Test : DJ Boy (Mega Drive)

Sorti en 1989 au Japon en arcade, DJ Boy est un titre développé par Kaneko à qui l'on doit des jeux comme Air Buster, Gal Panic ou Shogun Warriors. Kaneko ferme ses portes en 2006 avec un succès d’estime mais pas de titres qui marqueront durablement le monde des jeux vidéo.

C'est donc un an après sa sortie sur borne d'arcade, que nous allons retrouver Dj Boy sur Mega Drive et en 1991 aux USA et en Europe. Qu'en est-il de cette conversion ? Comme vous allez le lire plus bas, les changements sont importants entre l'arcade et la console, mais également entre les différents continents de sortie.

Une jeune fille au milieu d’un gang (qui a dit Bang ????)


Histoire de faire dans l'original ou de coller à la majorité des beat them all sortants à cette époque, vous incarnez un jeune homme dont la petite amie vient de se faire kidnapper par un gang de punks. A croire que les gros balèzes de gang n'arrivent jamais à draguer une fille sans devoir la séquestrer avant. Quoiqu'il en soit, n'écoutant que votre courage, vous vous lancez à sa recherche et devrez traverser les rues malfamées pour retrouver votre dulcinée.

Le jeu commence sur une intro en style bande dessinée, plutôt sympathique, surtout dans ce début d'année 1990 où la Mega Drive n'avait que quelques mois d’existence.

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Le menu d'option vous propose un choix de difficulté, normal ou facile, le sound mode et la position des boutons. Une fois le bouton Start appuyé vous n'avez aucun choix de personnage, mais uniquement votre jeune homme habillé d'un blouson orange, d’une casquette vissée sur la tête mais surtout de rollers aux pieds …Car oui, voici bien la petite originalité de ce jeu, devoir se battre et se déplacer en rollers. Il se classe donc dans le milieu très fermé des beat them all dont le scrolling horizontal est en perpétuel mouvement, tout comme un certain Eight Man sur NeoGeo par exemple.

« Laisse-moi kiffer la vibe avec mon mec » ….
 

Sur ces « belles » paroles de Diam's de la chanson « DJ », entrons un peu plus dans le cœur du sujet concernant DJ Boy.

Comme indiqué plus haut, il s'agit d'un beat them all à scrolling horizontal. Le décor défile en permanence et le jeu est donc toujours en mouvement, il ne s'arrête que lors des boss pour un affrontement final ou lors de rares occasions pour affronter une horde d’ennemis.

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Trois boutons sont utilisés : le A pour les coups de poing, le B pour les coups de pieds, et le C pour les sauts. Vous pouvez faire des coups de pieds sautés, ou appuyer sur A+B pour un coup de poing frappant en même temps la droite et la gauche. Vu que votre perso est toujours en mouvement sur ses rollers, il ne se retourne jamais (sauf lors des phases d'arrêt), les coups étant donc donnés vers l'arrière. Il n'y a aucun coup spécial, ou choppe, d'arme à utiliser, ou quoique ce soit qui puisse vous aider dans cette aventure. Un peu dommage, d'autant plus qu'au final vous n'utiliserez que très peu les coups de poing en raison de leur allonge moins importante.

Le gameplay est donc ultra simpliste. Pas de combos, pas d’enchaînements de folie ou de pouvoirs particuliers. On donne des coups de poings ou de pieds. Difficile de faire plus basique.

Heureusement les ennemis lâcheront dans leur défaite quelques pièces de monnaie qu'il faudra soigneusement récolter. A la fin du niveau vous aurez accès à une boutique dans laquelle vous allez pouvoir acheter des power up, des speed up, ou des barres d'énergie supplémentaires.

En effet, vous allez débuter le jeu avec quatre petits carrés d'énergie sans aucune vie ou crédit. Oui, vous avez bien lu. Vous allez devoir faire tout le jeu sans aucune vie, ni même de crédit … Autant dire qu'acheter des barres d'énergie supplémentaires au magasin devient vital !!!

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Maintenant relativisons cela rapidement, le jeu est assez « facile » et surtout très court, avec au total seulement cinq niveaux. Le premier vous entraîne en bord de mer et en ville, le second dans une station de métro, le troisième dans une fête foraine, le 4ème sur un chantier en construction, le 5ème n'est que l'affrontement contre tous les boss précédents, et le 6ème n'est que le combat contre le dernier boss … Les niveaux étant très courts, il vous faudra moins de trente minutes pour en voir le bout.

Certains stages offrent quelques divertissements comme un tramway qui vous suit et dans lequel une pom-pom girl vous balance des grenades, des obstacles à éviter comme des haies, des flaques d'huiles, des trous ou autres petits pièges, mais rien d'insurmontable.

