Test : SEGA World Drivers Championship 2019 (Arcade)

En juillet 2017, j'avais eu l'immense plaisir de pouvoir participer à la présentation presse de SEGA World Drivers Championship à Akihabara.

Un exercice inédit pour moi et je dois d'ailleurs aujourd'hui assumer mon enthousiasme de l’époque qui malheureusement ne correspond pas complètement au produit final.
Le problème est simple, la borne vue à ce moment avait encore de très longs mois de développement devant elle (sortie en mars 2018), et en se basant sur les promesses faites, on pouvait être grandement confiant sur sa bonification, sauf que...

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GT tranquille GT peinard

Le marché des jeux de courses en arcade est moribond, et ne propose pas grand-chose de nouveau depuis un bail, mais heureusement SEGA est là pour enfin proposer un peu d’originalité !
Et pourquoi pas un jeu jouable en ligne jusqu'à 10 ? Sur le papier, l’idée est bonne, je signe direct.
Pour l'occasion, SEGA s'offre carrément la licence du Super GT Japonais. Alors oui, c'est plutôt exotique pour les non connaisseurs, mais ça donne de quoi avoir un paquet de voiture très classes dans 2 catégories, GT300 et GT500.
On trouve donc les vraies équipes avec tous les sponsors sur les véhicules bien modélisés de toutes marques, Lexus, Nissan, Honda, Mercedes etc...
Le choix est vaste avec 27 équipes en GT 300 et 15 en GT500.

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Au début on signe dans une équipe de GT300 pour se faire la main, notre voiture s’améliore au fil du temps dans différents domaines, et on a régulièrement des offres d'autres écuries qu'il ne reste qu'à nous d'accepter ou non.
Et lorsqu'on se sent enfin prêt pour passer la vitesse supérieure, on peut tenter d’intégrer une écurie de la catégorie reine qu'est le GT500. Mais pour le coup, on doit faire ses preuves dans une course en online, il faut donc un minimum mériter sa place.
L'immersion est accentuée grâce à la magnifique borne dans laquelle on prend place, version modifiée de celle d'Initial D ZERO avec un board ALLS UX.

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Photo prise lors du location test, la boite de vitesse visible à gauche de chaque poste de conduite n'est pas présente sur la machine définitive.

Le plus marquant est clairement son volant à palettes et le compte tour à LED, c'est d'une classe terrible !
Le volant possède 4 boutons de couleurs en façade pour regarder derrière, repasser en automatique, changer de vue et communiquer avec son équipe.

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Concernant ce dernier point, j'imagine que les conseils reçus ne servent à rien, je dis j'imagine car impossible ou presque de les entendre vu que le bruit de notre propre moteur couvre la voix de l’ingénieur alors que celle du commentateur en début et fin de course lui, s'entend parfaitement.
D'ailleurs, entre la musique (qui ne peut pas être désactivée) et le son des autres véhicules, l'ambiance sonore est parfois très brouillonne en pleine course, sans voisin direct c'est beaucoup plus sympa.
Et au sujet des vues, elles sont au nombre de 3 : pare-chocs, capot et externe.

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Pas de vue intérieure avec le cockpit mais j'imagine qu'il ne faut pas trop en demander avec un tel nombre de bolides, surtout lorsqu'on sait que l'arcade n'est plus un secteur dans lequel on investit sans compter. La preuve avec l'Unreal Engine qui devient petit à petit le moteur générique.

Jusque-là, tout roule encore pas trop mal

Et si lors de ses premiers tours de roues, SWDC version 2018 ne proposait que des pistes originales, le temps passant, de vrais circuits que sont Sugo, Fuji et Okayama ont rejoints les rangs pour atteindre le nombre de 11 pistes (pour la précision, c'est 10 pistes dont 1 en inversé).

