Test : Real Sound (Saturn)

La ludothèque de la Saturn, au Japon, est particulièrement riche et variée je ne vous apprends rien.
Dans cette incroyable diversité, il existe un titre hors du commun, qui, pour des raisons évidentes (vous allez vite comprendre), est inconnu de la plupart des joueurs occidentaux.
Sorti en juillet 1997, Real Sound: Kaze no Regret de WARP a pour spécificité de ne pas être un jeu vidéo mais un jeu audio, bref, un sound novel vous allez me dire, sauf que pour le coup, lui, il va jusqu'au bout du concept.

Un gars, deux filles

Durant son sommeil, Hiroshi Nonomura revoit en rêve une histoire datant de l'école primaire.
~Celle de la promesse de fuguer avec sa voisine de classe qui doit normalement déménager à Tokyo une fois les vacances d'été finies. Mais malheureusement, elle ne viendra jamais au point de rendez-vous fixé qu'est la tour de l'horloge. Et au final, lorsque le nouveau trimestre commencera, elle aura effectivement quitté l'école comme prévu. ~
C'est alors que la petite amie de Hiroshi, Izumi, le réveille.
Aujourd'hui est un jour important, elle doit le présenter au DRH de sa société. Pour en revenir à l'histoire du rêve, Izumi affirme avoir tout oublié, parce que, détail important, la petite fille du rêve, c'est elle.
Direction l'entreprise, ils prennent place dans le métro, alors qu'ils ne sont toujours pas arrivés à leur destination, tout d'un coup, Izumi dit se souvenir d'une chose très importante, et sans donner la moindre explication, descend précipitamment à la première gare pour disparaître quelques instants après.
Désemparé, Hiroshi attend devant son téléphone pendant des jours un quelconque signe de vie d'Izumi, mais en vain, rien, aucune nouvelle...
Elle a complètement disparu, un peu de la même manière que ce fameux jour d'été, les choses vont-elles se répéter ?
C'est alors qu'en allant pour la énième fois à l'appartement d'Izumi en espérant la trouver chez elle, qu'une jeune femme se prénommant Nana va venir frapper à la porte de la fille disparue.
La conversation s'engage entre elle et Hiroshi, ce n'est pas une amie d'Izumi, non, juste une personne honnête qui vient rendre un calepin trouvé à son propriétaire.
Cette disparition et cette rencontre, marquent le début d'une aventure troublante et passionnante qui ne peux laisser indifférent, non seulement de par son déroulement, mais aussi et surtout, de la manière dont on va la vivre.

L'aventure pour tous

Alors, je n'ai toujours pas expliqué en détail ce qui fait de ce soft sur 4 CD un titre complètement différent des autres.
Vous connaissez tous le style visual novel je pense, qui consiste à vivre une histoire le plus souvent sous forme d'une sorte de BD dans laquelle on a parfois des choix de réponses afin d'influencer le scénario.
Bah ici c'est pareil dans l'idée sauf que tout est sonore ! Et quand je dis tout, c'est tout !
Pour faire simple, une fois la console allumée, hormis le logo SEGA des premières secondes, l'écran est perpétuellement noir, jamais une quelconque indication ne s'affichera durant tout le jeu, ni après d'ailleurs.
On lance le soft, et bim, direct dans l'histoire, et quand il faut changer de disque, le jeu nous le dit en boucle, bref, c'est du 100% sonore.
Cette spécificité le rend totalement jouable par les personnes malvoyantes comme le voulait WARP, il y a d'ailleurs une fiche en braille dans la boite du jeu.

Et pour rendre son accessibilité maximale, nos choix de réponses peuvent se faire d'une seule main, avec la gauche on utilise la croix et L et avec la droite, A, X, Y et Z.
Notre aventure commencera forcément comme décrite dans les toutes premières lignes du paragraphe précédent, toutefois, on est vite mis en face de choix changeant radicalement notre progression et forcement, le dénouement. Le texte plus haut reflète les débuts de mon premier run alors que le second lui, bien que sur le même fil conducteur sur lequel on revient souvent, m'a fait vivre des séquences complètement différentes.
Une partie n'a beau durer qu'environ 4 heures, il faudra en faire au minimum 2 pour partiellement profiter des embranchements et variations, et apprécier les différentes fins qui laissent toujours un petit goût amer (du moins celles que j'ai eues), nous rappelant que nos décisions ont toujours une incidence sur notre futur.
Lorsqu'un choix s'impose à nous, une petite sonnette retentit pour nous le faire savoir, on appuie sur les 3 touches dédiées aux réponses les unes après les autres afin de n'en choisir qu'une, la valider, et reprendre la partie.