Restent donc les boss qui ont des techniques de combat assez rudimentaire, exception faite du troisième boss qui se démultiplie et le dernier qui use de pouvoirs qui le « téléportent ». On comprend donc facilement que cette restriction de vie n'est qu'une parade pour augmenter un peu la durée de vie au soft.

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« J'sais que j'suis pas une bombe latine, ni une blonde platine »


Ah Diams…

DJ Boy, tout comme notre amie chanteuse, est très loin d'être une perle technique. Assez éloigné de la version arcade (mais j'y reviendrai plus tard), le jeu n’était déjà pas une claque graphiquement à sa sortie. Les personnages sont assez détaillés et reconnaissables, mais les décors manquent de profondeur et de vie. Tout est très gris, avec des dégradés de couleurs trop grossiers. Idem pour la décomposition des mouvements de votre personnage et des ennemis en général. Le jeu est peu fluide avec à peine quelques frames entre les mouvements. Ça rend l’ensemble un peu « rude ». On appréciera toutefois les petites images après les combats de boss, humoristiques et chatoyantes, dans lesquelles notre héros se moque ouvertement de son adversaire.

Les sprites ennemis ne sont pas hyper diversifiés mais pas moins que la plupart des beat them all de l'époque. On a droit à des bidasses américains, des nains en costume cravate, des loubards en jean, des clowns sur vélo ou des pom-pom girls.

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Les boss ne sont pas énormes ni impressionnants, le premier est Big Mama, un stéréotype de servante afro-américaine, on a aussi le punk qui a kidnappé votre copine (et qui ne sera pas le dernier boss finalement), une Big Mama Karatéka, un bodybuilder en slip, votre double démoniaque, ou un clown enragé.

Vu qu'il n'y a pas des milliers de sprites affichés en même temps, et que les décors sont assez vides, le jeu ne souffre pas de ralentissement. Ne reste plus qu'une bande son moyenne dont les thèmes ne resteront pas dans les mémoires mais qui accompagnent bien le jeu.

Bref, techniquement DJ Boy ne vaut pas des beat them all « moyen » comme Two Crude Dudes mais reste au-dessus d'un Growl par exemple.

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DJ Boy ne mixe pas de la même manière selon les supports…


DJ Boy étant issu d'un jeu arcade, on est en droit de se demander si la conversion est réussie. En fait, le jeu Mega Drive pourrait presque s’appeler DJ Boy 2 tant il s’éloigne de son aîné. Pas le même scénario, pas les mêmes niveaux, pas les mêmes boss. Il ne lui reste que des ennemis en commun, et bien entendu le gameplay qui ne varie pas entre les deux versions.

Mon principal regret n’est pas qu’il ne soit pas l’adaptation fidèle du jeu d’arcade, mais qu’ils aient supprimé le mode 2 joueurs sur console. Dommage, ça aurait pu apporter un peu plus de fun à l’ensemble.

Là où DJ Boy va vous surprendre c’est surtout dans le traitement des versions non Japonaises. Vous le savez, à l’époque la censure occidentale était quasi omniprésente et de très nombreux jeux japonais n’ont soit jamais vu le jour chez nous, soit ont eu de très nombreuses modifications pour s’adapter à notre marché ou celui des USA.

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Commençons par le scénario. Les versions occidentales (euro et américaine) n'ont plus d'intro, ni même de séquence de fin (si ce n'est un texte qui défile). Exit la dulcinée qui se fait enlever, elle a totalement disparu du jeu, alors que le texte de fin en fait mention … Cette disparition n'a à ma connaissance aucune raison valable, et on s'aperçoit que même sur la jaquette du jeu américaine, la fille a disparu. Cette dernière est d’ailleurs assez moche, il faut le reconnaître. Seules les boîtes des versions japonaise et européenne (très belles soit dit en passant) montrent notre héros portant la belle blonde. Final Fight sorti l’année précédente proposait le même type de scénario et n’a pas connu cette « transformation » du scénario outre atlantique, j’ignore donc pourquoi Kaneko a décidé de supprimer cet aspect de l’histoire.

Autres modification significative : la Big Mama servant de boss a « blanchi » certainement pour ne pas faire de polémique. Cet aspect est assez compréhensible tant le design très marqué de ce boss pourrait encore aujourd’hui poser question tant il est stéréotypé et connoté « esclavagiste ». Ce personnage sera donc de type européen dans les versions occidentales et ne fera plus de pets tonitruants pour nous attaquer (elle se contente de frapper).

