Test : Bayonetta Origins - Cereza and the Lost Demon (Switch)

Après un hiatus de huit années, Bayonetta est de retour dans l'actualité des consoles Nintendo. Si le troisième opus sorti l'an dernier était prévu de longue date, l'annonce de Bayonetta Origins - Cereza and the Lost Demon fut quant à elle une surprise. Platinum Games en avaient gardé sous le coude, et d'ailleurs, un premier aperçu du jeu était disponible dans Bayonetta 3 à condition de découvrir un chapitre secret. Nous voici six mois plus tard avec le jeu complet, narrant les aventures de Cereza encore jeune et sa peluche démoniaque, Chouchou.

Follow the white rabbit
 

Bayonetta Origins (j'utiliserai cette abréviation) est un spin-off d'un genre différent de la série principale, destiné à un public moins adepte d'exploits techniques. Précision essentielle pour qui veut tenter l'aventure, car si vous êtes amateur de jeux d'action exigeants, Bayonetta Origins vous ennuiera au plus haut point. En revanche, le titre ouvre la porte à un public préférant des expériences plus simples, tout en faisant preuve de certaines qualités dans son exécution.

L'histoire débute en nous mettant dans la peau de Cereza, qui vit avec Morgana, une puissante sorcière. La jeune Cereza suit ses enseignements exigeants et rêve d'explorer la forêt, dont l'accès lui est strictement interdit. Bien évidemment, la jeune fille n'en fera qu'à sa tête et finira par pénétrer dans le lieu interdit. La première partie du jeu, disponible dans la démo, permet de découvrir les mécanismes et l'histoire jusqu'à ce que Cereza invoque un démon dans sa peluche, Chouchou. Le duo se retrouvera alors uni tout au long de l'aventure.

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Toutes les références aux contes de notre enfance y passent, que ce soit la soit la fée (Morgana) ou le mystérieux loup blanc que l'on suit durant une bonne partie de l'aventure. L'ambiance visuelle va de pair, avec un design enchanteur restitué au travers de textures un peu délavées, de teintes pastel, de contours marqués et d'une surabondance d'effets visuels. L'ensemble est convaincant, bien que fréquemment trop chargé. Et cela fait aussi office de cache misère, car malheureusement, la résolution n'est en aucun cas native sur Switch Lite. Le rythme de déplacement également est très lent, avec un défilement vers l'avant très progressif, ce qui rend le framerate (que je pense être de 30 images par secondes) acceptable. Enfin, l'interface est très agréable et de bon goût, mais aucun effort spécifique n'a été fait pour le mode portable, comme d'habitude.

Par dessus ces visuels globalement réussis, vient s'ajouter une ambiance sonore extrêmement soignée, sans aucun doute la plus grande qualité du jeu. Les musiques sont envoûtantes, et ont tendance à rester en tête une fois la console éteinte. Le travail des acteurs est également d'un très bon niveau, avec beaucoup de personnalité, que ce soit pour la narration, Cereza ou Chouchou qui occupent la majeure partie de l'espace sonore. En revanche, j'ai trouvé hors sujet l'utilisation de mélodies minimalistes au piano, typiques de Breath of the Wild : j'imagine que cela aidera à appâter le fan de Nintendo. Si le début du jeu peut paraître un peu lourdingue sur la narration et les phases “qui forcent à marcher”, cela se calme par la suite et je vous suggère d'aller plus loin.
 

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Let's go, Cheshire !
 

Si l'enrobage du jeu s'avère être plutôt convaincant, qu'en est-il de l'action ? Bayonetta Origins propose au joueur d'explorer un monde en contrôlant à la fois Cereza et Chouchou, chacun d'un côté de la manette. Ainsi à gauche, on déplace Cereza, on utilise un sort avec la gâchette, et des objets avec la flèche. A droite, on déplace Chouchou, on fait des attaques avec la gâchette, et on change de forme avec les boutons A/B/X/Y. Cela me fait penser à l'excellent mini-jeu Animal Crossing dans Nintendo Land, où le joueur au Gamepad contrôlait deux personnages en même temps selon le même principe.

Bien évidemment, Bayonetta Origins va bien plus loin que ce simple mini-jeu, et les développeurs ont conçu les lieux pour nous faire alterner entre les personnages. Il faudra donc collaborer pour débloquer les passages, en alternant entre les deux, changeant de forme etc… Je ne détaillerai pas toutes les idées proposées par les développeurs : elles sont finalement assez convenues. A aucun moment je n'ai crié au génie. Le fait que les personnages utilisent peu de boutons a parfois été un problème, notamment la gâchette R qui sert à sauter (action contextuelle) ou à effectuer une attaque spéciale : il arrivera de ne pas faire l'action souhaitée. 

Le monde à explorer se présente sous la forme de régions connexes mais sans zone particulièrement grande. Le champ d'action est toujours assez limité. A certaines occasions, on peut voir assez loin, mais la quantité de détails à l'écran est toujours sous contrôle, probablement pour ménager la console. On passe la majeure partie du temps à ouvrir des coffres pour ramasser des trucs, ainsi qu'à se frotter aux buissons pour ramasser encore d'autres choses. Les animations contextuelles sont rigolotes mais deviennent vite lassantes. Je vous recommande de débloquer la compétence qui permet de courir avec Chouchou d'ailleurs (oui, il y a des arbres de compétences).

