Test : Judgment (PS5, Xbox Series X, Stadia)
Test réalisé sur Google Stadia
Judgment marque un petit tournant dans l'Histoire du Ryu Ga Gotoku Studio, qui délaisse provisoirement la franchise à qui il doit son nom, pour une toute nouvelle IP. ll s'agit également du premier jeu du studio à être doublé et sous-titré en plusieurs langues depuis Binary Domain. La preuve que SEGA, après le succès de Yakuza Zéro, croit au potentiel du titre en occident. A raison ?
Takayuki Yagami et un jeune avocat brillant. Dans un pays où les procès aboutissent dans 99,99% des cas à la condamnation de l'accusé, il a réussi à faire acquitter un client qui était accusé de meurtre. Mais à peine sorti de prison, celui-ci assassine sauvagement sa compagne. Accablé par tous, Yagami quitte sa fonction d'avocat et vit une vie de rebelle, en devenant détective privé. Enfin, rebelle à la japonaise : il porte une veste en cuir et un jean, un t-shirt blanc impeccable, et se laisse pousser les cheveux, sans pour autant oublier de les coiffer. Mais il vit quand même en marge du système, en menant des enquêtes minables sur des adultères ou des recouvrements de dette. Jusqu'à ce qu'une série de meurtres horribles l'amène à devoir défendre un lieutenant du clan Tojo.
On change (un peu) une équipe qui gagne
Car oui, si le protagoniste change, le terrain de jeu est le même, et on retourne pour une énième fois à Kamurocho, qui a, comme à chaque fois, un peu changé pour suivre les évolutions réelles du quartier, mais évidemment pas suffisamment pour qu'on se sente perdu si on a déjà pratiqué les Yakuza. L'aire de jeu est lus grande que dans Yakuza 6, puisqu'on peut de nouveau aller se murger dans Champion District, et flâner au pied de Kamurocho Hills.
L'environnement n'est pas la seule chose qui reste inchangée. Notre temps est de nouveau partagé entre la quête principale et des quêtes annexes, cette fois-ci sous la forme d'enquêtes qui permettent de gagner un peu d'argent. On se fait toujours régulièrement agresser par des loubards patibulaires, et on peut toujours récupérer de la vie dans les restos et se pinter la ruche dans les bars pour faire monter plus vite la barre de Heat, qui est ici renommée en barre de EX mais a plus ou moins la même fonction. On retrouve les mini-jeux, le cycle jour/nuit et les longues cinématiques caractéristiques de la série Yakuza. On retrouve malheureusement aussi toujours les mêmes musiques d'ambiance, qui commencent sérieusement à me taper sur le système.
Les premiers instants de jeu sont donc assez décevants. A quoi bon sortir une nouvelle franchise si c'est pour autant se repose sur ses lauriers ? De plus, les premières heures sont assez pénibles, car le jeu nous prend énormément par la main et distille ses mécanismes au copte-goutte. Et pourtant, on se rend vite compte que le changement qui semble être le plus superficiel est celui qui apporte le plus de changements : celui du personnage principal.
En effet, même si les trajectoires de Yagami et de Kiryu sont similaires, puisqu'ils ont été tous les deux exclus de leur "organisation", mais ne peuvent pas s'empêcher de poursuivre une partie de leurs activités, leur personnalité est très différente, et cela a des répercussions sur l'ensemble du jeu.
Yagami est un détective, et même s'il possède de très solides compétences martiales, il n'est pas une machine capable de résoudre tous ses problèmes à coups de poing comme Kiryu. Il manie les arts de l'observation et de la déduction, de la filature, et même du déguisement, et préfère les approche furtives au combat - même si le plus souvent on finit par se taper avec tout le monde car tout finit par foirer. On n'a absolument aucun degré de liberté, et on crochète les serrures qu'on nous dit de crocheter, on file les personnes qu'on nous demande de filer, et on ne décide ni du moment de se déguiser, ni du déguisement. De plus, les opérations de filature sont répétitives et trop faciles. Bref, les compétences spéciales de Yagami n'apportent pas grand chose.
