revanche semble à ce stade être extrêmement fin, et c'est assez bon signe.

Cette petite entrée dans le jeu effectuée, la jeune femme nommée Deene s'avère être l'héroïne du jeu, et va désormais rejoindre les hautes sphères du royaume afin de mener diverses batailles, accompagnée de multiples personnages.

Le début des hostilités

Le jeu démarre donc par ce qui s'apparente à des affaires domestiques rappelant grandement celles de Dragon Force. Le conseil est réuni et toutes les importantes personnalités sont ici pour faire le point de la situation. Chacun à son petit mot à dire, et le joueur est totalement libre de choisir à qui il veut parler. Un point important donc, puisque le jeu s'étend beaucoup sur l'aspect relationnel, et pas simplement les batailles, même si ces dernières prennent beaucoup plus de temps. Le jeu se découpe en chapitres, dont la longueur peu énormément varier, laissant l'impression qu'au final, ils ne servent pas à grand chose. Tout au long du jeu, le joueur devra également éduquer une jeune princesse au combat, et également effectuer des choix vis-à-vis d'elle pendant les phases domestiques. Ces choix ne semblent pas avoir de conséquences majeures sur le déroulement du jeu.

Comme tout T-RPG qui se respecte, Terra Phantastica débute par un tutorial, fort appréciable étant donnée la relative complexité du titre. C'est avec un papier et un stylo en main que l'on note une bonne fois pour toute le contenu des menus, qui une fois mémorisés correctement garantissent un plaisir de jeu total. Car Terra Phantastica fait partie de ces jeux japonais que les joueurs occidentaux peuvent totalement apprécier, même s'en rien y comprendre. Les batailles laissent donc place à une 3D isométrique du plus bel effet, particulièrement efficace dans un T-RPG en ce qui concerne les reliefs. Pas de rotation de caméra ni de zoom, la vue ne changera pas d'un poil. En revanche, le rendu visuel n'en est que plus agréable, puisqu'il autorise de nombreux effets : brouillard, rayons de soleils, aspect d'un champs de bataille qui change selon la période de la journée etc...

Le tutorial nous guide pas à pas dans les diverses commandes du jeu, qui sont tout de même très nombreuses. Terra Phantastica est un jeu très tactique, bien plus que Shining Force ou Wachenr?der par exemple. Les tours sont décomposés en deux phases : d'abord le joueur déplace tous ses personnages, puis la console en fait autant, zapant volontairement les unités trop éloignées, ce qui constitue un gain de temps appréciable. Chaque personnage dispose de un à trois points d'action, et chaque action en utilise un. Les principales actions sont le déplacement, l'attaque ou encore l'utilisation d'un sort.

Chaque général disposant de ses propres troupes, que l'on a pu attribuer durant les affaires domestiques, il va falloir utiliser une formation adéquate à chaque situation. Il y en a trois par type de troupes, d'une manière générale une privilégiant le déplacement sur de grandes distances, une autre dédiée à l'attaque et une dernière plus défensive. En plus de ctaque et une dernière plus défensive.es actions, les personnages peuvent également recharger leur "élan", qui est une jauge d'endurance pour les troupes. Chaque attaque consomme donc de l'élan, au même titre que des déplacements ou des changements de formations. Les personnages principaux peuvent également effectuer des recherches en inspectant les lieux qui semblent suspects. Le jeu pense au bien être du joueur en affichant en permanence des informations bien utiles : portée d'une attaque avec les troupes en bleu, portée d'un sort en jaune, et donc en vert les cases accessibles par les deux simultanément. Un écran de statut est accessible à tout moment, afin de vérifier les points de vie ou les points de magie d'un personnage, ou encore pour voir l'objet qui lui est équipé, à condition qu'on lui en ait équipé un au préalable pendant les phases domestiques.

Les phases d'attaques

Là où Terra Phantastica atteint son sommet en matière d'immersion, c'est au moment de l'assaut d'un général adverse. Le champ de bataille laisse place à un écran présentant les deux généraux. D'un côté, le drapeau de l'ennemi apparaît et à l'opposer celui du général qui attaque. Les deux drapeaux se croisent au centre de l'écran, le tout sur une musique à base de percussions et de cuivre des plus entraînante.