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Trois des circuits originaux sont par ailleurs excellents (avis on ne peut plus subjectif), les restants sont +/- correct dans leur genre.
Aucune condition climatique, il fait toujours beau, c’est un peu dommage.
On peut juste signaler la présence d'une piste de nuit (qui est en fait la version inversée d'un circuit de jour), elle offre un joli feu d'artifice, une des rares petites folies du soft.
Niveau mode de jeu on a du classique, solo, time attack, versus et bien entendu le online, le gros argument du titre et parfois un événement spécifique sur une durée limitée.

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Dans le story mode (le solo) on enchaîne les 11 courses avec pour chacune un objectif qui est soit de finir dans le top 3, soit d’être premier pour débloquer l’épreuve suivante.
La série de courses se décline en plusieurs niveaux de difficulté, c'est basique et un peu monotone mais ça permet d'obtenir différentes choses comme des icônes (casques), des messages pour le mode online (certains assez drôles), etc.

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Le time attack a la très bonne idée de proposer, via un système de saison, une sélection de 3 circuits liés au mode online.
La première partie d'une saison sert aux qualifications dans ce mode time attack, les meilleurs temps de chaque circuit nous servent ensuite en seconde partie dans le mode multi pour la position sur la grille.
Plutôt motivant, mais à condition d'avoir du monde sur le jeu (j'y reviens).

Le versus, lui, c'est pour se tirer la bourre avec son/ses voisin(s), bien qu'au moment de l’écriture de ce test, il est devenu très rare de trouver une salle avec 4 de ces bornes, c'est au mieux 2, et encore, pour les game centers l'ayant encore.
Il est potentiellement possible de jouer à plusieurs dans une même salle tout en étant online avec d'autres.

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126,5 millions de japonais, et sur le online ?

Alors on va attaquer les points qui fâchent.
Le jeu mise presque tout sur son online en mettant en avant la possibilité de jouer jusqu'à 10.
Les premières semaines d'exploitation faisaient bonne impression, les sessions étaient parfois (parfois...) complètes.

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Mais au bout de quelques petits mois, il devenait de plus en plus dur d’être un nombre décent pour un run, quand je dis décent j'entends le fait d’être au moins la moitié.
Et que dire environ 1 an après... trouver ne serait-ce qu'un joueur en pleine semaine était relativement compliqué, le week-end un peu mieux.
La crise du covid fait beaucoup de mal dans le domaine du divertissement, mais que les choses soient claires, SWDC avait déjà presque complètement sombré mi-2019 (voire bien plus tôt).

Et plus le temps passait et les joueurs devenus rares, et plus le peu qu'on pouvait croiser avaient un niveau de fou qui refroidissait directement les ardeurs des quelques éventuels nouveaux venus, un cercle vicieux qui n'en finissait plus de le plomber.
C'est dommage, car au début, avec les sessions plutôt pleines, le jeu faisait illusion, mais depuis 2019, quand on veut faire une partie online, on attend le plus souvent dans le lobby seul que le décompte des (environ) 70/80 longues secondes s’écoulent pour au final, finir avec juste le CPU comme camarade, et quel camarade...

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Depuis l'annonce de la fin du service online, prévue pour fin avril 2021, il y a bien quelques sursauts et des joueurs profitent du temps qu'il reste pour s'y remettre, mais il ne faut pas se leurrer, ils ne sont pas des millions.
J'ai même pu intégrer sans problème le top 100 d'un événement (une course sur le circuit Fuji permettant d'obtenir des bonus), confirmant que le nombre d'amateurs ne dépasse guère les quelques centaines...

Drapeau noir pour l'IA

Bon, je vais rester zen et ne pas employer de gros mots mais... c'est quoi cette put*** de salope*** d'IA de mer** ! (Ah ben si en fait)
Non alors vraiment ce n'est pas possible, vous connaissez tous cette envie de jeter le pad contre le mur lorsqu'un jeu se fout de votre tronche ? Bah je voulais faire la même chose mais avec la borne.
Elle réussit à ruiner une partie de mon plaisir sur la fin du mode solo.

