Test : Football Manager 2023 (Windows, Mac)
Simulation
Le cru 2022 avait amené pas mal de nouveautés et une grosse annonce sur l’avenir qui m’avait un peu gâché l’expérience. Pour 2023, les tristes records de sécheresse sont passés par là et ont détruit la récolte du trophéculteur Zeross.
Désormais on s’organise (un peu)
Ne perdons pas de temps et allons récupérer ce ballon dans les pieds adverses. Finie la gestion de patron qui recrute trois joueurs pour le même poste parce qu’il a oublié deux fois qu’il avait déjà quelqu’un. Fini le patron qui recrute une méga-star alors qu’il avait un jeune prêt à percer qu’il a oublié. Pourquoi ? Parce que désormais, l’onglet « Compo d’équipes » est là.
Bien sûr ce n’est pas une révolution, on y retrouve les rapports d’analystes et de l’adjoint que l’on avait précédemment sous l’onglet « Effectif ». L’expérience Matrix est, par contre, bien nouvelle et propose une vue d’ensemble du niveau d’expérience de vos joueurs. Exemple avec le Pau FC :
4 colonnes : en apprentissage, en train de percer, à son meilleur niveau et expérimenté. Passer la souris dessus nous donne un peu plus de détails : « En apprentissage » sont les jeunes joueurs que l’on ne s’attend pas encore à voir jouer régulièrement des matchs avec l’équipe une. Ils vont plutôt entrer en fin de match ou commencer lorsqu’il y a des blessés.
Les joueurs « en train de percer » sont ceux dont le niveau se rapproche déjà de leur maximum, ils vont encore progresser et jouent régulièrement avec l’équipe 1. Un jeune de 19 ans avec un niveau incroyable peut donc déjà être « en train de percer » alors qu’un autre de 23 ans sera toujours en « apprentissage » si le premier joue en équipe 1 depuis deux ans quand l’autre continue de faire des entrées en fin de match.
Le joueur dans la catégorie « à son meilleur niveau » est celui qui a une certaine expérience et ne progressera plus aussi bien techniquement que physiquement. Enfin, les joueurs expérimentés sont ceux ayant entamé leur déclin physique. Sans doute auriez-vous du le vendre plus tôt pour en tirer un meilleur prix.
Mais la nouveauté décisive se trouve en fait dans le premier écran, celui sur lequel vous arrivez. Oui, ça ressemble simplement à l’ancien « profondeur d’effectif » mais si vous regardez bien, vous avez désormais un petit bouton « saison prochaine » et « saison d’après ». Vous ne rêvez pas, vous pouvez voir la profondeur d’effectif que vous aurez l’an prochain en fonction des départs et arrivées déjà actées. Plus de panique quand vous vous rappelez avoir vendu vos deux milieux en fin de saison. Un tour ici et vous verrez que vous les aviez déjà avantageusement remplacés. Mieux, vous pouvez ajouter des joueurs que vous voudriez recruter pour vous projeter et savoir si vos postes sont correctement doublés. Fini donc de changer d’écran pour ouvrir votre fichier excel préféré, FM assume son statut de feuille de calcul.
Une chanson douce…
Soyons honnête, est-ce que l’on joue à FM pour les licences ? J’ai envie de répondre non, on pense à la célèbre équipe des Zebre de Serie A. Que la première division française s’appelle Ligue 1 Uber Eats ou Première Division Française, cela ne changera rien à votre ambition non plus. Alors quand on pense à la Coupe des Champions, l’Euro Cup et l’Euro Cup II, les joueurs savent très bien à quelles compétitions elles font référence. Mais quand vous avez galéré dix années à vous extraire des divisions inférieures, dix années à développer ce club, qu’il ait été un ancien grand nom moribond ou simplement sans antécédent au plus haut niveau, que vous décrochez la qualification pour la Ligue des Champions avec la musique… Ce serait mentir que de dire que ça ne fait pas plaisir. L’acquisition de la licence ne changera pas votre expérience au quotidien, la musique ne vous fera sans doute pas frissonner si vous avez l’habitude de commencer avec un gros club, mais ceux qui auront galéré pour arriver là sauront savourer ce petit bonus.
