Test : Arrow Flash (Mega Drive)
Arrow Flash est un jeu développé par Telenet Japan exclusivement pour la Mega Drive en 1990. Cette équipe signe ici son deuxième shoot’em up après le sympathique mais moyen Granada. Ils sortiront plus d’un an plus tard l’excellent Gaiares, jeu faisant partie de mes shoots préférés sur la machine.
Telenet Japan est également le développeur de nombreux jeux sur la 16 bits de Sega comme la série des Valis, El Viento ou Road Avenger. Des habitués donc de la Mega Drive qui ont toujours eu à cœur de mettre en avant des scénarios travaillés et une mise en scène type animé dans tous leurs jeux.
Arrow Flash sort donc dans une période où de nombreux titres voient le jour comme Truxton, Insector X, Elemental Master ou Phelios. Les années suivantes la qualité des shoot’em up sur Mega Drive montera d’un gros cran avec les Thunderforce III et IV, Gynoug, Gley Lancer ou Bio Hazard Battle entre autres. Difficile de se faire une place au milieu de tant de titres mondialement connus.
Comme vous pourrez le lire plus bas, Arrow Flash s’en tire avec les honneurs en offrant quelques idées de gameplay inédites, une bonne ambiance et une réalisation tout à fait honnête encore aujourd’hui.
Green Arrow n’a qu’à bien se tenir
Contrairement au héros masqué de DC Comics, ici vous incarnez une héroïne dans une armure rose, ce qui est assez original il faut le reconnaître.
Le jeu s’ouvre sur une intro animée très sympa qui rappelle que c’est Telenet Japan qui est à la manœuvre. On y découvre notre héroïne sauter dans son vaisseau spatial et se lancer à la poursuite d’agresseurs pour les détruire.
C’est dans la notice qu’il faudra aller fouiller un peu pour découvrir le scénario complet de Arrow Flash.
Pour le résumer, l’histoire débute quand votre mère, épouse d’un grand scientifique, se fait kidnapper par une organisation extra-terrestre. Ces derniers, n’obtenant pas ce qu’ils veulent du scientifique, vont finir par tuer leur otage. Votre père, ivre de rage, poursuit ses expériences et tente de construire une machine capable de les affronter. Malheureusement, alors qu’il touchait enfin au but, l’organisation réussit à mettre la main sur votre père et le tue à son tour. Alors qu’ils sont sur le point de détruire tout le complexe scientifique de votre père, vous réussissez à leur échapper et à prendre le contrôle de Arrow Flash, la fameuse arme. Une fois à l’intérieur de votre vaisseau, qui a la faculté de se transformer en robot destructeur, vous quittez la base in extremis et vous lancez à la poursuite des assassins de vos parents pour vous venger.
Un scénario sombre qui tranche avec la patte graphique du jeu qui, vous le verrez, est très pastel et colorée.
Dans le menu d’accueil, vous avez accès à des options en grand nombre et vraiment utiles. Vous pouvez paramétrer le niveau de difficulté (facile, normal et difficile), le nombre de vies, avoir accès aussound test et à la personnalisation des boutons, mais surtout à deux options intéressantes. La première consiste à choisir le tir automatique ou non. Très pratique, ça vous évite de marteler le bouton A pour tirer. La seconde est capitale dans le gameplay vu qu’elle définit le mode d’activation du super pouvoir de votre vaisseau, le fameux Arrow Flash.
En mode « limité », cette arme sera utilisable si vous récupérez des capsules « A » dans le jeu. Comme une super bombe que l’on trouve dans la plupart des shoots, son utilisation est donc limitée au nombre de « A » que vous ramasserez.
En mode « boost », cette arme sera à usage illimité mais fonctionnera en appuyant longuement sur le bouton B de la manette. Un peu comme un tir concentré qui s’exécute quand la jauge est au max. Sur le papier, cela semble l’option la plus intéressante, puisqu’elle vous donne accès à votre arme la plus puissante en illimité. En réalité, c’est plus subtil que cela. Lorsque vous concentrez votre tir, votre vaisseau ne peut plus tirer, vous laissant donc à la merci de vos ennemis. La jauge étant particulièrement lente pour se recharger, ce sont de précieuses secondes perdues qui peuvent s’avérer fatales.