Parmi les défauts, on peut citer l'impossibilité de faire pause !
Problématique pour la pause pipi ou si on sonne à la porte.
Il n'y pas d'autre choix que d'éteindre la console, le jeu sauvegarde automatiquement et on a en général entre 5 et 10 minutes de jeu à refaire, un peu pénible mais bon.

WARP zone

Le studio WARP était assez atypique et ces 4 galettes le confirment. Ils ont osé aller au bout de leur concept pour donner naissance à un jeu passionnant, permettant de s'imaginer sa propre vision du monde dans lequel on progresse.
Et ne pensez pas que cette conception limite le plaisir, bien au contraire !
Avec un bon casque sur les oreilles, l'immersion est absolument excellente avec bien entendu une qualité sonore irréprochable, que ce soit le doublage ou bien les effets sonores, on s'y croit vraiment.
J'insiste sur l'usage du casque, le jeu misant à 100% sur le son, il me semble logique d'en profiter dans les meilleures conditions possibles.
Un petit mot sur le doublage, les 3 principaux acteurs ne sortent pas de nulle part.
Ok, le doubleur de Hiroshi interprété par Takashi Kashiwabara n'est plus vraiment sous le feu des projecteurs en 2020, mais il a eu son heure de gloire dans les années 90.
Les 2 héroïnes par contre, sont toujours sur le devant de la scène, d'une manière modérée pour Miho Kanno (Nana) alors que Ryôko Shinohara (Izumi) est toujours très présente et populaire (les amateurs de dramas doivent obligatoirement la connaître).
Quoiqu'il en soit, le casting ne fait pas dans le bas de gamme, c'est un plus indéniable.
Dans la boite du jeu, en plus de la fiche en braille, on trouve aussi en bonus un sachet de graines (des vraies !), et comme vous devez le supposer, il y a bien entendu un petit lien avec l'histoire.

Mais ce n'est pas tout, une fiche d'inscription pour le casting du second épisode était incluse, il fallait la retourner avec une cassette audio de sa voix ! Sauf que... vous avez déjà entendu parler d'un Real Sound 2 ? Le projet était pourtant listé sur le planning jusqu'au tout dernier moment de vie de la Saturn, et a même eu des pages de pub dans les magazines mais il n'a jamais vu le jour, ni sur cette machine, ni sur une autre (seule une adaptation sur Dreamcast de ce premier opus existe).

Son titre était d'ailleurs connu, Real Sound 2: Kiri no Orgel (la boite à musique du brouillard) et se voulait être un sound novel d'horreur, et d'après feu Eno Kenji le patron de WARP, le 3 aurait été plutôt humoristique, bref, la série Real Sound voulait proposer des aventures bien différentes les unes des autres mais cela ne restera qu'un rêve...
L'accueil du jeu fut bon, et les retours des joueurs positifs, mais les ventes pas aussi bonnes qu'espérées puisqu'il ne s'écoulera que 37k exemplaires la première semaine sur un stock de 110k.
Le bouche à oreille sûrement positif permit de doubler les ventes en pas loin de 2 mois, mais cela restait loin des objectifs, une raison qui a peut-être précipité cette série dans l'oubli en plus du fait que WARP se concentrait sur D2 pile à cette période.

Difficile de rester indifférent face à ce Real Sound: Kaze no Regret de par son parti pris le rendant 100% accessible aux non-voyants, et propose de surcroît une histoire passionnante de bout en bout.
Une expérience unique bien qu'un peu déroutante au début dont on peut vivement regretter d'être restée sans suite.

  • 2 blocs pour une sauvegarde automatique unique
  • Utilisation d'un casque audio vivement recommandé

Connaissance du japonais : Inutile pour progresser, obligatoire pour apprécier

Verdict

8

Points forts

  • 100% accessible aux non-voyants
  • Une expérience passionnante
  • Un scenario bien fichu
  • Le doublage parfait

Points faibles

  • Pas de pause

Commentaires

Le genre de production qu'on devrait avoir souvent sur toutes les machines. Excellente initiative de monsieur Eno. :good:

Le soft est aussi dur Dreamcast.
Dont un test arrivera prochainement ;)

Comme la version 128 bits propose des ajouts, il faut que j'en parle en détail:wink:
Merci pour ce test ! C'est une super initiative que ce genre de jeu, c'est dommage qu'on n'en voit pas davantage de nos jours.