One tactic to rule them all
Abordons les tactiques avec un bon pâté de campagne. Ces dernières années, j’avais remarqué une amélioration de l’accessibilité du jeu, c’était notamment le cas pour l’aspect tactique avec des animations permettant de mieux comprendre le rôle des joueurs et des rôles et consignes prédéfinies pour la tactique que vous souhaitiez jouer. On ne va pas se mentir, c’était plaisant, la courbe de performance était arrondie et on pouvait se contenter d’une tactique générée par le jeu avec un bon recrutement, ou chercher les dernières optimisations pour maximiser ses résultats. Cette année c’est impossible. J’aimerais dire que « cela m’a paru impossible », mais avec presque 40h dédiées quasi-exclusivement à trouver une tactique à peu près fonctionnelle, cela m’embêterait de l’écrire. Football Manager n’a jamais été un jeu où l’on peut dire à un néophyte « t’inquiète après 100 ou 200h tu seras bon », mais depuis 2015 j’avais développé un protocole de test tactique avec mon frère qui, jusque-là, m’avait permis de savoir si mon projet de jeu était viable.
Douze saisons complètes ont été simulées avec, pour chacune, dix clubs contrôlés, toujours les mêmes, avec le premier mercato désactivé pour limiter les variations. Dans les précédents épisodes, quand une tactique était fondamentalement fonctionnelle, on s’attendait à être en poste dans six clubs sur les dix, une bonne tactique huit clubs et une exceptionnelle proposait en plus des résultats bien au-dessus des attentes.
Ici, être encore en poste avec six clubs est exceptionnel, et encore vous n’aurez pas atteint les objectifs partout. La majorité des tactiques, même classiques, m’ont amené à des saisons catastrophiques où le club avait moitié moins de points que celui devant au classement. L’explication se trouve peut-être au niveau de la gestion de l’adjoint, peut-être aussi que les équipes sélectionnées sont bien plus faibles que les autres années. Peut-être aussi que je n’ai pas été capable d’évoluer, mais les tactiques testées ont été variées et bien différenciées. Alors on lance la tactique que les joueurs utilisent en dernier recours : le 4-3-3 Gegenpress.
Aucun licenciement, des résultats bien au-delà des attentes et une déception certaine : cette année, Football Manager semble être le jeu d’une seule tactique. Comme si la belle courbe qui permettait à la fois une certaine variété de tactiques et une exigence raisonnable s’était transformée en une arête tranchante : tu es soit dessus soit à côté. Les parties que j’ai contrôlées sont allés dans ce sens : même avec une tactique ayant été parmi les moins mauvaises de mes tests et un effectif adapté, les résultats ont été systématiquement catastrophiques. Commencer avec un club sans argent pour faire quelques ajustements est un chemin de croix qui vous forcera à recommencer de nombreuses fois pour avoir une tactique fonctionnelle. Commencer avec un club qui propose une équipe bien plus forte que l’objectif demandé devrait vous laisser le temps de la mettre en place. L’autre possibilité sera d’en prendre une sur internet, avec l’amertume de ne pas triompher avec sa propre tactique.
Que le jeu redevienne plus dur n’est pas un problème, c’est même plutôt une bonne chose car cela nous oblige à traquer tous les gains que l’on peut trouver. Le problème vient du 4-3-3 Gegenpress, il n’a pas régressé et va encore plus inciter les joueurs en difficulté à l’utiliser. C’est un problème d’équilibrage comme il y en a à chaque opus, sauf qu’avant il fallait trouver cette tactique qui cassait le jeu comme Pep Guardiola avait détruit le football en 2009. En 2017 mettre trois Faux 9 mettait l’IA en PLS, l’année d’après c’était les 3 attaquants avancés axiaux. Aujourd’hui vous avez juste à utiliser un préréglage du jeu pour avoir vos résultats, éloignez-vous en et vous perdrez gros. Si vous décidez de continuer avec votre tactique, il vous faudra recruter et ça bouge un peu aussi.
Des fruits toujours plus mûrs
La recherche de joueurs par vos recruteurs avait déjà été revue il y a quelques temps et a encore évolué. Si je n’ai pas vraiment pu en profiter à cause de mes résultats en matchs, les recruteurs sont beaucoup plus autonomes, vous évitant d’avoir à valider les 150 rapports qu’ils vous envoient. Comme avant, vous leur fixez des objectifs : vous voulez un attaquant de moins de 26 ans et qui apporte une plus-value à votre effectif. Vos recruteurs se mettent à la recherche de votre future joyau déjà poli et vous enverront occasionnellement un rapport vous indiquant simplement combien de joueurs semblent correspondre à vos attentes et combien ont été écartés parce que pas tout à fait correspondants. Plus besoin de voir les 30 joueurs individuellement. Lorsque leur recherche est terminée (si vous avez mis une date de fin), vous pourrez voir lesquels ont été retenus. Vous les trouvez tous un poil trop cher ? Vous pouvez regarder la liste de ceux qui ont été écartés, peut-être y en aura-t-il un qui, certes a 28 ans, mais est deux fois moins chers que ceux retenus.