On a enfin quelques changements mineurs dans les niveaux, par exemple dans le niveau 2 de la version occidentale, le joueur se retrouve parfois dans le noir, uniquement éclairé d’un halo autour de lui (niveau du métro). Cette feature n’était pas présente dans la version originale. Le niveau 3 du casino se fait en vitesse supersonique avec de nouveaux obstacles. En cela il est totalement différent de celui de la version japonaise. Dans le niveau 4, les plots au sol bougent tout seuls, rajoutant de la difficulté (et devenant moins « crédibles », on se demande pourquoi les plots sont animés. Ça n’a aucun sens). Le niveau 5 a un décor totalement refait. A l’origine vous étiez sur le port, là on est sur une sorte de ponton en bord de mer, sombre et vraiment moche. Le début du niveau se fait classiquement avec des ennemis (ce qui n’était pas le cas dans la version japonaise), jusqu’à ce que vous arriviez dans une arène pour affronter tous les boss à la suite.

En clair, si vous tenez à acquérir ce jeu dans sa version originale, préférez la version japonaise, et pour les collectionneurs vous savez maintenant que les version japonaise et occidentales sont fondamentalement différentes.

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DJ Boy n'est pas un mauvais jeu. S’il peut être sympa lors des premières parties, on finit rapidement par se lasser à cause de niveaux très courts et trop peu nombreux, ainsi que de l'absence de mode deux joueurs. Il se démarque toutefois de la borne d’arcade par un côté plus bande dessinée et coloré.

Graphiquement il a plutôt vieilli, et il est toujours difficile de donner une note à un jeu de cette époque. Si on le replace dans son contexte historique, il n’avait pas beaucoup de concurrence. On pouvait citer Final Fight, Batman, Golden Axe, et quelques autres mais les gros titres sortent surtout après 1991. Un petit 5/10 me semblait donc raisonnable. Maintenant si on le place dans le lot de la bibliothèque des jeux Mega Drive connus à ce jour, je pense que la majorité des joueurs ne lui donneront pas plus de 3/10.

Quoiqu’il en soit DJ Boy est un jeu atypique que l’on reconnaîtra immédiatement car il est le seul à proposer un beat them all sur des rollers. En cela, je trouve qu’il marque ainsi la ludothèque de la Mega Drive par son originalité et sa rareté.

 

Verdict

5

Points forts

  • L’intro et les interludes style comics
  • Un beat them all atypique sur des rollers
  • Un jeu tout de suite identifiable
  • Une très belle boîte

Points faibles

  • Pas de mode 2 joueurs
  • Techniquement très moyen
  • Des éditions occidentales édulcorées
  • Trop peu de coups différents
  • 5 niveaux assez courts
Avis des joueurs :
Note moyenne Nb avis
Mega Drive 5.0 2

Commentaires

two crude dudes est aussi un beat them all à prendre au second degré, parodiant un peu l'univers "américain" je pense que c'est surtout pour cela qu'ils ont un petit air "de ressemblance".
yohko kurama, 23 juin 2008 - 7:40
De même je ne le connaissais pas du tout. Merci pour ce test.
Sympa ce petit jeu! Pas un must du genre mais il reste cependant assez distrayant... le temps d'un après-midi.
Oui, il existe en version europèene mais il est assez rare, je possède la version US. Ouais, bof!Un jeu pas facile, graphiquement, c'est mignon mais j'aime pas le game play! Je préfère "two crude dudes", un jeu nettement + fun, parcequ'on peut y jouer à 2. Ce jeu existe également en arcade. Je le déconseille à moins de le payer pas + de 5€!
Une vidéo de gameplay est disponible sur la chaine du site, concernant ce jeu. Tu m'a forcé à le sortir dès mon retour, tout ça parce que tu a mis ton test XD
myau, 26 Juil 2022 - 7:19
Mon commentaire (qui était le premier) a disparu donc j'en réécris un. Je n'ai jamais réellement accroché à DJ Boy du fait du scrolling forcé, de la rapidité du héros et de la gestion des collisions. Néanmoins, il a ses atouts comme le look de certains ennemis dont les clowns, certains boss comme la mama ou l'homme à lunettes, etc. La version japonaise possède une superbe intro, disparue de la version occidentale. Et on reconnait d'emblée que l'illustrateur de la jaquette a planché sur celle de Monster Lair, Psycho Fox ou Basketball Nightmare. Les stages sont très différents d'une version à l'autre et je ne comprends pas trop ce remaniement graphique dans les décors. La version arcade programmée par Kaneko mais éditée par Sega au Japon est aussi très différente graphiquement. DJ Boy reste un bon jeu des débuts de la console et je ne serai pas contre refaire une petite partie. Malheureusement, il n'a pas la replay value des grands beat them all disponibles sur Mega Drive comme Streets of Rage.
Bientôt le test de la version arcade disponible sur le site ;)

En tout cas, c'est ce type de jeu qu'on devrait voir sur les megadrive mini ou autres compiles plutôt qu'un énième After Burner 2 ou Bonanza bros que tout le monde connait...

Infos sur le jeu


DJ Boy
Beat'em up