Un choix judicieux donc qu’il faut faire avant de se lancer dans la partie.
On appréciera ces options nombreuses et complètes qui permettent à tous joueurs de trouver son bonheur. Entre le novice qui veut découvrir le jeu plus facilement, et le hardcore gamer qui peut choisir un niveau de difficulté bien plus élevé, tout le monde y trouve son compte.
Pour finir sur ce chapitre, un petit mot sur les différentes jaquettes du jeu, celles-ci étant totalement différentes entre le Japon, l’Europe et les USA, comme souvent…
La boîte japonaise arbore notre héroïne dans son armure rose dans un style très manga et son robot à l’arrière. Très belle jaquette. La version européenne est pour une fois pas mal du tout et se rapproche de la japonaise. La différence principale vient de l’héroïne qui a été « occidentalisée » avec ses cheveux longs, et forcément son visage plus européen.
Reste la version US pour le coup assez moche de mon point de vue. On y voit la tête de profil de notre robot, et en y regardant de plus près notre héroïne à l’intérieur à travers la vitre du cockpit en tout petit. A l’arrière un des boss du jeu. Je trouve cette jaquette un peu brouillonne, trop chargée et moins vendeuse.
Une Mécha-nique de jeu originale
Arrow Flash est un shoot’em up à scrolling horizontal qu’on pourrait croire banal, mais il apporte une nouveauté bienvenue et relativement unique à l’époque : le fait que votre vaisseau puisse se transformer en Mécha à tout moment.
Cette transformation n’est pas que visuelle et change intelligemment le gameplay comme vous allez pouvoir le constater.
Commençons par les bases du jeu. Le bouton A sert à tirer, le bouton B à utiliser notre super pouvoir « Arrow Flash » et le bouton C sert à la transformation de notre vaisseau en robot (et vice versa).
Lors de votre progression vous allez pouvoir détruire des petits vaisseaux options qui vous lâcheront des pastilles servant à upgrader votre armement, en ajoutant des modules qui vous aideront (à la R-Type), à gagner en vitesse, à récupérer des bombes Arrow Flash, à récupérer un bouclier d’énergie, ou à avoir de nouvelles armes. Dans le lot vous aurez les habituels missiles à têtes chercheuses, des lasers ou des boulettes plus grosses par exemple.
Si vous perdez une vie, vous repartez immédiatement au combat (pas de checkpoint) mais perdez tout votre équipement. Par contre si vous perdez un crédit (qui sont infinis en mode facile et normal), retour au début du niveau…
Si l’armement est atrocement banal, l’originalité du titre réside donc dans sa transformation en Mécha.
On pourrait presque dire que le robot à une approche défensive pendant que le vaisseau se veut plus puissant et offensif.
Premier, constat, le pouvoir est différent entre le vaisseau et le robot. A bord de ce dernier si vous activez le Arrow Flash, vous serez invincible de nombreuses secondes avec une flamme qui enrobe votre armure. Très efficace, cela vous permet de vous tirer des situations délicates tout en en profitant pour détruire les vaisseaux que vous touchez. Idem pour les boss, ce pouvoir est bien pratique (voire trop). Le pouvoir du vaisseau est quant à lui un tir multiple vers l’avant extrêmement puissant.
Deuxième grosse différence, la gestion de vos modules d’assistances. Ces « options » sont fixes à l’arrière du robot alors qu’elles tournent autour du vaisseau. L’armement est également légèrement différent entre les deux transformations.
Enfin, différence plus subtile mais néanmoins importante, le vaisseau est plus fin que le robot qui se veut plus massif. Ce dernier est donc une cible plus facile pour vos ennemis, et surtout il est plus difficile de slalomer entre les éléments du décor avec le Mécha, certains niveaux alternant des environnements « vides » avec des zones où les obstacles sont plus nombreux.
Autant de différences de gameplay qui apportent de la richesse au titre de Telenet Japan.
Une réalisation étonnante
Le moins qu’on puisse dire c’est qu’Arrow Flash surprend dès les premiers instants par sa réalisation plutôt maîtrisée.