Yagami maîtrise surtout deux systèmes de combat plus aériens et beaucoup moins bourrins que ceux de Kiryu : la grue, idéale pour les combats contre plusieurs adversaires, et le tigre, pour le un contre un. S'ils sont relativement efficaces au sol, c'est surtout dans les airs qu'ils font la différence : on peut rebondir contre les murs et sauter par-dessus les adversaires, avant d'enchaîner projections, coups de pied et Heat Actions spectaculaires. Yagami encaissant beaucoup moins bien que Kiryu, et certains adversaires possédant des "coups mortels" dont les dégâts ne peuvent être réparés que par de très coûteuses trousses de soin, ou une visite chez le médecin, on a tout intérêt à éviter les confrontations directes, et à courir et bondir dans tous les sens. Cependant certains combats de boss entourés de sous-fifres peuvent être frustrants, car on ne comprend pas toujours tout ce qui se passe à l'écran, et on a vite fait de se faire sécher. Mieux vaut s'arranger pour toujours être au top de sa santé, d'autant plus qu'on ne peut plus s'appuyer sur les boissons des distributeurs pour se booster (il faut dire que ça pétait le jeu), mais uniquement des mixtures onéreuses et difficiles à fabriquer.
Un seul être vous manque et tout est renouvelé
Les systèmes d'arbres de compétence des précédents épisodes ont disparu, au profit d'un simple menu permettant d'acheter des skills à l'aide des PA obtenus en faisant à peu près tout et n'importe quoi, de la partie de fléchettes à la réalisation d'un objectif de la quête principale. On ne croule franchement pas sous les heat actions, mais heureusement la majorité sont inédites. Globalement les combats sont moins fréquents que dans les Yakuza, et plus courts, puisqu'on est très rarement aux prises avec plus de 3 ennemis. Leur aspect aérien est plaisant, et permet de les expédier très rapidement.
Enfin, la personnalité de Yagami est très différente de celle de Kiryu, et c'est sûrement ce qui apporte le plus de changements. Déterminé, mais toujours relativement décontracté, et doté d'un sens de l'humour qui faisait défaut au Dragon de Dojima, Yagami n'aborde pas du tout ses enquêtes sous le même angle que Kiryu abordait ses substories. Et même si leur structure change peu (on échange les quêtes Fedex+baston contre des quêtes filature+baston), on ne retrouve plus le décalage entre la naïveté de Kiryu et le nawak de certaines quêtes. Yagami s'accommode plutôt bien de n'importe quelle situation, aussi capilotractée soit-elle, et on perd un peu en comique de situation. Ajoutez à cela que les séquences de filature et de poursuite répétitives, et vous avez des quêtes secondaires qui sont moins intéressantes que celles de Yakuza Zéro par exemple.
En revanche, la trame principale de Judgment est vraiment bien écrite, tout en étant plus sombre et même plus violente que celles des Yakuza. On retrouve certes le schéma habituel "tous pourris" de la série, mais la galerie de personnages qui gravite autour de Yagami est plus ambiguë qu'à l'accoutumée, et même si on perce assez vite certains ressorts de l'intrigue, la faute à un toutéliage un peu forcé, les révélations font quand même leur petit effet. Malgré tout je trouve qu'on n'atteint jamais l'intensité de certains passages de la série Yakuza, peut-être parce que Yagami n'est pas un personnage aussi bigger-than-life que Kiryu.
Un as du barreau... et du joystick !
Cependant, la modélisation des visages atteint un niveau jamais atteint jusque-là, et les doublages japonais et anglais sont convaincants. Pour la première fois depuis presque 15 ans, on a même droit à des sous-titres français qui sont de très bonne qualité, et n'hésitent pas à employer un langage parfois fleuri. Attention en revanche si vous jouez avec les voix anglaises : les sous-titres ne correspondent pas (je pense qu'ils sont basés sur les dialogues en japonais), et c'est assez déstabilisant.