Votre joueur choisi, vous pouvez contacter l’agent pour avoir une idée de ses attentes, en termes de salaires et de temps de jeu. Il demande un salaire trop élevé mais l’agent dit qu’il serait intéressé par le club ? Vous pourrez lui signaler que vous êtes intéressé mais que vous n’avez pas les moyens de lui proposer autant, l’agent pourra alors revoir ses attentes à la baisse ou simplement vous dire que ce ne sera pas possible. Une bonne chose qui vous évitera de négocier avec le club pour ensuite être remballé par l’agent parce que vous pensiez pouvoir satisfaire les demandes du joueur.
Des petites nouveautés toujours bienvenues
La tactique voit l’apparition de deux nouvelles consignes défensives : voulez-vous laisser les ailiers/latéraux adverses centrer ou préférez-vous les faire jouer en retrait ? De même voulez-vous que vos défenseurs participent au pressing d’équipe ou doivent-ils se replier ? Un apport léger mais il faut dire que cela devient difficile d'ajouter des consignes pertinentes.
En match, on retrouve la fluidité dans le jeu que l’on a vu l’an passé ; les adversaires continuent de réagir à vos changements tactiques et vous proposent un challenge pour conserver votre avantage. Mais je peux vous assurer que c’est bien l’incapacité de mes joueurs à suivre des instructions simples qui me pose problème.
En parlant de problèmes, parlons des supporters. Ces derniers ont désormais leur propres attentes et vous noteront comme les dirigeants vous notent. A vous de jongler entre les attentes des supporters de Marseille qui veulent gagner la Ligue des Champions et les dirigeants qui veulent réduire les dépenses. Vendre Dimitri Payet et son gros salaire sera peut-être bien perçu par le board, mais les ultras vous feront la gueule. Vos dirigeants vous demandent de pratiquer un jeu défensif et vos supporters veulent du jeu spectaculaire ? Ou alors on vous demande de former des jeunes et vos ultras veulent des noms ronflants ? Autant de situations intéressantes à gérer. Être apprécié des fans pourra vous aider à conserver votre job dans les mauvais moments, mais à l’inverse, s’ils vous détestent, atteindre les objectifs ne sera peut-être pas suffisant. Vu que je n’ai pas réussi à avoir de résultats, les dirigeants et les fans étaient ravis de me virer, c’est beau la communion entre des dirigeants et des supporters, mais ça fait mal.
Enfin petit point Linux, depuis l’abandon du support, jouer à FM était souvent délicat les premières semaines avec Proton. Cette année le jeu s’est lancé sans avoir à trifouiller la compatibilité et avec la même fluidité que les jeux natifs. Vous pouvez donc y aller sans crainte.
Que dire en conclusion ? Je suis évidemment frustré, le jeu propose les évolutions habituelles pour le rendre toujours plus digeste, son arrivée sur PS5 en plus de la Xbox et Switch va dans ce sens. Pourtant le jeu m’a semblé plus dur que mes premières parties sur Football Manager 2013, à l’époque où je ne maîtrisais juste pas les bases du jeu. Aujourd’hui je les ai, mais l’équilibre entre exigence et accessibilité que l’on avait ces dernières années semble absent cette année. Les ajouts de cette année vont dans le sens du poste d’entraîneur « sur la corde raide » mais la difficulté tactique en hausse rend le jeu excessivement dur à mes yeux. Si c’est moi qui suis devenu mauvais, un 7 est un minimum, si c’est le jeu qui est devenu trop dur et déséquilibré, le 6 est un maximum. On lui laisse le bénéfice du doute et on se remet au boulot.
Verdict
Points forts
- Les supporters ne comptent plus pour des prunes
- La projection de l'effectif, pour mieux anticiper la récolte de pépites
- Des recruteurs éco-responsables avec moins de rapports inutiles
- Les agents sont prévenus : vous n'êtes plus une poire
- La musique de la Ligue des Champions pour fêter la fin de la moisson de trophée
Points faibles
- La méta hyper relevée, pas de risque de verglas avec autant de sel déversé
- Il faudra encore attendre pour voir les joueuses participer aux vendanges
Archives commentaires