Le premier niveau envoie du lourd avec un stage qui débute au-dessus d’une couche de nuages absolument magnifique. Pas moins de 7 scrollings parallaxes animent ce ciel en furie et ce de manière vraiment convaincante. On reconnaît immédiatement la patte graphique de ce studio qui a l’habitude de ce type d’effets visuels. De nombreux niveaux offriront ces scrollings multiples pour notre plus grand plaisir. Le niveau 3 mettra même la Mega Drive à profit avec de la distorsion dans tout le décor, effet qu’on ne verra que dans des shoots d’anthologie qui sortiront plus tard comme Thunder Force III ou Gynoug.
Malheureusement, tous les niveaux n’ont pas autant de cachet, mais l’ensemble des sept stages restent tout de même très agréables à parcourir. J’ai également particulièrement apprécié la scission de chaque niveau en deux parties distinctes avec une transition en temps réel très inspirée. Par exemple dans le 1er niveau la première partie se passe au-dessus des nuages et au milieu du stage, la base stellaire de votre père s’écrase au loin en direct. Vous enchaînez donc la suite du niveau avec un nouveau décor. Dans le deuxième, niveau vous débutez dans l’espace avant d’arriver près de la planète et enchaînez la seconde moitié du niveau en orbite proche. Cela apporte une diversité bienvenue et bien réalisée.
L’animation ne souffre jamais de ralentissements malgré une action assez dynamique, gage encore une fois d’un titre à la réalisation maîtrisée.
On ajoutera à ce bon constat général une bande son plutôt réussie signée Hanauri Musume. Par contre, gros bémol sur le bruitage des tirs de notre vaisseau que je trouve crispant au possible.
Si la réalisation de Arrow Flash est une bonne surprise car étant au-dessus de la concurrence des shoots des années 88 à début 90, le plus gros reproche qu’on peut faire au jeu c’est son manque d’originalité global.
J’entends par là des ennemis pas très inspirés, ou des boss déjà vus, trop faciles à vaincre, et d’un manque de réel challenge. En fait, quand on finit une partie de Arrow Flash, on se souvient surtout de son premier niveau au-dessus des nuages, ou de celui en distorsion, ou à la limite de son niveau végétal faisant penser à Thunder Force III, mais finalement si on met de côté sa transformation en robot, le jeu ne marque pas vraiment les esprits. C’est bien dommage.
Arrow Flash est vraiment un shoot’em up sympa et j’ai vraiment eu du mal à lui mettre une note objective. Clairement je le place au-dessus des shoots de son époque comme Phelios, Granada, Insector X, Curse, Super Thunderblade ou Truxton par exemple, tout en étant quand même en dessous des jeux qui vont le suivre et qui marqueront la console. Si j’avais pu lui mettre 6,5 / 10 cela aurait été parfait. Ne pouvant pas, j’ai donc arrondi au chiffre au-dessus, sachant que cette note divisera les avis mais me semble cohérent pour ce qu’il propose.
C’est un jeu qui a bien vieilli, plutôt fun, avec ce gameplay alternant entre robot et vaisseau, des effets spéciaux bien maîtrisés à sa sortie, comme les scrollings parallaxes de toute beauté ou son niveau en totale distorsion, sa bande son de qualité et ses options multiples s’adaptant parfaitement à chaque joueur. Ses principaux défauts viennent principalement d’ennemis et de boss franchement peu inspirés, d’un armement classique et très peu de moments de réelle tension. Ces aspects ont beaucoup nui à sa réussite je pense, le rendant somme toute banal au milieu de dizaines de shoots d’exception sur Mega Drive. A essayer pour vous faire votre propre avis sur un jeu peu connu et qui aujourd’hui a atteint des cotes de vente assez énorme, notamment la version japonaise du jeu.
Verdict
Points forts
- Une exclusivité Mega Drive
- Des scrollings parallaxes de toute beauté
- La capacité de se transformer en robot
- Un jeu assez dynamique
- Une très belle bande son
- Un jeu accessible pour tous
- Une belle intro
Points faibles
- Le son des armes un peu crispant
- Niveaux très classiques malgré tout
- Armement pas très inspiré
- Des ennemis ou boss peu originaux
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