Autant le dire, l'effet laissé par cet écran de présentation est impressionnant. Tout l'art de rythmer les affrontements est là. Cet écran de présentation court mais intense cède la place à une scène présentant les deux troupes, et là c'est vraiment la grosse claque : les généraux et leurs troupes sont représentés face à face selon une diagonale, toujours dans l'esprit de la 3D isométrique du jeu, mais les sprites sont beaucoup plus gros et parfaitement animés. Selon la situation dans laquelle l'attaque a été effectuée, plusieurs actions pourront être réalisées par l'attaquant et le défenseur : pour une attaque frontale ça sera trois actions chacun, tandis que de côté le défenseur est réduit à deux actions, et une seule s'il s'est fait prendre à revers.

Un nouveau menu apparaît alors, que l'on s'empresse de noter sur notre feuille également. Les actions sont simples : on peut effectuer une attaque, utiliser un sort, fuir ou encore changer de formation. Une action supplémentaire est disponible, et s'appelle la charge. Son principe est de défoncer l'adversaire au sens propre du terme puisque l'ensemble des troupes foncent sur l'adversaire, arme à la main, en criant, et ce de manière tellement désordonnée que les troupes perdent leur formation suite à cette charge, retournant donc dans la formation de base dédiée au déplacement. C'est durant ces phases que l'on comprend l'importance des formations, puisqu'une formation inadaptée sera vouée à encaisser des dégâts énormes ou à en causer bien peu. D'où l'utilisation plutôt anecdotique de la charge en temps normal. Cependant elle n'est pas à négliger car elle peut permettre d'achever un adversaire.

Pur médiéval ou héroïc fantasy ?

L'univers de Terra Phantastica est une franche réussite. On peut l'assimiler à un univers médiéval féerique, c'est à dire très proche de l'époque médiévale que nous connaissons, mais avec une pointe de magie et de créatures extraordinaires, sans pour autant que cela soit utilisé de manière abusive.

Les sorts n'existent qu'en nombres limités, et les mages sont en fait des sorcières. Le joueur croisera également le chemin de deux hommes crapauds, et sera amené à utiliser des sortes de singes comme troupes, voir des golems à la toute fin du jeu. Le jeu assure donc une variété très agréable au niveau des personnages, tout comme les adversaires qui sont eux aussi très variés : gobelins, esprits, chevaliers etc... L'ensemble se laisse donc parcourir avec plaisir, d'autant plus les champs de bataille sont parfois magnifiques. On notera également le style de dessin, assez particulier et nous rapprochant beaucoup d'un médiéval classique. Les musiques sont elles de bonnes factures, mais passent un peu inaperçues.

Le déroulement du jeu quant à lui s'effectue de manière très linéaire, à partir d'une carte du monde relatant les trajets. Occasionnellement le joueur aura le choix entre deux destinations : dans tous les cas deux batailles auront lieu, c'est seulement l'ordre qui est modifié, avec toutes les influences que cela peut avoir sur la période de la journée ou encore les ennemis présents.
Pour terminer en ce qui concerne les batailles, beaucoup d'interactions existent et sont parfois difficiles à trouver. Certains personnages ont le pouvoir de voir des choses invisibles pour les autres, ce qui amène parfois à rater des choses, des personnages cachés notamment. Un autre exemple est la présence d'évènements secondaires, comme dans l'une des premières batailles ou un navire de guerre bombarde le joueur se trouvant sur la plage, et bien il est possible en inspectant la bonne maison de déclencher un événement avec une sirène qui amènera à la destruction du navire. Autant de détails qui risquent d'échapper au joueur occidental, malheureusement.

Terra Phantastica est sorti dans une période assez pauvre en RPG sur Saturn, et n'a malheureusement pas eu un accueil digne de ce nom puisqu'il ne sera jamais parvenu à quitter le Japon. Il n'en demeure pas moins que c'est un T-RPG exceptionnel garantissant des batailles variées et passionnantes. L'ambiance générale du titre a été particulièrement réussie, et il est tout à fait possible d'apprécier Terra Phantastica sans pour autant comprendre le japonais. Et une fois pris dans le jeu, on a bien du mal à se passer du rythme fracassant des phases d'attaques.

Verdict

8

Points forts

  • Intensité des combats
  • Univers enchanteur
  • Réalisation

Points faibles

  • Difficulté parfois mal équilibrée
  • On rate des choses à cause du japonais

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