Test : Ninku (Game Gear)

De retour en 1995... La Saturn est sortie et bien que SEGA Japon se prépare à se consacrer exclusivement à cette console, il y a une encore une autre machine qui réussit à entretenir l'attention de notre éditeur favori. Il s'agit bien évidemment de la Game Gear, qui aura reçu du soutien jusqu'en 1997 mine de rien. Les dernières sorties sont toutes très intéressantes par ailleurs, dévoilant le potentiel de la portable 8 bits, et Ninku fait bien évidemment partie de ces titres. 

C'est l'histoire d'un nain…
 

…avec une casquette, des trous noirs en guise d'yeux et une bouche hyper bizarre. Au cours de son aventure, ce personnage pour le moins surprenant sera rejoint par un jeune homme brun plutôt banal, avec néanmoins une légère allure de voyou, ainsi que par un mec musclé aux cheveux longs et portant un slip blanc comme unique vêtement. Notre petit groupe est complété par une jeune femme et un pingouin, deux éléments qui manquaient cruellement pour assurer la diversité de l'ensemble.

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Vous l'aurez compris, Ninku est un jeu japonais tiré d'un manga, expliquant toute la bizarrerie caractéristique de ces histoires. Dans toute l'équipe, seuls trois personnages seront jouables, la jeune femme et le pingouin ne faisant que participer aux discussions. Car oui, Ninku est un jeu de combat gavé de texte ! Et pour cause, l'ensemble a été habillé en jeu d'aventure. Bien sûr, tout est en japonais et il n'y a pas de traduction disponible. Le jeu reste abordable malgré tout.

On se balade sur une carte dans le but de faire avancer le scénario. Il s'agit de se rendre d'un point A à un point B. Au cours des déplacements, des événements aléatoires se produisent. La plupart du temps, il faudra affronter des ennemis (gardes ou voyous) et à d'autres occasions, des PNJs demanderont de l'aide ou pourront restaurer des points de vie, voire provoquer des effets néfastes si la chance n'est pas au rendez-vous. Il y a également d'autres évènements possibles, je vous laisse les découvrir…

Il y a des villes dans lesquelles on pourra soigner l'équipe et acheter de la viande, élément qui est automatiquement consommé lors des déplacements pour soigner les personnages. Enfin, à cela s'ajoute un système de niveau (caractérisé par une lettre) qui détermine la puissance d'attaque de chaque personnage, et la quantité d'énergie qu'il a en début de combat. En bref, les mécaniques sont simples mais suffisantes pour varier un minimum les plaisirs.

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Parler c'est bien, taper c'est mieux
 

Le cœur de Ninku est son système de combat, et il rappelle fortement les deux très bons jeux Power Rangers sur la machine. Les affrontements sont en un contre un, sans grande surprise (nous sommes sur une console 8 bits), et on aura régulièrement des successions d'adversaires à vaincre. La panoplie habituelle de coups répond présente : poing et pied, projection, les sauts, s'accroupir et même avancer dans cette position. Il y a également des courses vers l'avant et l'arrière très utiles qui offrent une période d'invincibilité. Appuyer simultanément sur 1 et 2 permet de charger son énergie, et des coups spéciaux deviennent disponibles au fur et à mesure que les paliers sont passés. Le personnage peut même se téléporter dans le dos de l'adversaire en laissant un rondin de bois comme leurre (et oui, Naruto n'a rien inventé !). Enfin, lorsque la jauge est pleine (violette) une super-attaque devient disponible.

L'ensemble fonctionne très bien. Le jeu est fluide et il répond parfaitement. Ce n'est pas aussi impeccable que Fatal Fury Special sur la console, mais ce dernier est une référence absolue en termes de temps de réponse et fluidité (notamment grâce à des sprites assez petits). Ici les personnages sont de bonne taille et il se passe pas mal de choses dans les décors. Les hit-boxes sont légèrement imprécises, mais ça reste acceptable. Pour une console 8 bits, c'est d'un très bon niveau.

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Bien que les combats soient bien réalisés, la boucle de gameplay est cependant lassante, en particulier car le jeu devient très difficile et qu'il faut monter les niveaux de ses personnages. Malgré cet aspect, il m'a suffit d'une poignée d'heures pour en voir le bout, sachant que le dernier boss était vraiment abusé. D'ailleurs les derniers gros ennemis ont une jauge violette en permanence, ce qui leur permet d'enchaîner leurs super-attaques. La répétitivité et la difficulté exagérée sur la fin ne m'ont pas empêché d'apprécier le titre, dont la suite est d'ailleurs annoncée directement à la fin, quelle audace ! (et elle est effectivement sortie sur Game Gear)

J'ajouterai que le jeu utilise un système de mots de passe pour sauvegarder la progression, et qu'il n'y a que le mode solo de disponible. Cependant, une fois le jeu terminé, un mot de passe est donné au joueur (voir dans les captures d'écran) qui permet de faire des combats classiques contre l'IA avec tous les personnages à disposition : très sympa !