Alors oui, au début elle semble être juste stupide et sans intérêt, et c'est le cas, mais quand on arrive sur la fin du mode story, elle passe en hyper hard mode vénère.
Les courses se transforment en Destruction Derby, les autres véhicules ne froissent pas un peu notre taule avec des dépassements musclés, mais nous dégagent carrément de la piste c'est juste hallucinant !
Elle nous harponne/défonce comme une brute, on est sur un soft plutôt réaliste hein, heureusement qu'il n'y a strictement aucun dégât sur les véhicules du coup, les collisions sont d'ailleurs particulièrement désagréables.

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Et je ne parle même pas de leur vitesse parfois complètement cheatée qui ne nous laisse aucune chance.
J'ai fait un paquet de jeux de caisse, rare sont les fois où j'ai connu une telle frustration par la faute d'une IA aussi moisie.
Mais il faut relativiser, l'IA se montre ultra agressive uniquement sur la fin du story mode, je n'ai pas constaté une telle virulence lorsqu'elle est notre adversaire dans le online par exemple.

Se prendre les pneus dans le tapis

Alors niveau conduite on est sur un style simulation très accessible (rien à voir avec un F355 Challenge), pas de folie dans la conduite, c'est comment dire, sans personnalité forte, ça se laisse jouer, mais c'est comme avaler une feuille de salade verte seule, on la mange oui, mais on ne va pas s'exclamer « mais c'est excellent ! », il manque un truc.

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Bah ici on est un peu dans ce cas, on a beau jouer, on ne ressent pas le plaisir qu'un soft arcade SEGA doit donner, je n'ai jamais réussi à être en parfaite osmose avec ma voiture.
Pas mauvais hein, juste trop fade, trop random, on joue sans avoir une quelconque montée d’adrénaline.
Je pensais que le problème venait de moi, mais en constatant l’absence totale de joueurs sur la machine, j'ai eu confirmation que ce manque de plaisir était partagé par beaucoup...

En fouillant dans les options, on peut pourtant activer le mode « veteran racer » qui enlève les quelques assistances du « normal racer » d'origine mais ça ne change rien sur ce sentiment de manque.
On peut souligner la bonne idée du mode « kid's racer » qui permet aux petits n'ayant pas les jambes assez longues de jouer uniquement avec le volant.

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Ma dernière carte était de paramétrer le volant au niveau du poids ressenti et de sa force, mais toujours pas...
Il ne faut pas se méprendre, c'est loin d’être désagréable, mais sans aucun génie, on peut toutefois lui accorder le fait d’être très facile à prendre en main.
En insistant, il y a moyen de retirer un peu de plaisir de ses sessions bien entendu, mais ce n'est clairement pas du niveau espéré.

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Pour finir avec la technique, on ne peut pas lui enlever le fait d’être joli.
Pas incroyable, mais ça fait parfaitement le boulot avec des bolides bien modélisés et des circuits qui le sont tout autant.
Mais j'ai pu voir des petits trucs/artefacts étranges comme parfois le rendu des pneus bizarres, ou des bugs de collision comme une voiture en traversant une autre.
Dans l'ensemble c'est fluide mais on peut encore détecter de micro saccades par moment et c'est assez inacceptable après plus de 2 ans de mises à jour.
Niveau musique c'est bien chouette, certaines tournent encore dans ma tête, très sympa.


Je voulais l'aimer fort, vraiment hein. Et bien que cela me coûte, je ne peux pas nier la réalité, SWDC n'est que correct, mais un jeu de course arcade SEGA correct c'est difficile à accepter.
Il est loin d’être mauvais, c’est juste que le principal, le plaisir de conduite, ne répond pas complètement présent.
Et niveau technique, après des trouzaines de mises à jour, ce n'est toujours pas totalement parfait, sans oublier une IA qui prend la pole de la médiocrité.
Reste que l'ambiance est pas mal, certains circuits originaux sont vraiment bons et la borne avec son volant et compte tours à LED claque bien.
Mais de toute façon, le service online va se terminer en avril 2021 signant son arrêt de mort vu que le soft se base justement sur cela.
Un échec commercial énorme qui risque de laisser des traces et pas que de pneus...