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Au fil de l'aventure, on traverse des zones sous le contrôle des fées (qui sont les méchantes de l'histoire). Il faudra alors pénétrer un sanctuaire appelé Tir Na Nog (je vous laisse chercher la référence sur internet). Il s'agit ni plus ni moins que des sanctuaires de… Breath of the Wild. Selon le sanctuaire, soit on y fera un combat, soit on aura quelques salles à traverser avec des épreuves, comme par exemple deux chemins distincts à parcourir avec Cereza et Chouchou. A la fin, on débloque un cinquième de fleur, qui sont l'équivalent les “quarts de cœur” de Zelda. La région sera alors libérée et on aura le loisir d'explorer les zones précédemment bloquées, ce qui permet au passage de pester contre la caméra qui reste fixée vers “le nord”, ce qui nous oblige à faire demi-tour à l'aveugle.

En plus de cela, on aura plusieurs grands donjons à parcourir avec un gros boss au terme de chacun. L'idée est de récupérer les essences de quatre éléments, qui à chaque fois offriront un pouvoir supplémentaire à Chouchou. Les donjons se parcourent exactement comme les régions, et je ne m'étais même pas rendu compte que j'étais entré dans l'un d'eux la première fois. Ils ont chacun des thèmes, le premier m'ayant beaucoup fait penser à Nier Automata (même développeur). Les donjons sont plutôt bien réalisés et permettent de changer un peu d'atmosphère. Les boss sont également sympathiques et requièrent d'exploiter les capacités de Cereza et Chouchou.

Le jeu se termine sur une bonne montée en puissance (après dix/quinze heures de jeu), et le gameplay évolue légèrement pour se rapprocher de ce que la série principale propose durant les derniers combats, ce qui évidemment contribue à créer le lien logique. Je ne veux pas vous spoiler, donc à vous de voir comment cela se termine. On n'est cependant pas au niveau des délires de Bayonetta 1/2/3, le budget n'étant clairement pas le même, donc gardez des attentes raisonnables.

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Un jeu digne des origines de la belle sorcière ?
 

Malgré ses évidentes qualités, Bayonetta Origins m'a un peu laissé sur ma faim. Après un début un peu mou, le jeu a gagné en intérêt une fois le premier pouvoir débloqué, et m'a laissé espérer de belles choses. Malheureusement, la formule est restée somme toute convenue jusqu'à la fin, et une certaine lassitude s'est installée durant le troisième donjon. Le petit sursaut de la fin n'a pas suffit à faire pencher significativement la balance.

Pour un public plus jeune et/ou cherchant une expérience plus tranquille, le titre est tout à fait recommandable. Il y a d'ailleurs des options pour simplifier le gameplay, comme le fait de ne pas avoir à faire les séquences de rythme pour Cereza, ou des combos automatiques pour Chouchou. Je terminerai bien évidemment en râlant sur les performances de la machine. Platinum Games savent que la Switch est à la rue techniquement, et tout leur game-design a été pensé en conséquence, avec notamment cette caméra figée vers l'avant et les zones globalement petites. Mais quand même, avoir recours en 2023 à des effets de transparence que la Master System savait faire, c'est vraiment la loose totale. Oui, je parle de tramage. Les éléments de décors apparaissent et disparaissent de la manière la plus ignoble possible, et une fois qu'on l'a vu, on ne peut pas le dé-voir. Je ne comprends toujours pas pourquoi les développeurs s'orientent vers de tels choix, quand cette machine et la Wii U font tourner Bayonetta 2 dans d'aussi bonnes conditions.

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Bayonetta Origins - Cereza and the Lost Demon est un petit jeu d'aventure sympathique s'inspirant en partie de Zelda dans sa progression. Pouvoir contrôler indépendamment les deux personnages (Cereza et Chouchou) est une bonne idée, dommage cependant que l'ensemble reste convenu du début à la fin, sans jamais provoquer d'incroyables surprises. L'enrobage est le gros point fort du jeu, avec une ambiance visuelle et en particulier sonore très réussie. Dommage par contre que la Switch peine à nous afficher dans des conditions optimales un jeu de ce type. La résolution n'est pas au top et les transparences relèvent du domaine du sketch. Le titre ne s'adresse pas aux amateurs de l'action intense de la série principale, et pour les autres, le tarif de 60€ est un peu élevé.

Verdict

7

Points forts

  • Ambiance visuelles réussie
  • Ambiance sonore au top
  • Gameplay symétrique bien vu

Points faibles

  • Aventure trop convenue
  • Quelques confusions sur les boutons parfois
  • Caméra qui ne sait pas faire demi-tour
  • Cette transparence des enfers
  • Les bruitages de BotW

Commentaires

 

Archives commentaires

Merci pour ce test ! Le jeu correspond plus ou moins ce à quoi je m'attendais : une petite friandise, un petit truc charmant mais qui ne réinvente rien. Effectivement à 60 euros c'est un peu cher, on va tacher de trouver des promos.
Merci pour le test. C'est vrai que 60 euros, c'est certainement abusé pour un spin off fait à côté du jeu original. Pourquoi pas en promo. J'aime bien le style visuel cela dit.