Des graphismes Ninkuroyables :o
 

Ce qui m'impressionne le plus dans les jeux Game Gear en fin de vie de la machine, c'est l'optimisation et le talent des développeurs au niveau du pixel-art. La console, avec sa palette de 4096 couleurs différentes, est très bien lotie pour faire de belles choses. Les contraintes viennent en réalité de la limitation à 32 couleurs simultanément et de la présence de seulement deux plans (décor de fond et personnages par-dessus). Il faut donc redoubler d'ingéniosité pour que ces limites ne soient pas apparentes. Et à ce niveau, Ninku est une franche réussite.

Le jeu propose de nombreux paysages pour la partie aventure ainsi que neuf décors de combats. Tous sont superbes. Les prairies sont parcourues par la brise, les arbres sont animés tout comme l'herbe. L'eau des cascades et fontaines coule. Le ciel nocturne étoilé brille. Les nuages défilent avec divers niveaux de profondeur. Des troncs d'arbre sont présents au premier plan, et les personnages sont partiellement cachés par les hautes herbes. Les décors disposent tous de trois versions selon la période de la journée, façon Fatal Fury, et les variantes de palette sont superbement choisies. A ce jour, je n'ai pas vu mieux sur le support dans la catégorie jeux de combat. Difficile de croire qu'on est encore sur Game Gear !

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Au niveau des personnages, c'est là aussi d'un bon niveau. Ils sont raisonnablement détaillés, compte-tenu de leur taille. Les animations sont nombreuses et variées, et les effets des attaques spéciales plutôt amples pour la machine. Il y a de beaux effets, notamment lorsque l'on recharge l'énergie. Et pour couronner le tout, il n'y a quasiment pas de disparition de sprites : quelle maîtrise ! Beaucoup de soin a été apporté sur la partie visuelle. La carte du monde est elle aussi soignée, de même que les visages des personnages qui arborent plusieurs expressions. La bande-son est de bonne qualité, avec des thèmes qui restent en tête. Il y a même des variations, notamment lorsque le combat se déroule la nuit, le thème est plus posé et dans des tons plus graves.

Il n'y paraît pas, mais la Game Gear a reçu son lot de jeux de combats. Ninku, sorti tardivement, est resté coincé au Japon et je l'ai découvert récemment avec grand plaisir. Le titre offre une aventure rigolote et un peu loufoque, intégralement en japonais. Le système de combat est implémenté à la perfection, avec des visuels somptueux pour la machine. L'enrobage est du même niveau. Les seuls défauts viennent au final du choix de progression : offrir un mode aventure est une bonne idée, mais il aurait fallu baisser un peu la difficulté pour éviter de devoir trop monter les niveaux. Malgré ce défaut, le jeu est très agréable et je vous le recommande, en attendant de pouvoir tester la suite…

A noter : il existe une édition spéciale de la Game Gear pour ce jeu

Verdict

8

Points forts

  • Gameplay des combats fort bien réalisé
  • Visuels magnifiques pour le support
  • Bande-son de bonne facture
  • L'aventure apporte de la variété dans le jeu

Points faibles

  • Pas de mode 2 joueurs
  • Aventure un peu répétitive
  • Difficulté élevée sur la fin

Commentaires

Merci pour ce test ! Apparemment la connaissance du japonais n'est pas indispensable pour apprécier le jeu ?
myau, 20 avr 2022 - 7:05
Un grand merci pour ton test. Je détestais la version Saturn que j'avais acheté et revendu aussitôt. J'étais tellement déçu du rendu graphique digitalisé mais adorais la musique du stage 2. Par contre, je n'ai jamais joué aux versions Game Gear. Elles ne se trouvaient pas en France en import à l'époque de sa sortie. Il y a aussi un puzzle game avec le pingouin en guest star.
Je ne connaissais pas du tout ce jeu. J'ai vraiment sous exploité la Game Gear à l'époque et il y a vraiment une tonne de titres que j'ai totalement loupé. Merci pour la découverte et ce test complet ;)

Infos sur le jeu


Ninku
Aventure