Verdict

6

Points forts

  • Le volant et le compteur, cette classe !
  • Certains circuits
  • Un grand nombre de voitures
  • Le mode kid's racer pour les petits

Points faibles

  • Une IA vraiment naze
  • Des sensations par forcément satisfaisantes
  • Le moteur ne tourne pas parfaitement rond
  • Le online vide rapidement après sa sortie
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Commentaires

En espérant qu'ils ne jettent pas à la poubelle tout le travail effectué autours de ce jeu, un peu de peaufinage et une sortie sur console.
Merci pour ce super test complet. Grosse déception donc pour ce titre qui avait pourtant de bonnes idées. D'ailleurs petite question (à laquelle tu avais peut être déjà répondu dans un précédent test), mais pour ce type de nouvelles bornes d'arcade, tu as une carte de jeu perso qui te sert à sauvegarder tous les bonus que tu as gagné, c'est ça ? Ca me fait toujours bizarre de voir des jeux d'arcades avec des options, je suis resté super old school... :D
Alors en fait, depuis pas mal de temps, tu as la carte Aime chez SEGA, elle doit couter 400 yens si ma mémoire est bonne.
Ce n'est qu'une carte magnétique, elle ne sauvegarde pas les jeux dessus, c'est les serveurs qui s'en chargent.
Presque tous les jeux proposent une partie gratuite pour la première utilisation, c'est donc vite rentable si tu testes plusieurs bécanes.

Alors il ne faut plus voir les jeux d'arcade comme ceux d'il y a 20 ans et plus.
Le contenu est similaire aux jeux consoles/PC, tu as des tonnes d'options et trucs à débloquer (c'est des boards PC d'ailleurs).
Ta progression se sauvegarde donc automatiquement.
Pour boucler le solo de certains jeux c'est plusieurs dizaines d'heures voire plus...
On n'est plus sur le soft avec 3 pistes et 2 voitures^^
Et du coup, quelque soit la salle ou tu vas, tu reprends toujours ta partie ou tu l'avais laissée.
Sans oublier l'ajout de contenu en permanence, les événements et collaborations etc...

Pour faire le test d'une machine, il faut un paquet de temps et de pognon du coup si tu veux faire autre chose que de l'effleurer^^"
Rien que SWDC je dois avoir pas loin de 200 parties (100 yens la partie^^") et je ne parle même pas de Initial D, Maimai, Chunithm, Ongeki...

Par exemple, un soft comme Chunithm (musicale) change régulièrement de version, propose des ajouts intrinsèques et cosmétiques, la track liste change avec des trucs en moins et des trucs en plus etc...
Le Chunthym d'aujourd'hui est différent du Chunithm d'il y a 1 an et ça sera encore plus vrai dans une année supplémentaire.

Il y a du positif mais aussi négatif dans cette (pas si) nouvelle approche.
SLAINE, 12 fév 2021 - 12:31
Autant je trouve l'idée intéressante de garder ses stats avec soit, gagner des bonus en jouant que tu peux utiliser, etc... Autant effectivement, ça tranche avec l'esprit des bornes d'arcade de l'époque. Ca fait plus "jeu PC/console" sur des bornes. En faite, on a inversé le cycle d'origine ;)
enkhyl, 12 fév 2021 - 10:58
Merci pour ce test, cela fait une éternité que je n'ai pas joué à un jeu de SEGA sur borne, alors malgré tout j'aimerais beaucoup l'essayer!
C'était un risque à prendre le côté online mais dommage pour l'ia et que le plaisir de jeu n'a pas l'air d'être présent.
Merci pour le test.
On ressent ce sentiment de suite en lisant ton test, c'est tristounet, parce ce que ça manque pas mal un jeu de caisse arcade SEGA (surtout sur consoles).