Au rayon des à-côtés on retrouve les rencards avec de jolies jeunes filles, qui n'ont pas vraiment d'intérêt, un système d'amitié sympatoche sans plus, et toujours une flopée de mini-jeux : casinos clandestins, shogi, pas moins de trois salons de mahjong, le baseball (infaisable), des courses de drone qui rappellent les voitures téléguidées de Y0, un jeu de l'oie en VR assez bof, et tout un tas de jeux d'arcade : Puyo Puyo, Fighting Vipers, Virtua Fighter 5 Final Shodown, Space Harrier, Fantasy Zone et pour la première fois Motor Raid, qui m'a personnellement assez déçu par sa facilité. On saluera Kamurocho of the Dead, qui comme son nom l'indique est un gunshooter inspiré de The House of the Dead, mais le contrôle du réticule au stick analogique n'est pas très agréable. Les objectifs à atteindre pour obtenir 100% de complétion étant assez velus, il faudra aux plus acharnés un sacré paquet d'heures pour y parvenir, trop même. Qui va jouer 300 fois aux mini-jeux ?
Les versions Xbox Series, PS5 et Google Stadia
Pour finir par l'aspect technique, Judgment est certainement le plus beau jeu du Ryu Ga Gotoku Studio à ce jour, et les rues de Kamurocho n'ont jamais été aussi belles.
La passage sur Xbox Series X, PS5 et Google Stadia permet de profiter au jeu en 4K/60FPS (selon votre connexion et votre abonnement sur Stadia), et de loadings largement réduits par rapport à la version PS4. La différence de qualité graphique n'est pas spectaculaire, mais elle est bien présente, mais c'est surtout l'augmentation du framerate qui améliore le plus l'expérience de jeu, puisqu'on passe de 20/30FPS fluctuants à du 60 stable.
En revanche, on peut être réservé sur la modification de la colorimétrie. Si globalement l'augmentation de la résolution rend les graphismes plus vibrants, la colorimétrie a été modifiée, et les tons sont plus bleutés, et plus "réalistes". C'est un choix étrange, et qui ne plaira pas à tout le monde, mais on ne peut pas dire qu'il est mauvais en soi. On s'en rend surtout compte en alternant entre les deux versions. En revanche, pas de HDR, ce qui est un peu dommage, et surtout, pas de transfert possible de sauvegarde de la PS4 à la PS5.
Au rayon des petits détails, le Puyo Puyo de Nakamichi Street a été remplacé par Virtua Fighter 2, tandis que le flipper du bureau a cédé la place à un OutRun (et à une borne générique non jouable sur Stadia).
Bien qu'on puisse légitimement regretter que Judgment se déroule toujours à Kamurocho et ne soit pas un peu plus dépaysant, il réussit malgré tout à se démarquer de la série des Yakuza en faisant le choix de changer radicalement la personnalité et les compétences de son protagoniste, et le ton de l'aventure. C'est sans conteste une bonne idée pour attirer un nouveau public, qui n'a peut-être pas envie de se taper tout l'organigramme d'un clan Yakuza pour comprendre le scénario du jeu. La qualité de l'écriture étant toujours au rendez-vous, on ne ressent donc pas vraiment de "lassitude des Yakuza" en jouant à Judgment, et cette version Remastered donne presque envie de refaire le jeu dans de meilleures conditions que sur PS4. Mais pour un éventuel prochain volet, on ne sera pas fâché de changer d'air malgré tout.
Verdict
Points forts
- Magnifique
- La tonalité de l'aventure change vraiment des Yakuza
- Généreux en contenu
- Le nouveau système de combat est marrant
- Excellente localisation
- Enfin en 60 FPS !
- Loading réduits
Points faibles
- Encore Kamurocho
- Beaucoup de recyclage quand même
- Les capacités de détective n'apportent pas grand chose
- Le changement de colorimétrie ne plaira pas à tous
- Pas de transfert de sauvegarde vers la PS5
Commentaires
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Pour VF2, c'est une madeleine de proust mais il a genre zero intéret pour les nouveaux fans de Yakuza lorsqu'il y a VF5 à coté
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D'abord chez Mediapart:
https://youtu.be/og0RsbGFjrI
(Sonic, Streets of Rage)
https://youtu.be/dw4_xd2FJpA
(et Outrun chez le "fameux homme d'influence" à 38:00)
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